DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages
Le décès du très honorable Brian Mulroney, c.p., C.C., G.O.Q.
19 mars 2024
Honorables sénateurs, je veux rendre hommage aujourd’hui au 18e premier ministre du Canada, le très honorable Brian Mulroney. J’ajoute ma voix à celles des nombreux Canadiens qui disent adieu à un des meilleurs hommes d’État de l’histoire du Canada et qui soulignent ses formidables réalisations.
Le très honorable Brian Mulroney est un géant de la politique canadienne. Il a frappé l’imagination des Canadiens avec sa vision d’avenir ambitieuse lorsqu’il a pris les commandes du Parti progressiste-conservateur en 1983. Son plus grand succès est survenu lors de l’élection générale fédérale de 1984 : il a alors mené son parti vers une victoire écrasante, avec le plus grand nombre de sièges dans l’histoire du Canada et plus de 50 % du vote populaire.
L’ancien premier ministre Mulroney a lancé un vaste chantier de transformation caractérisé par de vastes réformes économiques et des politiques visionnaires visant à assurer la prospérité et la compétitivité mondiale du Canada. Le point central de ce programme était l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Lors du fameux « sommet irlandais » de 1985, Brian Mulroney, accompagné de l’ancien président américain Ronald Reagan, a déclaré : « Notre message, ici et partout dans le monde, est clair : le Canada est de nouveau prêt à faire des affaires. » Ces mots reflétaient la vision qu’avait M. Mulroney pour le Canada, un Canada où l’innovation, l’entrepreneuriat et la présence sur la scène internationale occuperaient une place prépondérante. C’est une vision qui continue à façonner l’identité et la trajectoire du Canada à ce jour.
Cependant, Brian Mulroney n’a pas laissé seulement un héritage économique. Cet homme d’État était guidé par des principes solides, notamment la compassion et la rigueur morale. Il a défendu sans relâche les droits de la personne, la justice et l’égalité. D’ailleurs, son combat contre l’apartheid en Afrique du Sud en est l’illustration parfaite.
Personnalité respectée sur la scène internationale, il avait des contacts directs et personnels avec le président des États-Unis et le premier ministre du Royaume-Uni, pour n’en citer que deux. Pourtant, M. Mulroney était aussi un homme attentionné, qui vous appelait pour savoir comment vous et les membres de votre famille alliez lorsque les temps étaient difficiles. Aucun autre dirigeant canadien n’a fait usage d’un fichier de contacts comme il le faisait. En fait, il n’était pas seulement enchanté de côtoyer des présidents et des rois, il était tout aussi drôle et charmant avec n’importe quelle assemblée. Brian Mulroney était aussi à l’aise dans une taverne de Baie-Comeau qu’à la Maison-Blanche.
Chers collègues, alors que nous faisons nos adieux à un géant de la politique canadienne, souvenons-nous de la vie incroyable de Brian Mulroney et de sa contribution à notre nation. Puisse sa mémoire être une source d’espoir et d’inspiration pour tous les Canadiens, et nous rappeler le pouvoir transformateur d’un leadership fondé sur l’intégrité, la compassion et la poursuite inlassable du progrès.
Je suis persuadé que ces yeux irlandais nous observent avec bienveillance aujourd’hui.
Merci.
Honorables sénateurs, j’interviens moi aussi pour rendre hommage au 18e premier ministre du Canada, le très honorable Brian Mulroney, qui est décédé le 29 février.
Martin Brian Mulroney est né à Baie-Comeau — un anglophone qui a été accueilli comme un membre de la famille québécoise francophone. Il a étudié le droit à l’Université Laval et a exercé avec succès le métier d’avocat spécialisé dans le droit du travail. Son intérêt et son engagement en politique ont commencé très tôt, au moment où il a rejoint le Tory Club lorsqu’il était étudiant à l’Université St. Francis Xavier, en Nouvelle-Écosse. Son ambition de diriger le parti s’est concrétisée en 1983. En 1984, les progressistes-conservateurs ont remporté plus de 50 % du vote populaire dans l’une des plus écrasantes victoires obtenues au Canada, et Brian Mulroney est devenu premier ministre.
Que l’on soit d’accord ou non avec toutes les politiques de Brian Mulroney, voici deux éléments marquants de son héritage : il a négocié l’accord de libre-échange avec les États-Unis, et son gouvernement a instauré la taxe sur les produits et services. Toutefois, je suis sûr que le point sur lequel nous pouvons tous nous entendre, c’est le refus de l’ancien premier ministre Mulroney d’être accommodant juste pour éviter de faire des vagues sur la question de l’apartheid en Afrique du Sud. Trois mois après les élections de 1984, M. Mulroney a accueilli l’évêque Desmond Tutu, et c’est ainsi qu’a commencé la lutte contre l’apartheid. Le Canada est devenu le leader de facto de ces efforts, alors que Brian Mulroney tentait de rallier les pays occidentaux et les pays du Commonwealth à l’idée d’imposer des sanctions à l’Afrique du Sud.
En 1985, dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, l’ancien premier ministre Mulroney a déclaré sans équivoque :
S’il n’y a pas de progrès dans l’abolition de l’apartheid, le Canada pourrait devoir rompre complètement le lien qu’il entretient avec l’Afrique du Sud.
Alors que l’ancien président Reagan et l’ancienne première ministre Thatcher refusaient tous les deux d’imposer des sanctions à l’Afrique du Sud, l’ancien premier ministre Mulroney, lui, ne se laissait pas influencer.
Moins de 24 heures après sa libération en 1990, Nelson Mandela a appelé l’ancien premier ministre Mulroney pour le remercier de son soutien. Quatre mois plus tard, Nelson Mandela s’est adressé à la Chambre des communes et au Sénat lors d’une séance conjointe, où il a déclaré ceci :
Je voudrais profiter de l’occasion pour rendre hommage au grand peuple canadien [...] Les Canadiens se sont révélés non seulement des amis loyaux de notre peuple en lutte, mais aussi de grands défenseurs des droits de l’homme et de l’idée même de démocratie.
Comme nous le savons tous, Brian Mulroney savait raconter une bonne histoire et aimait faire rire les gens, souvent à ses propres dépens. Dans un discours prononcé lors d’une collecte de fonds pour un centre pour enfants, 20 ans après son départ d’Ottawa, il a dit ceci à la fin de son discours pour expliquer pourquoi, en 1993, il avait décidé de démissionner :
J’ai décidé qu’il était temps de partir lorsque je me suis rendu compte qu’il y avait plus de gens qui croyaient qu’Elvis était toujours vivant que de gens qui m’approuvaient.
