Période des questions - Le ministère des Services aux Autochtones
L’aide à la jeunesse autochtone
24 avril 2018
L’honorable Sénatrice Kim Pate :
l’honorable Jane Philpott, ministre des Services aux Autochtones, comparaît devant les honorables sénateurs durant la période des questions.
Bienvenue, Madame la ministre. En 2016, un jury a formulé des recommandations à la suite d’une enquête sur le décès de sept jeunes des Premières Nations : Jethro Anderson, Curran Strang, Paul Panacheese, Robyn Harper, Reggie Bushie, Kyle Morriseau and Jordan Wabasse, tous morts à Thunder Bay, en Ontario, en l’espace de 10 ans. Comme un grand nombre de leurs camarades de classe, ces jeunes ont été forcés de quitter leur domicile à 14 ans pour fréquenter l’école secondaire à Thunder Bay parce qu’il n’y avait pas d’écoles secondaires adéquates dans leur région. Par conséquent, ils sont morts à des centaines de kilomètres de leur domicile, de leur famille et de leur communauté.
En août 2017, les Services juridiques autochtones, qui représentaient les familles des sept élèves, ont publié un bilan de l’application des recommandations issues de l’enquête. Comme vous le savez sans doute, le gouvernement de l’époque a reçu la plus faible note de toutes les parties évaluées et il a été mentionné que le gouvernement n’avait pas suivi plusieurs des recommandations. Rien n’avait été fait pour certaines, et d’autres étaient en train d’être appliquées.
La recommandation 59 du jury était que le gouvernement du Canada finance suffisamment le Northern Nishnawbe Education Council pour concevoir, construire, meubler, entretenir, exploiter et doter du personnel requis une résidence d’étudiants à Thunder Bay, parce qu’ils devaient se rendre en ville pour étudier dans des établissements comme l’école secondaire Dennis Franklin Cromarty, que j’ai eu le privilège de visiter cette année.
Cela voudrait dire que le gouvernement du Canada aurait à faire des études de faisabilité et à verser du financement. Je me demande si du financement a déjà été accordé, à qui il a été accordé et quels en sont les résultats. J’aimerais aussi savoir à quel moment le gouvernement du Canada estime qu’une résidence pour étudiants sera ouverte. Par ailleurs, à quel moment pensez-vous que des mesures concrètes seront prises pour donner suite aux autres recommandations?
L’honorable Jane Philpott, C.P., députée, ministre des Services aux Autochtones : Je vous remercie, honorable sénateur, de votre question et d’avoir soulevé un autre point important. Il s’agit, selon moi, d’une affaire qui a été bien documentée. Ce qui est arrivé à ces jeunes est vraiment tragique. Cela en dit long aussi sur les conditions dans lesquelles les jeunes des Premières Nations se trouvent lorsqu’ils doivent se rendre si loin de chez eux.
Nous continuons de donner suite aux recommandations de diverses façons, et je vais vous parler de quelques-unes d’entre elles. Je tiens à répondre tout particulièrement à votre question portant sur la résidence. Il me semble que c’est lors de ma dernière visite Thunder Bay — j’y suis allée plusieurs fois récemment — que j’ai rencontré des dirigeants des Premières Nations pour parler de ce projet précis. Nous réalisons des progrès notables. Je serai heureuse de vous faire parvenir un rapport avec plus de détails qui m’échappent en ce moment. Nous avons reconnu qu’un besoin existe. Encore une fois, le projet est mené par des dirigeants des Premières Nations des environs de Thunder Bay, qui envoient un grand nombre d’étudiants là-bas, en vue de la construction d’une résidence et de meilleurs établissements d’éducation pour les jeunes.
Nous croyons qu’il faut intervenir sous plusieurs angles en ce qui a trait à ce problème, et il en est question dans le rapport et les recommandations. L’une des solutions consiste à prévoir de meilleures installations à des endroits où beaucoup d’élèves se retrouvent, comme Thunder Bay, sur le plan de la sécurité, des services de santé mentale et de l’adaptation culturelle et linguistique des services offerts aux populations concernées. Il faut leur fournir de meilleurs endroits pour se loger.
Toutefois, il faudrait également, à plus long terme, tâcher de trouver des moyens pour que les élèves soient moins nombreux à devoir quitter le foyer. Mon sous-ministre et moi nous sommes réunis la semaine dernière pour tenter de déterminer ce que nous pourrions faire de plus pour améliorer les services d’éducation offerts aux élèves des collectivités éloignées, de manière à ce que, idéalement, ils n’aient peut-être jamais à quitter le foyer pour terminer leurs études secondaires. Sinon, il faudrait pouvoir retarder le moment du départ de deux ou trois ans afin de ne pas envoyer de très jeunes adolescents là-bas.
Je suis heureuse de pouvoir dire que nous avons fait des progrès, par exemple, dans l’amélioration des services d’éducation pouvant être fournis à distance, ce qui sera utile.
L’autre question que j’aimerais soulever — et le rapport d’enquête en parle — est celle des attitudes des Canadiens non autochtones et du fossé entre les cultures qui persiste au pays, qui s’accompagne d’un manque de respect et d’une incompréhension de l’autre et qu’il faudrait combler. Je pense que le racisme qui existe à certains endroits au pays a des effets néfastes. Nous ne devrions pas hésiter à appeler un chat un chat, et je crois qu’il y a beaucoup de travail à faire dans ce domaine. Chaque fois que j’en ai l’occasion, j’encourage les Canadiens non autochtones à comprendre le travail de réconciliation qui doit se faire. Toutefois, comme je commence maintenant à le dire, la réconciliation n’est pas possible sans la vérité. Beaucoup de Canadiens non autochtones ne comprennent ni la vérité ni l’histoire véritable de notre pays. Par conséquent, ils ne comprennent pas les traumatismes subis par d’innombrables familles à cause du legs des pensionnats autochtones. Nous devons faire connaître la vérité pour pouvoir mieux nous comprendre entre nous et pour que les jeunes ne subissent pas autant de discrimination lorsqu’ils vont vivre loin de leur foyer.