DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'honorable Ratna Omidvar, O.C., O.Ont.
Hommage à l'occasion de son départ à la retraite
29 octobre 2024
Ce ne sera pas facile de prendre la parole après un tel hommage.
Honorables sénateurs, lorsque le premier ministre a proposé une approche différente pour la sélection des sénateurs en 2015, cela a suscité de nombreuses questions. À quoi cela allait-il ressembler? Qui serait candidat? Cette institution serait-elle en mesure de mieux servir les Canadiens? Puis, on a nommé une première série de sénateurs. Un nom m’était familier : Ratna Omidvar. Elle avait travaillé avec Jan, mon épouse; Dawn, la sœur de mon épouse, et Kevin, mon beau-frère. Elle faisait presque partie de notre famille. Ils ne cessaient de chanter ses louanges.
Chers collègues, j’étais en admiration devant Ratna avant même de la rencontrer. Lorsque je suis arrivé ici, j’ai été ravi d’emménager dans le bureau en face de celui de Ratna et de son équipe. Ils ont été accueillants et vraiment très serviables. Stephanie et Paul, vous êtes devenus des collègues appréciés et votre excellent travail reflète celui de la sénatrice Omidvar.
Ratna a démontré ce que signifie être une sénatrice indépendante. Elle s’est appuyée sur son travail et son expertise passés pour encourager la collaboration et œuvrer en faveur de ce qui est juste et bien. Elle a critiqué de manière constructive le gouvernement lorsqu’elle estimait qu’il ne faisait pas ce qu’il devait ou pouvait faire. Elle n’a pas hésité à proposer des solutions de rechange ou des orientations différentes, et elle s’est retroussé les manches pour travailler à l’amélioration des choses. C’est une femme d’action.
Elle a toujours été une alliée indéfectible des secteurs de la bienfaisance et des droits de la personne, et elle a intégré leurs perspectives à tout ce qu’elle faisait en tant que présidente de comité ou de sénatrice. Elle nous a instruits et elle a aidé ceux et celles qui souhaitaient rendre le Canada plus juste et plus équitable.
Je ne donnerai qu’un seul exemple. Son parcours m’a ouvert grand les yeux sur les difficultés géopolitiques que nous affrontons aujourd’hui et sur le fait que nous devons faire quelque chose. Je pense par exemple à ce qu’elle a fait pour que l’on saisisse les actifs russes afin de financer l’effort militaire ukrainien et les interventions humanitaires rendus nécessaires par la guerre génocidaire que la Russie mène contre l’Ukraine. Ces efforts ont été salués ici et ailleurs dans le monde, et les Ukrainiens qui vivent ici lui en sont immensément reconnaissants.
Ratna, je suis personnellement reconnaissant de votre amitié, de votre sens de la collaboration, de vos conseils et de votre mentorat. Je vous remercie d’avoir choisi de venir au Sénat. Notre assemblée se porte mieux grâce à vous. Vous avez utilisé vos fonctions sénatoriales avec discernement. Ce que vous avez fait ici a fait du Canada un endroit meilleur. Votre voix et votre sagesse nous manqueront. Comme tous mes collègues, je vous souhaite le meilleur.
Ratna, dans ma langue maternelle, on ne se dit jamais adieu. On se dit plutôt « Do pobachenia », ce qui veut dire « à la prochaine ».
Alors Ratna, merci et Do pobachenia.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à la sénatrice Ratna Omidvar, une amie et collègue très chère.
En tant que Canadiennes d’origine sud-asiatique, Ratna et moi nous partageons un amour pour la culture magnifique et colorée de cette partie du monde. Nous ne sommes pas les seules. Chers collègues, je ne sais pas si beaucoup d’entre vous le savent, mais il existe un petit groupe de sénateurs desis. Le terme « desi » est utilisé pour décrire une personne d’origine sud-asiatique qui vit à l’étranger. Notre groupe a vu le jour à l’époque où le sénateur Marwah était encore en fonction. Avec le départ à la retraite du sénateur Marwah, de la sénatrice Jaffer et, aujourd’hui, de la sénatrice Omidvar, notre groupe desi rétrécit à une vitesse alarmante. Au cas où vous voudriez savoir quelle était notre activité favorite, c’était de manger tout ce qu’il y avait à manger dans les nombreux restaurants desis d’Ottawa.
Bien que Ratna et moi sommes originaires d’un sous-continent marqué par de profonds désaccords historiques, nous avons bâti une merveilleuse collaboration. Cela prouve que nous sommes tous plus forts quand nous unissons nos efforts. Notre précieuse amitié dépasse notre culture et notre patrimoine; elle est ancrée dans notre engagement profond pour défendre la diversité, l’inclusion et les droits fondamentaux.
