LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES PEUPLES AUTOCHTONES
TÉMOIGNAGES
OTTAWA, le mardi 29 novembre 2022
Le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones se réunit aujourd’hui, à 9 h 1 (HE), avec vidéoconférence, pour étudier les responsabilités constitutionnelles, politiques et juridiques et les obligations découlant des traités du gouvernement fédéral envers les Premières Nations, les Inuits et les Métis et tout autre sujet concernant les peuples autochtones.
Le sénateur Brian Francis (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Honorables sénateurs et sénatrices, pour commencer, j’aimerais reconnaître que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe et exprimer ma gratitude pour son rôle en tant que gardien passé, présent et futur de ce territoire.
Je suis Brian Francis, sénateur micmac d’Epekwitk, aussi connu sous le nom d’Île-du-Prince-Édouard, et président du Comité des peuples autochtones.
Avant de commencer notre réunion, j’aimerais demander à tout le monde dans la salle de bien vouloir s’abstenir de se pencher trop proche du microphone ou d’enlever son casque d’écoute pour ce faire. Cela évitera toute boucle de rétroaction qui pourrait nuire au personnel du comité dans la salle.
J’aimerais inviter les membres du comité présents à se présenter en commençant par leur nom et leur province ou territoire. Commençons à ma gauche.
Le sénateur Christmas : Bonjour à tous. Je suis Daniel Christmas, de la collectivité de Membertou de la Nouvelle-Écosse.
La sénatrice Hartling : Bonjour. Je suis la sénatrice Nancy Hartling de Riverview, au Nouveau-Brunswick.
La sénatrice LaBoucane-Benson : Bonjour. Sénatrice Patti LaBoucane-Benson, territoire du Traité no 6, Alberta.
Le sénateur Tannas : Scott Tannas, de l’Alberta.
La sénatrice Coyle : Mary Coyle d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse.
Le président : Merci, sénateurs et sénatrices. Bienvenue. Aujourd’hui, nous reprenons les séances d’information des fonctionnaires pour discuter de leur travail et de leurs priorités avec le comité dans le but d’étayer et d’orienter notre travail futur.
J’aimerais maintenant présenter notre témoin. Nous accueillons aujourd’hui virtuellement Melanie Omeniho, présidente de Les Femmes Michif Otipemisiwak, ou LFMO. Mme Omeniho présentera une déclaration liminaire d’environ cinq minutes, qui sera suivie par une séance de questions et de réponses d’environ cinq minutes par sénateur. J’invite maintenant la présidente Omeniho à présenter sa déclaration liminaire.
Melanie Omeniho, présidente, Les Femmes Michif Otipemisiwak : Bonjour à tous. Je m’appelle Melanie Omeniho. L’organisation que je représente s’appelle Les Femmes Michif Otipemisiwak, ce qui signifie « Les femmes de la nation métisse ». Je me joins à vous aujourd’hui depuis Edmonton, qui se trouve sur le territoire visé par le Traité no 6 dans la patrie du peuple métis.
J’aimerais reconnaître que nous sommes la voix des femmes métisses de l’ensemble de la mère patrie de la nation métisse et, en tant que voix mandatée de la nation métisse, nous jouons un rôle important pour favoriser la santé sociale, culturelle, économique et environnementale ainsi que le bien-être des personnes métisses, en nous concentrant tout particulièrement sur les femmes ou les personnes qui se désignent en tant que telles.
Nous nous efforçons de faire en sorte que les femmes métisses de l’ensemble de la mère patrie soient en sécurité, respectées, connectées et habilitées et qu’elles aient la capacité de travailler auprès des organisations, des organismes et des gouvernements canadien et métis afin d’aider à créer les conditions de communautés saines, dynamiques et productives dans l’ensemble de la nation métisse.
Notre conseil d’administration fournit un leadership et un soutien engagés dans une perspective axée sur la force. Nous travaillons au sein des structures de gouvernance de la nation métisse, de concert avec le Ralliement national des Métis et tous ses membres dirigeants, afin de représenter les intérêts et de promouvoir le leadership des femmes métisses aux échelons local, provincial, national et international. Nous mettons en œuvre notre vision et notre mandat en défendant, à l’échelle nationale, des politiques, des programmes et des services culturellement pertinents afin d’améliorer la vie et le bien-être des femmes, des enfants, des familles et des communautés métisses. Nous appliquons une optique métisse, sexospécifique et intersectionnelle qui définit l’égalité et l’équité à partir d’une vision du monde métisse, en tenant compte des rôles historiques des femmes métisses et en reconnaissant que la culture et le sexe sont indissociables.
LFMO entreprend chaque année un grand nombre de projets et d’initiatives portant sur un large éventail de questions. Les priorités sont cernées par l’intermédiaire de consultations avec les femmes métisses de la base tout au long de l’année et à mesure que de nouvelles questions et occasions se présentent.
Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons réuni plus de 200 femmes métisses de toutes les provinces — de la Colombie-Britannique à l’Ontario — et nous avons reçu des directives concernant plusieurs domaines politiques comme le logement, l’environnement, le changement climatique, les femmes autochtones disparues et assassinées, la violence sexospécifique, l’analyse comparative entre les sexes, l’apprentissage et la garde des jeunes enfants autochtones et la santé des femmes métisses, parmi de nombreux autres sujets importants.
LFMO a entrepris un rapport au sujet des perspectives des femmes métisses qui contient plusieurs recommandations importantes visant à réduire le racisme vécu dans les soins de santé. La santé est devenue l’une des grandes priorités dont nous nous occupons.
L’un des moyens les plus importants pour réduire le racisme dans les soins de santé est l’éducation au sujet des personnes métisses. Cela doit d’abord se produire dans les instituts de formation en santé et doit se poursuivre tout au long du travail des praticiens. La formation ne peut pas se faire à l’emporte-pièce, mais doit plutôt être élaborée et dispensée par des Métis. Nous devons sensibiliser les gens aux circonstances uniques et aux vulnérabilités des aînés et des personnes âgées métis.
Nous devons également promouvoir la santé des femmes métisses au moyen de la prévention, de la promotion et de la communication en matière de santé publique, y compris le droit au consentement éclairé dans les établissements de soins de santé. LFMO milite en faveur d’un soutien accru au bien-être mental des femmes métisses dans toute la mère patrie, en intégrant des approches pertinentes sur le plan culturel, qui tiennent compte des traumatismes et sont fondées sur les forces de la communauté et des programmes et services régionaux.
Nous siégeons au Cercle consultatif autochtone par l’entremise de Services aux Autochtones Canada, et LFMO défend le droit des femmes métisses à des soins de santé sexuelle et reproductive facilement accessibles et culturellement sûrs, ainsi que le droit au consentement libre, préalable et éclairé sur leurs propres soins de santé reproductive, en veillant à ce qu’ils soient respectés et protégés par tous les fournisseurs de soins de santé.
Notre prochaine priorité concerne les femmes, les filles et les personnes métisses 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues et assassinées. LFMO travaille sans relâche pour sensibiliser les gens aux circonstances uniques et aux vulnérabilités des femmes métisses. Nous devons faire pression pour que la violence et les mauvais traitements fondés sur le sexe soient des priorités importantes en matière de santé physique et mentale.
En collaboration avec le Ralliement national des Métis et les membres dirigeants de la nation métisse, LFMO a rédigé un plan d’action national propre aux Métis afin de mettre fin aux disparitions et aux meurtres de femmes, de filles et de personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones. Le plan d’action consiste en 62 appels au changement, ou appels à miskotahâ. Ces appels sont regroupés en six fils qui doivent être abordés afin que l’on puisse garantir une approche pangouvernementale pour mettre fin aux disparitions et aux meurtres de femmes autochtones. Ces fils comprennent la collecte et l’évaluation de données, l’établissement de relations, la planification et la prestation des services, les services à l’enfance et à la famille, la guérison et le bien-être, ainsi que la justice et le maintien de l’ordre.
L’une des approches importantes consiste à s’assurer que des aides à la navigation existent pour que les Métis qui interagissent avec tous les systèmes puissent prendre des décisions fondées sur leur propre bien-être. Cela comprend les soins de santé, les services à l’enfance et à la famille, la justice et les services de police. Il n’y a pas une seule approche pour mettre fin à cette tragédie. Les fils symbolisent les liens, la force, la résilience et le soutien des femmes, des enfants et des personnes 2ELGBTQQIA+ métisses face à la violence continue et aux menaces qui pèsent sur leur existence.
Notre prochaine priorité est le leadership des femmes métisses. Les Femmes Michif Otipemisiwak s’efforcent de fournir du soutien et du leadership afin de créer les conditions propices à une forte participation des femmes métisses dans l’ensemble de la nation métisse. Traditionnellement et historiquement, les femmes métisses étaient égales dans la culture métisse. Nous venons d’une société égalitaire. LFMO s’efforce de donner aux femmes métisses les moyens de reprendre leurs rôles traditionnels au sein de notre nation.
En tant que détentrices du savoir traditionnel et gardiennes de l’eau et des terres, Les Femmes Michif Otipemisiwak accordent la priorité au transfert de connaissances entre les dirigeantes métisses et les jeunes. Notre objectif est de renforcer la confiance chez les femmes métisses afin d’encourager leur leadership au sein de leur famille, de leur vie professionnelle, au sein des collectivités et de l’ensemble de la nation métisse.
Les Femmes Michif Otipemisiwak a élaboré un programme d’études fondé sur les distinctions, sensible aux différences entre les sexes et axé sur la jeunesse à l’intention des jeunes et des jeunes adultes métis et fondé sur les compétences, la préparation à l’emploi et la formation à l’emploi. Ce programme s’appelle Reach for the Sky. En collaboration avec des experts en la matière métis et des spécialistes de l’analyse comparative entre les sexes plus, ou ACS+, propre aux Métis, les concepteurs de programmes d’étude métis et les éducateurs de ce programme envisagent les jeunes Métis du XXIe siècle dans un plus grand nombre de programmes d’étude postsecondaire, dans des postes d’emploi sûrs et à mobilité ascendante et dans des rôles de leadership au sein de leur collectivité, au Canada et ailleurs.
