La Loi sur l'hymne national
Projet de loi C-210, Loi modifiant la Loi sur l'hymne national
21 juin 2017
L’honorable Sénatrice Denise Batters :
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd'hui au sujet de l'amendement de la sénatrice Beyak au projet de loi C-210, Loi modifiant la Loi sur l'hymne national (genre).
Tout d'abord, je n'approuve pas la modification des paroles de notre hymne national. Les Canadiens ne réclament pas ce changement et il est inutile. D'ailleurs, les Canadiens estiment que ce changement leur est imposé sans consultation. Notre hymne est un symbole de l'identité canadienne unie et unique. Les Canadiens le chérissent comme faisant partie de l'histoire et de la tradition du Canada. Ils ne veulent pas qu'il soit modifié par des politiciens.
Bien des gens n'entendent pas souvent l'hymne national une fois qu'ils ont quitté l'école; ils l'entendent à quelques événements publics, peut-être une fois par année à la fête du Canada. En tant que grande amatrice de sports, j'assiste à bien des événements sportifs, alors je l'entends souvent. Il y a deux semaines, j'ai assisté à un match des Roughriders de la Saskatchewan, et après que l'assistance eût terminé de chanter l'Ô Canada, de nombreuses personnes se sont tournées vers moi et m'ont suppliée de ne pas laisser le gouvernement le modifier. Cela se produit fréquemment. Plusieurs personnes en Saskatchewan m'en ont parlé et toutes s'y opposent. Elles craignent que le gouvernement modifie une partie de notre tradition nationale, de notre identité nationale, sans leur consentement.
Selon un sondage de Forum Research mené l'été dernier, deux tiers des Canadiens ne veulent pas de la version proposée, « in all of us command ». Mon bureau, et cela doit être pareil pour vous, j'en suis sûre, a reçu une quantité importante de courriels, de coups de téléphone et de publications sur les médias sociaux nous appelant à laisser l'hymne national tel quel. Je ne pense pas que les Canadiens pourraient être plus clairs, honorables sénateurs. Si le gouvernement s'était donné la peine de les consulter à ce sujet, je suis convaincue qu'il aurait eu la même réponse. Or, voilà le problème. Il n'a pas consulté les Canadiens.
Même si les Canadiens ne pensent peut-être pas très souvent à la signification des paroles d'Ô Canada, ils chérissent notre hymne, car c'est une partie de notre patrimoine national commun. L'hymne national est l'expression la plus fondamentale de ce que cela veut dire d'être Canadien et de ce qui nous unit en tant que Canadiens, peu importe nos origines.
Dans environ une semaine, chers collègues, nous célébrerons le 150e anniversaire du Canada. Nous célébrerons les valeurs, les histoires et l'histoire commune des Canadiens. Comment les valeurs, les histoires et l'histoire commune sont-elles transmises d'une génération à l'autre? Pour dire les choses simplement, honorables sénateurs, elles sont transmises grâce aux traditions.
Bien que nous vivions à une époque de grande diversité, nous vivons également à une époque de grande division. On tente de nous obliger à choisir une catégorie identitaire en fonction, entre autres, de notre origine ethnique, de notre religion, de notre langue, de notre allégeance politique. De grands débats surgissent quant à savoir qui a le droit de représenter un groupe ou un autre ou quel point de vue est plus légitime qu'un autre. Dans ce contexte d'identités rivales, à l'approche du 150e anniversaire du Canada, comment pouvons-nous trouver ce qui nous rassemble en tant que Canadiens?
Je pense que la réponse se trouve dans nos traditions et dans l'histoire commune de la nation. Notre hymne national les exprime à merveille. Il parle de nos valeurs, dans sa version anglaise : « The True North strong and free »; de notre territoire : « Our home and native land »; de notre histoire : « in all thy sons command », qui nous rappelle les soldats canadiens à la Première Guerre mondiale.
Je suis descendante d'immigrants ukrainiens venus s'installer en Saskatchewan et je peux dire en toute sincérité que je ne me suis jamais sentie exclue par mon hymne national. Même si les femmes, les filles ou les habitants des Prairies descendants d'immigrants ukrainiens n'y sont pas expressément mentionnés, je sais que je suis incluse parce que je suis Canadienne. Nouveau Canadien ou membre d'une famille installée ici depuis des générations, et quel que soit notre genre ou notre religion, peu importe : nous sommes tous des Canadiens. Lorsqu'une personne devient citoyenne canadienne, que ce soit de naissance ou par choix, l'histoire et les traditions du Canada deviennent les siennes. L'hymne national est l'une de ces traditions et il ne devrait pas être — et n'a pas besoin d'être — remanié pour tenir compte de toutes les caractéristiques d'identité possibles. Où cela s'arrêtera-t-il?
Nous sommes, avant tout, des Canadiens et, à ce titre, nous avons la responsabilité de défendre notre hymne national. C'est ce que je fais aujourd'hui.
Dans un moment, je vais présenter un sous-amendement à l'amendement proposé par la sénatrice Beyak, et je suis pleinement consciente du fait que cela pourrait empêcher ce projet de loi d'être adopté avant la relâche d'été. Toutefois, à mon avis, ce projet de loi ne devrait pas être adopté parce que ce n'est pas ce que les Canadiens souhaitent. Si nous ne défendons pas les souhaits des Canadiens, alors pourquoi sommes-nous ici, honorables sénateurs? Défendons les traditions qui nous unissent plutôt que de faire des choix qui nous divisent.
Motion de sous-amendement
Par conséquent, honorables sénateurs, je propose, en sous-amendement :
Que la motion d'amendement proposée par l'honorable sénatrice Beyak soit modifiée, par substitution, aux mots « juillet 2017 ou, si elle est postérieure, à la date de sa sanction » des mots « octobre 2017 ».