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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'extrémisme antimusulman

7 juin 2022


Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour commémorer la merveilleuse famille Afzaal, qui a été décimée il y a un an aujourd’hui lors d’une attaque à London, en Ontario. Une grand-mère, une mère, un père et une adolescente de 15 ans — trois générations — ont été assassinés uniquement parce qu’ils étaient musulmans. De plus, un garçon de 9 ans s’est retrouvé à l’hôpital dans un état grave. Il est devenu orphelin parce que toute sa famille lui a été enlevée à la suite d’un acte haineux.

La nature des gestes commis lors de cette attaque est choquante. Malheureusement, ce n’est pas surprenant. Ce n’est pas la première fois que je prends la parole pour dénoncer la montée de l’islamophobie, et j’ai bien peur que ce ne soit pas la dernière. En tant que parlementaires, nous condamnons régulièrement l’islamophobie. Toutefois, ce n’est pas suffisant. Le temps est venu d’instaurer des mesures concrètes plutôt que de présenter des excuses qui ne changent rien ou d’offrir des pensées et des prières.

Après cette attaque, beaucoup de gens ont exprimé à quel point ils étaient horrifiés et scandalisés. Un sommet national sur l’islamophobie a même été organisé le mois suivant au cours duquel le premier ministre Justin Trudeau a pris la parole pour rappeler la solidarité du gouvernement envers les communautés musulmanes du Canada. Il s’est aussi engagé à condamner l’islamophobie de même que toutes les formes de racisme et de discrimination et à prendre les mesures nécessaires pour les combattre.

J’ai toutefois la fâcheuse impression qu’il a agi par calcul électoral. Car n’oublions pas qu’un an plus tard, le poste de représentant spécial chargé de la lutte contre l’islamophobie qu’il avait promis n’a toujours pas été pourvu. Je ne doute pourtant pas un seul instant qu’il y ait au moins un candidat convenable parmi les 1,5 million de musulmans qui habitent au Canada. Il y a deux mois, des coups de feu ont été tirés à partir d’une voiture sur cinq hommes de Scarborough qui sortaient de la mosquée du coin, où ils étaient allés faire leurs prières du ramadan. Il y a à peine quelques semaines, deux adolescentes ont été verbalement et physiquement agressées à l’extérieur de leur lieu de travail, à St. John’s. On parle ici de jeunes filles du secondaire — presque des enfants.

Malheureusement, il ne s’agit pas de simples incidents isolés, et l’islamophobie a connu une véritable recrudescence depuis le début de la pandémie. La présidente de la Coalition antiracisme de Terre‑Neuve‑et‑Labrador, Sobia Shaikh, estime qu’on lui signale ce genre de cas toutes les six semaines environ.

Honorables sénateurs, la xénophobie ne se limite plus aux menaces et aux propos injurieux en ligne et prend aujourd’hui la forme de comportements violents motivés par la haine. Nous devons agir avant que les agressions islamophobes ne deviennent banales. Nous le devons à la famille Afzaal et aux musulmans du pays qui sont envahis par la peur chaque fois qu’ils sortent de chez eux. Je vous remercie.

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