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Projet de loi sur la Journée nationale de l’alimentation locale

Deuxième lecture--Suite du débat

4 avril 2019


L’honorable Robert Black [ - ]

Chers collègues, le débat sur cette question avait été ajourné au nom du sénateur Plett. Avec son accord, j’ajournerai le débat à son nom à la fin de mon discours.

Son Honneur le Président [ - ]

Est-ce d’accord, honorables sénateurs?

L’honorable Robert Black [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi C-281, Loi instituant la Journée nationale de l’alimentation locale.

Le projet de loi, qui a été présenté par le député Wayne Stetski à la Chambre des communes, vise à désigner le vendredi précédent le jour de l’Action de grâces comme la journée nationale de l’alimentation locale.

Vous ne serez pas surpris de m’entendre réitérer l’importance de l’alimentation dans le quotidien de tous les Canadiens. Le secteur agricole et agroalimentaire contribue à hauteur de 110 milliards de dollars par année au PIB du pays. Au-delà de cet apport, nous mangeons tous les jours et nous devrions en être reconnaissants.

J’appuie sans réserve les points soulevés dans le préambule du projet de loi. On peut y lire ceci :

[La] souveraineté du Canada dépend de la salubrité et de la sécurité de l’approvisionnement alimentaire du pays; [...] le renforcement des liens entre les consommateurs et les producteurs d’aliments canadiens contribue au bien-être social, environnemental et économique de notre nation; [...] le soutien apporté aux agriculteurs locaux favorise la viabilité de l’industrie agricole canadienne [...]

Les intentions de M. Stetski, dans ce projet de loi, sont louables. Bien évidemment, j’appuie l’idée de célébrer l’alimentation et les agriculteurs locaux.

Cela dit, j’aimerais vous faire part de quelques aspects problématiques du projet de loi.

Ma principale réserve tient au fait que nous avons déjà la Journée des terroirs du Canada, ou Food Day Canada, qui a lieu le samedi de la longue fin de semaine d’août. En 2019, elle sera célébrée pour la 16e fois. Cette journée fait la promotion de l’achat et de la consommation de produits locaux ainsi que de la cuisine avec des produits locaux. L’initiative visant à désigner la Journée des terroirs du Canada a été lancée par Anita Stewart, qui a passé sa vie à promouvoir les aliments locaux et a même reçu l’Ordre du Canada pour son travail.

La première Journée des terroirs a eu lieu en 2003. Le plus long barbecue du Canada avait été alors organisé pour soutenir l’industrie canadienne du bœuf, qui avait été frappée par des sanctions américaines. Depuis, elle n’a cessé de prendre de l’ampleur. L’an dernier, la Journée des terroirs s’est classée au premier rang des tendances au Canada sur Twitter. La Tour CN a même été illuminée l’an dernier à l’occasion de la Journée des terroirs du Canada.

Lorsque ce projet de loi a été présenté à l’autre endroit, Mme Stewart a communiqué avec M. Stetski pour l’informer des dates conflictuelles. Elle a suggéré qu’ils unissent leurs forces pour promouvoir la Journée des terroirs, qui existait déjà. Toutefois, il n’a pas accepté cette invitation. Au même moment, Michael Chong, député de Wellington—Halton Hills, a également écrit à M. Stetski pour lui suggérer de communiquer avec Mme Stewart. Je ne crois pas que cet échange ait donné quoi que ce soit.

La Journée des terroirs connaît une solide popularité dans l’ensemble du pays. Parmi ses partenaires figurent l’Université de Guelph, les Producteurs laitiers du Canada, l’organisme Bœuf canadien, la Culinary Tourism Alliance, l’Association des brasseurs artisanaux de l’Ontario, le Arrell Food Institute, le Centre for Hospitality and Culinary Arts du Collège George Brown, le Collège d’agriculture de l’Ontario, Restaurants Canada, KitchenAid, le magazine Taste&Travel, le Centre canadien pour l’intégrité des aliments, Taste of Nova Scotia, et les regroupements Farm and Food Care de la Saskatchewan et de l’Île-du-Prince-Édouard.

