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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La numérisation des services gouvernementaux

20 octobre 2022


Honorables sénateurs, presque huit mois se sont écoulés depuis que la Russie a lancé son invasion odieuse de l’Ukraine. Je suis fier du soutien indéfectible que le Canada a offert à l’Ukraine au cours de cette guerre. Mon intervention d’aujourd’hui ne porte toutefois pas sur la guerre, mais sur le virage numérique opéré par l’Ukraine en dépit de la guerre. Lorsque le président Zelenski a été élu en 2019, il a d’emblée mis la priorité sur la numérisation des services de l’État afin de mieux répondre aux besoins des citoyens ukrainiens et d’exploiter le potentiel d’innovation du plus grand secteur des technologies de l’information de l’Europe. Il a aussitôt créé le ministère de la Transformation numérique, qui est responsable de créer un État transparent et axé sur les gens, un État numérique qui réduit au minimum les lourdeurs administratives pour les citoyens et les entreprises.

Dans les six mois suivant sa création, ce ministère a dirigé le développement de l’application mobile Diia, qui porte extrêmement bien son nom, car « diia » signifie « action ». Aujourd’hui, Diia a gagné la confiance de 18 millions d’utilisateurs, soit la moitié de la population adulte de l’Ukraine. On a simplifié l’accès à 70 services publics, documents et justificatifs numériques, comme le passeport et le permis de conduire numériques. L’Ukraine est en bonne voie de voir l’intégralité des services gouvernementaux offerts en ligne d’ici 2024.

On n’a pas seulement numérisé les services, mais on les a aussi réinventés et on a simplifié leur prestation, ce qui est judicieux. Par exemple, pour enregistrer une entreprise, il fallait autrefois remplir un formulaire papier comptant 64 champs. Aujourd’hui, pour créer une entreprise et devenir un entrepreneur, il suffit de cocher quelques cases en 10 ou 15 minutes. Voilà ce qui se produit lorsque l’on coordonne les efforts en matière de politiques, de pratique et de partenariat.

Malgré les cyberattaques constantes et insistantes de la Russie, Diia a assuré la résilience de la cybersécurité et la protection des données personnelles, grâce à sa technologie de pointe et à l’extraordinaire armée informatique de l’Ukraine. Que ce soit dans le pays ou à l’étranger, Diia s’est avérée inestimable pour les Ukrainiens pendant la guerre, leur permettant d’accéder facilement à des informations et à de l’aide essentielles.

Alors comment ont-ils réussi cet exploit? Je pense que leur succès repose sur la reconnaissance du fait que le gouvernement est un monopole et que l’absence de concurrence supprime la pression pour innover. Pour contrecarrer ce phénomène, le gouvernement du président Zelenski a constamment fait preuve d’un leadership et d’un engagement politiques forts en faveur de Diia. Il a également reconnu que l’inaction constituait le risque le plus dangereux.

Chers collègues, les Nations unies rendent compte de l’état de développement du gouvernement électronique pour tous les États membres. Le Canada n’a cessé de décliner au cours des 10 dernières années. Nous sommes maintenant au 32e rang, alors que nous étions 11e, et nous sommes loin derrière des chefs de file du numérique comme le Danemark, la République de Corée et l’Estonie.

L’Estonie, leader reconnu dans le domaine de services cybergouvernementaux, a accepté l’offre de l’Ukraine de partager le code source de Diia, une proposition qui est également valable pour le Canada. Nous ferions bien de nous tourner vers l’Ukraine pour trouver des moyens de numériser notre économie et d’accroître la commodité des services gouvernementaux.

Merci, chers collègues.

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