Chers collègues, il faut regarder le passé pour évaluer l’ampleur et l’héritage du travail des leaders. Dans l’un de ses derniers discours, le premier ministre Mulroney a déclaré que,
Avec le temps, j’ai appris que l’histoire ne se soucie pas des anecdotes, des propos orduriers, des rumeurs, ou des commérages qui circulent au Parlement : elle ne retient que les grandes réalisations qui façonnent le pays.
Au cours de son mandat, le premier ministre Brian Mulroney a bel et bien façonner notre avenir.
Au nom du Sénat du Canada, je présente mes sincères condoléances à l’épouse du premier ministre Mulroney, Mila, et à ses enfants, Ben, Caroline, Mark et Nicolas.
Que son souvenir soit une source de réconfort.
Honorables sénatrices et sénateurs, au nom de tous les membres du Groupe des sénateurs indépendants, j’offre mes sincères condoléances à la famille du très honorable Brian Mulroney.
Dix-huitième premier ministre du Canada, il nous laisse un legs majeur, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Il a notamment présidé à la relance de l’économie canadienne qui a suivi la récession et aux négociations qui ont mené à la ratification du premier Accord de libre-échange entre le Canada et les États‑Unis, puis de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Les historiens sauront lui rendre la place considérable qui lui revient non seulement dans l’histoire du pays, mais aussi dans celle du monde.
Premier ministre, Brian Mulroney s’est montré à la hauteur des attentes que ses électeurs avaient placées en lui — des attentes liées à la bonne gouvernance du pays aux plans économique et social, à la solidification des relations fédérales-provinciales, de même qu’à l’essor de la paix mondiale.
À cet effet, il s’est mérité l’appui de tous et a suscité la fierté partout au pays, auquel il a fait un grand honneur quand, en 1985, devant le parterre bondé de l’Organisation des Nations unies, il s’est élevé avec courage au-dessus des divisions idéologiques entre les blocs de l’Est et de l’Ouest, condamnant avec force et brio le régime de l’apartheid et plaidant avec vigueur pour que prévalent les droits de la personne et la dignité humaine. Il a alors amorcé un tournant dans la lutte contre l’apartheid.
Mandela, Tutu et Boesak ont fini par avoir raison et l’Histoire a déjà placé Brian Mulroney, premier ministre du Canada, à leurs côtés.
Il a également consacré toute son énergie à rendre les relations fédérales-provinciales plus fortes et plus amicales et il a investi beaucoup de son temps dans la négociation d’ententes constitutionnelles. Même si ces négociations n’ont pas toujours eu le succès escompté, il a réussi à mieux répartir les pouvoirs, à respecter les compétences de chacun et à reconnaître la place du Québec dans la nation confédérée — une nation qu’il continuera de servir après sa vie politique et jusqu’à la limite de ses capacités.
Pour tout dire, les mandats qui lui ont été confiés étaient aussi nombreux que diversifiés : il a notamment été médiateur, mais aussi conseiller pour ses successeurs ainsi que pour différentes personnalités et intellectuels de renom, que ce soit ici ou à l’étranger. Aujourd’hui, nous rendons hommage à un grand homme d’État qui avait un sens exceptionnel du devoir envers son pays, un politicien et un parlementaire qui, malgré le cynisme à l’endroit des personnalités publiques qui caractérise notre époque, continue d’inspirer la reconnaissance, la gratitude et le respect.
L’homme que l’on pleure aujourd’hui d’un océan à l’autre s’est aussi distingué par son humilité, son charisme, sa bienveillance et son sens de la famille. Qu’il soit le « p’tit gars de Baie-Comeau », le grand Québécois ou le fier Canadien, c’est à lui que nous exprimons notre gratitude pour les services qu’il a rendus à son pays et pour sa contribution à la démocratie, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de nos frontières. Par-dessus tout, nous lui exprimons notre admiration la plus profonde pour n’avoir jamais oublié ses racines et pour être demeuré, quelles que soient les circonstances, un homme du peuple.
Qu’il repose en paix.
Honorables sénateurs, j’ai grandi dans un Canada qui possédait tous les avantages au monde, mais qui souffrait d’un complexe d’infériorité. Nous étions jaloux de nos voisins, plus confiants, et nous refusions de reconnaître notre propre potentiel.
On se querellait pour savoir à qui appartenait le pétrole de l’Ouest, et les séparatistes du Québec étaient mécontents. En 1984, l’expression « c’est le temps d’un changement » était devenue un euphémisme. « Le p’tit gars de Baie-Comeau » a remporté la plus importante victoire de l’histoire.
Le très honorable Brian Mulroney est devenu un leader de grande importance, le père fondateur moderne d’un nouveau Canada.
Grâce à sa volonté de fer, son sens de la discipline et un incroyable talent pour les relations humaines, il a effectivement transformé notre nation.
Il avait compris que les relations étaient la clé. Il a conçu le traité sur les pluies acides avant que l’environnement ne soit à la mode et convaincu Reagan et Thatcher de mettre fin à l’apartheid. Nelson Mandela a dit de lui qu’il était un héros.
Selon Mandela, « On ne peut pas être passionné quand on voit petit. » Brian Mulroney n’a jamais vu petit. Il a mis en pratique ce que disait son ami Wayne Gretzky : Il faut « [...] patiner là où va aller la rondelle [...] »
Il a donc tout misé sur l’accord de libre-échange. Cet accord allait nous définir et enfin nous faire entrer dans le grand jeu de l’économie.
La taxe sur les biens et services — la TPS —, dont aucun dirigeant ne se priverait aujourd’hui, a fait partie intégrante de notre évolution. Son audace lui a coûté sa popularité. Elle lui a coûté sa vie politique, mais nous étions devenus un Canada confiant, et nous n’étions plus complexés.
J’ai souri lorsque certains ont prétendu qu’il avait été le premier ministre qui a le plus suscité la division de l’histoire du pays, avec ses scandales et ses congédiements de ministres.
Eh bien, puisque j’étais là pour tout couvrir, je peux dire qu’il y a effectivement eu des démissions parce que Brian Mulroney croyait en la responsabilité et en l’idée que les ministres devaient assumer leur responsabilité — un principe qui semble malheureusement avoir été perdu. Lorsque les principes résistent à l’élixir du pouvoir, cela témoigne de la force du leadership.
Sa partisanerie était toujours empreinte de respect, puisqu’il savait que les rôles finissent inévitablement par s’inverser.
Il a accueilli ceux qui lui ont dit la vérité.
Il avait une empathie naturelle. Il y allait toujours d’un appel, d’une note ou d’une main sur l’épaule.
Il n’a jamais oublié un nom, un visage — ni une rancune ou un affront, mais il avait du cœur.
Il respectait et écoutait les femmes, en particulier Mila, sa conseillère la plus intelligente et sa véritable partenaire, avec qui il a élevé quatre bons citoyens.