Nous devons créer des espaces sûrs pour les femmes métisses et les personnes vulnérables. De plus en plus, on demande à Les Femmes Michif Otipemisiwak de représenter la voix des personnes 2ELGBTQQIA+ de diverses identités de genre, et notre mandat est de représenter la voix des femmes métisses. Nous reconnaissons que nous ne pouvons pas exprimer adéquatement les points de vue, les perspectives et les expériences des personnes 2ELGBTQQIA+. Ce que nous pourrions faire, c’est créer un espace sûr où les personnes de diverses identités de genre peuvent se réunir afin de discuter des priorités, en fonction de leur expérience. Nous organisons un cercle de mobilisation « montrez votre fierté » pour commencer à offrir une voix aux personnes de diverses identités de genre, et notre vision est que le groupe « montrez votre fierté » commencera à s’organiser pour devenir une voix nationale indépendante pour les Métis 2ELGBTQQIA+.
Compte tenu des contraintes de temps de l’exposé, il est difficile de privilégier seulement quatre domaines pour démontrer notre travail. Nous vous encourageons à visiter notre site Web pour voir notre gamme complète d’activités et d’engagements.
Merci, meegwetch.
Le président : Wela’lin.
Avant de passer aux questions, je tiens à rappeler à toutes les personnes présentes de ne pas se pencher trop près du microphone ou de retirer leur oreillette si elles le font.
Je vais commencer par une première question. Selon vous, y a-t-il des sujets prioritaires qui pourraient être étudiés par le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones? Dans l’affirmative, pourriez-vous expliquer quelles seraient vos principales priorités?
Mme Omeniho : Ma principale priorité serait la formation d’un comité de surveillance visant à s’assurer que le travail que le gouvernement s’est engagé à faire afin d’apporter des changements pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées soit mis en œuvre.
Le président : Je vous remercie.
Le sénateur Christmas : Merci, madame Omeniho. Je tiens à vous remercier d’avoir décrit pour le comité les quatre priorités de LFMO.
J’aimerais vous poser une question sur votre deuxième priorité. Vous avez mentionné que votre organisation a produit un rapport sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et que vous avez produit un document qui décrit 62 appels au changement. Vous avez également mentionné que vous avez commencé à décrire les sujets des six fils de votre rapport, ou à tout le moins, à en discuter.
Étant donné que vous n’avez pas eu beaucoup de temps pour élaborer, pourriez-vous nous expliquer plus en détail ces six fils? Pourriez-vous nous en dire davantage sur votre point de vue et sur celui de votre organisation en ce qui concerne le plan d’action touchant les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées?
Mme Omeniho : Je serais heureuse de le faire. Je vous remercie de m’en fournir l’occasion.
Nous avons créé ce que nous appelons Weaving Miskotahâ, qui est semblable au tissage des ceintures, qui représentent souvent la nation métisse et en sont une icône. Dans ces fils, nous recueillons et évaluons des données, ce qui était une partie très importante. Nous avons travaillé sur la question des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. Très souvent, les gens déforment les données et ne disposent pas de données sur ce qui s’est passé. Combien de femmes sont portées disparues? Combien de femmes ont été assassinées? Combien de crimes ont été résolus? Ces chiffres n’existent pas. Nous avons besoin de plus de données pour nous aider. Sans données, nous ne pouvons pas déterminer comment changer les choses.
Par exemple, nous savons que bon nombre de ces femmes ont eu des démêlés avec le système de justice pénale. Nous savons qu’un grand nombre d’entre elles ont eu des problèmes importants avec le système de protection de l’enfance. Si nous étions en mesure de cerner les éléments déclencheurs et les vulnérabilités, nous pourrions élaborer des politiques et des programmes qui nous aideraient à apporter des changements afin de réduire le nombre de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées.
Nous pensons que l’établissement de relations, l’établissement de relations avec le gouvernement et l’établissement de la compréhension dont nous avons besoin... Personne ne peut effectuer un changement ou changer les choses seul. Nous devons travailler collectivement. Ce ne sont pas les problèmes d’un seul groupe; c’est le problème du Canada. Nous croyons que les relations peuvent nous aider à résoudre ce problème.
En ce qui concerne la planification et la prestation de services, très peu de programmes fonctionnent effectivement avec les femmes autochtones et les femmes métisses vulnérables à l’échelle communautaire. Les programmes sont un peu disparates, et nous avons besoin de programmes efficaces pour que les gens sachent où trouver de l’aide. Si les enfants de quelqu’un disparaissent, ils ne savent même pas comment amorcer le processus pour essayer de régler le problème et, espérons-le, sauver leurs enfants de choses comme la traite des personnes. Nous devons nous assurer que la planification et la prestation des services sont meilleures.
Les services à l’enfance et à la famille ne sont pas très différents de certaines des questions que les pensionnats et la rafle des années 1960 ont soulevées. Nous essayons, par l’intermédiaire du projet de loi C-92, de régler certains de ces problèmes, mais à l’échelle communautaire, les choses ne vont pas assez vite.
