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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Québec--Le projet de loi no 21
27 mai 2019
En tant que sénateur du Québec, j’interviens aujourd’hui pour exprimer mon opposition au projet de loi no 21, Loi sur la laïcité de l’État. Ce projet de loi, présenté par le gouvernement du Québec, interdirait aux enseignants, aux policiers, aux juges et à bien d’autres de porter des symboles religieux dans l’exercice de leurs fonctions.
Je suis un fier Québécois et je connais mon histoire. Je comprends le rôle politique dominant que l’Église a joué au Québec, et comment il a marqué des générations de Québécois et de Québécoises. J’ai vécu à l’époque de la Révolution tranquille et je l’ai soutenue, et je crois fermement à la laïcité de l’État, mais le projet de loi no 21 repose sur une interprétation erronée de la laïcité, qui est incompatible avec les traditions religieuses et constitutionnelles du Québec.
Voici comment j’ai exprimé mon point de vue il y a plus de 10 ans lorsque j’ai témoigné devant la Commission Bouchard-Taylor, et je cite :
Nous devrions soutenir un modèle de laïcité propre au Québec [...] selon lequel l’État n’avantage pas une religion particulière au détriment d’une autre, mais n’est pas non plus contraint de bannir tous les signes religieux de l’espace public à la manière d’une laïcité radicale.
Honorables sénateurs, je reconnais que le gouvernement du Québec a le pouvoir constitutionnel de promulguer le projet de loi no 21 et que celui-ci est appuyé par un grand nombre de Québécois, et je prends au sérieux ma responsabilité, à titre de sénateur, de prendre en compte les points de vue et les intérêts de mes concitoyens et de mes concitoyennes du Québec. Cependant, en tant que sénateurs, nous ne sommes ni les agents ni les représentants de nos gouvernements provinciaux. Nous n’avons pas non plus été désignés pour simplement canaliser l’opinion publique, même si elle exprime une position ferme. En qualité de membres du Parlement du Canada, nous avons la responsabilité d’agir dans l’intérêt national, et il est dans l’intérêt national que nous défendions les droits des minorités religieuses lorsqu’elles sont visées par un projet de loi discriminatoire.
Le projet de loi no 21 enfreint les droits fondamentaux de tous les citoyens qui choisissent d’exprimer leurs convictions religieuses en public. Bien qu’il s’applique à de nombreuses minorités religieuses, y compris les juifs et les sikhs pratiquants, il s’adresse principalement aux femmes musulmanes qui portent un hijab ou un voile. En tant que Québécois, Canadien, sénateur et juif, je me sens obligé de manifester ma profonde opposition au projet de loi no 21. Merci.