PÉRIODE DES QUESTIONS — Les affaires étrangères et le commerce international
Les relations sino-canadiennes
1 mai 2019
Honorables sénateurs, ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat. Je veux des éclaircissements, sénateur Harder.
Depuis l’an dernier, la Chine tient en otage les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor sous des prétextes douteux. Ils se sont vu refuser l’accès à des conseillers juridiques et les visites de leur famille. La Chine a condamné à mort les Canadiens Robert Schellenberg et Fan Wei pour des infractions liées aux drogues à la suite d’un processus judiciaire suspect. Comparons cela au traitement offert par le Canada à Meng Wanzhou, une haute dirigeante d’Huawei, qui vit avec sa famille dans un manoir de 6 millions de dollars, qui dispose d’un accès illimité à un avocat et qui a droit à l’application régulière de la loi.
Comme le sénateur Plett vient de vous en parler, la Chine a mis un frein aux achats de graines de canola canadiennes, qui représentent 2,7 milliards de dollars, ce qui porte un dur coup aux agriculteurs de l’Ouest. Je suis certaine que vous avez lu dans le Globe and Mail de ce matin que David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine, a dit que la Chine « [...] a recours à la prise d’otages diplomatiques, au chantage économique et même aux menaces d’exécutions pour atteindre ses objectifs ».
Le gouvernement a encore l’intention de verser 256 millions de dollars à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, qui est dirigée par la Chine, un investissement qui n’offre aucune garantie de bénéfices pour le Canada. Cette banque permet à la Chine d’étendre sa sphère d’influence grâce à l’initiative la Ceinture et la Route.
Sénateur Harder, quand le premier ministre comprendra-t-il que la Chine ne cesse de gifler le Canada, qui demeure prêt à lui verser de l’argent en retour?
Je remercie la sénatrice de s’en préoccuper et d’avoir soulevé ces problèmes. Ce sont de graves problèmes qui méritent une réponse.
La sénatrice cherchait des éclaircissements. Je n’en ai pas. Je peux seulement énumérer le nombre de mesures que le gouvernement du Canada a prises pour régler la série de problèmes qui ont été soulevés dans la question.
Parlons tout d’abord de Michael Kovrig et de Michael Spavor. Comme je l’ai déjà dit, Michael Kovrig est un ami proche de mon fils, et je suis cette affaire avec un certain intérêt personnel, ainsi que professionnel.
C’est une situation tragique, une situation dans laquelle le gouvernement du Canada, et la ministre concernée, en particulier, mettent beaucoup d’énergie. Comme il se doit dans les circonstances, tout ne se fait pas sous le regard du public. Le gouvernement du Canada a rallié un très grand nombre de partenaires dans le monde entier pour appuyer la position du Canada dans ce dossier. Nous avons obtenu un soutien sans précédent de l’Australie, de l’Union européenne, de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de la Lettonie, de la Lituanie, de l’Estonie, de l’Espagne, du Danemark, des États-Unis et de 140 universitaires et diplomates internationaux.
Évidemment, la question est soulevée fréquemment auprès des plus hauts dirigeants, y compris la fin de semaine dernière par le premier ministre auprès du premier ministre du Japon. Le secrétaire général de l’OTAN a demandé à la Chine de réagir comme il se doit à nos graves préoccupations. Toutefois, en un sens, nous ne pouvons gérer seuls cette affaire. Nous collaborons du mieux que nous le pouvons pour exercer des pressions diplomatiques afin de résoudre ces cas.
Comme je le dis, on ne peut et ne doit pas rendre public tout ce qu’implique cette affaire, mais je tiens à assurer à la sénatrice, de même qu’à tous les sénateurs et à tous les Canadiens, qu’il s’agit d’un dossier prioritaire pour le gouvernement du Canada.
J’aimerais revenir sur d’autres points soulevés dans la question.
Il est clair que le Canada entretient une relation économique importante avec la Chine. En dépit des difficultés posées par le boycottage du canola, nous devons gérer nos relations économiques avec prudence. Voilà pourquoi le gouvernement du Canada cherche à maintenir le partenariat commercial de manière à satisfaire l’ensemble des intéressés et de nos partenaires, à l’échelle provinciale ou municipale. Notre relation économique avec la Chine demeure importante.
Enfin, la sénatrice a mentionné la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures. Il s’agit d’une importante institution multilatérale, à laquelle le Canada s’est joint tardivement, ce qui est regrettable. Cela dit, elle est transparente et régie par des règles respectant des normes élevées qui nous permettent, en tant que gouvernement canadien, de croire fermement que la participation à ces projets en vaut vraiment la peine.
Par exemple, je mentionne l’investissement effectué au Sri Lanka pour prévenir les inondations. C’est un projet de cette banque d’infrastructure, un projet auquel le Canada doit continuer de participer, comme en conviendront certainement tous les sénateurs.