PÉRIODE DES QUESTIONS — Les affaires étrangères
Les relations sino-canadiennes
19 avril 2023
Ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat. Sénateur Gold, je voudrais vous ramener à un dîner que j’avais porté à l’attention de votre prédécesseur en novembre 2016. Nul autre que le premier ministre Justin Trudeau était la tête d’affiche, si je puis dire, de ce dîner intime de financement donnant un accès privilégié. L’activité avait lieu à Toronto, à la résidence privée d’une personne entretenant des liens étroits avec le régime communiste de Pékin. Une autre personne ayant des liens étroits avec ce régime était également présente : M. Zhang Bin. Il importe de parler de lui parce que c’est à son nom — ou du moins, c’est ce qu’on nous a dit — qu’un important don a été fait à la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau quelques semaines à peine après ce dîner tristement célèbre.
En tant que citoyen étranger, M. Zhang ne peut pas faire de don politique au Canada, et c’est aussi le cas du régime communiste de Pékin ou de toute autre entité étrangère. Cependant, ils semblent avoir trouvé un moyen de contourner ces agaçantes lois électorales canadiennes en blanchissant essentiellement un tel don par l’entremise de la fondation portant le nom du premier ministre. Le premier ministre prétend qu’il n’entretient aucun lien avec la fondation, mais bien des soupçons ont été soulevés. C’est en fait le frère du premier ministre qui a délivré et signé le reçu pour le don que nous savons maintenant illégal.
Sénateur Gold, voici ma question : le premier ministre fera-t-il ce qui s’impose en cessant officiellement toute implication dans la fondation, ou continuera-t-il à s’en servir comme d’un levier pour son gouvernement et au bénéfice électoral du Parti libéral du Canada?
Honorables collègues, je répète, comme je l’ai fait plus d’une fois déjà, ce que le premier ministre a dit à maintes reprises, soit qu’il ne participe pas activement à la fondation. Encore une fois, je pense que le fait d’insinuer — comme vous l’avez fait, sénateur Housakos — qu’il s’agit d’un moyen qu’utilise le premier ministre pour contourner les lois électorales n’est pas digne du discours que nous devrions tenir dans cette enceinte.
Le premier ministre a clairement indiqué qu’il n’avait aucun lien avec la fondation. D’ailleurs, dès qu’elle a découvert le problème, la fondation a pris les mesures qui s’imposaient. Elle a également demandé à être contrôlé par la vérificatrice générale, qui est indépendante du gouvernement, ce qui est suffisant.
Les faits semblent contredire ce que le gouvernement tente de faire valoir. En définitive, nous parlons du fait que le conseil d’administration de la fondation a démissionné en bloc. Il est clair qu’il y a là quelque chose qui éveille les soupçons. En outre, il y a des sources du milieu du renseignement qui se sont exprimées publiquement dans les médias et qui ont déclaré à de nombreuses reprises qu’elles avaient essayé d’informer le premier ministre de cas de comportements inacceptables et de menaces directes à l’encontre de notre démocratie. Il y a des raisons pour lesquelles nous posons toutes ces questions, sénateur Gold.
En parlant de blanchiment d’argent étranger, le fondateur de la Banque WealthONE du Canada, qui attendait à l’époque l’approbation de l’organisme de réglementation fédéral pour commencer à exercer ses activités au Canada en tant que banque canadienne plutôt qu’en tant que banque étrangère, était également présent lors de ce même dîner payant avec le premier ministre. Surprise, un peu comme dans le cas du don à la Fondation Trudeau, la banque WealthONE a reçu, comme par magie, l’approbation tant attendue quelques semaines seulement après ce souper.
Sénateur Gold, il y a quelques mois à peine, la Banque WealthONE du Canada a été condamnée à une amende de près de 700 000 $ par le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada, le CANAFE, l’organisme de surveillance du blanchiment d’argent du Canada. Le CANAFE a invoqué de nombreuses infractions à la loi fédérale sur le plan de la lutte contre le financement du terrorisme. Interrogé à ce sujet, le gouvernement s’est contenté de dire que l’affaire était close.
Ma question est la suivante : qu’est-ce que le fondateur de WealthONE a promis à Justin Trudeau lors de ce dîner pour obtenir à la fois très rapidement une réglementation favorable, mais aussi que le gouvernement ferme les yeux sur les allégations de blanchiment d’argent et se contente de dire que l’affaire est close, sans donner davantage de précisions? Devrions-nous enquêter plus avant sur un autre don fait à la Fondation Trudeau?
Sénateur Housakos, la question de l’ingérence étrangère est grave, et j’aimerais au moins que les deux parties — celle qui pose la question et celle qui y répond —, soient en mesure d’en discuter sans insinuations ni diffamation, comme c’est implicitement le cas dans votre question.
Le fait est que le monde a changé, de même que notre compréhension de la Chine, depuis 2015-2016, et ce, à juste titre. Lorsque les banques se livrent à des pratiques irrégulières, nous avons, fort heureusement, des institutions qui sont chargées de les dénoncer. Dans cette mesure, le système a bien fonctionné.