La Journée des terroirs reçoit aussi l’appui d’agriculteurs, de chefs, de restaurateurs et de producteurs d’un océan à l’autre.

Tout comme vous, j’ai écouté avec grand plaisir le sénateur Cormier, parrain du projet de loi, présenter récemment un discours enlevé et très éloquent à l’étape de la deuxième lecture. Il a mentionné la Journée des terroirs et dit que « ce genre d’initiative montre que les gens de tout le pays sont prêts à célébrer, tous les ans et partout au pays, la richesse de notre alimentation locale ». Je suis tout à fait d’accord. Je dirais même que les Canadiens étaient déjà prêts à le faire il y a 16 ans, et que la Journée des terroirs répond à ce besoin depuis.

L’ancien ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, Lawrence MacAulay, et le ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, Ernie Hardeman, ont écrit des lettres d’appui qui sont publiées sur le site de la Journée des terroirs. Dans la lettre qu’il a adressée à la Dre Stewart, le ministre Hardeman écrit :

Les initiatives et les projets que vous avez dirigés et auxquels vous avez participé ont grandement contribué à créer et à maintenir un regain d’intérêt pour l’alimentation locale dans l’ensemble du pays.

Les honorables sénateurs ont tous reçu dernièrement plusieurs lettres de chefs et d’autres personnes qui s’opposent au projet de loi C-281, mais qui appuient la Journée des terroirs du Canada. Michael Smith, qui est l’un des chefs canadiens les plus réputés, a déclaré ce qui suit :

Depuis plus de 15 ans, nous célébrons en août la Journée des terroirs partout au pays. Nous avons créé toute une communauté autour de cet événement.

Il laisse aussi entendre que de nombreuses personnes appuieraient le projet de loi si la date était changée. Il ajoute ce qui suit : « En faisant coïncider les dates, on pourra maintenir l’élan d’enthousiasme qui existe déjà grâce à la Journée des terroirs. »

Nous avons aussi reçu une lettre d’Alison Bell, une chef de la Colombie-Britannique qui possède une maîtrise en gastronomie. Elle dit qu’elle appuie la Journée des terroirs. Apparemment, Mme Bell a aussi communiqué avec M. Stetski l’an dernier pour lui suggérer d’adopter la date qui existe déjà pour la Journée des terroirs. Dans sa lettre, elle a déclaré ceci :

Il existe bon nombre d’excellentes raisons pour faire cela, notamment le fait que la Journée des terroirs a déjà créé un modèle et qu’elle jouit de l’appui de l’industrie et de professionnels de l’art culinaire partout au pays.

Ne vaut-il pas mieux éviter de réinventer la roue, comme le veut l’adage?

Ne devrions-nous pas travailler en collaboration chaque fois que nous en avons l’occasion, surtout lorsqu’il est question de casser la croûte ensemble?

Je pense que la réponse à toutes ses questions, c’est « oui ».

Outre le fait que les objectifs poursuivis recoupent ceux de l’actuelle Journée des terroirs, force est d’admettre que le mois d’octobre est loin d’être un choix idéal. Dans la plupart des régions du Canada, c’est généralement en octobre qu’ont lieu les premiers gels, mais ils peuvent survenir dès septembre, voire à la mi-août dans les parties les plus froides du pays. La Journée des terroirs a lieu au début d’août précisément parce que la saison des récoltes bat son plein. Le pays au grand complet regorge de fruits et de légumes frais. C’est donc le moment idéal de célébrer l’alimentation locale.

Je suis impatient que ce projet de loi soit renvoyé au Comité de l’agriculture et des forêts afin que nous puissions l’étudier plus attentivement. J’ose espérer que nous pourrons alors l’amender afin que la Journée de l’alimentation locale coïncide avec la Journée des terroirs, qui est une initiative de l’industrie. Nous pourrions éviter ainsi de répéter ce qui se fait déjà en créant une toute nouvelle journée.

