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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'honorable Lawrence A. Poitras, c.r., C.M.

3 mai 2022


Le 9 avril dernier, à l’âge de 91 ans, est décédé l’honorable Lawrence A. Poitras, un homme remarquable auquel je voudrais aujourd’hui rendre hommage.

Fils d’un chroniqueur judiciaire du Montreal Star, Larry, comme l’appelaient ses amis, y a travaillé comme journaliste judiciaire durant ses études en arts à l’Université McGill et en droit à l’Université de Montréal, et a représenté ainsi la quatrième génération de Poitras à écrire dans ce quotidien.

En 1957, il choisit de devenir avocat en litige civil et commercial où il excellera, ce qui lui vaudra le titre de conseiller de la reine. En 1975, il est nommé juge de la Cour supérieure du Québec à l’âge de 44 ans. Il y acquiert une excellente réputation auprès des justiciables, des avocats et de ses collègues.

Aussi homme d’action, il n’hésite pas à s’engager auprès de plusieurs organismes professionnels et communautaires. Il a été, notamment, un membre fondateur de l’Association canadienne des juges des cours supérieures dont il deviendra président en 1981, 30 ans avant moi.

En 1983, le premier ministre Trudeau le nomme juge en chef adjoint de la Cour supérieure du Québec, où il devient le coéquipier du juge en chef de l’époque, le père de notre collègue le sénateur Gold.

En 1986, il est l’une des trois personnes qui siègent à la commission d’enquête sur la condamnation injustifiée de Donald Marshall, un membre de la communauté mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse, qui a passé 11 ans en prison pour un meurtre qu’il n’avait pas commis. Le rapport en sept volumes de la commission, paru en 1990, a décrit le système judiciaire néo-écossais comme étant rongé par le racisme, le manque de professionnalisme et l’iniquité. Ces conclusions ont ouvert la voie à d’importantes réformes.

En 1992, le premier ministre Mulroney le nomme 15e juge en chef de la Cour supérieure du Québec. C’est ainsi que j’ai eu l’honneur de servir sous sa direction et de voir des réformes qui ont permis de réduire les délais d’attente pour l’audition des causes.

En 1996, quand il a atteint l’âge de 65 ans, il a démissionné de la magistrature. La même année, le gouvernement du Québec l’a choisi pour diriger une enquête publique sur la Sûreté du Québec, à la suite d’allégations de corruption et de manipulation des preuves.

Le rapport de l’enquête, qui fait 2 700 pages, décrit un service de police qui se préoccupait plus de protéger son image que d’enquêter sur les inconduites.

À sa chère épouse, Thérèse Boivin, et à leurs enfants, j’offre mes plus sincères condoléances et, au nom de tous les Canadiens, je remercie cet homme remarquable pour sa contribution au système de justice canadien.

Merci.

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