DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'enquête sur le décès de Soleiman Faqiri
29 novembre 2023
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour présenter une mise à jour sur l’affaire tragique de Soleiman Faqiri, qui est décédé le 15 décembre 2016 des suites de blessures subies aux mains de gardiens alors qu’il était détenu dans une unité d’isolement du Centre correctionnel du Centre-Est à Lindsay, en Ontario.
Chers collègues, c’est la deuxième fois que je prends la parole au sujet de cette affaire au Sénat. La première fois, c’était le 2 octobre 2020. Si j’interviens aujourd’hui, c’est pour dire qu’une enquête a été lancée le 20 novembre au sujet de la mort inutile de Soleiman.
Soleiman avait 30 ans et il souffrait de schizophrénie. Le 4 décembre 2016, il aurait attaqué un voisin. Malgré sa grave maladie mentale, il a été emmené dans un centre correctionnel plutôt que dans un établissement psychiatrique.
Soleiman a été trouvé mort dans sa cellule 11 jours plus tard, après une violente altercation avec plusieurs gardiens. Ceux-ci l’avaient frappé à de nombreuses reprises et aspergé de poivre de cayenne deux fois sans que son visage soit décontaminé, puis l’avaient menotté, face contre terre, et lui avaient enfilé une capuche à crachat sur la tête.
L’enquête, qui devrait prendre fin la semaine prochaine, le 8 décembre, a permis d’obtenir la vidéo des derniers moments de Soleiman, qui n’avait pas encore été divulguée, et de recueillir les témoignages de professionnels qui, d’une façon ou d’une autre, ont participé à son observation ou à ses soins — des personnes qui devaient assurer sa sécurité. La vidéo est difficile à regarder, mais j’invite les sénateurs et les Canadiens à le faire.
L’enquête a révélé que, même s’il était évident que Soleiman avait besoin de soins médicaux dans les jours précédant sa mort, il n’a jamais été transféré dans un hôpital.
Il y a trois ans, le rapport du coroner ne mentionnait pas la cause du décès, mais indiquait que Soleiman avait subi 50 traumatismes dus à un objet contondant. Nous savons maintenant qu’il est mort des suites directes des blessures qui lui ont été infligées par des gardiens et de son immobilisation face contre terre.
Presque sept ans plus tard, il reste difficile d’obtenir justice pour Soli, comme l’appelait sa famille qui l’aime.
Sa mort est un exemple dévastateur du racisme systémique qui existe au sein de notre système correctionnel et de notre système d’application de la loi, ainsi qu’une condamnation de l’incapacité systémique à évaluer et à soigner correctement les personnes souffrant de maladies mentales graves.
Guidée par Yusuf, son frère, la famille de Soli essaie d’obtenir justice depuis sa mort.
Est-ce que cette enquête leur permettra de tourner la page? Probablement pas. Dans le meilleur des cas, elle pourrait apporter des changements aux systèmes qui ont permis cette parodie de justice afin qu’une telle tragédie ne se reproduise jamais plus.
Je conclurai en répétant ce que j’ai dit il y a trois ans. Alors que nous nous penchons sur les problèmes systémiques qui ont contribué à cette tragédie et que nous tentons de déterminer comment les corriger, il ne faut pas oublier l’élément humain de l’affaire, c’est-à-dire que les membres d’une famille ont perdu un fils et un frère qui leur était cher. L’enquête sur la mort de Soli ne peut pas le ramener à sa famille, mais elle peut empêcher qu’une autre famille ait à souffrir comme les Faquiri.
Merci.