Alors que nous pleurons la perte d’un homme bon, nous nous souvenons du plaidoyer de Mandela :
Ne me jugez pas à mes succès, jugez-moi au nombre de fois où je suis tombé et où je me suis relevé.
S’il y a un moment pour évoquer les éloges de Theodore Roosevelt pour une vie vécue « dans l’arène », c’est bien lorsqu’on parle de Martin Brian Mulroney. Vous connaissez les mots :
Tout le mérite appartient à l’homme [...] qui se consacre à une noble cause, qui [...] saura que sa place n’a jamais été parmi les âmes [...] timorées qui ne connaissent ni la victoire ni l’échec.
Monsieur le premier ministre, reposez en paix. Vous l’avez bien mérité.
Honorables sénateurs, dans l’esprit de ceux qui ont suivi la politique dans les années 1980 et 1990, le nom de Brian Mulroney est forcément associé à l’arrivée de la TPS, au premier Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, à la privatisation de Petro-Canada, d’Air Canada et du CN, et j’en passe.
Sur la question constitutionnelle, dans la lignée de leaders progressistes-conservateurs précédents, comme Bob Stanfield et Joe Clark, il a mis de l’avant une idée différente qui a donné lieu à l’accord du lac Meech, après avoir séduit une majorité de Québécois; malheureusement, cet accord est resté sans suite.
Le talent de Brian Mulroney pour poser les bonnes questions ou dire la bonne phrase était également bien connu. En 1987, il a dit ceci aux Américains :
[...] pourquoi les États-Unis peuvent-ils conclure un traité de réduction des armes nucléaires avec leur pire ennemi, l’Union soviétique, mais ne peuvent-ils pas conclure un accord de libre-échange avec leurs meilleurs amis, les Canadiens?
C’était une bonne question. Elle mènerait au premier Accord de libre-échange nord-américain, ou ALENA.
Je me souviens aussi qu’en 1990, il a été le seul premier ministre du Canada à utiliser un article de la Constitution pour nommer huit sénateurs supplémentaires en plus des 105 habituels. Il a pris cette mesure afin de contrer les manœuvres d’obstruction partisanes à la TPS. D’importantes modifications du Règlement du Sénat ont suivi, y compris l’attribution de temps pour les affaires émanant du gouvernement, et continuent de laisser leur marque dans l’histoire.
Le premier ministre Mulroney était également en avance sur son temps en matière d’environnement; il était conscient des dommages causés par les pluies acides aux lacs et aux rivières du Canada. En 1991, il a conclu un traité avec nos voisins et amis, les États-Unis. Ses compétences et ses contacts ont continué à profiter aux Canadiens après qu’il a quitté le poste de premier ministre. Le gouvernement libéral actuel l’a chargé de participer à la négociation du plus récent accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique.
En conclusion, de ses débuts modestes à son leadership sur la scène mondiale, il est resté dévoué à son pays, à sa province, à ses amis et à sa famille.
Au nom du Groupe progressiste du Sénat, j’offre nos sincères condoléances à son épouse, Mila, à ses 4 enfants et à ses 16 petits-enfants, ainsi qu’à tous ceux qui vivent avec eux la perte d’un être cher.
Merci.
Honorables sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage à un titan de la politique : l’ancien premier ministre conservateur, le très honorable Brian Mulroney.
Brian Mulroney était comme une vedette du rock pour cette jeune Saskatchewanaise mordue de la politique que j’étais. Je regardais fidèlement This Week in Parliament à la télévision tous les samedis soirs, et j’étais muette d’admiration devant M. Mulroney. Il était fièrement et ouvertement conservateur. Il rabattait le caquet aux libéraux qui siégeaient en face de lui à la Chambre des communes, d’abord en tant que chef de l’opposition, puis en tant que premier ministre, mais il le faisait toujours avec une dose d’esprit et le charme irlandais qui le caractérisait.
M. Mulroney a mené l’une des batailles électorales les plus rudes au Canada, à savoir la campagne électorale de 1988 sur l’accord de libre-échange. Il s’agissait des premières élections auxquelles je participais à titre d’électrice et de bénévole pour la campagne des jeunes progressistes-conservateurs. J’ai assisté à deux congrès nationaux très importants du Parti progressiste-conservateur en 1989 et en 1991. C’était comme Disneyland pour moi, et j’ai eu la chance d’entendre en direct des discours incroyables du premier ministre Mulroney, l’un des meilleurs orateurs politiques de l’histoire canadienne. Ses paroles étaient émouvantes pour une jeune personne comme moi, car elles évoquaient un avenir où le Canada serait uni, libre et prospère.
Le premier ministre Mulroney était un politicien conservateur remarquablement habile, qui a obtenu un mandat majoritaire lors de deux élections consécutives, un exploit inégalé depuis sir John A. Macdonald. Mulroney avait une grande vision. Il a pris des mesures concrètes sur des questions d’importance vitale parce que, comme il l’a dit lors de son discours à notre congrès de 1991 :
[...] nous ne faisons pas toutes ces choses difficiles parce qu’elles sont populaires. Nous les faisons parce qu’elles sont bonnes pour le Canada.
Le premier ministre Mulroney restera dans les mémoires pour avoir nommé des femmes fortes à des postes de premier plan au sein de son Cabinet conservateur et dans l’ensemble de son gouvernement, ce qui a incité une jeune femme intéressée par la politique comme moi à rêver en grand de son propre avenir politique. Dès l’âge de 12 ans, je voulais devenir sénatrice. Mon admiration pour M. Mulroney et les femmes talentueuses qu’il a promues y est pour beaucoup.
Le premier ministre Mulroney a également été l’un des premiers à soutenir l’Ukraine. Sous sa direction, en 1991, le Canada est devenu le premier gouvernement occidental à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine. Le premier ministre Mulroney a également nommé d’excellents Canadiens d’origine ukrainienne, comme Ray Hnatyshyn, Don Mazankowski et les sénateurs Raynell Andreychuk et David Tkachuk.
Ce premier ministre a également eu un impact important sur ma province, la Saskatchewan. En 1986, le gouvernement Mulroney a accordé aux agriculteurs de la province un programme d’aide de 1 milliard de dollars, alors qu’ils en avaient grandement besoin. M. Mulroney et Grant Devine, premier ministre progressiste-conservateur de la Saskatchewan, ont ensuite travaillé ensemble pour créer la société Cameco, qui est aujourd’hui la plus grande entreprise d’uranium au monde. M. Mulroney a également surmonté l’opposition pour construire le barrage Rafferty, une source majeure d’irrigation et d’énergie dans le Sud-Est de la Saskatchewan.
