PÉRIODE DES QUESTIONS — La justice
Le racisme systémique
1 octobre 2020
Honorables sénateurs, de nombreux Canadiens ont soulevé cette question cette semaine. Je remercie la sénatrice Boyer de m’avoir demandé de la poser, en son absence, au représentant du gouvernement au Sénat.
Le racisme systémique demeure un fléau dans le système de soins de santé au Canada, coûtant trop souvent la vie à des Autochtones. Brian Sinclair, Ina Matawapit, Tyson McKay et bien d’autres sont décédés parce que leurs symptômes n’ont pas été pris au sérieux ou ont été mal pris en charge par les professionnels de la santé.
Les preuves ne manquent pas pour démontrer que le système de soins de santé au Canada échoue à servir adéquatement les populations autochtones en raison du racisme systémique qui règne et des comportements racistes qu’on observe.
Comme les sénatrices Miville-Dechêne et Mégie l’ont mentionné plus tôt aujourd’hui, Joyce Echaquan était une femme atikamekw de 37 ans et la mère de 7 enfants. Elle souffrait de problèmes cardiaques et s’est rendue au centre hospitalier de Joliette pour recevoir des soins. Tandis qu’elle était allongée sur son lit, mourante, et appelait à l’aide, elle a désespérément commencé à enregistrer un appel à l’aide par vidéo qui a été diffusé en direct sur Facebook. La vidéo contient des injures et des railleries racistes et misogynes de la part du personnel soignant. L’une des infirmières a déclaré qu’il vaudrait mieux que Mme Echaquan soit morte.
Ce cas démontre explicitement que le racisme existe bel et bien au sein du système de soins de santé au Canada et qu’un nombre élevé d’Autochtones sont traités comme s’ils n’étaient pas des citoyens à part entière ou comme s’ils étaient un problème et qu’ils ne méritaient pas des soins médicaux.
Alors qu’une enquête exhaustive sur le décès de Mme Echaquan est en cours, il ne fait aucun doute que le racisme dans le système de soins de santé continue de faire du tort aux Autochtones partout au pays, quand il ne les tue pas carrément.
La Commission de vérité et réconciliation a demandé au gouvernement fédéral de reconnaître l’état santé actuel des Autochtones au Canada et de fixer des objectifs mesurables pour cerner et combler les lacunes en matière de santé entre les communautés autochtones et non autochtones.
Dans le discours du Trône, le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre les appels à l’action. Il a également promis de s’attaquer au racisme systémique.
Voici donc notre question pour le représentant du gouvernement : quelles mesures concrètes, telles que des normes et lignes directrices nationales liées aux transferts en matière de santé, le gouvernement fédéral a-t-il prises pour remédier à la crise du racisme systémique dont font l’objet les Autochtones dans le système de santé canadien?
Je vous remercie de votre question. Pas une seule question ni sa réponse ne pourraient même commencer à relever les défis, à remédier aux tragédies et à combler les lacunes qui caractérisent le traitement des Autochtones et le système de santé.
Au nom du gouvernement, permettez-moi au moins de commencer par exprimer mes condoléances à la famille de Joyce Echaquan et au peuple de Manawan pendant cette terrible période.
Le racisme systémique dans notre système de santé est un problème national et une tragédie nationale. Le gouvernement reconnaît que nos institutions continuent de manquer à leurs obligations envers les peuples autochtones.
Le gouvernement du Canada appuie la décision du gouvernement du Québec d’agir rapidement dans le cadre de cette enquête. Il faut qu’une enquête transparente soit menée en temps opportun pour fournir des réponses au sujet de cet événement traumatisant.
Au-delà de cela — vous avez posé des questions plus générales et je ne vais pas fouiller dans mes papiers pour vous lire des chiffres que j’ai déjà donnés au Sénat —, le gouvernement a investi et continue d’investir de grosses sommes d’argent en partenariat avec les communautés autochtones pour essayer de combler l’écart entre les services offerts aux communautés autochtones et ceux offerts à ceux qui ont la chance d’avoir accès à de meilleurs services.
Si vous me le permettez, j’aimerais sortir brièvement de mon rôle de représentant du gouvernement au Sénat pour dire que je connais la communauté de Manawan. J’ai travaillé avec les étudiants de l’école sur des problèmes de racisme systémique qu’ils vivaient dans leurs interactions avec des étudiants de l’école de Joliette. Je les ai vus relever le défi de retrouver leur dignité et leur fierté, grâce au travail que nous avons fait avec un organisme dont j’ai eu le privilège d’être le président, à une autre époque, appelé ENSEMBLE pour le respect de la diversité.
Les communautés autochtones sont résilientes. Elles sont fortes. Elles ont besoin de notre aide et y ont droit. Le gouvernement est déterminé à faire tout ce qu’il peut pour la leur offrir.
Merci beaucoup, monsieur le représentant du gouvernement. Comme vous le savez, Joliette accueille aussi un pénitencier fédéral pour femmes, où les détenues souffrant de problèmes de santé mentale ont reçu illégalement et de force des injections, comme l’a confirmé l’enquête sur la mort d’Ashley Smith. De plus, au mois dernier, le pourcentage de femmes autochtones dans les pénitenciers fédéraux a atteint un taux effarant de 44 %.
Quelles mesures concrètes le gouvernement fédéral prend-il pour s’attaquer au racisme contre les Autochtones dans le système pénitentiaire fédéral du Canada?
Je connais aussi le pénitencier de Joliette en raison d’un autre chapitre de ma vie…
...en tant que membre de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, à laquelle j’ai été nommé par le gouvernement précédent. Je voulais montrer que j’avais des aspirations oecuméniques, sinon une réputation.
Je le répète, le gouvernement reconnaît que le racisme systémique sévit au sein des institutions juridiques et des établissements carcéraux. Comme vous le savez, sénatrice Pate, il a pris un certain nombre de mesures concrètes à ce chapitre. Vous avez joué un rôle déterminant pour que ce dossier demeure une priorité, alors chapeau.
Il faut notamment modifier nos lois pour que les dispositions relatives à la détermination de la peine tiennent davantage compte de la réalité des Autochtones et des difficultés qu’ils vivent, lesquelles font en sorte qu’ils se retrouvent beaucoup trop souvent devant les tribunaux et ensuite emprisonnés, dans des situations où d’autres Canadiens éviteraient la prison. La surreprésentation des Autochtones signale qu’il faut absolument agir, et le gouvernement est résolu à travailler dans ce dossier. Il s’agit d’un problème grave et d’une importance fondamentale.
Sénatrice McPhedran, vous avez 45 secondes pour poser votre question et obtenir une réponse.