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Déclarations de sénateurs

Le décès de Lucienne Boucher

21 février 2019


L’honorable Sénatrice Raymonde Gagné :

Le 30 décembre dernier, une grande dame de la francophonie manitobaine s’est éteinte doucement dans sa demeure. Chers collègues, aujourd’hui, je veux saluer la mémoire de Lucienne Boucher, née Gélinas.

À mes yeux, et au dire de bien des gens, Lucienne Boucher était une femme remarquable, engagée, ferme, généreuse et pleine d’humour. D’un naturel positif, elle marquait les gens par sa simplicité, son authenticité, sa franchise, son sens de l’analyse et sa joie de vivre. De plus, elle n’avait pas froid aux yeux. Ce sont ces aspects de sa personnalité qui ont fait d’elle une policière respectée, une mère de famille exceptionnelle et une femme d’action hautement respectée au sein de la communauté francophone du Manitoba.

Née à Saint-Pierre-Jolys, Lucienne Boucher a fait carrière au sein de la police de Winnipeg. La Winnipeg Police Force a été parmi les premiers services policiers au Canada à embaucher des femmes à titre d’agentes de police. Lucienne était parmi les huit premières femmes embauchées et la première francophone à occuper ce poste. C’est en 1959 qu’elle a accepté un poste au centre d’appel d’urgence, pour ensuite accéder au poste d’agente de police au sein de l’escouade de la moralité et finalement mener des enquêtes auprès des jeunes contrevenants. Elle était une pionnière pour les femmes de sa communauté.

Lucienne Boucher était aussi une mère de famille courageuse. Elle a décidé d’épouser le Dr Joseph Boucher, de Sainte-Anne, veuf depuis quelques années et a pris sous son aile ses sept jeunes enfants, qui sont tous engagés aujourd’hui dans la francophonie.

Cette fervente militante a œuvré, entre autres, auprès d’organisations communautaires telles que Francofonds, le Centre Flavie-Laurent, la Fédération des aînés franco-manitobains, le Comité d’aide aux réfugiés et le Théâtre Cercle Molière. En 2004, elle reçoit le Prix Réseau pour ses contributions au développement de la communauté francophone du Manitoba.

Lucienne Boucher était aussi une passionnée de la politique et une activiste. Il s’agit de se remémorer la crise linguistique au Manitoba, en septembre 1983, pour constater son intelligence et son sang-froid. C’est lors des audiences publiques qu’elle a pris la parole pour faire une mise au point et ramener à l’ordre le gouvernement provincial en matière de droits linguistiques. Son message au gouvernement Pawley était le suivant : il était fini le temps des peureux! L’histoire des droits linguistiques au Manitoba en dit quelque chose.

Lucienne nous rappelait souvent que la mobilisation politique et sociale animait nos droits. La communauté doit demeurer engagée et active pour garantir la pérennité et l’égalité linguistique et faire en sorte que le leadership politique s’assure qu’on y parvienne.

Merci, Lucienne Boucher, et sois bien sûre que ta voix se fera toujours entendre.

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