Je n’ai rencontré Brian Mulroney en personne qu’une seule fois, mais cette rencontre a été mémorable non seulement en raison de sa forte présence politique, mais aussi parce que j’ai découvert sa chaleur et son charme légendaires. J’avais l’impression d’avoir à nouveau 12 ans, impressionnée par la présence d’un grand homme.
Malgré toutes ses réalisations, je suis certain que M. Mulroney dirait que sa famille exceptionnelle est sa plus grande réussite. Mila, Mark, Ben, Nicolas et Caroline, ainsi que vos familles, le Canada pleure avec vous la perte de ce grand homme et de ce grand dirigeant canadien. Merci.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage au 18e premier ministre du Canada, le très honorable Brian Mulroney. Son départ nous a frappés comme une onde de choc.
M. Mulroney, qui a gouverné notre pays de 1984 à 1993, a laissé une empreinte impérissable sur notre nation. Il était un grand homme d’État et un diplomate chevronné avec une vision unificatrice du pays.
Au cours de son mandat de premier ministre du Canada, M. Mulroney a énormément contribué à notre paysage politique — pensons par exemple à l’accord de libre-échange et au traité sur les pluies acides — tout en favorisant la croissance économique et la coopération environnementale.
M. Mulroney était un homme de principes. L’une de ses plus grandes réussites a été son engagement pour lutter contre l’apartheid en Afrique du Sud. Alors que les voix s’élevaient partout dans le monde pour dénoncer l’apartheid, M. Mulroney a préconisé la mise en place de sanctions. Il a harmonisé la position du Canada avec celle de la communauté internationale en matière de droits fondamentaux, mettant ainsi en évidence son approche fondée sur des principes pour tout ce qui touche la politique étrangère. Avec ses compétences de leader, il a montré qu’un pays comme le nôtre peut avoir de l’influence quand il est guidé par ses valeurs.
L’héritage de Brian Mulroney va bien au-delà de la politique : c’est une leçon d’engagement envers la population et de sens des responsabilités. M. Mulroney incarnait ces valeurs. Il a su naviguer entre les écueils du leadership avec un dévouement inébranlable et a marqué à jamais l’histoire de notre pays. L’attention qu’il a portée à la croissance économique n’était pas seulement un choix politique; cela reflétait l’importance qu’il accordait à sa responsabilité de veiller à la prospérité de tous les Canadiens.
Durant une période où il fallait être visionnaire, il a fait preuve d’un remarquable sens des responsabilités, amenant notre pays à passer à travers de nombreux obstacles. Aujourd’hui, alors que nous lui faisons nos adieux, gardons en mémoire et célébrons les valeurs dont il a fait preuve pendant sa carrière politique et qui ont encore un écho aujourd’hui.
J’ai eu le privilège de rencontrer Brian Mulroney à de nombreuses reprises. Nous travaillions tous deux dans le même édifice à bureaux à Montréal. Nous avons eu bien des discussions pertinentes sur la politique et l’économie, mais ce qui m’a le plus impressionné, c’est la façon dont on se sentait en sa présence. Il était passé maître dans l’art de l’intimité immédiate. Il vous posait des questions sur votre famille et votre travail. Il vous faisait sentir important. Chaque fois que nous étions ensemble, nous étions rapidement entourés de passants qui souhaitaient rencontrer l’ancien premier ministre. Il était toujours aimable et réceptif. Parfois, il disait en plaisantant : « Attendez, je suis en train de parler à Tony. » Tout le monde voulait lui serrer la main. D’autres voulaient son autographe.
Honorables sénateurs, alors que nous pleurons la disparition d’un homme qui a tant contribué à la prospérité économique, sociale et environnementale du pays, j’offre mes plus sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à tous les Canadiens.
M. Mulroney, reposez en paix, et que votre héritage nous rappelle à tous que des gens bien intentionnés peuvent accomplir des choses extraordinaires. Reposez en paix.
Honorables sénateurs, le début des années 1990 a été très difficile. Pour être honnête, à l’époque, je n’aimais pas tellement le premier ministre Mulroney. La croissance du PIB du Canada avait diminué, notre ratio dette-PIB avait augmenté, les taux hypothécaires avaient baissé, mais ils étaient encore à plus de 11 %. L’inflation était bien installée, malgré l’éclatement de la bulle immobilière en 1989. Beaucoup de gens voyaient leurs revenus et leurs épargnes se détériorer et leurs dettes, augmenter.
Je me trompais toutefois à propos de l’ancien premier ministre Brian Mulroney. C’était, en fait, un leader politique hors du commun. Il se concentrait sur la prospérité à long terme du Canada et sur sa place dans le monde. Plutôt que de se concentrer sur les priorités à court terme, Brian Mulroney a investi l’essentiel de son capital politique dans de grands objectifs politiques. Lorsqu’il a adopté ces priorités, elles ne faisaient vraiment pas l’unanimité. Qu’il s’agisse d’établir le libre-échange avec les États-Unis, de mettre en œuvre la taxe sur les produits et services, la TPS, sur pratiquement tout ce que nous consommons ou d’étendre le libre‑échange au Mexique, les progressistes-conservateurs et les Canadiens avaient besoin qu’on les convainque.
Bien que le premier ministre Mulroney ait finalement remporté la plupart de ses grandes batailles politiques, il a souffert politiquement. Ses choix politiques sont tout de même restés en place, et nous avons tous bénéficié d’une génération de prospérité concurrentielle grâce aux fondations qu’il a construites. Fait remarquable, Brian Mulroney est également considéré comme le premier ministre le plus écologique du Canada. Pensons, par exemple, au traité sur les pluies acides, au Protocole de Montréal et au Sommet de la Terre de Rio. Contrairement à tant d’autres aujourd’hui, il craignait que le temps soit compté pour lutter contre le changement climatique. Voici certains de ses propos à ce sujet :
Qu’il s’agisse de Kyoto ou de quoi que ce soit d’autre, reconnaissons l’urgence du réchauffement planétaire et unissons nos efforts pour convaincre les États-Unis de s’asseoir à la table. Ce n’est pas en leur faisant la leçon sur la réduction de leurs émissions que nous parviendrons à nos fins, surtout quand on sait que notre bilan est quasiment deux fois pire que le leur.
En terminant, j’aimerais reprendre à mon compte les propos de Nelson Mandela la première fois qu’il s’est adressé au Parlement du Canada, quelques mois après avoir passé l’équivalent d’une génération en prison. Il avait alors salué le leadership de Brian Mulroney et le fait qu’il avait personnellement contribué à faire tomber l’apartheid. Étonnamment, M. Mulroney a réussi cet exploit sans nuire aux relations du Canada avec ses deux plus proches alliés et malgré leurs protestations véhémentes.
