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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La violence fondée sur le sexe

29 septembre 2022


Honorables sénateurs, je prends la parole pour dénoncer la tendance soutenue qui s’accélère en matière d’agression, de harcèlement et de menaces en ligne à l’endroit des femmes journalistes et en particulier des femmes journalistes de couleur.

Dans une démocratie saine, tous les journalistes doivent pouvoir rapporter la nouvelle et exiger des gouvernements, des décideurs et d’autres acteurs qu’ils rendent des comptes, un travail qui est essentiel. Comme nous tous, les journalistes ont le droit de donner leur opinion dans les contextes journalistiques appropriés.

Le droit universel à la liberté d’opinion et à la liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux d’une société libre et ouverte. Nous sommes chanceux de vivre dans une telle société au Canada, mais le pays n’est pas à l’abri de la montée troublante à l’échelle mondiale de la violence en ligne à l’endroit des femmes journalistes.

Au cours des derniers mois, nous avons vu une augmentation du nombre d’attaques dans les médias sociaux à l’endroit des femmes journalistes au Canada, ainsi que des commentaires désobligeants et des menaces à leur endroit. Ces menaces ont été amplifiées par un effet cumulatif exacerbé par le fait que bon nombre des auteurs de ces messages peuvent garder confortablement leur anonymat pour cracher leur venin. Des journalistes ont même dû demander la protection de la police. Je suis peiné et choqué que des personnalités publiques canadiennes, y compris des parlementaires, se soient servi des médias sociaux pour inciter, encourager ou approuver tacitement, volontairement ou non, ce genre de comportements.

Le sexisme et la misogynie dans les médias ne sont pas nouveaux. Les grandes journalistes qui siègent parmi nous au Sénat en ont sûrement toutes fait l’expérience. Alors que les plateformes d’information bidirectionnelles et les sources de médias sociaux continuent de surpasser les médias traditionnels, l’interaction avec le public est devenue un critère essentiel pour mesurer le succès des journalistes de la radio et de la télévision. Cela met une pression supplémentaire sur les femmes journalistes dans le sens où, pour réussir dans leur carrière, elles doivent faire face à un harcèlement en ligne constant.

L’année dernière, des femmes journalistes de 125 pays ont été interrogées dans le cadre d’une étude de l’UNESCO. Sur l’ensemble des attaques contre les femmes journalistes, 41 % étaient liées à des campagnes de désinformation orchestrées visant à salir les réputations, à décrier les fausses nouvelles et à répandre des rumeurs sur la vie personnelle des journalistes. Les hypertrucages obscènes sont également un problème. Parmi les journalistes interrogées, 30 % ont répondu qu’elles censuraient d’elles-mêmes leurs publications sur les médias sociaux, et 20 % se sont complètement retirées des interactions en ligne.

Chers collègues, dans ma vie antérieure en tant que sherpa du G7, j’ai présidé les négociations entourant la Déclaration d’engagement de Charlevoix pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe et sur le genre, ainsi qu’aux abus et au harcèlement dans l’univers du numérique. Il n’a pas suscité autant d’attention que les singeries d’un certain participant du sommet et je n’ai pas le temps d’en parler en détail, mais l’engagement numéro sept me paraît important :

Encourager chaque personne, et surtout les hommes et les garçons, à dénoncer avec vigueur la violence, l’abus, le harcèlement et la discrimination fondés sur le sexe et sur le genre.

Honorables sénateurs, c’est ce que je fais aujourd’hui. Je vous encourage tous, surtout mes collègues masculins, à vous joindre à moi. Merci.

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