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Ashley Smith

Le dixième anniversaire de son décès

19 octobre 2017


L’honorable Sénatrice Kim Pate :

Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour souligner deux événements. L'un est très triste et aurait pu être évité, tandis que l’autre est une grande célébration, celle de l’égalité des femmes.

Il y a 10 ans, Ashley Smith est morte seule, ne portant qu’une tenue réservée aux personnes suicidaires, dans l’aire d’isolement de la prison des femmes de Kingston. Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas son histoire, sachez qu’elle avait d’abord été placée en détention à l’âge de 15 ans pour manquement à ses conditions de probation. Elle avait lancé des pommettes à un travailleur des postes. Au cours des quatre années suivantes, elle a fait l’objet d’accusations au criminel et s’est vu imposer des conditions de détention de plus en plus sévères, aboutissant à son transfert dans une prison pour adultes à l’âge de 18 ans. Avant sa mort — il s’agissait d’un homicide, selon le jury qui a mené l’enquête sur son décès —, Ashley a reçu des décharges de pistolet Taser, a été enchaînée, a été droguée de force, a été transférée 17 fois et a été placée en isolement tout au long des 11 mois et demi qu’elle a passés en détention fédérale.

Elle a fait l’objet de nombreuses accusations au criminel à cause de ses réactions au traitement que lui réservait le Service correctionnel du Canada. Celui-ci ne la considérait pas comme une jeune femme ayant des problèmes de santé mentale.

 

Au petit matin, le 19 octobre 2007, Ashley est morte dans sa cellule d’isolement sous le regard de gardiens.

L’anniversaire du décès d’Ashley, qui aurait pu être évité, constitue un cruel rappel de la nécessité de s’attaquer aux conséquences irréversibles de l’isolement carcéral et d’autres formes d’isolement cellulaire. Les modifications actuellement proposées à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition illustrent une reconnaissance partielle des effets catastrophiques de l’isolement, mais ne suffisent pas. Le Canada doit emboîter le pas aux nombreux pays qui mettent fin au recours à l’isolement et qui libèrent les détenus souffrant de troubles mentaux invalidants. Des mesures immédiates s’imposent pour prévenir de nouvelles tragédies et des simulacres de justice. Ce qui est arrivé à Ashley n’aurait jamais dû se produire. Son histoire met en évidence l’incompatibilité des troubles mentaux et des sanctions, et le fait que les prisons ne sont pas des centres de traitement.

Honorables sénateurs, je demande que nous collaborions pour remédier aux injustices dont continuent d’être victimes des jeunes femmes comme Ashley. Nous devons agir pour honorer la mémoire d’Ashley, pour sa famille et pour toutes les femmes qui, avant elle et après elle, ont été soumises à des conditions de détention inhumaines. Il faut libérer ces détenues et exiger l’élimination de toutes formes d’isolement, notamment l’isolement cellulaire.

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