Aller au contenu

PÉRIODE DES QUESTIONS — La sécurité publique

Les relations sino-canadiennes

10 décembre 2020


Honorables sénateurs, ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat, le sénateur Gold. Mardi, on pouvait lire dans le Washington Post que Huawei a collaboré avec une société chinoise spécialisée dans l’intelligence artificielle en 2018 pour faire l’essai de logiciels de reconnaissance faciale pouvant détecter des musulmans ouïghours et ensuite envoyer des soi-disant « alertes aux Ouïghours » aux autorités gouvernementales.

Cette information figurait dans des documents internes appartenant à Huawei, et les deux sociétés impliquées dans cette affaire ont affirmé que ces documents existent. Ils ont depuis été retirés du site de Huawei, mais tout cela est vrai.

Sénateur Gold, aujourd’hui, votre chef a fait une longue déclaration à l’occasion de la Journée internationale des droits de la personne. C’est bien, mais il a complètement omis de mentionner les musulmans ouïghours et les traitements que leur fait subir le régime chinois. Sénateur Gold, pourquoi votre chef, votre gouvernement, ne semble-t-il pas se préoccuper des violations des droits de la personne commises contre les musulmans chinois? La vérité, c’est qu’il s’en fout, parce qu’il tarde à passer à l’action depuis de nombreux mois. Quelle est l’incidence de cette violation évidente des droits de la personne sur l’examen interminable du gouvernement concernant la participation de Huawei au réseau 5G du Canada?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Sénateur Housakos, je vous remercie pour votre question. Une fois de plus, je dois m’inscrire en faux, avec tout le respect que je vous dois, contre votre façon de voir les choses. Le gouvernement se soucie énormément des conditions relatives aux droits de la personne des Ouïgours. Il s’est montré clair dans de nombreux contextes et, plus important encore, directement avec ses homologues chinois.

Chers collègues, il est facile et peut-être un peu commode de présenter une vision manichéenne de ces enjeux, de supposer que l’engagement d’un gouvernement sur des questions aussi graves et complexes avec ses alliés et par tous les canaux peut se mesurer par le fait qu’il y a eu ou non une dénonciation retentissante dans un communiqué de presse en particulier. Hélas, mais heureusement, d’une certaine manière — mais pas pour les deux Michael, dont le sort demeure d’une importance capitale, tout comme le sort de toutes les personnes qui souffrent d’oppression et de répression dans le monde —, les efforts diplomatiques et la collaboration avec nos alliés pour obtenir des résultats dans ces cas sont compliqués et difficiles. Il s’agit d’un travail de longue haleine qui doit souvent, comme dans tant d’autres domaines, être mené discrètement pour s’avérer réellement efficace.

Votre gouvernement a utilisé les termes « compliqué » et « difficile » pour décrire la situation des musulmans ouïghours dans des camps de concentration. En ce qui me concerne, sénateur Gold, je qualifierais la situation de « dégoûtante » et « inacceptable ». Voilà les termes que j’utiliserais. Et si c’est le cas, le gouvernement devrait agir.

Sénateur Gold, il y a eu beaucoup d’informations troublantes dans les documents qui ont été publiés hier sur la politique du gouvernement à l’égard de la Chine. Tout d’abord, en février 2019, le sous-ministre des Affaires étrangères a écrit à la sous-ministre de la Défense nationale pour l’avertir que « le Canada ne veut pas être le partenaire qui réduit les interactions bilatérales normales ».

Il est très troublant qu’un État qui a essentiellement kidnappé des citoyens canadiens en pleine rue ait été décrit par le sous-ministre comme un « partenaire » et je suis abasourdi par l’idée de ce qui pourrait constituer des « interactions bilatérales normales » dans le contexte de la politique de coercition flagrante de l’État chinois. Le vice-ministre a ajouté que son ministère n’appuierait pas la décision des Forces armées canadiennes de ne pas autoriser la présence des soldats de l’Armée populaire de libération de la Chine au Canada. Je suis ahuri d’entendre cela, mais il faut dire qu’Affaires mondiales Canada semble être disposé à négocier et à parler avec n’importe qui, y compris des tyrans.

Ma question est la suivante, sénateur Gold : cette position d’apaisement naïve et flagrante a-t-elle reçu l’appui de votre gouvernement? Un simple « oui » ou « non » suffira.

Le sénateur Gold [ + ]

La politique du gouvernement n’est pas une politique d’apaisement. Dois-je me répéter? Je pense que oui. Le gouvernement a exhorté la Chine à mettre fin à la répression contre les Ouïghours. Il a soulevé la question directement auprès des responsables chinois et, plus récemment, auprès de la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, à l’instar de 39 autres pays à l’ONU qui ont exprimé leur point de vue. Notre pays reste très déterminé à améliorer le sort de la minorité ouïghoure, et il est faux et trompeur d’utiliser des termes comme « apaisement » pour caractériser les efforts du gouvernement à cet égard.

Monsieur le sénateur, je me permets également de suggérer que vous avez déformé ou mal compris ce que j’essayais de dire. Il ne s’agit pas des mots que nous utilisons publiquement. Le gouvernement continue sans relâche d’agir pour améliorer la situation des Ouïghours et pour favoriser la libération des deux Michael, mais il ne dit pas publiquement tout ce qu’il fait, car ce n’est pas toujours souhaitable ni même possible.

Haut de page