Brian Mulroney s’est distingué autant dans le domaine de la prospérité que du développement durable et de l’équité, trois priorités encore aussi cruciales aujourd’hui qu’à l’époque. Le bilan de l’ancien premier ministre nous prouve qu’on peut accomplir de grandes choses. À nous maintenant de suivre ses traces. Je vous remercie.
Honorables sénateurs, c’est un honneur pour moi de m’adresser aujourd’hui à notre auguste assemblée pour rendre hommage au regretté premier ministre Brian Mulroney. J’ai eu la chance de travailler avec son gouvernement dans plusieurs dossiers d’envergure, que ce soit en tentant de faire pression sur lui de l’extérieur ou en collaborant de près avec ses ministres et ses collaborateurs à l’élaboration de différentes politiques et mesures législatives.
M. Mulroney comprenait comme pas un les identités et la diversité des Canadiens, et c’est là-dessus que j’aimerais insister aujourd’hui. Commençons par la grande mosaïque d’opinions — conservateurs des Prairies, nationalistes du Québec, conservateurs modérés de l’Ontario et de l’Atlantique et minorités ethniques des grandes villes — qu’il a réussi à coaliser, du jamais vu pour le Parti progressiste-conservateur, et par la victoire électorale éclatante qui en a résulté.
Chose certaine, parlant du Québec, l’accord du lac Meech nous a montré à quel point l’unité nationale était importante pour lui, et même si cet accord s’est finalement conclu par un échec, il aura à tout le moins permis au Canada de tenir un grand débat sur son identité.
Il est important de rappeler que, au cœur de l’accord du lac Meech, on trouvait la disposition suivante :
2.(1) Toute interprétation de la Constitution du Canada doit concorder avec : […]
2. la reconnaissance de ce que le Québec forme au sein du Canada une société distincte.
Au-delà de cela, son gouvernement a mis sur pied le Programme de contestation judiciaire, qui aidait les Canadiens, notamment les femmes, les personnes handicapées ainsi que les minorités ethniques, raciales, religieuses et linguistiques, à faire valoir devant les tribunaux leurs droits garantis par la Charte.
Son gouvernement a promulgué la Loi sur le multiculturalisme canadien, en 1988. Il a été le premier premier ministre à présenter des excuses pour des injustices commises par le gouvernement du Canada — aux Canadiens d’origine japonaise, en l’occurrence. Dans le cadre de ce règlement, il a mis sur pied la Fondation canadienne des relations raciales.
Dans le dossier de l’immigration, son gouvernement a augmenté considérablement les niveaux annuels, les faisant passer de 84 000 personnes seulement à son arrivée au pouvoir, en 1984, à 256 000 personnes en 1993, sa dernière année au pouvoir.
En 1990, son gouvernement a annoncé que les agents de la GRC pourraient porter des coiffures religieuses ou traditionnelles, comme le turban, la kippa ou une tresse. Les Forces armées canadiennes étaient également concernées.
En 1991, il a mis sur pied la Commission royale sur les peuples autochtones.
Enfin, le rôle majeur qu’a joué le Canada, sous sa direction personnelle, pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud a été largement reconnu.
Le premier ministre Mulroney avait conscience que le gouvernement pouvait être une force positive et il était sensible aux enjeux des années 1980 et 1990 qui ont défini le Canada moderne et qui ont fait progresser l’égalité en matière de droits de la personne. Même si la diversité, l’équité et l’inclusion font aujourd’hui l’objet d’attaques dans certains milieux, c’est au gouvernement Mulroney que l’on doit la mise en place de nombreuses politiques visant à rassembler les Canadiens d’une manière respectueuse. Son héritage mérite d’être préservé.
Honorables sénateurs, on a beaucoup parlé de feu le premier ministre Brian Mulroney et de ses nombreuses réalisations. Pour ma part, je souhaite raconter une histoire personnelle qui montre comment un moment inattendu de curiosité et de chaleur a façonné mes premières opinions sur les hommes politiques canadiens.
Au cours de l’hiver 1985, ma jeune famille et moi-même étions en vacances à la Barbade. Vers la moitié du séjour, nous avons remarqué que le nombre d’hommes aux épaules larges en costume et lunettes de soleil sombres dépassait celui des hommes en sandales et maillots de bain. À notre insu, un sommet international se tenait sur le site.
Lors de notre dernière journée à la plage, mon fils Derek a pointé du doigt, par-dessus mon épaule, un homme élégant vêtu d’un costume pâle et suivi par d’imposants gardes du corps. Dans les minutes qui ont suivi, j’ai appris qu’il s’agissait de Brian Mulroney, premier ministre progressiste-conservateur nouvellement élu du Canada. Il se trouvait à la Barbade pour le sommet et souhaitait prendre l’air avant de retourner aux séances.
Ce que je n’aurais jamais pu imaginer de cette rencontre fortuite, c’est la chaleur et l’accueil qu’il nous a réservés. Il a échangé avec nous avec aisance et, quand il nous a demandé d’où nous venions, il a été agréablement surpris lorsque nous avons répondu « Toronto, Canada ». Avant de nous quitter, il nous a gentiment proposé de prendre une photo avec nous. Cette photo, qui témoigne de ce moment important, m’est très chère. Sénateurs, je vous montrerais cette photo si le premier ministre n’y était pas élégamment vêtu d’un costume trois-pièces alors que je figure à côté de lui, avec ma famille, ne portant que mon maillot de bain fluo. Ce moment, aussi bref fût-il, est resté gravé dans ma mémoire.
J’en suis venu à croire que les politiciens canadiens étaient fidèles à leur réputation internationale de chaleur et d’ouverture d’esprit. Il a fait preuve d’une véritable curiosité à mon égard et à l’égard de ma famille et, indépendamment de son statut professionnel monumental, j’ai eu l’impression que nous étions sur un pied d’égalité. À ce moment-là, je crois que j’ai saisi sa personnalité. Ce véritable homme d’État, audacieux sur le plan politique et ambitieux sur le plan législatif, était aussi un père de famille et un compatriote respectueux. J’aime à penser que les Canadiens se souviendront de ces aspects positifs, car c’est certainement ce dont je me souviendrai de lui. Il a vraiment été le premier ministre du peuple.
Reposez en paix.
Honorables sénateurs, nous sommes réunis aujourd’hui pour pleurer le décès du très honorable Brian Mulroney, 18e premier ministre du Canada, et pour lui rendre hommage.