Pour les familles et les gens qui ont été touchés, nous devons élaborer des programmes de guérison et de bien-être pour les aider et tenter de mettre fin au traumatisme intergénérationnel.
Tant que nous n’aurons pas réparé les systèmes de justice et de maintien de l’ordre au Canada, la situation ne s’améliorera pas.
Je sais que c’est un vaste mandat. Je sais que ce ne sera pas facile à régler. Ces institutions existent depuis très longtemps, et bon nombre d’entre elles sont très militantes. Il faudra beaucoup de travail pour modifier efficacement les politiques et les lois afin que les femmes ne soient pas toujours une population vulnérable au sein de ces institutions.
Le sénateur Christmas : Merci, madame Omeniho.
La sénatrice LaBoucane-Benson : Je suis heureuse de vous voir, madame Omeniho.
Vous avez mentionné que vous adoptez une approche axée sur les traumatismes. Pourriez-vous aider le comité à mieux comprendre ce que cela signifie du point de vue d’une femme métisse?
Mme Omeniho : Lorsque nous adoptons une approche axée sur les traumatismes, nous essayons de nous rendre compte qu’il faut l’ensemble de la collectivité pour offrir du soutien et comprendre les problèmes qui se posent. Souvent, les femmes métisses — parce qu’elles sont uniques et différentes des Premières Nations, des Inuits ou des non-Autochtones — ont besoin d’une communauté qui comprend leur situation. Lorsque nous travaillons sur des initiatives axées sur les traumatismes, nous nous fondons sur le fait que nous comprenons où se trouvent certains des traumatismes, que nous comprenons où se trouvent les déclencheurs et que nous créons des programmes pour aider à retirer ces choses de la population avec laquelle nous travaillons.
Nous aidons également à éduquer d’autres organismes et organisations de services qui travaillent avec notre communauté sur les différents niveaux de traumatisme qui ont été vécus et nous les aidons à comprendre d’où nous venons, historiquement, afin qu’ils aient une meilleure compréhension de l’origine de certains de ces traumatismes intergénérationnels.
Nous continuons d’essayer de faire avancer les choses pour aider à mettre en place les programmes de guérison nécessaires pour changer les choses.
La sénatrice LaBoucane-Benson : Merci.
La sénatrice Coyle : Merci beaucoup, madame Omeniho. Merci également de nous soutenir au Sénat avec les masques magnifiques que nous avons reçus il y a un certain temps. Ils étaient fabuleux. Je suis heureuse d’avoir l’occasion de vous remercier ici maintenant.
J’étais récemment à la COP 27 et j’ai été extrêmement impressionnée par la qualité des gens de la nation métisse, en particulier les femmes, Les Femmes Michif Otipemisiwak, qui étaient là-bas et par leurs contributions à cette conférence importante sur le climat. Je pense que la conférence sur le climat a eu lieu juste avant votre forum. Ai-je raison?
Mme Omeniho : Oui.
La sénatrice Coyle : Vous avez dit que l’environnement et le climat étaient des domaines prioritaires pour Les Femmes Michif Otipemisiwak. Pourriez-vous nous faire part des contributions importantes qui ont été apportées au forum politique des femmes à l’issue de la COP 27 et nous dire ce que cela pourrait faire en ce qui concerne vos domaines prioritaires en matière de climat? Merci.
Mme Omeniho : Merci. Je suis très fière des gens que nous avons envoyés. C’est la première fois que nous avions une présence internationale à la COP. Dans une semaine environ, ils seront tous à Montréal au forum de la COP.
Pour les femmes métisses, il est très important de faire partie de l’environnement. Lors de notre forum sur les politiques, les conversations portent sur l’importance de protéger l’eau, les terres et les ressources. Souvent, les femmes ne participent pas aux conversations qui touchent l’environnement. Nous devons participer à ces conversations, parce que ce sont les femmes qui élèvent les enfants dans les collectivités qui sont les plus touchées. Si nous ne nous penchons pas sur ce que font les changements climatiques, sur ce que fait la biodiversité, sur la durabilité alimentaire... Toutes ces choses jouent un rôle clé dans ce qui se passe et ont des répercussions sur la vie des femmes métisses. Les femmes qui ont participé à notre forum sur les politiques étaient très enthousiastes, et elles veulent participer. Elles ont été très instructives sur certains des domaines dans lesquels nous devons agir en matière d’environnement.
La sénatrice Hartling : Merci, madame Omeniho, d’être ici avec nous aujourd’hui. Je suis très heureuse de vous voir et de vous entendre. J’ai entendu parler de vous il y a quelque temps.
J’ai eu le privilège de siéger au Comité des droits de la personne et de travailler avec la sénatrice Boyer, que vous connaissez probablement, notamment en ce qui concerne la stérilisation forcée et contrainte des femmes. Cette fin de semaine encore, nous avons reçu un autre rapport au Québec indiquant que 22 femmes avaient subi ce sort.
