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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le patrimoine autochtone

29 mai 2024


Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui en tant que colon et fière alliée. Colon — cela m’a pris du temps à m’habituer à ce mot en tant que femme noire dont les racines familiales courent du Canada à Trinidad et au Nigeria, où le commerce des esclaves a déraciné mes ancêtres et les a emmenés de force vers l’ouest. Colon, alliée, femme noire et francophone — nous transportons tous diverses identités avec nous où que nous allions.

Cette année, je les ai emportées avec moi à Yellowknife, à Dettah et sur les îles Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest. La sénatrice Anderson m’a soutenue dans mon objectif. Je voulais rencontrer les gens et comprendre leurs expériences.

J’ai visé haut en demandant des rencontres avec une douzaine de groupes. Je n’avais pas prévu l’ampleur de l’hospitalité nordique et je me suis retrouvée à gérer un horaire très chargé.

J’ai fait de la motoneige sur le Grand lac des Esclaves jusqu’au camp Dechinta Łiwe, où la communauté est invitée à remonter des filets à poissons, à ébarber et vider les poissons et à rencontrer les aînés et les dirigeants. Je serais incapable de vous décrire mes sentiments devant cet accueil chaleureux, en regardant un orage avancer sur le lac tout en discutant de la création de différents mots afin de décrire les changements climatiques, en observant la fierté que mes nouveaux amis ressentaient à l’égard de leur culture et de leurs traditions.

Je suis retournée à Dettah le lendemain afin de rencontrer le chef Betsina, le chef Sangris et Mary Rose Sundberg, une experte en langues. Ils ont dit explicitement que des subventions temporaires versées à la dernière minute n’allaient pas permettre de rétablir les compétences linguistiques qui ont été si complètement détruites par les pensionnats autochtones. Nous avons discuté de solutions, à savoir un financement stable et durable versé directement aux communautés.

À CKLB Radio, j’ai rencontré la journaliste et traductrice Judi Kochon. Judi est une ardente défenseure de sa langue et je suis honorée de pouvoir partager avec vous, honorables collègues, la façon dont elle m’a inspirée. En tant que survivante des pensionnats, elle ne passait que deux mois par an à parler avec ses parents dans sa langue maternelle, le north slavey. Elle ne pensait pas maîtriser suffisamment la langue pour parler à la radio, mais les aînés lui ont dit : « Essaie. Nous t’aiderons. Nous avons confiance en toi. » Ainsi, lorsqu’elle a dit aux auditeurs que des bisons des bois se trouvaient sur l’autoroute, mais qu’elle a mal traduit en disant qu’ils se faufilaient dans les saules, il y a eu des appels pour lui signaler son erreur, oui, mais aussi des rires.

Après des décennies dans le domaine, Judi déborde encore d’énergie. Elle est bien appuyée par Rob Ouellette, un allié et le PDG de la Native Communications Society.

J’ai encore beaucoup d’autres anecdotes à raconter et des paroles de sagesse à transmettre, mais ce sera pour une autre fois. Je vais conclure de la manière suivante. Mon intention initiale était de faire la présente déclaration le 31 mars, à l’occasion de la Journée nationale des langues autochtones, ou au mois de juin, à l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, mais me voilà en train de faire ma déclaration un mercredi du mois de mai. En tant que femme noire, je sais que l’histoire des Noirs ne devrait pas être célébrée seulement en février, mais bien tous les jours de l’année. De la même manière, je suis toujours animée d’un esprit de solidarité et par la gratitude que m’inspirent les gens que j’ai rencontrés dans les Territoires du Nord-Ouest.

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