C’est en 1999 que j’ai rencontré pour la première fois Brian Mulroney et sa merveilleuse conjointe, Mila Mulroney, qui était sa partenaire dans tout ce qu’il entreprenait. Ils étaient à l’Université St. Francis Xavier, où Brian assistait aux retrouvailles des anciens étudiants qui avaient obtenu leur diplôme 40 ans auparavant, et ces retrouvailles coïncidaient avec le 40e anniversaire du Coady International Institute. Lors d’un événement organisé un vendredi pour rendre hommage à Brian Mulroney, Jabulani Manombe‑Ncube, un grand leader d’Afrique du Sud qui a fréquenté le Coady International Institute, a remercié avec émotion M. Mulroney d’avoir contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.
Le lendemain, alors que j’assistais au match de football de la rentrée avec M. et Mme Mulroney ainsi que Sean Riley, président de l’Université St. Francis Xavier, Brian s’est penché vers moi et a pointé du doigt un endroit sur une colline qui se trouvait de l’autre côté du terrain et m’a dit que c’était l’endroit idéal où construire sa bibliothèque du premier ministre. Cette bibliothèque n’a jamais été construite, mais M. Mulroney, avec l’aide de sa fille, Caroline, a créé quelque chose de beaucoup plus important encore.
La semaine dernière, j’ai emmené mon petit-fils adolescent, Niko Brown, visiter le Brian Mulroney Institute of Government à l’Université St. Francis Xavier, un centre innovateur pour l’étude du gouvernement, de la politique publique et du leadership. Nous avons signé le livre de condoléances dans le bureau reconstitué du premier ministre, avec le mobilier et la vue d’origine. Il y avait plein de monde venu se recueillir à l’Institut Mulroney — des étudiants et des professeurs, ainsi que par des personnes comme Niko et moi. Un peu partout dans l’édifice, des expositions mettent en lumière la carrière politique de Brian Mulroney, notamment ses nombreuses contributions au libre-échange nord-américain, en tant qu’allié des États-Unis, en tant que premier ministre le plus écologiste du Canada, en tant que bâtisseur de ponts avec le Québec et la francophonie, en tant que personnage humanitaire et en tant qu’homme d’État.
Parmi ses nombreux prix, trésors et photos avec des dirigeants du monde entier, une lettre de Nelson Mandela datant de 2004 est exposée. Elle dit :
Cher Brian,
À l’occasion du 10e anniversaire de notre démocratie, nous nous souvenons de l’époque cruciale de notre transition et des personnes impliquées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Afrique du Sud.
En tant que premier ministre du Canada et président du Commonwealth, vous avez exercé un leadership fort et fondé sur des principes dans la lutte contre l’apartheid. Cette position n’était pas très populaire dans tous les milieux, mais les Sud‑Africains reconnaissent aujourd’hui l’importance de votre contribution à notre libération et à notre réussite.
Chers collègues, comme l’a dit M. Mulroney :
Les dirigeants doivent avoir une vision et trouver le courage de se battre pour les politiques qui donneront vie à cette vision. Les dirigeants doivent gouverner non pas pour faire la une des journaux dans dix jours, mais pour améliorer le Canada dans dix ans. [...]
Chers collègues, faisons vivre l’héritage de Brian Mulroney en luttant avec audace pour un Canada et un monde meilleurs.
Repose en paix, Brian Mulroney. Chers collègues, son institut à l’Université St. Francis Xavier attend votre visite.
Honorables sénateurs, je voudrais dire quelques mots au nom de ceux qui ont commencé leur carrière dans le service public et la politique à l’époque où Brian Mulroney était premier ministre. Cela remonte à plus loin qu’un an ou deux.
Je voudrais dire trois choses. Premièrement, Brian Mulroney était un adepte de la politique du rassemblement, pas de la politique de la division. Lors de la course à la direction du parti, en 1983, j’appuyais le chef précédent. J’avais été chef de cabinet de M. Clark et, quand ce dernier a quitté son poste de chef pour se présenter de nouveau, et j’ai été chef de cabinet d’Erik Nielsen, le chef intérimaire. Alors qu’il se rendait à l’isoloir pour voter au dernier tour, M. Mulroney est venu me voir et m’a dit : « Peter, tout va bien aller. »
Le lendemain matin, je suis allé le voir pour lui remettre ma lettre de démission. Il a dit : « Garde-la. » Nous avons commencé à parler de la nécessité d’être rassembleur en politique. Je lui ai alors demandé : « Donc, il n’y aura pas de représailles? » Sa réponse a été la suivante : « J’admire John Kennedy. Quand John Kennedy a remporté l’investiture du Parti démocrate, en 1960, quelqu’un lui a demandé : “Monsieur Kennedy, y aura-t-il des représailles?” Ce à quoi il a répondu : “Seulement au Massachusetts.” »
Je pense que nous pourrions tous renouer avec la politique du rassemblement et apprendre de cette approche. Il l’a suivie non seulement ce jour-là, mais également plus tard ce soir-là. Vous vous souviendrez qu’il a parlé publiquement à Erik Nielsen, un échange qui a été diffusé à la télévision. Il lui a dit : « Je sais que je n’étais pas votre premier choix, mais vous étiez le mien en tant que leader adjoint. » En posant ce geste, il a mis en pratique la politique du rassemblement et a rallié un caucus qui ne l’avait pas soutenu, du moins lors des premiers votes.
Ce que je veux dire, c’est que nous avons beaucoup à apprendre de l’approche du rassemblement en politique.
Ensuite, Brian Mulroney a été un homme remarquable, que l’on pense à son mandat ou à ses réussites. Pour réussir en politique, contrairement au secteur privé, il faut dépenser son capital politique. Il ne faut pas l’accumuler, mais l’utiliser. Beaucoup d’entre vous ont parlé des réussites. Je ne vais donc pas répéter cette liste. Je me contenterai de souligner qu’elles sont nombreuses.
La sénatrice Batters a parlé de l’Ukraine. Brian Mulroney a annoncé cette décision pendant une visite à Kennebunkport, en compagnie d’un président américain qu’il l’a prié de ne pas le faire, d’attendre deux semaines. Il l’a fait tout de suite.
Que l’on pense à l’Afrique du Sud, à l’ALENA, à l’accord du lac Meech ou à la TPS, il s’agissait toujours d’utiliser le capital politique pour accomplir quelque chose. C’est encore une fois un talent et une perspicacité qui mériteraient un peu plus d’attention, même dans le contexte actuel.
Le dernier point est le suivant : la politique est toujours personnelle. Partout où je suis allé au cours de la dernière semaine, j’ai rencontré des gens qui m’ont raconté une histoire au sujet d’un appel de Brian Mulroney ou quelque chose du genre. Je voudrais terminer avec ma propre anecdote. Lorsque j’ai reçu un appel un vendredi en fin d’après-midi et que je suis sorti d’une réunion pour le prendre, j’ai cru que mon fils s’était cassé la jambe. Mais j’ai entendu : « Bonjour, Peter. C’est Brian ». Il m’a lu ensuite le décret me nommant sous-ministre de l’Immigration — un poste que je n’avais pas demandé et auquel je ne savais pas que j’étais sur le point d’être nommé. La politique était toujours personnelle.
