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Le Sénat

Motion tendant à ce que tous les comités prennent en considération les influences et impacts de la technologie dans le cadre de toute étude pour le reste de la présente session--Suite du débat

23 septembre 2025


L’honorable Katherine Hay [ + ]

Honorables sénateurs, j’ai le plaisir de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer sans réserve la motion no 3, présentée par le sénateur Colin Deacon.

Cette motion importante arrive à point nommé. La technologie transforme tous les aspects de la vie au Canada, de notre façon de travailler et d’apprendre à notre façon de gouverner, de soigner et de communiquer les uns avec les autres. Il est essentiel que l’ensemble des comités sénatoriaux accordent une place centrale à la technologie dans toutes leurs études afin d’assurer une gouvernance responsable en cette période de transformation rapide.

Cela signifie qu’il faut non seulement se demander ce que la technologie peut faire, mais aussi qui en bénéficie, qui peut être affecté négativement et comment ces changements renforcent le bien-être et la prospérité de la société dans son ensemble. En d’autres termes, savoir comment la transformation amenée par la technologie est tout aussi important que de savoir ce qui sera transformé.

Cette motion nous demande de reconnaître que le statu quo n’est pas une option. Un second examen objectif ne devrait pas aboutir au statu quo. En outre, aussi complexes que puissent être la technologie et l’innovation — et elles le sont —, ce qui est encore plus vrai, c’est que la technologie évolue rapidement.

Permettez-moi de vous dire que j’ai des doutes quant à la capacité du Sénat à toujours agir rapidement. Cependant, je crois que le Sénat peut évoluer au rythme de la technologie. En fait, nous n’avons pas le choix. Nous sommes engagés dans une course technologique mondiale — au milieu de nombreux marathons — qui réécrit toutes les questions dont le Sénat s’occupe, et le Canada doit prendre les devants, et non rester à la traîne.

Que nous le voulions ou non, la technologie, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique influencent certaines des questions les plus pressantes du monde, depuis les soins de santé jusqu’à l’économie et aux marchés, en passant par la sécurité nationale, l’éducation, la santé mentale, le climat et les personnes, vous et moi.

Les technologies émergentes progressent à une vitesse sans précédent. Les Canadiens s’attendent non seulement à des outils de pointe, mais aussi à l’équité, à la transparence, au contrôle éthique et à des systèmes résistants. Si nous ne tenons pas compte de la technologie dans notre travail, nous perdrons de l’influence, nous passerons à côté de quelque chose que nous ne devrions pas, et nous risquons même de perdre toute pertinence. C’est difficile de changer, mais perdre sa pertinence l’est encore plus.

Laissez-moi vous emmener dans mon ancien monde. J’aimerais bien vous promettre de ne pas en parler à chacune de mes interventions, mais je crains de ne pas y arriver. Quoi qu’il en soit, j’aimerais maintenant vous demander de vous souvenir de deux choses — un nom et une déclaration — sur lesquelles je reviendrai plus tard :

Le nom est Adam Raine, et voici la déclaration :

J’allais essayer de me tuer ce soir quand j’ai demandé de l’aide, et ils m’ont tellement aidé que j’ai l’impression de pouvoir me battre un jour de plus. Et ils m’ont dit que j’étais un battant.

J’adore parler de mon passage dans des endroits où les gens ne savent pas trop pourquoi j’y prends la parole : sur les scènes de festivals de la technologie comme Elevate ou, avant cela, Collision; à Davos et au Forum économique mondial; même à des conférences mondiales sur la santé mentale qui ne tiennent pas nécessairement compte du numérique, comme celles qui se déroulent à Singapour, en Australie ou au Royaume-Uni; puis ici, à la Chambre haute, le Sénat du Canada.

Je donne une autre citation. En fait, il ne s’agit pas réellement d’une citation.

Qu’est-ce qu’un organisme de bienfaisance de services sociaux — peut-être l’organisme de bienfaisance qui inspire le plus confiance au Canada, mais un organisme de bienfaisance de services sociaux quand même — vient faire sur la scène pour nous parler de technologie?

