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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Mois national de l'histoire autochtone

16 juin 2021


Honorables sénateurs, dans le cadre du Mois national de l’histoire autochtone, je prends la parole au sujet de la nation métisse. J’ai déjà parlé cette année du peuple métis et de notre identité. Je parlerai aujourd’hui de l’importance des langues métisses ancestrales et de ce qui est en jeu concernant la survie de ces langues.

Les Métis ont différentes langues et dialectes, y compris le michif cri, le michif du nord-ouest de la Saskatchewan, le michif français, le cri, le saulteaux et le bungi.

Mes ancêtres de Red River parlaient le michif cri des Plaines du sud, qu’on appelle aussi le michif ancestral, principalement formé de verbes du cri des Plaines et de noms français.

Le michif véhicule l’histoire des Métis, leur vision du monde, leur système de valeurs et leur patrimoine culturel. Notre langue nous permet de transmettre le savoir écologique, les systèmes spirituels, les ordonnances légales, les chants et les contes de la tradition orale. C’est la même chose pour toutes les autres nations autochtones et leur langue. Comme l’a affirmé un aîné cri : « Lorsque nos histoires disparaîtront, notre peuple disparaîtra lui aussi. »

Les premiers gouvernements du Canada avaient bien compris le lien qui existe entre les langues et la culture autochtones et l’identité nationale. C’est ce qui a fait des langues autochtones une cible parfaite pour les politiques d’assimilation du Canada, que nous devrions aujourd’hui nommer comme il se doit : un génocide culturel.

Dans les pensionnats autochtones, les enfants membres des Premières Nations, métis et inuits n’avaient pas le droit d’utiliser leur langue maternelle, sous peine d’être sévèrement punis. En raison de ce traumatisme, de nombreux peuples autochtones ont perdu leur langue ou refusé de l’utiliser. Par conséquent, les langues autochtones n’ont pas été transmises aux nouvelles générations.

Selon l’Institut Gabriel Dumont de Saskatoon, de 90 % à 95 % des personnes métisses ne seraient pas en mesure de converser en michif. Comme beaucoup d’autres langues autochtones, le michif est en voie de disparaître en raison de la colonisation.

Beaucoup de dirigeants métis et de locuteurs de la langue, dont l’aîné Norman Fleury, considéré comme le plus grand expert du michif à l’échelle mondiale, ne ménagent aucun effort pour revitaliser le michif et faire en sorte que le savoir intégré à notre langue soit transmis aux générations futures. En collaboration avec l’Institut Gabriel Dumont et l’Université de la Saskatchewan, M. Fleury fait des progrès considérables en vue de protéger cette partie cruciale du patrimoine michif. Malgré ces efforts, le michif demeure une langue en voie de disparition. Il faut faire davantage pour le protéger, ainsi que toutes les langues autochtones.

Les gestes que nous poserons au cours des prochaines années seront d’une importance capitale pour cette partie essentielle de notre culture. Nous devons agir, pour nos enfants et leurs enfants. Merci, marsee, de m’avoir écoutée de tout votre cœur.

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