C’est avec tristesse que nous avons appris, le 29 février dernier, le décès d’un homme d’État émérite, un leader visionnaire et un fervent défenseur des régions du Canada.
Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada, est décédé, laissant derrière lui un héritage indélébile qui a profondément marqué notre pays.
M. Mulroney comprenait l’importance vitale de garantir que les citoyens de chaque coin du Canada se sentent représentés, entendus et inclus à l’échelle fédérale. Son approche collaborative et sa volonté de travailler en partenariat avec les gouvernements provinciaux et territoriaux ont renforcé les liens qui unissent notre pays si diversifié.
On notera qu’il a choisi de se faire élire dans deux circonscriptions rurales, puisqu’il a d’abord été élu dans la circonscription néo-écossaise de Central Nova, puis dans la circonscription de Manicouagan, nos voisins d’en face de l’autre côté du golfe. Cette circonscription de Manicouagan est, surtout, une circonscription naturelle pour le « petit gars de Baie-Comeau ». Son leadership, ancré dans ses valeurs fondamentales de justice et d’équité, a été marqué par des réalisations considérables dans des domaines comme les réformes économiques, les relations internationales et la promotion des droits de la personne. Personnellement, je retiens surtout — et on l’a mentionné à maintes reprises — l’entente de libre-échange avec les États-Unis; ses efforts courageux pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, alors qu’il n’hésita pas à faire bande à part et à assumer un rôle de leader face à nos alliés naturels que sont les États-Unis et le Royaume-Uni; enfin, la signature d’un accord sur les pluies acides avec les États-Unis. C’était là un engagement fort important sur le plan de l’écologie.
Son engagement envers les régions du Canada s’est manifesté au moyen d’initiatives visant à stimuler le développement économique régional, à investir dans les infrastructures et à promouvoir la diversité culturelle et linguistique qui fait la richesse de notre nation.
Bilingue et biculturel, il a fait un effort réel pour rejoindre les deux communautés linguistiques qui ont fondé notre pays.
Du point de vue du Québec, on se rappellera que c’est probablement le premier et le dernier premier ministre qui a intégré les nationalistes québécois au sein du cabinet fédéral, dans un effort sincère visant à réparer les pots cassés de 1982 et à réintégrer le Québec dans la Constitution « dans l’honneur et l’enthousiasme ».
En cette période de deuil national, nous nous souvenons avec gratitude du leadership exemplaire de Brian Mulroney, de son dévouement et de sa contribution à l’édification d’un Canada plus respectueux et plus uni.
Son héritage perdurera à travers les politiques qu’il a défendues, les ponts qu’il a construits et les vies qu’il a touchées. En ce moment de tristesse, nos pensées et nos prières accompagnent la famille et les proches de Brian Mulroney. Puissent-ils trouver réconfort dans les souvenirs précieux qu’ils ont partagés avec lui et dans l’héritage durable qu’il laisse derrière lui. Que son esprit de service et de dévouement continue d’inspirer les générations futures à travailler ensemble pour un avenir meilleur pour un Canada plus respectueux et plus solidaire dans l’ensemble de ses régions.
Honorables sénateurs, à l’occasion du départ du très honorable Brian Mulroney, je veux offrir mes sincères condoléances à son épouse, Mila, à ses enfants et à ses amis et lui rendre hommage. Ce Québécois de souche irlandaise maîtrisait l’art du dialogue et de l’écoute comme peu savent le faire aujourd’hui. J’ai eu l’occasion de le constater à trois reprises. Peu de temps après son arrivée au pouvoir, en 1984, le premier ministre Mulroney a voulu montrer qu’il allait gouverner pour tous les Canadiens et chercher à obtenir des consensus. Il a organisé à Ottawa un grand rassemblement de plus de 300 acteurs économiques issus des organisations d’affaires et des syndicats. J’étais alors professeure à l’université et j’accompagnais la délégation syndicale de ma province à titre de rapporteure dans les ateliers.
À l’ouverture de l’événement, Brian Mulroney a été très clair : il était là pour écouter. Je l’ai vu aussi à l’œuvre à l’étranger, en 1989, alors qu’il parrainait une délégation canadienne de gens d’affaires qui étaient à Moscou pour soutenir la perestroïka du président Gorbatchev. J’y accompagnais mon conjoint. J’ai été très impressionnée par l’envergure de ses propos et par l’espoir bienveillant qu’il manifestait devant la décentralisation de l’Empire soviétique. Les grands défis ne lui faisaient pas peur.
Enfin, à l’été 2015, j’ai eu le privilège de m’entretenir seule à seul pendant au moins une heure avec lui sur le sujet de la modernisation du Sénat. Je voulais tester mes idées auprès de cet ex-premier ministre qui a dû faire face à un Sénat peu réceptif à ses projets de libre-échange et de taxe sur les produits et services — des projets qui étaient révolutionnaires à l’époque.
Nous avons discuté du rôle du Sénat et des conditions institutionnelles nécessaires pour qu’il puisse mieux jouer son rôle de second examen attentif. Il m’a d’abord écoutée attentivement. Puis, avant même que j’aie terminé de présenter mes analyses, il m’a interrompue en déclarant qu’il fallait en finir avec le bipartisme au Sénat, que la tentation était trop forte pour les gouvernements au pouvoir de vouloir contrôler le Sénat et que c’était trop facile quand les sénateurs étaient nommés et qu’il n’y avait que deux groupes de sénateurs. Brian Mulroney confirmait mon analyse et en a même rajouté.
Je lui ai demandé s’il m’encourageait à essayer de créer un troisième groupe de sénateurs indépendants, comme il en existe un à la Chambre des lords. Il m’a répondu par l’affirmative en ajoutant d’un ton sérieux et grave : « Mais attendez après la prochaine élection. » J’ai suivi son conseil.
Brian Mulroney maîtrisait l’art du dialogue et de la négociation, car il savait écouter les groupes comme les individus, ce qui est une condition nécessaire à tout changement profond. Je remercie le très honorable Brian Mulroney de sa contribution mémorable au développement du Canada.
Honorables sénateurs, c’est avec une grande tristesse que je m’adresse à vous aujourd’hui dans cette auguste Chambre du Sénat du Canada, à la suite du décès d’un ami, un mentor, un bâtisseur, un visionnaire et un vrai homme d’État à l’échelle nationale et internationale.
Pour moi, Brian Mulroney était synonyme d’amitié, de loyauté et de principes. Il était aussi un leader très engagé à faire de sa région, son petit Baie-Comeau, de sa province et de son pays un meilleur endroit où vivre, où travailler, où élever ses enfants, un meilleur endroit où tendre la main aux plus vulnérables.
