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PÉRIODE DES QUESTIONS — Le patrimoine canadien

Le déclin de la langue française au Québec

19 novembre 2020


Ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat.

Monsieur le leader, la semaine dernière, au Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes, la députée Emmanuella Lambropoulos a tenu ces propos, et je la cite :

Nous entendons — je ne veux pas qualifier cela de mythe; je vais laisser le bénéfice du doute — nous entendons que la langue française est en déclin au Québec. J’ai entendu cela à plusieurs reprises. J’ai besoin de le voir pour le croire.

C’est ce qu’elle a déclaré d’entrée de jeu en anglais, tout en mettant entre guillemets avec ses doigts le mot « déclin ». Elle s’adressait alors au commissaire aux langues officielles, M. Raymond Théberge. Cette déclaration méprisante et irrespectueuse a fait réagir fortement plusieurs députés de la Chambre des communes, dont plusieurs libéraux. La ministre libérale responsable des langues officielles, Mélanie Joly, a été « extrêmement surprise », « stupéfaite », « abasourdie » et « déçue » que sa collègue puisse remettre en question l’existence du déclin du français au Québec.

Ma question est la suivante, monsieur le leader : êtes-vous extrêmement surpris, stupéfait, abasourdi, déçu de la déclaration de la députée libérale?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Je remercie l’honorable sénateur de sa question. J’ai été très déçu, et ces propos m’ont étonné.

Quand on vit à Montréal, qu’on est un Québécois francophile et qu’on se promène dans cette ville, on constate que c’est toujours un défi de bien protéger la langue française au Québec.

L’importance de nos deux langues officielles est primordiale à bien des égards, et cela touche également la force de la langue française au Québec. Je vais laisser à d’autres le choix des adjectifs appropriés, mais je souscris à la position du gouvernement du Canada, telle qu’elle a été exprimée par le premier ministre et la ministre Joly.

Je comprends que vous ne soyez pas de cet avis, et moi non plus d’ailleurs, car il y a manifestement un déclin.

Quels sont les faits que vous constatez, vous, tous les jours, lorsque vous êtes à Montréal, qui illustrent ce déclin du français?

Le sénateur Gold [ + ]

C’est compliqué et il faut apporter des nuances. Montréal est la métropole du Québec, et elle attire la grande majorité des immigrants. Nonobstant le fait que le Québec, spécial et unique, dispose de pouvoirs spécifiques non seulement en ce qui a trait à l’immigration, mais aussi à l’intégration des immigrants — et le Québec fait un bon travail dans ce domaine —, il reste que, surtout pour ceux qui viennent s’établir au Québec à partir d’un certain âge, il faut souvent plus de temps pour apprendre le français.

De plus, la ville de Montréal — du moins avant la pandémie —, tout comme la ville de Québec, attire beaucoup de touristes. Nous voyons des situations dans certains commerces où quelqu’un, soit un employé, soit le propriétaire d’un petit dépanneur, par exemple, a de la difficulté à maîtriser le français. Il y a des signes comme celui-là et, pour ceux et celles qui sont sensibles à l’enjeu linguistique, ce que je comprends très bien, cela représente un irritant. C’est ce que je constate en me promenant à Montréal.

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