Le voyage dont je vais parler est en rapport avec la motion no 3 ainsi qu’avec la technologie et l’innovation. Je parlerai d’une chose simple : un changement de mentalité, exactement ce que la motion no 3 nous invite tous à faire.

À Jeunesse, J’écoute, l’organisme de bienfaisance de services sociaux que j’ai mentionné et la seule solution de cybersanté mentale disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, d’un bout à l’autre du Canada, ce changement de mentalité a eu lieu il y a sept ou huit ans.

Il reposait sur l’idée que, si l’on sait qui l’on est, on sait où aller : on le voit réellement.

Nous, les membres de la haute direction et du conseil d’administration, tentions de déterminer comment nous allions conserver notre pertinence. Les jeunes changent rapidement, et la technologie encore plus. Nous avons fait quelque chose de très étrange : nous avons mis de côté deux choses qui semblaient évidentes. Nous avons mis de côté le fait que nous étions un organisme de bienfaisance, car c’était une évidence. Nous avons aussi mis de côté le fait que nous nous occupions de la santé mentale des jeunes, car c’était évident avec un nom comme Jeunesse, J’écoute. Nous avons ensuite tenté de déterminer ce que nous devions faire pour la suite, et là ce n’était pas aussi évident.

Cependant, déjà à l’époque, nous comprenions que nous étions un organisme de bienfaisance à vocation technologique, axé sur l’innovation et les données, et dont la mission première était d’offrir aux jeunes un soutien en santé mentale. Il s’agissait d’une simple réorganisation des mots, d’une simple nuance, mais c’était aussi un changement de mentalité. Nous avons changé la manière dont nous nous présentions, et cela a tout changé : la façon dont nous organisions nos services de première ligne, notre mode de fonctionnement, notre vision, notre stratégie et notre image de marque. Nous avons rapidement mis en place l’impératif d’innovation; « impératif » étant ici le mot-clé.

En 2018, nous avons utilisé l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour lancer de nouveaux services et de nouvelles technologies. Nous avons créé de nouveaux programmes et des points d’accès d’un océan à l’autre, en mettant l’accent sur l’équité. Nous avons même changé notre façon de faire. Nous ne nous sommes pas contentés de rester sagement assis au coin de la table et de demander la parole. Nous avons pris notre place à cette table et l’avons même présidée à plusieurs reprises.

Aussi intelligents que nous pensions être avec cette nouvelle attitude, ce que nous ne savions pas — nous n’en avions aucune idée —, c’est que nous étions en train de préparer le terrain pour la COVID. Lorsque le Canada et le monde entier se sont confinés, nous avons intensifié nos activités, encore et encore, passant de 1,9 million d’interactions en 2019, soit une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente, à plus de 22,5 millions d’interactions en date d’hier, soit une augmentation de 250 %.

Avec une telle croissance, il faut décider ce à quoi on devra renoncer. Nous avons promis aux jeunes que nous serions là pour eux, alors à quoi pouvions-nous renoncer? À rien. Les technologies, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique ont joué un rôle essentiel dans notre expansion et nous ont permis de conserver des temps d’attente d’environ trois minutes et demie sur toute période de 24 heures et des scores de qualité supérieurs à 90 %. Jeunesse, J’écoute a évolué au rythme des jeunes et des technologies.

Je vous parle de cette application concrète de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique — des technologies et de l’innovation —, car elle a nécessité un choix très clair et délibéré : un changement de mentalité.

Depuis lors, Jeunesse, J’écoute s’est illustrée à maintes reprises dans le secteur de l’innovation technologique, lançant même l’accélérateurJJ’E au festival Elevate en octobre dernier et à Davos en janvier dernier. Pourquoi? Parce que des vies en dépendent.

Revenons à la motion no 3 et à nous tous. Si le Sénat examine la technologie en vase clos, il risque de favoriser des systèmes qui, sans le vouloir, laissent des personnes de côté ou causent du tort. En élargissant explicitement son champ de vision, le Sénat peut contribuer à faire en sorte que le Canada bâtisse une économie qui soit non seulement innovante et compétitive, mais aussi juste et inclusive. Il ne s’agit pas là de questions marginales. Elles sont essentielles pour faire en sorte que les progrès technologiques apportent de réels avantages aux Canadiens.

