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Déclarations de sénateurs

Hommages—L'honorable Maria Chaput

24 février 2016


L’honorable Sénateur Claude Carignan :

Honorables sénateurs, aujourd'hui, nous disons au revoir à notre honorable collègue, madame la sénatrice Maria Chaput. Elle quitte la Chambre rouge après 13 ans de service public accompli avec dévouement depuis sa nomination en 2002. Notre honorable collègue avait déjà consacré une grande partie de sa vie au service public, et je suis persuadé qu'elle n'y mettra pas fin après son départ du Sénat.

Chers collègues, permettez-moi de faire le point sur le travail inestimable de la sénatrice Chaput, et sur l'héritage qu'elle laisse à titre de défenseure des droits des communautés francophones minoritaires au Canada.

Pour mettre les choses en perspective, il faut mentionner que la sénatrice Chaput a fait ses études dans un couvent tenu par les Sœurs grises dans une collectivité francophone du Manitoba, alors que, à cette époque, l'enseignement du français dans les écoles manitobaines était interdit par la loi. La sénatrice Chaput nous a déjà raconté que, et je cite : « Lorsque l'inspecteur provincial des écoles était dans les environs, il nous fallait cacher nos manuels en français. »

On peut se demander si c'est à ce moment-là qu'elle a épousé la cause du français, et que la langue française s'est trouvé une représentante parmi les plus loyales.

Les communautés minoritaires de langue officielle ont bien changé depuis; on peut affirmer sans se tromper que nombre de résultats positifs sont attribuables aux efforts inlassables de la sénatrice Chaput. Avec toute la détermination qu'on lui connaît, elle a œuvré pour améliorer la vie des francophones au Manitoba, voire au Canada tout entier. D'ailleurs, elle a été la première Franco- Manitobaine à être nommée au Sénat.

Comme la Constitution a confié au Sénat le mandat de protéger, de défendre et de promouvoir les droits des minorités, la mission de la sénatrice Chaput était de nature bipartisane. Nos partis politiques ont uni leurs efforts pour assurer le respect et la protection des deux langues officielles du Canada, de 1969 — année de l'adoption de la Loi sur les langues officielles, sous un gouvernement libéral — jusqu'en 1988, lorsque le gouvernement conservateur a passé cette loi en revue pour favoriser la pleine mise en œuvre des droits linguistiques garantis en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.

Les prix de reconnaissance décernés à la sénatrice Chaput pour sa défense des droits linguistiques de la minorité francophone ne se comptent plus et proviennent de tous les coins du Canada et d'ailleurs dans le monde.

La sénatrice Chaput nous a démontré l'importance, pour le Québec, de défendre vigoureusement les droits des communautés francophones en situation minoritaire, et ce, partout au Canada. La taille des collectivités francophones diminue par rapport aux autres communautés et, en conséquence, il se peut que leur voix ne s'exprime pas aussi fortement.

Les droits linguistiques ont fait d'énormes progrès au Canada, ce qui a permis aux collectivités de préserver leur identité, voire de survivre, et de préserver également le droit à l'éducation en français, comme le revendiquait à un si jeune âge la sénatrice Chaput. Comme notre collègue l'a déjà dit, les efforts consentis pour défendre les communautés minoritaires francophones ne sont pas, et je cite : « [...] une obligation, une imposition ou une concession, mais comme un précieux avantage, [...] une composante essentielle de l'identité canadienne ».

Deux grandes communautés linguistiques qui existent côte à côte, c'est un peu comme deux grands partis politiques qui coexistent au Sénat!

Avant de terminer cet hommage, j'aimerais souligner un défaut caché de la sénatrice Chaput. Derrière l'image sobre, réfléchie et posée de la sénatrice Chaput se cache une véritable bête politique partisane libérale... Elle n'aurait jamais quitté son siège sous un gouvernement conservateur, mais elle le laisse maintenant à un premier ministre libéral. En ce sens, le départ de la sénatrice Chaput contribuera peut-être à rendre le Sénat moins partisan.

Des voix : Bravo!

Le sénateur Carignan : Chère collègue, ce fut un honneur et un privilège de siéger avec vous dans cette auguste Chambre qu'est le Sénat. Je vous souhaite une excellente santé, et je sais que vos trois filles et vos quatre petites-filles se réjouiront de passer encore plus de temps avec vous. Je suis convaincu que nous entendrons parler des réalisations que Louis, votre époux, et vous continuerez d'accomplir ensemble, à défendre les droits des minorités de langue officielle, côte à côte. Vous nous manquerez au Sénat. Merci.

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