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PÉRIODE DES QUESTIONS — L'immigration, les réfugiés et la citoyenneté

Les travailleurs étrangers temporaires

29 octobre 2024


L’honorable Julie Miville-Dechêne [ + ]

J’ai une deuxième question sur un autre sujet. Le gouvernement fédéral a annoncé, le 24 octobre, une série de mesures visant à réduire le nombre de résidents étrangers temporaires au Canada. Plusieurs entreprises du Québec parlent d’une véritable catastrophe. Par exemple, la compagnie Tremcar, de Saint-Jean-sur-Richelieu, va perdre la moitié de ses travailleurs étrangers, pour la plupart des soudeurs, et envisage même de transférer une partie de sa production aux États-Unis. Chez Beauce Carnaval, on employait cette année 25 travailleurs étrangers, faute de Québécois prêts à accepter des horaires atypiques et des déplacements partout dans la province. Comment l’entreprise pourra-t-elle se débrouiller l’été prochain? Avez-vous bien mesuré l’impact de cette mesure sur les entreprises avant de prendre cette décision?

Je vous remercie pour la question. Les décisions — parce que plusieurs ont été prises par ce gouvernement tout en faisant face aux défis posés et aux questions soulevées quant à la capacité de notre pays de bien intégrer, accueillir, loger et nourrir nos immigrants et celles et ceux qui viennent au pays par l’intermédiaire d’autres programmes — étaient complexes et difficiles.

Finalement, le gouvernement a essayé de trouver un juste équilibre. D’une part, nous avons besoin de croissance, non seulement pour pourvoir les postes, comme vous l’avez mentionné, au Québec et ailleurs, mais aussi pour faire grandir notre économie. C’est important. D’autre part, nous avons une obligation morale de faire en sorte que ceux et celles qui viennent chez nous à notre invitation sont bien accueillis et bien logés.

En retournant aux seuils prépandémiques, pour le moment et temporairement, le gouvernement a essayé de trouver un juste équilibre.

La sénatrice Miville-Dechêne [ + ]

En même temps, il me semble que cela crée aussi des problèmes à court terme. La nouvelle première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt — je profite de cette occasion pour la saluer, d’ailleurs — pense que les mesures de réduction du nombre de travailleurs temporaires nuiront énormément à sa province, en particulier dans le domaine agricole. Nous savons qu’assez peu de Canadiens veulent ces emplois. Ce sont nos récoltes, nos fruits et légumes. Qu’allons-nous faire?

Dans ce contexte si complexe, avec autant d’intérêts divergents et de conséquences importantes — non seulement pour notre économie et nos entreprises, mais aussi pour nos villes, nos terres et nos réseaux —, il y aura toujours quelqu’un qui verra le verre à moitié vide. Cela dit, c’est la responsabilité du gouvernement de prendre ces décisions difficiles.

L’honorable Flordeliz (Gigi) Osler [ + ]

Sénateur Gold, certains craignent fort que la réduction des cibles d’immigration récemment annoncée, en particulier pour les travailleurs étrangers temporaires et les résidents permanents, n’ait un impact négatif sur ma province, le Manitoba.

Le Manitoba affiche un taux de chômage de 5,7 %, ce qui est inférieur à la moyenne canadienne, et la province compte sur l’immigration internationale pour répondre aux besoins de son marché du travail. Cela touche particulièrement les employeurs et les petites villes du Manitoba rural, où les travailleurs étrangers temporaires et les résidents permanents comblent des déficits de main-d’œuvre essentielle. Les localités comme Neepawa, Steinbach et Brandon connaissent des difficultés différentes des villes comme Toronto, Vancouver ou Montréal.

Que compte faire le gouvernement fédéral pour répondre aux besoins régionaux en matière d’immigration en dehors des trois grandes villes?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat)

Le gouvernement du Canada reconnaît que les provinces et les territoires jouent un rôle important dans la nomination des candidats dont ils ont besoin pour répondre aux besoins de leurs marchés du travail respectifs. Vu la grandeur de notre pays, les besoins varient, comme vous le soulignez à juste titre.

Après la pandémie, le gouvernement a augmenté considérablement les allocations du Programme des candidats des provinces pour protéger notre économie et accélérer la reprise, ce qui s’est heureusement produit. Toutefois, le contexte économique a changé depuis.

Dans le cadre du Plan des niveaux d’immigration 2025-2027, le gouvernement — comme je l’ai mentionné en réponse à la question de notre collègue — revient aux niveaux d’avant la pandémie. Cela se fera sur deux ans, pour que nous puissions procéder aux ajustements nécessaires, même s’ils sont parfois douloureux.

Le gouvernement continuera de travailler avec les provinces et les territoires pour leur accorder le soutien dont ils ont besoin pour développer leur économie tout en équilibrant les pressions sur le logement, l’infrastructure et les services essentiels.

La sénatrice Osler [ + ]

La ministre du Travail et de l’Immigration du Manitoba, Malaya Marcelino, a déclaré que la réalité au Manitoba est telle que nous avons besoin de main-d’œuvre qualifiée, en particulier dans les régions rurales et du Nord. Les employeurs recherchent régulièrement des immigrants pour combler les pénuries de main-d’œuvre dans les secteurs des métiers, de l’éducation et de la santé.

Comment le gouvernement fédéral collaborera-t-il avec les provinces pour remédier aux effets négatifs des réductions de l’immigration dans les secteurs qui ont déjà du mal à pourvoir à des postes?

Dans le cadre du plan, le gouvernement mettra l’accent sur les priorités et les programmes économiques fédéraux, y compris la catégorie de l’expérience canadienne et les programmes d’immigration régionaux, afin d’attirer les travailleurs dont nous avons besoin dans certaines professions et certains métiers ou dans le domaine des soins de santé.

De plus, l’accent sera mis sur l’immigration économique et environ 62 % des résidents permanents admis appartiendront à la catégorie économique dans des secteurs clés comme la santé et les métiers.

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