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PÉRIODE DES QUESTIONS — Les finances

La baisse de la cote de crédit du Canada

25 juin 2020


L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ - ]

Honorables sénateurs, la question que je souhaite poser aujourd’hui au leader du gouvernement porte sur le fait qu’hier, l’agence de notation Fitch a abaissé la cote de crédit du Canada, qui était jusqu’ici d’AAA. Depuis maintenant des années, le premier ministre invoque la cote plus qu’enviable du pays pour rejeter du revers de la main toute question liée à ses énormes déficits. Il n’a jamais compris qu’il faut des efforts pour maintenir une telle cote. Les budgets ne s’équilibrent pas d’eux-mêmes, et on ne peut pas dépenser sans compter en espérant que tout ira bien. Tout le monde s’entend pour dire que le gouvernement devait riposter à la COVID-19 en créant des programmes d’urgence, sauf que le gouvernement de M. Trudeau était déjà affaibli quand la crise a éclaté.

Monsieur le leader, la décote du Canada empêchera-t-elle le gouvernement d’assurer le service de la dette éléphantesque du pays, que ce soit à court ou à long terme?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat)

Merci beaucoup, sénateur.

Avant le début de la pandémie, et je dirais même au début de celle-ci, le Canada était en excellente posture économique, comme l’ont souvent répété le ministre des Finances et d’autres ministres et comme j’ai eu maintes fois l’occasion de le faire remarquer aux sénateurs. Le gouvernement pense comme vous — et comme les nombreux sénateurs qui ont voté en faveur des mesures économiques annoncées par le gouvernement afin d’aider les Canadiens — que si rien n’avait été fait, le Canada, les Canadiens et l’économie nationale seraient dans une situation autrement plus précaire.

Selon ce qu’on m’a dit, les investisseurs internationaux continuent d’investir au Canada et d’acheter nos obligations même si une des agences de notation, Fitch pour ne pas la nommer, a baissé la cote de crédit du pays. Nous sommes d’ailleurs toujours en mesure d’emprunter à des taux historiquement bas. Comme nous le disait le ministre des Finances plus tôt cette semaine, le gouvernement fera le point sur la situation financière du pays le 8 juillet prochain. Nous en saurons alors plus sur l’état des finances publiques, mais cela ne change rien au fait que, depuis le début de la crise, le gouvernement a toujours géré les dossiers économiques de manière extrêmement responsable, et il entend continuer ainsi.

Le sénateur Plett [ - ]

Eh bien, monsieur le leader, le gouvernement ne s’est jamais préoccupé de l’endettement du Canada, ni avant la pandémie, ni à ce jour. L’agence de notation Fitch avait prévenu, il y a plus d’un an, que la dette du Canada n’était pas compatible avec une cote de crédit AAA. Or, rien n’a été fait pour freiner les dépenses.

La lettre de mandat du ministre des Finances lui donne pour directive de conserver notre cote de crédit AAA. Pourtant, comme vous l’avez mentionné, le ministre Morneau est venu ici mardi et n’a même pas pu répondre à des questions élémentaires au sujet de la dette, à savoir à combien elle s’élève et qui la détient. Soit il ignorait la réponse, soit il a refusé de la donner. Son incapacité à fournir des réponses et sa mauvaise connaissance des détails n’insuffle pas une bien grande confiance en sa capacité à rétablir la cote de crédit AAA du Canada.

Monsieur le leader, pourquoi les Canadiens devraient-ils croire que le soi-disant portrait de la situation que présentera le ministre Morneau dans deux semaines nous indiquera la voie à suivre?

Je remercie le sénateur de sa question. Je pense que le ministre des Finances a dit très clairement qu’il nous présenterait un portrait de la situation actuelle plutôt que des projections puisqu’il est pratiquement impossible de savoir où en seront, dans 6 ou 12 mois, non seulement l’économie canadienne, mais également l’économie mondiale, à laquelle notre économie est inextricablement liée et dont elle dépend.

Il serait irresponsable de se baser sur des suppositions, alors que tant de choses demeurent incertaines, et de ne regarder que la situation incertaine au sud de la frontière pour indiquer la tournure que pourrait prendre l’économie alors que la COVID-19 semble ravager certains États.

Je comprends la position du sénateur sur la réduction du déficit. Or, le déficit n’est pas la seule mesure de la vigueur d’une économie. Ce n’est pas nécessairement la mesure principale utilisée par le gouvernement pour déterminer la voie à suivre pour faire avancer l’économie. Le gouvernement investit dans de nombreux domaines. Ces derniers mois, il investit surtout pour maintenir l’économie en vie afin qu’elle puisse se relever adéquatement. Le gouvernement demeure convaincu qu’il a la capacité financière voulue pour nous aider à traverser cette crise. Nous recouvrerons une position forte qui nous permettra de rembourser la dette que nous accumulons pendant cette crise.

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