J’aime beaucoup les choses que vous dites à propos de vos objectifs. Je m’interroge sur la santé mentale et la santé physique et sur la façon dont vous allez travailler dans ce domaine. Peut-être pourriez-vous nous donner plus de renseignements sur certaines des stratégies et certains des domaines qui, selon vous, doivent être abordés.
Mme Omeniho : En fait, nous essayons d’aborder les questions de santé mentale. Même avec la stérilisation forcée et contrainte, la santé sexuelle et reproductive est une priorité très importante pour nous. Nous avons travaillé avec la sénatrice Boyer et d’autres pour essayer d’aborder cette question.
Un petit fait : si nous appuyions les programmes de lutte contre le virus du papillome humain, ou VPH, pour tout le monde, des choses comme le cancer du col de l’utérus disparaîtraient de la surface de la Terre. Il est ridicule que ce ne soit pas assez important pour que nous n’examinions pas les programmes de lutte contre le VPH pour aider à mettre fin au cancer de l’utérus. C’est une petite parenthèse.
En ce qui concerne le consentement préalable, libre et éclairé, le domaine le plus important est celui de la santé. Il est vraiment important pour nous de continuer de travailler et de faire avancer ces politiques et de nous assurer que nous avons le droit à la santé. En ce qui concerne la santé mentale, nous commençons à peine à voir les effets de la COVID-19 sur les niveaux des problèmes de santé mentale qui existent dans nos collectivités.
Je connais de nombreuses jeunes femmes avec lesquelles nous travaillons — et je vous ai parlé du projet Reach for the Sky dans le cadre duquel nous essayons d’élaborer des programmes de formation au leadership pour les jeunes femmes — qui ont été touchées par la COVID. Leur niveau d’anxiété, leur capacité d’adaptation et leur bien-être mental sont tous menacés. Nous devons trouver ces mesures de soutien. Les choses comme les programmes de bien-être mental ne sont pas si facilement accessibles aux personnes qui vivent dans des collectivités marginalisées. Parfois, il y a des listes d’attente de plusieurs mois pour des psychologues ou des psychiatres, ou même pour que les gens puissent accéder aux services médicaux et qu’un généraliste, un médecin ou une clinique médicale comprenne les problèmes de santé mentale. Ce n’est pas l’idéal.
L’autre chose que je vais vous dire — et je sais que je n’ai que peu de temps — c’est que le bien-être mental et la police ne fonctionnent pas. Certaines de nos femmes sont mortes à la suite de vérifications de santé mentale effectuées par les services de police. Merci de votre temps.
La sénatrice Hartling : Merci beaucoup.
Le président : J’ai une brève question pour vous, madame Omeniho. À votre avis, pourquoi la création d’un comité de surveillance sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est-elle nécessaire? Comment cela pourrait-il contribuer à la mise en œuvre des appels à la justice?
Mme Omeniho : Je vous remercie pour la question. Un comité de surveillance est impératif. Il ne s’agit pas seulement de garder un œil sur le gouvernement et de s’assurer qu’il fait son travail. Le comité de surveillance doit être une chose plus large pour tous les gouvernements, y compris nos gouvernements autochtones. Nous devons nous assurer que tout le monde rend des comptes pour que les choses changent.
Je vais être franche. À ce stade, beaucoup de choses ont été dites. C’est-à-dire qu’ils font ceci et cela, mais rien ne s’est produit ou n’a entraîné de changement sur le terrain. Nous devons veiller à ce que les ressources qui arrivent et qui sont mises à disposition des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées ne soient pas consacrées à la création de bureaucratie ou à des tâches administratives. Nous devons plutôt nous assurer que les ressources sont dépensées pour réellement changer les choses sur le terrain, où les femmes métisses et d’autres femmes autochtones se trouvent.
Le président : Merci, madame Omeniho.
Le sénateur Christmas : Je suis également intrigué par votre troisième priorité. Vous avez parlé de développer le leadership des femmes métisses. Vous avez mentionné un programme particulier que vous avez appelé Reach for the Sky. Pouvez-vous élaborer sur ce programme et le décrire plus en détail?
Mme Omeniho : Le programme Reach for the Sky fait appel à de jeunes femmes métisses. Un certain segment du programme consiste en un apprentissage sur le terrain. Un programme a été élaboré par l’Université de l’Alberta par des femmes métisses titulaires d’un doctorat qui ont créé un programme de leadership et de compréhension destiné aux femmes métisses. Elles suivent les cours de ce programme et travaillent avec SaskPolytech pour suivre un programme. C’est un programme qui aide à inspirer ces jeunes femmes à poursuivre leurs études.
Nous avons trois groupes de cohortes. Les premières sont les jeunes femmes qui viennent de terminer leurs études secondaires. La deuxième cohorte est celle des mères monoparentales. Le troisième groupe est celui des personnes qui ont fait des études postsecondaires, mais qui se sont peut-être retirées. Nous essayons de les encourager et de les aider à retourner aux études postsecondaires ou à commencer à construire et à repousser certains des plafonds de verre, comme elles les appellent afin de pouvoir obtenir un meilleur leadership.
