DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le cinquantième anniversaire de la politique de multiculturalisme du Canada
8 décembre 2021
Honorables sénateurs, le 8 octobre 1971, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau a proclamé à la Chambre des communes que le Canada adopterait une politique de multiculturalisme. Cette année, nous célébrons les 50 ans de cette politique de multiculturalisme au Canada, ce que je considère comme étant une de nos plus belles réalisations.
Le Canada s’est toujours caractérisé par une diversité raciale et ethnique, mais, pendant la majeure partie de notre histoire, cette diversité n’a pas été valorisée ou acceptée. Il ne faut pas revenir longtemps en arrière pour se retrouver face à un vaste tableau de stéréotypes raciaux et ethniques, accompagnés de leur cortège de discriminations et d’exclusions. C’est ce que le sociologue John Porter appelait la « mosaïque verticale ». Pourtant, après la Deuxième Guerre mondiale, le monde était en pleine évolution et le Canada aussi. Dans les années 1960 au Canada, le niveau d’instruction augmentait rapidement alors qu’en parallèle, le respect envers l’autorité déclinait. Et à peu près tous les groupes désavantagés — les femmes, les minorités ethniques et raciales, les francophones, les Autochtones et d’autres encore — refusaient qu’on fasse abstraction du passé et réclamaient l’égalité et le respect.
Pourtant, l’annonce, en 1971, d’une nouvelle politique « [...] de multiculturalisme dans un cadre bilingue » n’était pas entièrement attendue et n’a pas été bien accueillie par tout le monde. Cependant, les préoccupations exprimées à l’époque n’ont pas empêché l’idée de faire son chemin et, depuis sa mise en œuvre en 1971, le multiculturalisme n’a cessé de progresser.
En 1982, la Charte canadienne des droits et libertés établit « le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens », tout en garantissant l’égalité et l’équité pour tous, sans discrimination en matière de race, d’origine ethnique, de sexe ou d’autres facteurs.
La Loi sur le multiculturalisme canadien, adoptée par le gouvernement de Brian Mulroney en 1988, consolidait ces principes et mettait encore une fois l’accent sur les deux éléments clés du multiculturalisme — le maintien du patrimoine multiculturel des Canadiens et l’atteinte de l’égalité dans les institutions canadiennes. En présentant cette politique en 1971 et en adoptant cette loi en 1988, le Canada a été le premier pays du monde à se doter de telles mesures.
Mais surtout, les Canadiens eux-mêmes ont adhéré au principe avec enthousiasme au fil des ans. Pour les Canadiens, le multiculturalisme a une connotation positive. D’ailleurs un sondage réalisé cette année par Environics Institute révèle que c’est d’abord et avant tout le multiculturalisme qui confère au Canada son caractère unique.
Il vaut encore la peine, après 50 ans et pour l’avenir, de viser les deux objectifs indissociables du multiculturalisme, soit le respect de la diversité et des divers antécédents et expériences des Canadiens, et le droit à l’égalité et à l’équité. Merci.