Aller au contenu

DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La Journée mondiale des réfugiés

16 juin 2022


Honorables sénateurs, je prends aussi la parole aujourd’hui pour souligner la Journée mondiale des réfugiés et remercier les Canadiens d’avoir ouvert leurs portes et leur cœur à ma famille de réfugiés et aux nombreux autres Asiatiques du Sud qui ont fui l’Ouganda il y a 50 ans.

En juin 1972, il y a 50 ans, j’étais une étudiante vivant à Londres, en Angleterre, en compagnie de trois autres membres de ma famille. Ma mère était en visite et elle était avec nous lorsque nous avons reçu le pire appel téléphonique de nos vies nous informant que mon père, un député ougandais, avait été assassiné par les soldats du président Idi Amin.

Notre monde s’est écroulé, mais ma mère a gardé espoir. Le lendemain, quelqu’un a cogné à la porte. C’était mon père, Sherali Bandali Jaffer, qui avait fui l’Ouganda pour venir en Angleterre. Nous n’arrivions pas à y croire. Mon père n’a jamais révélé les détails de la façon dont il s’était échappé pour nous rejoindre, mais nous savons qu’il a eu l’aide d’amis dans l’armée. Beaucoup de ses collègues n’ont pas eu cette chance.

Mon mari et moi sommes retournés en Ouganda. Nous y étions le 3 août 1972, lorsque le président a déclaré qu’il allait expulser tous les Ougandais d’origine asiatique. Mon mari et moi étions en train de nous préparer à quitter l’Ouganda lorsque l’armée s’est présentée à la maison de ma belle-famille. Je n’oublierai jamais ce jour.

De jeunes soldats pointaient quatre fusils dans la direction de mon mari : deux devant sa tête et deux autres, enfoncés dans son estomac. Ils l’ont forcé à monter dans une jeep. Heureusement pour nous, la police est arrivée et a insisté pour que mon mari soit amené au poste de police, et non à la caserne. Heureusement, Nuralla, mon mari, a été libéré plus tard cette journée-là, et nous avons quitté l’Ouganda le plus tôt possible.

Son Altesse l’Aga Khan et son oncle, le prince Sadruddin, qui était alors haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, sont intervenus : ils ont convaincu l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau et plusieurs autres dirigeants mondiaux de nous aider. Nous avons été chanceux d’être secourus si rapidement. Nous serons toujours reconnaissants envers les agents d’immigration canadiens comme Mike Molloy, qui s’est rendu en Ouganda et nous a littéralement sauvé la vie.

Mon histoire n’est pas unique. Des centaines de réfugiés avant et après moi ont vécu des expériences semblables.

Honorables sénateurs, en cette Journée mondiale des réfugiés, n’oublions pas les femmes, les hommes et les enfants partout dans le monde qui se languissent dans des camps de réfugiés. Ils ont tout perdu, et nous sommes bien placés pour leur donner une chose dont ils rêvent : de l’espoir; l’espoir d’un avenir meilleur pour eux et leur famille.

Je resterai éternellement redevable aux Canadiens de nous avoir ouvert leurs portes, à ma famille et moi, lorsque nous avons eu besoin d’eux. J’espère que nos portes et nos cœurs resteront ouverts pour accueillir des réfugiés du monde entier, et leur permettre d’espérer des lendemains meilleurs. Je vous remercie, honorables sénateurs.

Haut de page