PÉRIODE DES QUESTIONS — Le ministère de la Justice
L'antisémitisme
19 novembre 2025
Monsieur le ministre, le chef des services secrets canadiens a lancé un avertissement alarmant la semaine dernière. Près d’une enquête sur le terrorisme sur dix concerne désormais au moins un mineur radicalisé en ligne. Il a signalé que les contenus extrémistes violents, y compris l’antisémitisme, se propagent plus rapidement que jamais et ciblent de plus en plus les jeunes.
Plus inquiétant encore, il a confirmé que plusieurs complots ayant été déjoués concernaient des attentats visant spécifiquement les communautés juives, notamment deux mineurs d’Ottawa arrêtés l’année dernière pour avoir prétendument planifié un attentat causant des pertes massives.
Monsieur le ministre, voilà ce qui arrive quand le gouvernement libéral autorise la promotion ouverte et délibérée de la propagande extrémiste dans les rues de notre pays, y compris les manifestations propalestiniennes appelant à l’intifada et à l’élimination de l’État d’Israël et de son peuple. Quand le gouvernement prendra-t-il enfin au sérieux l’antisémitisme et proposera-t-il des mesures juridiques concrètes pour protéger les Canadiens d’origine juive contre les menaces croissantes auxquelles ils sont confrontés aux quatre coins du pays? Je sais que le Sénat sera bientôt saisi d’un projet de loi à cet égard, mais pourquoi cela a-t-il pris autant de temps? Et pourquoi avons-nous dû en arriver là où nous en sommes aujourd’hui?
Sénateur Housakos, vous avez soulevé plusieurs questions dans votre intervention. La première concerne le recrutement de mineurs pour commettre des infractions criminelles très graves. Il s’agit là d’un problème urgent et grave qui exige que des mesures soient prises. Nous étudions diverses options, vraisemblablement d’ordre législatif, qui permettront de lutter contre le recrutement de jeunes pour commettre des activités criminelles, pour se joindre à des organisations criminelles et potentiellement pour mener des activités terroristes.
Nous devons faire comprendre très clairement que les personnes qui recrutent des enfants pour commettre des actes criminels subiront de très lourdes conséquences.
Certains ont l’impression que les jeunes sont de meilleurs candidats pour certains types d’activités criminelles, car ils pourraient écoper de peines moins sévères. Nous devons remonter à la source pour veiller à ce que ceux qui commettent des actes aussi graves que le recrutement d’enfants à des fins criminelles soient sévèrement punis.
Quant à votre deuxième point sur la protection des Canadiens de confession juive, je ne suis pas d’accord sur un point : je crois qu’il faut faire la distinction entre une manifestation pacifique en faveur de la Palestine et la haine envers la communauté juive canadienne.
Comme nous en avons longuement discuté lors de ma comparution aujourd’hui, le gouvernement a l’intention de concevoir des mesures législatives qui protégeraient les institutions religieuses, y compris les synagogues, et les bâtiments religieux, notamment les centres communautaires juifs. Ces mesures s’attaqueraient aussi aux crimes haineux en général, quel que soit l’endroit où ils sont commis. Mon temps de parole est écoulé. Il s’agit là d’une discussion importante, et je vous remercie de m’avoir posé cette question.
Monsieur le ministre, je pense que le gouvernement est en retard. Il me semble que la volonté politique nécessaire pour s’attaquer concrètement et sérieusement à l’antisémitisme a fait défaut, alors qu’à Toronto, il y a des manifestants radicaux pro-Hamas qui interrompent l’enregistrement de l’hymne national canadien et qui obtiennent l’appui des forces de police, et que, plus tôt aujourd’hui, un étudiant juif m’a envoyé une vidéo de manifestants à l’Université McGill. En fait, c’est une façon de parler, parce que ce ne sont pas de simples manifestants, mais bien des personnes masquées qui font irruption dans une salle de cours de l’université sous la supervision du personnel de sécurité de l’université. Voilà qui montre à quel point les choses ont dégénéré. Les choses ont dégénéré parce que nous n’appliquons pas le Code criminel et les dispositions qui traitent des crimes haineux, parce que la volonté politique n’est pas là.
Quand l’autorité suprême en la matière, c’est-à-dire le ministre de la Justice, et le premier ministre se décideront-ils à envoyer le signal que ce genre de comportements ne sera plus toléré?
Vous voulez savoir quand nous allons commencer à envoyer un signal en ce sens. J’aurais cru que saisir la Chambre des communes d’un projet de loi portant sur ce problème bien précis équivaudrait à envoyer un tel signal.
Avec tout le respect que je vous dois, il y a des représentants des intérêts des Canadiens de confession juive qui appuient le projet de loi que nous avons proposé, et il y a aussi des parlementaires des autres partis qui crient à la censure et qui refusent de s’engager à appuyer les mesures qui ont été façonnées en tenant compte des commentaires de la communauté juive.
Nous nous sommes éloignés considérablement de la vision initiale du projet de loi, qui devait au départ protéger les personnes présentes dans les institutions et les bâtiments religieux, afin que le texte ne sanctionne pas uniquement la haine contre les Canadiens de confession juive, mais la haine en général, quel que soit l’endroit où elle se manifeste.
Le signal que vous réclamez a été envoyé. Le changement est amorcé. Tout ce qu’il reste à faire, c’est obtenir le soutien de suffisamment de députés des différents partis.
Merci, monsieur le ministre.
Je suis convaincu que vous vous joindrez tous à moi pour remercier le ministre Fraser de s’être déplacé aujourd’hui. Merci, monsieur le ministre.