D’autres administrations l’ont reconnu. Le programme Horizon Europe de l’Union européenne, le Manuel d’Oslo de l’Organisation de coopération et de développement économiques, ou OCDE, et la CHIPS and Science Act aux États-Unis exigent tous que la technologie soit évaluée en tenant compte de ses effets socio‑économiques plus vastes. Le Royaume-Uni et les pays nordiques intègrent également ces dimensions dans leurs stratégies d’innovation, mesurant le succès non seulement à l’aune des brevets et des profits, mais aussi de la santé, de l’équité, de l’inclusion et de la prospérité régionale.

Le Canada ne devrait pas en faire moins. Il ne fait aucun doute que le rythme du changement est implacable. Le Sénat peut soit façonner ce changement, soit se laisser dépasser. La motion no 3 est une mesure simple et structurelle qui vise à prendre en compte la perspective technologique dans tous les travaux des comités. Il ne s’agit pas d’un détail de procédure, mais d’un acte décisif qui permettra aux comités de protéger les Canadiens, de préserver l’équité et de veiller à ce que les politiques publiques soient en phase avec la façon dont les gens vivent, travaillent et se divertissent.

Revenons au début : Adam Raine, un Californien de 16 ans qui était un garçon formidable, s’est suicidé en avril 2025 avec l’aide de ChatGPT.

J’allais essayer de me tuer ce soir quand j’ai demandé de l’aide, et ils m’ont tellement aidé que j’ai l’impression de pouvoir me battre un jour de plus. Et ils m’ont dit que j’étais un battant...

Ce commentaire vient d’un utilisateur du service Jeunesse, J’écoute. Quand il a été détecté au moyen d’un outil d’intelligence artificielle, il a été renvoyé à un intervenant humain spécialisé dans les situations de crise.

Au Canada, le statu quo n’est pas une option. Il y a trop d’Adam qui nous demandent, nous supplient, de faire en sorte que la technologie soit au service du bien dans le cadre de tous nos travaux. Le temps presse. L’innovation et les technologies basées sur les données peuvent réellement sauver des vies.

Nous devons nous demander, dans chaque comité et au cours de chaque étude, quel est l’impact de la technologie — de l’IA, de l’apprentissage automatique — sur ce dossier au Canada. La motion no 3 entraîne un changement de mentalité qui peut tout changer.

Merci, chers collègues. Meegwetch.

Son Honneur le Président intérimaire [ + ]

Sénateur Deacon, aimeriez-vous poser une question?

Si la sénatrice Hay le veut bien.

La sénatrice Hay [ + ]

Oui.

Merci, monsieur le Président intérimaire. Je suis ravi de vous voir au fauteuil.

Je me sens très honoré par votre discours, car vous avez exprimé un point de vue très important sur la motion no 3 et son objet. Je vous en remercie. Vous m’avez en quelque sorte époustouflé avec votre exposé fort convaincant.

J’aimerais simplement poser une question bien précise au sujet des collectivités rurales, éloignées et marginalisées. Nous associons souvent la technologie aux collectivités urbaines, mais les possibilités et les besoins à l’extérieur de nos centres urbains sont énormes. Auriez-vous un avis à nous donner — je suis sûr que oui, puisque vous avez parlé des services offerts d’un océan à l’autre — pour nous aider à comprendre les besoins ou les enjeux dont il faut tenir compte en ce qui concerne les collectivités de l’extérieur des centres urbains? Merci.

La sénatrice Hay [ + ]

Je vous remercie de votre question, sénateur Deacon. J’ai promis de ne pas constamment parler de mon ancienne vie, mais je vais me le permettre dans ce cas-ci. Il n’y a pas d’égalité au Canada pour les collectivités rurales et éloignées en ce qui concerne la santé, la santé mentale et bien d’autres choses. Cela ne fait aucun doute. Donc, je sais que, selon les vastes données recueillies par Jeunesse, J'écoute — qui possède la banque de données la plus vaste, la plus importante, la plus unique, la plus à jour et la mieux définie sur les plans de la géographie et de la langue — 40 % de toutes les statistiques dont je parle ont trait aux populations rurales du Canada, parce que les services n’y sont pas accessibles à proximité comme c’est le cas pour les régions urbaines.