Lorsque Ratna a été nommée au Sénat, elle arrivait avec l’expérience vécue de prendre soin des personnes vulnérables et défavorisées. Je suis très reconnaissante d’avoir pu compter sur sa présence au Comité sénatorial permanent des droits de la personne, où nous avons pu constater sa sagesse et son engagement à l’égard des plus démunis. La récente étude qu’elle a proposée sur les déplacements forcés à l’échelle mondiale en est d’ailleurs une preuve sans équivoque.
Ratna, je suis désolée de vous voir partir. Ce fut un tel plaisir de travailler avec quelqu’un d’aussi passionné et authentique, qui n’a jamais peur de prendre position et qui parle toujours avec son cœur. Je vais m’ennuyer de nos soupers mensuels et de nos discussions sur les films, les lieux et tout ce qui a un lien avec la diaspora desie.
Vous occupez une place spéciale dans mon cœur. Soyez assurée que, même si vous quittez le Sénat, nous nous souviendrons toujours des contributions que vous avez apportées pour les gens qui se sentent seuls dans leurs combats. Vous avez changé les choses, et nous vous en remercions tous.
Je cite Rumi : « Certaines personnes sont un lieu sûr. Soyez leur compagnon. » Ratna, tu es un lieu sûr. C’est un grand honneur d’être votre amie. Vous allez me manquer.
Honorables sénateurs, il y a longtemps, en 1985, j’étais présidente du conseil d’administration d’une maison d’entraide appelée St. Stephen’s Community House à Toronto. Nous gérions, entre autres, une garderie. Un jour, la directrice générale m’a demandé de rencontrer l’une des mamans de la garderie, nouvellement immigrée au Canada, qui l’avait beaucoup impressionnée. C’est ainsi que j’ai rencontré Ratna. Nous avons décidé de l’embaucher sur-le-champ; ce fut le premier emploi de Ratna au Canada.
Depuis, elle n’a connu que des réussites. Nous l’avons rapidement nommée directrice du développement. Elle a ensuite dirigé une organisation non gouvernementale appelée Skills for Change, puis a longtemps occupé le poste de présidente de la fondation Maytree. Plus tard, elle a fondé le Global Diversity Exchange à l’Université métropolitaine de Toronto.
Ces fonctions lui ont fourni une tribune à partir de laquelle elle s’est fait connaître à l’échelle de la ville, à la tête de la Toronto City Summit Alliance, puis à l’échelle nationale par ses actions de défense et de justice sociale, et enfin à l’échelle internationale par ses initiatives au sein du Conseil mondial pour les réfugiés et la migration et du Forum économique mondial. Elle a remporté bien trop de prix pour que je puisse les énumérer ici.
Ratna est l’une des militantes les plus efficaces que le pays ait jamais connues. Elle a travaillé sur la réduction de la pauvreté, l’immigration, l’intégration, le secteur caritatif, les droits de la personne dans le monde et d’autres questions cruciales. Elle est « pleine de ressources, implacable et très respectée », aux dires d’un collègue très admiratif de l’époque où elle travaillait à la Toronto City Summit Alliance.
Sa réputation de femme travaillante qui sait faire bouger les choses est légendaire. Elle m’a dit que, lorsqu’elle a été nommée au Sénat, elle a dressé la longue liste des choses qu’elle souhaitait accomplir : parrainer un projet de loi, présenter une motion, lancer une interpellation, occuper un poste de direction et j’en passe. Après seulement deux ans, elle avait déjà coché la plupart des articles de sa liste. Elle a eu une carrière sénatoriale extraordinaire.
Elle aime aussi s’amuser. Que ce soit à Ottawa ou à Toronto, elle a organisé des fêtes exceptionnelles pour le Diwali et des réceptions hors du commun. Je me souviens tout particulièrement du mariage fastueux de Ramona. Vic était arrivé sur un cheval blanc. Cela dit, la sénatrice Omidvar abordait le plaisir de manière très structurée. « Ce soir, je vais m’amuser de 18 à 20 heures », disait-elle, ce qui provoquait toujours un sourire entendu chez ses interlocuteurs.
Ratna a souvent dit que son expérience de l’immigration, des déplacements et de l’intégration l’ont motivée à travailler. Pourtant, ce qu’elle a fait, ce n’était jamais pour son profit à elle, mais pour le bien d’autrui, pour que la société qui est la nôtre soit meilleure et plus juste pour tous ceux qui sont désavantagés et qui débarquent sur nos rivages et pour tous les Canadiens. Notre amitié a atteint son paroxysme quand elle m’a servi de marraine et m’a accompagnée la première fois que je suis entrée dans la salle du Sénat, 33 ans après notre rencontre à St. Stephen’s. Ratna, c’est l’une des grandes joies de ma vie que de vous compter parmi mes amies. Merci.