Les femmes de ce pays ont beaucoup de travail à faire — pas seulement les femmes métisses, mais toutes les femmes — pour trouver ce que sont vraiment l’équité et l’égalité. Nous essayons simplement de poser quelques jalons sur le chemin pour les encourager à commencer à penser au-delà de ce qu’elles sont en ce moment.
Le sénateur Christmas : Merci, madame Omeniho.
La sénatrice Coyle : Merci encore. Sur ce thème de l’éducation, j’ai rencontré beaucoup de membres de la délégation métisse en Égypte. L’une des jeunes femmes me parlait de son expérience des études postsecondaires au Danemark, je crois.
Elle m’a parlé des mesures de soutien incroyables, en particulier en santé mentale, qui étaient en place pour les étudiants de niveau postsecondaire là-bas et de l’importance du modèle qui y était utilisé. Elle a suggéré que nous pourrions nous inspirer de ce modèle ici, dans les établissements d’enseignement postsecondaire au Canada, et elle allait le présenter. Je suis curieuse de savoir si Les Femmes Michif Otipemisiwak ont une relation avec Universités Canada ou d’autres associations d’établissements postsecondaires et si vous avez un plan ou avez déjà formulé des suggestions et des recommandations pour que ces établissements soient plus conviviaux afin que les jeunes Métis puissent y rester et réussir.
Mme Omeniho : Je suis très privilégiée de connaître de nombreuses femmes métisses qui sont professeures dans de nombreuses universités de notre mère patrie métisse, et je suis très fière et honorée de pouvoir les appeler mes amies. Grâce à elles, nous avons travaillé sur de nombreux dossiers. Comme beaucoup d’entre vous l’ont peut-être entendu, beaucoup de travail est fait en ce moment sur le maintien en poste du personnel et sur la difficulté pour certaines d’entre elles d’aller de l’avant, même dans leur propre poste et dans leur propre rôle, ce qui est une autre question sur laquelle nous travaillons en ce qui concerne le leadership.
Je prends à cœur ce que vous avez dit. Je pense que nous devons voir les choses autrement. Même dans le cadre de notre programme Reach, une des raisons pour lesquelles je crois qu’il fonctionne à l’heure actuelle, c’est que nous avons des mesures de soutien globales, qui sont des mesures de soutien en santé mentale. Nous avons des aînés qui travaillent avec ces jeunes femmes. Nous mettons tout en œuvre pour que ces jeunes femmes réussissent le mieux possible, et je crois que les programmes doivent être conçus de cette façon.
Je ne peux qu’utiliser mes propres expériences. Je suis retournée à l’école en tant qu’élève adulte et cheffe de famille monoparentale. Le genre de soutien dont vous avez besoin pour réussir ne se limite pas à payer vos frais de scolarité et à vous procurer un manuel. Il se passe beaucoup plus de choses dans la vie de ces gens. Ils ont besoin de ce genre de soutien global et de soutien en matière de bien-être mental pour réussir dans ce qu’ils font. C’est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec certains de nos doctorants métis. Nous devons leur montrer l’exemple, et ils peuvent ensuite aider ces jeunes femmes à surmonter certaines des difficultés auxquelles elles font face afin qu’elles puissent réaliser ce qu’elles ont elles-mêmes accompli.
La sénatrice LaBoucane-Benson : Vous avez mentionné votre recherche sur le logement. Le logement est une question tellement importante pour les femmes autochtones en général : avoir suffisamment de refuges, de logements de transition et de logements à loyer modique partout au pays. Avez-vous des conclusions dont vous pourriez nous faire part dans le cadre de votre recherche sur l’expérience des femmes métisses en matière de logement?
Mme Omeniho : En fait, nous venons de terminer l’an dernier un rapport sur le logement pour la SCHL, du point de vue des femmes métisses. Il se trouve sur notre site Web. Je vous encourage vraiment à y jeter un coup d’œil. C’était un rapport extraordinaire. Nous allons en faire une deuxième version parce que la SCHL était très satisfaite de ce que nous avons pu faire.
Le logement pour les femmes métisses est extrêmement difficile. Il n’y a pas beaucoup de mesures de soutien au logement. Même les programmes de logement social, pour la plupart, sont inexistants à bien des endroits. Nous avons dû trouver des moyens d’assurer la sécurité des gens. Cela rend également les femmes vulnérables lorsqu’il s’agit de choses comme la violence. Nous essayons de trouver des moyens et de créer des mesures de soutien. Nous travaillons sur des programmes d’hébergement, des programmes de transition de deuxième étape et nous essayons de rendre plus accessibles les logements pour les femmes métisses et leurs enfants.
L’autre chose que nous avons constatée dans notre rapport, c’est que de nombreuses jeunes femmes métisses n’auront jamais les moyens de posséder une maison, à moins que nous n’élaborions des politiques et que nous ne créions des relations qui ne seront peut-être pas les moyens traditionnels et habituels, mais des moyens qui permettront aux femmes de devenir propriétaires de leur maison. Ce sera la première génération — celle qui arrive maintenant — qui ne pourra jamais être propriétaire d’une maison, parce que cette dernière n’est tout simplement pas abordable de façon réaliste. Ces femmes n’auront jamais l’argent dont elles ont besoin pour faire une mise de fonds et acheter une maison.