Honorables sénateurs, personne ne peut douter qu’au cours des 40 dernières années, j’ai suivi de très près le premier ministre Mulroney et j’ai collaboré étroitement avec lui. Le « petit gars de Baie-Comeau » a captivé les Canadiens de toutes les allégeances et a influencé les dirigeants du monde entier quant à l’importance de respecter les droits et les libertés des individus. À cet égard, je pense également à Nelson Mandela.
Trois principes du premier ministre Mulroney me seront toujours chers :
La coopération internationale est essentielle pour faire face aux problèmes mondiaux tels que le changement climatique et la pauvreté.
Diriger, c’est prendre des décisions difficiles dans l’intérêt du pays, même si elles sont impopulaires.
Les Canadiens autochtones ont un « droit inhérent à l’autonomie gouvernementale ».
Le premier ministre Mulroney avait à cœur un élément incontournable : le peuple de l’Acadie occupait une place spéciale dans son gouvernement, tout comme les francophones hors Québec.
Prenons quelques instants pour nous remémorer quelques faits saillants. Sous son leadership, le Nouveau-Brunswick est devenu un membre permanent de l’Organisation internationale de la Francophonie. Soulignons également l’enchâssement du projet de loi no 88 du Nouveau-Brunswick dans la Charte canadienne des droits et libertés, reconnaissant l’égalité des deux peuples. Le premier ministre Mulroney a aussi piloté les premières modifications à la Loi sur les langues officielles du Canada. Il a été à l’origine de la nomination du premier juge francophone acadien à la Cour suprême du Canada, l’honorable Gérard La Forest.
Pour ce qui est du Canada atlantique, honorables sénateurs, nous ne pouvons pas oublier le leadership inébranlable du premier ministre Mulroney et de son gouvernement : pensons au projet Hibernia à Terre-Neuve-et-Labrador et au pont de la Confédération, qui relie l’Île-du-Prince-Édouard au reste du Canada.
Pensons aussi à la construction de 12 frégates au Nouveau-Brunswick, qui a donné un élan à cette extraordinaire industrie pour les Canadiens de l’Atlantique et de tout le pays.
Les sénateurs de l’Atlantique n’oublieront pas non plus la création de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, l’APECA, qui s’est avérée un outil incroyable de création et de renforcement du développement économique.
J’offre mes plus sincères condoléances à sa famille, à Mila et à leurs quatre enfants.
Honorables sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage à un grand premier ministre, à un mentor et à un ami.
À mes yeux, il y a trois éléments essentiels qui définissent Brian Mulroney. Il était évidemment un grand homme d’État et un grand dirigeant. Il a été élu avec une majorité écrasante en 1984. Il a accompli de grandes choses au cours de la décennie suivante. Nous en avons mentionné quelques-unes aujourd’hui : le libre-échange, la TPS et les accords sur les pluies acides. Sur la scène internationale, il a reconnu l’Ukraine, il a lutté contre l’apartheid et il a été le premier premier ministre canadien à reconnaître le génocide arménien. Oui, il a fait de grandes choses.
Le premier ministre Mulroney disait toujours qu’être un leader, ce n’était pas pour les timides et les timorés, les faibles et les doux : c’était pour les braves et les fonceurs. Quand on siège au Sénat ou à la Chambre des communes ou qu’on fait partie du gouvernement, il faut faire des choses qui vont rester dans la mémoire des gens. C’était cela, Brian Mulroney.
Le deuxième élément qui définit Brian Mulroney était son sens de la famille. Il était très fier de Mila et de ses enfants.
Il y a un an, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec l’ancien premier ministre Mulroney. Fidèle à son habitude, il m’a accueilli chez lui et nous avons passé un bon moment ensemble. Contrairement à toutes nos rencontres précédentes — je suppose que, en rétrospective, c’était un signe —, nous n’avons pas évoqué beaucoup de souvenirs sur les campagnes électorales, la situation avec Ronald Reagan et Margaret Thatcher, la lutte contre le rideau de fer et toutes ces merveilleuses histoires qu’il racontait régulièrement à un jeune conservateur. Il a plutôt passé beaucoup de temps à parler de sa famille — Mila, Caroline, Ben, Mark, Nicolas et ses 11 petits-enfants. Il était radieux. Bien sûr, il a toujours été plus grand que nature quand la conversation déviait sur la politique, mais parler de sa famille le faisait rayonner. Il m’a dit : « Leo, quand les lumières et les caméras s’éteignent, peu importe ce que l’on fait dans la vie, ce qui reste, c’est la famille. C’est la chose la plus importante et l’héritage le plus précieux. » J’ai compris qu’il me lançait un message.
Le troisième élément était sa gentillesse. Brian Mulroney était un grand homme. Pour ceux d’entre nous qui sont dans la sphère politique depuis longtemps, il est parfois difficile de combiner la politique et l’humanité, mais Brian Mulroney l’a fait probablement mieux que quiconque. Il était gentil avec ses amis tout comme avec ses adversaires.
Dans la vie comme dans le monde politique, il y a des hauts et des bas. D’après mon expérience, chaque fois que vous viviez une réussite, Brian Mulroney envoyait toujours un petit mot de félicitations. Plus important encore, et nous avons entendu d’innombrables histoires de ce genre d’un bout à l’autre du pays, lorsque vous traversiez un moment difficile ou que vous aviez du chagrin, avec Brian Mulroney, vous n’étiez jamais seul. Il vous appelait toujours pour vous encourager, pour vous dire de tenir le coup et de continuer de défendre la juste cause. En politique, la bienséance est de moins en moins manifeste de nos jours, mais il incarnait tout cela.
Je rends hommage à quelqu’un qui a toujours ouvert son cœur et sa porte aux jeunes conservateurs. Lorsqu’il était premier ministre, je faisais défiler dans son bureau une foule de jeunes conservateurs du Cégep Vanier et de l’Université McGill. Il trouvait toujours du temps pour eux. La semaine dernière, j’ai reçu une quantité incroyable de lettres d’un grand nombre d’entre eux. Ils se souvenaient de ces moments où il a pris le temps de leur transmettre sa sagesse, autant lorsqu’il était premier ministre qu’après avoir quitté ses fonctions.
Au nom de tous les Canadiens et de tous les jeunes conservateurs qu’il a touchés, monsieur le premier ministre, puissiez-vous reposer en paix.
Au nom de tous les sénateurs et de tous ceux et celles qui sont associés à cette enceinte, je présente mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis du très honorable Brian Mulroney.
Honorables sénateurs, je vous invite à vous lever et à vous joindre à moi pour observer une minute de silence en sa mémoire.