DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les emplois saisonniers
17 juin 2019
Honorables sénateurs, alors que la belle saison est à nos portes et que des milliers de vacanciers s’apprêtent à venir nous rendre visite, l’industrie touristique est préoccupée par la pénurie de travailleurs et la difficulté à combler certaines plages horaires. Les clients affluent, mais des restaurateurs ferment leurs portes certains soirs à cause d’un manque de cuisiniers. Leeee3s piscines de certains hôtels demeurent fermées en raison d’un manque de personnel. Au bas mot, il manque 200 travailleurs pour combler les besoins seulement en Gaspésie, selon l’Association touristique régionale. La situation risque de se détériorer en septembre, alors que les étudiants retourneront sur les bancs d’école, au cœur de la période la plus achalandée de notre saison touristique. La directrice générale de l’Association touristique régionale de la Gaspésie, Mme Joëlle Ross, explique que, parfois, en raison du roulement de personnel, les employeurs sont contraints de trouver trois personnes pour occuper un poste qui était occupé par une seule auparavant.
La pénurie de main-d’œuvre qualifiée freine notre développement économique et notre productivité et menace la qualité de vie des entrepreneurs. Qui voudrait se lancer en affaires dans de pareilles conditions? Je suis bien heureux que le dernier budget propose d’octroyer un montant de 60 millions de dollars aux agences de développement régional pour la création d’expériences touristiques et que l’on augmente le budget publicitaire pour une campagne de marketing. Cependant, si on ne s’attaque pas dès maintenant à la pénurie de main-d’œuvre, on risque d’offrir une bien piètre expérience à nos visiteurs qui, dès lors, ne seront pas tentés de revenir visiter nos régions.
Je vous parle de l’industrie touristique, mais plusieurs secteurs économiques, notamment dans les industries saisonnières, sont touchés par le manque de main-d’œuvre qualifiée. Je pense notamment au secteur maraîcher, alors que, un peu partout au Québec, des entreprises agricoles attendent toujours l’arrivée de leurs travailleurs étrangers temporaires.
Emploi et Développement social Canada a beau avoir reçu des sommes supplémentaires pour traiter les demandes, il manque toujours des milliers de travailleurs. Lorsqu’on parle aux gens sur le terrain, on voit pourtant qu’il y a des mesures qui pourraient être mises en place rapidement.
Pourquoi ne pas éliminer les évaluations d’impact sur le marché du travail dans certains secteurs? C’est d’ailleurs ce que demande le gouvernement du Québec. Pourquoi ne pas assouplir le Programme des travailleurs étrangers temporaires pour permettre aux travailleurs, une fois arrivés au pays, de travailler dans un secteur connexe? Le Conseil de la transformation alimentaire du Québec déplore, par exemple, que les travailleurs aux champs ne puissent être transférés dans les usines pendant la récolte. C’est aberrant comme situation.
Il y a également toute la question de l’assurance-emploi. Tant que l’on n’adaptera pas le programme pour reconnaître la valeur des travailleurs saisonniers, nous serons aux prises avec un haut taux de roulement du personnel et des PME qui fermeront leurs portes en raison du manque de personnel.
Cet enjeu dépasse largement les industries saisonnières. Au Canada, il y aura plus de 434 000 postes à pourvoir dans le secteur privé, et 120 000 postes au Québec, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Honorables sénateurs, je crois que la pénurie de main-d’œuvre doit être au cœur de notre action au cours de la prochaine législature. En terminant, je vous invite à venir visiter la région de l’Est-du-Québec cet été. Venez voir le Bas-Saint-Laurent, la Réserve mondiale de bon temps. Faites le tour de la Gaspésie, un circuit de renommée internationale, et découvrez les Îles de la Madeleine. Vous serez « fou des îles ».