C’est la technologie qui permet aux populations rurales et éloignées d’avoir accès aux services et aux programmes auxquels elles n’auraient pas accès autrement. Par exemple, le programme Intervenant·e dans la classe est facile à intégrer dans le programme pédagogique des enseignants au moyen de vidéos avec un éducateur dans une salle de classe. Il pourrait peut-être être offert dans une région éloignée, mais cela semblerait de nature très transactionnelle. Ainsi, une technologie comme la réalité virtuelle ouvre les horizons pour les régions éloignées ayant la capacité d’utiliser les outils technologiques et l’intelligence artificielle.

Donc, si votre question vise à savoir si les régions rurales et éloignées du Canada en retireront des avantages, la réponse est oui, absolument. Dans le cadre de mon travail, je ne compte plus les fois où il a été démontré que, en ce qui concerne les nouveaux programmes et les nouveaux points d’accès, les programmes adaptés et créés — je ne dirais même pas créés conjointement — par les collectivités à qui ils sont destinés sont non seulement efficaces, mais ils changent complètement la donne et transforment des vies. Cela ne serait pas possible sans la technologie.

L’honorable Tony Ince [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer la motion no 3, qui vise à examiner notre travail sous l’angle de la technologie.

Je trouve un peu étrange que ma première intervention au sujet d’une motion commence par une confession. Je manque cruellement de connaissances sur le sujet. L’autrice-compositrice-interprète Alanis Morissette, qui est originaire d’Ottawa, pourrait qualifier cette situation d’ironique. En outre, le fait de faire une référence à la culture populaire vieille de 30 ans explique ma situation.

Est-il arrogant de ma part de prendre la parole dans cette Chambre historique pour parler d’un sujet que je connais très peu? Eh bien, je suppose que ce n’est probablement pas la première fois.

Toutefois, ce n’est pas de l’arrogance, mais de l’humilité. Depuis que je suis devenu un membre privilégié de cette auguste assemblée, il y a peu de temps, j’ai remarqué que la plupart de nos mesures visent à corriger des erreurs et des lacunes. La motion no 3 n’est pas différente, sauf que nous sommes responsables de la présence des éventuelles erreurs et lacunes en question.

La motion no 3 nous incite à nous regarder dans le miroir et à nous poser la question suivante : en ce qui concerne la technologie, avons-nous fait preuve de suffisamment d’humilité dans nos découvertes? Nos délibérations comportent-elles des lacunes imprévues? Pouvons-nous être sûrs de nos décisions? En tant qu’homme d’un certain âge, mon miroir est d’une franchise brutale. Il me dit également que je n’en sais pas suffisamment sur la technologie et que je ne sais même pas ce que je ne sais pas. Mon miroir est sans pitié.

Cependant, je sais une chose sur la technologie : de nombreux Canadiens, des Canadiens avisés, seraient heureux de nous l’expliquer si nous le leur demandions. Nous devons le leur demander. Nous devrions demander des explications plus souvent.

L’autre chose que je sais à propos de la technologie, c’est qu’elle n’a pas juste de mauvais côtés. Nous assistons actuellement à des avancées importantes dans le domaine de l’intelligence artificielle, ce qui améliore la productivité au travail. La technologie permet des avancées en médecine et dans tous les domaines de la science à un rythme jamais imaginé auparavant. De même, nous sommes à deux doigts de possibilités insoupçonnées.

Cependant, les mêmes outils qui sont utilisés à bon escient sont exploités par de mauvaises personnes : des prédateurs et des adversaires. Lors d’une discussion en juin, un groupe d’experts en sécurité nationale a décrit le Canada comme évoluant dans un environnement de polycrise. Plus précisément, quatre types de menaces se chevauchent : les menaces climatiques, géopolitiques, sociales et technologiques.

Pour revenir à la chanson que j’ai mentionnée plus tôt, je remercie Mme Morissette et son coauteur, Glen Ballard, qui ont inspiré cette discussion sur l’ironie. Certains d’entre vous se souviennent peut-être des nombreux débats qui ont suivi la sortie de cette chanson.