Quoi qu’il en soit, j’ai personnellement l’intention de continuer à profiter de la Journée des terroirs du Canada, qui aura lieu cette année le 3 août, pour célébrer les aliments locaux et canadiens. Je vous remercie.

L’honorable René Cormier [ - ]

Est-ce que le sénateur Black accepterait de répondre à une question?

Le sénateur R. Black [ - ]

Absolument.

Le sénateur Cormier [ - ]

Je vous remercie, sénateur, de votre plaidoyer en faveur du maintien de la date de juillet pour la Journée nationale du terroir. Je vais d’abord dire que je suis, comme vous, tout à fait partisan de la Journée nationale du terroir, une initiative formidable qui est présente dans notre environnement depuis tant d’années.

Cela dit, en octobre, après la saison estivale, alors que les citoyens ont tendance à reprendre leurs activités régulières et que les touristes quittent nos régions — si on ne sait pas les retenir —, nos régions rurales misent notamment sur le tourisme et sur des activités comme le Festival des huîtres de Maisonnette ou celui de St. Andrews, ou encore sur le festival du vin qui a lieu à la fin de septembre en Ontario. Ne croyez-vous pas que, pour favoriser le développement économique de nos régions, et particulièrement de nos communautés rurales, une Journée nationale de l’alimentation locale, qui se tiendrait le vendredi précédant l’Action de grâce, serait un outil de promotion formidable, non seulement pour les restaurateurs, mais aussi pour les festivals? Ne pensez-vous pas que ce serait une bonne initiative pour aider l’économie locale, sénateur Black?

Le sénateur R. Black [ - ]

Je vous remercie, sénateur Cormier. Je répète qu’en août, les sols ne sont pas encore gelés et que les récoltes sont abondantes partout au pays. Je crois donc que c’est le meilleur choix. Certes, si nous pouvions prolonger la saison touristique, ce genre de choses, jusqu’au vendredi avant l’Action de grâces... Honnêtement, je crois que le vendredi avant l’Action de grâces est déjà assez chargé comme c’est là.

Le sénateur Cormier [ - ]

Est-ce que vous reconnaissez tout de même que, dans les produits locaux, il n’y a pas que les produits du jardin et des potagers? Il y a les huîtres, le vin, les produits qui sont faits à l’extérieur, les produits de la pêche et d’autres produits aussi. Pensez-vous que ces produits pourraient être mis en valeur également au mois d’octobre, puisque c’est un bon moment pour les mettre en valeur?

Le sénateur R. Black [ - ]

C’est vrai que ces produits-là sont offerts à l’automne et qu’ils méritent qu’on en fasse la promotion à ce moment-là.

L’honorable Michael Duffy [ - ]

Sénateur Black, comme le dit si bien le chef Michael Smith, que vous avez cité dans votre intervention, savez-vous que, à l’Île-du-Prince-Édouard, nous avons un festival des saveurs d’automne, qui fait exactement ce que suggère le sénateur Cormier? On a déjà ce qu’il faut à l’Île-du-Prince-Édouard. Le saviez-vous?

Le sénateur R. Black [ - ]

Merci de me l’avoir dit. Je ne le savais pas.

Le parrain du projet de loi a-t-il expliqué pourquoi il ne veut pas collaborer avec des gens qui ont déjà un projet avec des partenariats établis et qui ont déjà fait avancer l’idée d’une journée nationale?

Le sénateur R. Black [ - ]

Je vous remercie de votre question. Je ne l’ai pas entendu donner ses raisons à ce sujet.

L’honorable Ratna Omidvar [ - ]

J’ai une question à poser. Est-ce que ce sujet a été abordé lors de l’étape de l’étude en comité à la Chambre des communes?

Le sénateur R. Black [ - ]

Pas à ce que je sache.

Son Honneur le Président [ - ]

Comme il a été convenu, honorables sénateurs, le débat est ajourné au nom du sénateur Plett.

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