La sénatrice LaBoucane-Benson : Je lirai le rapport. Merci beaucoup.
La sénatrice Coyle : Je pourrais avoir une conversation avec vous toute la journée. C’est un travail très important que vous faites.
Vous avez dit que la santé mentale et la police ne sont pas une combinaison saine. Vous avez aussi parlé des questions de la surreprésentation en ce qui concerne les femmes incarcérées. Nous savons que c’est le cas pour toutes les femmes autochtones. Pourriez-vous parler un peu plus en détail des taux d’incarcération des femmes métisses et de ce qui les rend plus susceptibles à l’incarcération, ainsi que de ce à quoi nous devrions penser pour prévenir ce problème? Pourriez-vous également aborder plus en détail ce que vous avez mentionné; la question de la santé mentale et du maintien de l’ordre?
Mme Omeniho : La situation des établissements carcéraux pour femmes en soi... plus de 50 % des femmes — et je pense que c’est probablement plus près de 70 ou 80 % de bon nombre des établissements carcéraux pour femmes — sont des femmes autochtones, et plus de 50 % d’entre elles sont des femmes métisses. Jean Teillet, l’une de nos conférencières principales la semaine dernière, nous a informées, grâce à certaines recherches historiques qu’elle a effectuées, qu’au milieu des années 1800, 50 % des femmes emprisonnées étaient des Métisses. Donc, rien n’a beaucoup changé en ce qui concerne la facilité avec laquelle les femmes sont incarcérées.
L’une des choses que je voudrais vous dire, c’est qu’il existe des lois qui rendent les femmes plus vulnérables que les hommes au sein du système de justice pénale. De nombreuses femmes se retrouvent en prison parce qu’elles n’ont pas les ressources et les mesures de soutien dont elles ont besoin, qu’elles se sentent en mode survie, qu’elles font des choses qui leur causent beaucoup de problèmes et qu’elles finissent par être incarcérées. Une fois qu’elles sont dans ces systèmes — je suis sûre que vous l’avez tous entendu dire —, elles compliquent la situation des autres. C’est un cycle de personnes qui finissent par faire continuellement partie de ces systèmes. Je pense que toute la question de la façon dont nous traitons les personnes incarcérées doit être examinée et modifiée. Je sais que la sénatrice Pate en a parlé à plusieurs reprises.
Je veux vous raconter l’histoire d’une jeune femme métisse que je connais, qui a eu des problèmes de santé mentale. Sa famille a fait appel à la police parce que c’est la seule ressource dont on dispose lorsqu’une personne que l’on connaît est en difficulté et peut être suicidaire ou se faire du mal. La seule ressource que l’on a est la police. Ils ont envoyé la police, les policiers sont entrés dans sa maison et l’ont sortie avec des menottes. Elle était complètement nue. Ils l’ont fait défiler dans son quartier et l’ont mise dans une voiture de police. C’était leur vérification de santé mentale. Pour quiconque pense que cela n’a pas eu d’incidence sur le bien-être mental de cette femme, le tort et le traumatisme que cela a causés pour elle, ses enfants et ses petits-enfants... C’était horrible. Nous connaissons des histoires de femmes qui ont fini par mourir parce qu’elles ne réagissent pas bien à l’intervention policière agressive de la police chez elles lorsqu’elles étaient en crise mentale.
Je ne dis pas que tout est de la faute de la police. Nous devons trouver un meilleur moyen de travailler avec les gens qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale afin de les soutenir d’une manière qui leur sera bénéfique et qui contribuera à réduire la crise dans laquelle ils se trouvent, plutôt que de les placer dans le même système qu’un voleur de banque.
La sénatrice Hartling : Merci, madame Omeniho, de tout votre travail et votre leadership. Cela me touche vraiment.
J’ai travaillé pendant de nombreuses années avec des groupes de femmes au Nouveau-Brunswick, et beaucoup de choses que vous dites... Combien de choses doivent être abordées et l’intersectionnalité de toutes ces questions...
Vos objectifs sont très importants. Je me demande si vous pouvez parler au comité davantage de certains des problèmes ou des obstacles à la réalisation de ces buts et objectifs que vous avez. Selon vous, quels seront certains des défis auxquels vous ferez face pour les réaliser? Merci.
Mme Omeniho : Je vous dirais que mon plus grand défi en tant que présidente de Les Femmes Michif Otipemisiwak est de disposer de suffisamment de ressources pour faire le travail que nous devons faire.
Nous ne manquons pas de choses à faire ou de moyens pour commencer à régler bon nombre de ces problèmes. Je ne parle pas seulement d’argent, en passant. Je parle de ressources, même de ressources humaines. Il est difficile de trouver des gens assez passionnés par le travail que nous faisons pour pouvoir aller de l’avant et régler bon nombre des problèmes sur lesquels nous travaillons.