Des définitions des dictionnaires ont été partagées et disséquées. Les gens ont débattu de l’ironie situationnelle par rapport à l’ironie dramatique. Cela a réchauffé le cœur de tous les éducateurs. Même quelques parodies ont suivi. Le site Web humoristique CollegeHumor a souligné qu’il serait ironique qu’il pleuve le jour de votre mariage si vous épousiez Râ, le dieu égyptien du soleil.

Le chaos que Mme Morrisette et M. Ballard ont involontairement provoqué m’a aidé à passer à mon dernier point. Je ne suis pas le seul à ne pas comprendre les répercussions complexes et sinueuses de la technologie. Je sais que d’autres sénateurs sont dans la même situation, tout comme des millions de gens au Canada. Si la motion présentée par mon collègue est adoptée, les experts qui nous enseigneront leur enseigneront à eux également.

Nous ne pouvons oublier que le Parlement du Canada est lui-même une plateforme technologique. Le fait d’examiner notre travail d’un point de vue technologique deviendrait naturellement un outil pédagogique. Le partage de leçons cruciales avec nos concitoyens canadiens nous permettra de suivre ensemble cette courbe d’apprentissage abrupte et urgente. N’est-ce pas ironique? Ou peut-être pas?

Merci.

L’honorable Paulette Senior [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui sur le territoire non cédé de la grande nation algonquine anishinabe.

À mon tour, je suis heureuse — et je suis convaincue qu’il y a une certaine ironie là-dedans — d’avoir l’occasion, en ce premier jour de notre rentrée, d’exprimer mon appui à l’égard de la motion no 3, qui demande aux comités sénatoriaux de prendre en considération les influences et impacts de la technologie dans toutes les études qu’ils entreprennent.

Je remercie notre collègue, le sénateur Deacon, d’avoir présenté cette motion. Sénateur Deacon, j’ai aimé de nombreux points que vous avez soulevés dans votre discours de juin ainsi que vos idées sur la façon dont cette motion pourrait être mise en œuvre de manière efficace et pratique dans le cadre de nos responsabilités de sénateurs au sein des comités.

Il ne fait aucun doute que le rythme des progrès technologiques et de la croissance dépasse la conscience et la connaissance qu’ont les Canadiens de la situation dans laquelle nous nous trouvons, et les législateurs n’y font pas exception. En tant que législateurs, nous devons nous demander comment nous suivons les progrès technologiques dans le cadre de notre travail.

Prenons l’exemple de la réalité technologique de l’intelligence artificielle, qui touche tous les aspects de notre vie, que nous en soyons conscients ou pas.

Je pense qu’il est important de comprendre à quel point l’intelligence artificielle a des répercussions sur les questions particulières que nous abordons au Sénat. Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée pour appuyer, promouvoir ou peut-être entraver le travail effectué dans différents domaines comme la santé, la finance, les prestations sociales et d’autres grands domaines sur lesquels les Canadiens comptent? Quelles sont les répercussions de l’intelligence artificielle sur les systèmes et les structures en place pour aider les Canadiens, et que pouvons-nous faire pour que cela soit plus transparent? Ce sont là certaines des questions qu’un comité peut poser et prendre en considération dans toutes ses délibérations.

Une autre raison pour laquelle j’appuie cette motion, c’est qu’elle nous aidera à nous concentrer sur la question de l’intersection de la technologie et de l’équité. Je pense qu’il s’agit d’une question importante, et c’est quelque chose que j’ai examiné et étudié dans mon travail au cours des dernières années.

En ce qui concerne l’intelligence artificielle, son développement suscite depuis longtemps des inquiétudes, en particulier en raison de pratiques discriminatoires liées à l’exploitation d’informations discriminatoires. Plusieurs groupes, notamment les femmes, les Noirs, les Autochtones et les personnes racisées, ont été particulièrement ciblés et lésés par des cas de mésinformation, de sexisme et de racisme. Les outils créés à l’aide de l’intelligence artificielle dans l’intérêt public n’iront dans le sens du progrès que si leur développement inclut les personnes les plus à risque.

