L'étude sur les défis liés à l'accès aux écoles françaises et aux programmes d'immersion française de la Colombie-Britannique
Quatrième rapport du Comité des langues officielles et demande de réponse du gouvernement—Suite du débat
8 juin 2017
L’honorable Sénatrice Raymonde Gagné :
Honorables sénateurs, c'est avec beaucoup d'enthousiasme, encore une fois, que je prends la parole en ce jeudi. La soirée est encore jeune, mais je suivrai les conseils du Président, et je serai brève et concise.
Chers collègues, j'aimerais ajouter quelques-unes de mes propres réflexions au sujet du rapport intitulé Horizon 2018 : Vers un appui renforcé à l'apprentissage du français en Colombie-Britannique, à la suite de la présentation détaillée qu'a donnée la présidente de notre comité, l'honorable sénatrice Tardif, mardi dernier.
Je réitère donc les mots de reconnaissance exprimés par la sénatrice Tardif au personnel du Sénat et de la Bibliothèque du Parlement, ainsi qu'à l'équipe de la Direction des communications, qui a accompagné notre comité dans le cadre de cette étude. Ce fut un réel plaisir de travailler avec des gens aussi dévoués et compétents. Pour ma part, et au nom de tous mes collègues au sein du comité, je tiens à remercier et à féliciter l'honorable sénatrice Tardif, notre présidente, qui a dirigé cette étude.
Honorables collègues, le voyage qu'a effectué notre comité en Colombie-Britannique, et les visites et audiences publiques que nous avons tenues sur les lieux, à Vancouver et Victoria, ont beaucoup enrichi notre rapport.
Je suis reconnaissante du fait que le comité ait pu se rendre sur les lieux et témoigner de l'état inacceptable dans lequel se trouvent plusieurs écoles francophones en Colombie-Britannique. Dans son discours, la sénatrice Tardif a fait état de l'insuffisance et de la désuétude des infrastructures de ces écoles, qui accueillent beaucoup plus d'élèves que leurs locaux ne le permettent.
Surtout, nous avons pu voir également de nos propres yeux le contraste frappant de ces bâtiments surpeuplés et souvent délabrés et désuets avec les sourires et les yeux pétillants des élèves qui les occupent. Honorables collègues, les communautés que nous avons visitées ne sont certainement pas en voie de disparition. Elles ont besoin de l'infrastructure qui pourra accommoder leur essor continu.
Le comité a eu l'occasion d'entendre les témoignages de parents et de commissions scolaires francophones qui n'ont pas eu d'autre choix que de se tourner vers les tribunaux pour faire valoir ce que nous avons tendance à tenir pour acquis, ou que nous voulons tenir pour acquis : le droit au Canada à une éducation dans la langue officielle de son choix.
Honorables sénateurs, je sais que dans cette Chambre règne la ferme conviction, et j'ose dire la conviction unanime, que les enfants devraient avoir droit à une éducation de qualité dans la langue officielle de leur choix et que cette éducation devrait être assurée dans des salles de classe qui sont tout aussi confortables, bien entretenues et propices à l'apprentissage que celles qu'occupent leurs amis et leurs voisins qui étudient dans l'autre langue officielle au bout de la rue. Ce n'est pas le cas, et cette situation dure depuis un certain temps. C'est très troublant.
Comme le prouve notre rapport, il ne s'agit pas de cas isolés : les lacunes sont criantes. Comme l'a constaté la Cour suprême de la Colombie-Britannique, le sous-financement est un problème systémique.
Le comité a aussi entendu des représentants d'un groupe croissant de parents francophiles et allophones qui souhaitent donner à leurs enfants la possibilité d'apprendre et de vivre une partie de leur vie en français. Au sein de ce réseau, la demande dépasse l'offre aussi largement.
Ce que je retiens de ce voyage et de cette étude, c'est que la Colombie-Britannique pourrait être un remarquable exemple de réussite. Il s'agit d'une province en majeure partie anglophone, qui compte une population immigrante importante et diversifiée, où la demande concernant l'éducation en français, tant aux termes de l'article 23 de la Charte qu'au sein des programmes d'immersion, connaît une croissance fulgurante, qui ne semble pas près de s'essouffler. Cette situation devait être une bonne nouvelle, tant pour la province que pour le pays dans son ensemble.
En cette année du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, nous devrions souligner et favoriser cette situation, mais le gouvernement, malgré les décisions rendues par les tribunaux, dont la Cour suprême du Canada, n'offre pas à ces élèves les mêmes ressources qu'il consent aux autres enfants.
La sénatrice Tardif a présenté les 17 recommandations formulées par le comité dans ce rapport. Ces recommandations visent à améliorer l'accès aux écoles francophones; à augmenter le taux de bilinguisme chez les jeunes; à revoir le mécanisme de financement et à améliorer la reddition de comptes; et, enfin, à appuyer la vitalité des communautés francophones.
Nous avons pu constater, lors de la conférence de presse que nous avons tenue pour souligner le lancement du rapport, à quel point ces recommandations ont été bien reçues. Nous en avons eu aussi des échos de partout au pays. Les défis que notre étude a cernés ne sont pas spécifiques à la Colombie-Britannique. Des parents francophones, partout au pays, luttent pour e droit, pour leurs enfants, d'obtenir une éducation en français, un droit qui est pourtant protégé par la Charte.
En parallèle, des milliers de parents francophiles et allophones souhaitent offrir à leurs enfants l'occasion d'apprendre le français. Ils contribuent ainsi, à leur façon, aux objectifs de la Loi sur les langues officielles, qui vise à promouvoir la pleine reconnaissance et l'usage du français et de l'anglais dans l'ensemble du pays.
Honorables sénateurs, il est grand temps que tous ces parents voient dans le gouvernement fédéral un allié. Nos recommandations permettraient de favoriser d'immenses progrès en ce sens.
Je souhaite, chers collègues, que cette Chambre puisse adopter ce rapport avant d'ajourner pour l'été. Je souhaite surtout, et ardemment, que le gouvernement y réponde en prenant des mesures concrètes.
Je vous remercie.