Je travaille avec une équipe incroyable, mais nous sommes une équipe petite et puissante. Je dois chercher des contrats et des personnes à l’extérieur pour travailler sur bon nombre de ces questions. Je sais que je ne suis pas la seule. Je pense que bon nombre de nos gouvernements de la nation métisse sont dans le même bateau et cherchent toujours à trouver des ressources pour soutenir le travail que nous voulons faire. C’est le plus grand défi que j’ai à relever en travaillant dans de nombreux domaines où nous voulons travailler.
L’autre défi auquel nous sommes souvent confrontés est l’accueil réservé par les gouvernements à ce que nous avons à dire. Les problèmes sont réels. Les faits sont réels. Le processus aussi. Il y a des moments où les portes des gouvernements sont ouvertes pour pouvoir entendre, parler, négocier et aborder ces questions. Cependant, ce n’est pas toujours le cas.
Nous avons des gouvernements provinciaux dans ce pays qui, très franchement, préféreraient ne pas savoir que nous existons, et encore moins s’occuper des politiques qu’ils doivent examiner pour changer la situation.
La sénatrice Hartling : Oui, merci. J’imagine qu’il y a un certain épuisement professionnel avec toutes les tâches lourdes que vous devez accomplir.
Mme Omeniho : Il y en a certainement. Je travaille fort pour essayer de faire en sorte que mon personnel et mon équipe soient en mesure de régler les problèmes afin qu’ils ne soient pas épuisés.
C’est l’une des choses sur lesquelles nous avons travaillé lorsque nous nous sommes penchées sur le bien-être mental. Le bien-être mental des aidants et des soignants dans ces programmes est une question importante, car on est confronté à des traumatismes tous les jours. Vous essayez de faire disparaître les traumatismes. Mais vous ne pouvez pas laisser vos employées les rapporter à la maison, car elles ont alors besoin d’être guéries des traumatismes. C’est un défi quotidien.
Le sénateur Christmas : Madame Omeniho, la GRC ou les forces de police municipales ont-elles communiqué avec LFMO pour essayer de trouver une meilleure façon de travailler avec les femmes métisses?
Mme Omeniho : Nous avons établi des relations avec certains membres de la GRC. Ils ne sont pas tous aussi réceptifs et réactifs. Certaines de ces institutions sont plutôt paternalistes et vraiment condescendantes. Je vais être honnête : bon nombre d’entre eux, lorsqu’ils viennent nous voir, cherchent à cocher leur case. Ils ne sont pas intéressés à entendre ce que nous avons à dire.
Nous avons des alliés au sein des services de police. Je peux vous dire que des gens comme le chef de police de Saskatoon ont été des alliés dans le travail avec les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Je sais qu’il y a des agents de la GRC qui occupent divers rôles, comme au sein du service de l’éthique, et qui travaillent vraiment dur pour aider à ouvrir des portes et à apporter des changements.
Cependant, le problème de bon nombre d’institutions policières, c’est qu’il y a beaucoup d’années d’institutionnalisation que je ne pourrai pas changer.
Le sénateur Christmas : Est-il juste de dire qu’il n’y a qu’une petite minorité de dirigeants de la police qui sont réceptifs? Est-ce juste de dire cela?
Mme Omeniho : C’est juste de le dire.
La sénatrice Coyle : Rebonjour, madame.
L’une des questions qui ont été soulevées, en particulier par certaines des jeunes femmes métisses qui étaient présentes à la COP 27, était la question de la terre, pas seulement les thérapies fondées sur la terre, et cetera, mais l’accès réel à la terre, les droits historiques d’accès à la terre. Je me demande si Les Femmes Michif Otipemisiwak y participent et si vous pouvez nous dire quelque chose à ce sujet?
Mme Omeniho : Je vais être honnête avec vous, c’est probablement un peu hors de mon champ de compétences.
Il y a des endroits où les droits fonciers et l’accès à la terre sont en jeu, mais c’est avec les gouvernements de la nation métisse. Je sais que dans certains cas, comme dans le Nord-Ouest de la Saskatchewan, certaines de ces affaires durent depuis de nombreuses années.
L’une des choses qui, je le sais, étaient autrefois à notre disposition, mais qui ne semblent pas l’être aussi facilement, c’est qu’il y avait autrefois des terres de la Couronne auxquelles nous avions accès. Ces terres de la Couronne, pour la plupart, font maintenant partie des administrations provinciales, et dans certaines de ces régions provinciales — dans beaucoup d’entre elles, en fait —, ces terres de la Couronne sont vendues, de sorte que nous avons moins accès aux terres disponibles.
Par exemple, dans certains des parcs nationaux qui, historiquement, faisaient partie du territoire des Métis, et où il y avait des communautés métisses traditionnelles — je peux citer le parc national Jasper comme exemple —, nous n’avons pas accès à ces terres, nous ne pouvons pas y faire des récoltes ou en faire partie parce que les règles et les stipulations relatives aux parcs nationaux ne nous donnent pas cette accessibilité.
Le président : Je ne vois pas de mains levées.
Merci, madame Omeniho, de vous être jointe à nous aujourd’hui. Nous vous sommes vraiment reconnaissants de votre témoignage. Le temps réservé est maintenant écoulé.
(La séance est levée.)