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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La santé mentale--Les préjugés systémiques

2 octobre 2020


Honorables sénateurs, je souhaite appuyer la déclaration que vient de faire la sénatrice Ataullahjan à propos de l’importance de l’Union interparlementaire et lui souhaiter la meilleure des chances pour l’élection.

Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour parler du cas de Soleiman Faqiri, mort dans une unité d’isolement au Centre correctionnel du Centre-Est, à Lindsay, en Ontario, le 15 décembre 2016.

Soleiman aurait été battu à mort par des gardiens de la prison. En août, la Police provinciale de l’Ontario a toutefois annoncé qu’elle avait terminé l’enquête commencée en janvier 2019 et qu’aucun des gardiens ne ferait face à des accusations criminelles. Voilà, chers collègues, la tragique conclusion d’une affaire déjà remplie de funestes rebondissements.

Soli, comme l’appelait sa famille — qui l’aime et continue de se battre pour obtenir une certaine justice —, était un jeune homme atteint de schizophrénie. Après avoir reçu ce diagnostic à la suite d’un accident d’auto à l’âge de 18 ans, il avait quitté ses études à l’Université de Waterloo et avait eu ensuite des démêlés avec la police.

Le 4 décembre 2016, âgé de 30 ans, il aurait agressé un voisin. Malgré les graves problèmes de santé mentale dont il souffrait, il a été placé dans un centre correctionnel plutôt que dans un centre de santé mentale. Soleiman a été trouvé mort dans sa cellule 11 jours après avoir eu une violente altercation avec plusieurs gardiens. Il était couché sur le ventre et entravé, et on lui avait mis un masque anti-crachat sur la tête.

Dans son rapport, le coroner ne mentionne pas la cause du décès, mais indique que Soleiman a subi 50 traumatismes dus à un objet contondant.

Presque quatre ans plus tard, il reste difficile d’obtenir justice pour Soli. Les deux enquêtes effectuées — la première par la police locale de Kawartha Lakes, la deuxième par la Police provinciale de l’Ontario — n’ont mené à aucune accusation. On a déclaré qu’il était impossible de retracer les actions ou l’inaction de chaque garde. Le cas de Soleiman est un exemple d’une situation où on a été incapable d’évaluer un homme aux prises avec de graves problèmes de santé mentale et de s’en occuper adéquatement.

Qui plus est, alors qu’on parle davantage de la brutalité policière envers les Canadiens racialisés — la famille Faqiri vient d’Afghanistan —, le refus de la Police provinciale de l’Ontario de tenir responsables les personnes qui ont causé la mort de Soli est un exemple dévastateur du racisme systémique qui existe au sein de notre système correctionnel et de notre système d’application de la loi.

Yusuf, le frère de Soleiman, essaie d’obtenir justice pour la famille depuis la mort de Soleiman et va continuer de le faire malgré ce dernier revers. C’est un honneur pour moi de travailler avec la famille aux côtés de notre collègue la sénatrice Pate.

Outre les problèmes systémiques qui ont causé cette tragédie, il ne faut pas oublier l’élément humain, le fait que les membres d’une famille ont perdu un fils et un frère qui leur était cher. Chers collègues, quand le système laisse tomber l’un d’entre nous, il nous laisse tous tomber. Nous sommes au Canada. Nous pouvons et nous devons faire mieux. Merci.

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