DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès du très honorable John Napier Turner, c.p., C.C., c.r.
2 octobre 2020
Honorables sénateurs, je rends aujourd’hui hommage au très honorable John Napier Wyndham Turner, 17e premier ministre du Canada. Depuis son décès le 18 septembre, on a beaucoup dit et écrit sur John Turner. Ses amis et anciens collègues ont évoqué sa carrière, partagé leurs propres souvenirs et anecdotes et fait l’éloge de ses réalisations, qui étaient nombreuses.
Le premier ministre Turner était doué pour les études et pour le sport. Il est entré à l’Université de la Colombie-Britannique à l’âge de 16 ans. Il a obtenu une bourse de la Fondation Rhodes, de même qu’un baccalauréat en jurisprudence, un baccalauréat en droit civil et une maîtrise à l’Université d’Oxford.
Il s’est également qualifié pour faire partie de l’équipe olympique canadienne pour les épreuves de sprint en 1948.
John Turner commence sa carrière politique en étant élu au Parlement en 1962 en tant que député de Saint-Laurent—Saint-Georges, à Montréal, puis d’Ottawa—Carleton. Pendant ses 13 ans au Parlement, il siège au Cabinet des premiers ministres Pearson et Trudeau et est en charge de certains des portefeuilles les plus importants à une époque de grands changements pour le Canada : il occupe les postes de ministre de la Consommation et des Corporations, de ministre de la Justice et de ministre des Finances. En 1984, il remporte la course à la chefferie du Parti libéral et devient premier ministre jusqu’aux élections cette année-là. Il demeure par la suite chef de l’opposition et réussit à plus que doubler le nombre de sièges détenus par le parti aux élections de 1988. Considéré comme un débatteur impitoyable, il ne perd cependant jamais le respect de ses collègues, de quelque couleur politique qu’ils soient. Selon les dires de l’ancien premier ministre Mulroney, c’était quelqu’un qui n’a jamais cru en la politique de la diffamation.
À la lecture des histoires et des souvenirs rapportés par ceux qui connaissaient John Turner — et j’y inclus ma mère de 91 ans —, on constate que le qualificatif qui ne cesse de revenir à son propos est le terme de « gentilhomme ». C’était un homme politique qui s’en prenait avec véhémence aux politiques mal conçues et qui croyait que c’était ce qu’on attendait de lui, mais qui pensait qu’attaquer la personne qui proposait la politique ne l’était pas, assurément. Il adorait se jeter dans la mêlée des débats de la Chambre des communes, mais il pouvait ensuite rire et apprécier un bon vin et un bon steak, et peut-être aussi quelques verres de scotch, avec ses adversaires le soir même. Les hommages qui lui ont été rendus par ses anciens adversaires témoignent, en effet, de sa courtoisie et de sa conviction que la politique est au cœur du service public. C’est cela, l’héritage de John Turner. Au nom du Sénat, je présente mes condoléances à son épouse, Geills, à ses enfants, Elizabeth, David, Michael et Andrew, ainsi qu’aux nombreux amis qui pleurent sa disparition.
Pour conclure, j’aimerais rappeler les propos du premier ministre Turner, qui sont toujours d’actualité :
Dans toute démocratie, il y a toujours un tir à la corde entre les politiques visant l’égalité et celles visant l’excellence. Je suis convaincu que le Canada peut atteindre à la fois l’égalité et l’excellence.
Reposez en paix, John Turner.