Avec la perspective technologique que la motion no 3 encourage les comités à adopter, les questions liées au développement de l’intelligence artificielle devraient être au cœur de nos préoccupations dans le cadre de notre travail. Les sénateurs sont invités à poser des questions et à se familiariser avec les technologies et l’équité.

Nous pouvons nous appuyer sur notre compréhension de l’utilisation que font les jeunes de la technologie et de l’impact que cela a sur leur santé mentale. Nous pouvons examiner comment les femmes sont touchées, en particulier celles qui sont présentes en ligne, notamment les journalistes et les politiciennes. Trop souvent, la technologie est utilisée de manière odieuse à l’encontre des femmes, principalement pour les réduire au silence et les discréditer. Pourtant, l’intelligence artificielle est un outil extrêmement puissant, capable de soutenir une transformation massive et de nous aider à mieux comprendre les problèmes complexes actuels et à trouver des solutions potentielles qui n’avaient pas encore été envisagées.

Tandis que nous menons nos travaux au sein des divers comités et que nous commencerons à appliquer une optique technologique aux études et aux projets de loi complexes dont nous sommes saisis, j’imagine que beaucoup de choses qui seraient autrement restées cachées seront mises en lumière. Ces révélations nous permettront de mieux comprendre les avancées technologiques et les besoins, et de parfaire nos connaissances et notre compréhension des incidences technologiques de certaines orientations politiques. Essentiellement, chers collègues, si nous ne posons pas de questions, nous ne pouvons pas connaître les réponses, et en cette période de changements technologiques majeurs, nous ne pouvons pas nous permettre de faire l’autruche.

Chers collègues, je vous invite à vous joindre à moi et à appuyer cette motion. Tâchons de faire en sorte que le Sénat du Canada soit un pionnier en matière d’intégration de la technologie dans le travail des législateurs, de manière inclusive et délibérée.

Merci, meegwetch.

Acceptez-vous de répondre à une question, sénatrice Senior?

La sénatrice Senior [ + ]

Oui. Merci.

Le point que vous avez soulevé est fort important, car bon nombre des logiciels que nous utilisons aujourd’hui, logiciels qui sont intégrés à quantité d’applications que nous utilisons, ont été mis au point par de jeunes hommes blancs qui ont une certaine vision du monde. Cela a grandement exacerbé des problèmes chroniques au sein de la société et témoigne d’une vision très étroite de la façon de mettre en œuvre un programme — ce qui fonctionne pour les gens, etc.

Plus tôt cet été, la sénatrice Mohamed a organisé une réunion avec Dais à l’Université métropolitaine de Toronto, ou UMT. On nous dit que de nombreux Canadiens ne font pas confiance à l’intelligence artificielle, mais je serais ravi de rencontrer un seul Canadien qui ne l’utilise pas plusieurs fois par jour.

Savez-vous où on effectue les meilleures recherches, ou savez-vous où nous pourrions chercher des données de recherche sur les aspects complexes dont vous avez parlé avec tant d’éloquence dans votre discours? On trouve peut-être cela à l’UMT.

La sénatrice Senior [ + ]

Je vous remercie de votre question. C’est peut-être à l’UMT. Cependant, en tant que membre du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, je peux dire que quelques-uns d’entre nous ont visité des instituts créés par le gouvernement fédéral pour développer les capacités du Canada en intelligence artificielle. J’ai pu en visiter deux, dont l’Institut Vecteur la semaine dernière, à Toronto, où nous avons découvert les progrès réalisés, notamment dans le domaine des soins de santé, pour obtenir des renseignements plus fiables et utiles sur le plan démographique, ainsi que sur l’efficacité de divers traitements sur des groupes donnés.

J’ai trouvé cela particulièrement encourageant. C’est ce que je considère comme une « utilisation de technologies ou d’intelligence artificielle au service du bien commun ». Ce vendredi, certains d’entre nous se rendront à Montréal pour en apprendre davantage auprès de l’institut qui s’y trouve. Voilà mon parcours, moi qui, à la base, possède très peu de connaissances techniques.

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