Le Sénat
Motion tendant à encourager le gouvernement à entamer des consultations auprès de différents groupes afin d’élaborer un programme national et universel de nutrition adéquatement financé et à frais partagés--Suite du débat
7 mai 2019
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet de la motion no 358 concernant un programme universel de nutrition, qui traite de l’importance d’une bonne nutrition pour tous les jeunes Canadiens. C’est un privilège de pouvoir prendre la parole au sujet d’une question aussi importante, dont le sénateur Eggleton s’est fait le champion et que la sénatrice Marty Deacon a présentée avec brio.
Une bonne nutrition est la seule manière d’aider les jeunes à grandir pour devenir des adultes en santé, mais cela fait partie de ce que nous pouvons accomplir. Cette aide est d’autant plus importante pour les jeunes Canadiens qui se heurtent à des obstacles pour assurer leur santé, actuellement et à l’avenir, en raison de l’insécurité alimentaire.
Nous savons que l’insécurité alimentaire, aussi appelée l’accès inadéquat aux aliments nutritifs, touche beaucoup de Canadiens. On oublie souvent que ce chiffre inclut 1,15 million d’enfants, et l’insécurité alimentaire ne touche pas également tous les jeunes Canadiens.
Les gens qui vivent dans la pauvreté, les Autochtones et ceux qui habitent les régions éloignées, surtout dans le Nord, sont surreprésentés dans les données. Ce sont ces jeunes qui sont les plus vulnérables aux résultats problématiques causés par une nutrition insuffisante.
Une alimentation insuffisante peut avoir des effets négatifs sur le cerveau et sur le développement du corps, occasionnant des problèmes de santé physique et mentale à long terme. Souvent, ces problèmes ne sont pas diagnostiqués pendant l’enfance, mais peuvent se manifester plus tard dans la vie.
Nous comprenons l’importance d’une bonne nutrition pour les nourrissons et les jeunes enfants. Il est également important pour nous de savoir que le développement optimal du cerveau et du corps des enfants plus âgés et des adolescents nécessite une bonne nutrition. Nous savons que l’adolescence est une période très importante pour la croissance du cerveau humain, surtout pour les processus essentiels à l’amélioration de nos capacités cognitives supérieures, comme le raisonnement abstrait et la résolution de problèmes complexes, pour notre capacité à contrôler nos émotions et pour notre compréhension des complexités de la vie sociale et civique. Au cours de l’adolescence, le corps grandit et se développe rapidement. Une bonne nutrition est essentielle à une croissance physique optimale.
Une meilleure nutrition comblera-t-elle tous les besoins? Non. Mais elle répondra à un besoin important. Il est donc sensé d’adopter une démarche nationale pour améliorer la nutrition.
Il est sensé également de se servir des écoles pour la prestation de ce programme, en partie parce que les écoles sont l’endroit où se trouvent la plupart des jeunes. L’éducation est un excellent levier socio-économique et les interventions en santé publique menées dans les écoles sont d’importants leviers en matière de santé. Pensons entre autres aux vaccins et au dépistage des problèmes de la vue. Il en va de même pour la nutrition.
Les interventions en matière de nutrition menées dans les écoles peuvent s’avérer l’un des plus importants leviers pour améliorer les résultats en ce qui concerne la santé de tous les jeunes.
Les exemples montrant l’efficacité de cette approche sont nombreux. Pensons notamment à une intervention dans le district scolaire de Toronto, à la suite de laquelle on a observé une amélioration du comportement des écoliers, une réduction des mesures disciplinaires, une amélioration de la concentration et une baisse du nombre de retards. Les études sur les programmes de nutrition dans des écoles du Manitoba et de l’Alberta ont montré une augmentation significative de la consommation de fruits et légumes, une baisse du taux d’obésité ainsi qu’une amélioration des interactions sociales et de la fréquentation scolaire. Un programme de petits-déjeuners en Nouvelle-Écosse a eu une incidence positive sur diverses variables, y compris la performance en mathématiques.
De nombreuses études menées à l’étranger ont montré une incidence positive sur d’autres variables importantes, dont la réussite scolaire, les suspensions de l’école et une amélioration de la conduite.
Certaines études ont permis de démontrer que ces mesures sont particulièrement efficaces chez les jeunes des milieux défavorisés. Ces interventions pourraient donc permettre d’offrir des chances égales de réussir sur les plans scolaire et social.
Quels que soient les facteurs à considérer, n’oublions pas que les bonnes habitudes alimentaires et les connaissances en matière d’alimentation sont des éléments importants d’un mode de vie sain. Lorsque les jeunes ont accès à des programmes qui leur fournissent des repas nutritifs et qui leur permettent d’approfondir leurs connaissances en alimentation dans leur milieu scolaire, ils peuvent adopter de bonnes habitudes alimentaires à long terme.
J’ai récemment eu le plaisir d’être invité à un dîner et à une activité d’apprentissage en matière d’alimentation à l’école secondaire rurale de Musquodoboit, en Nouvelle-Écosse. Cette école compte environ 300 élèves de la 7e à la 12e année. J’ai participé à la Grande croquée, une initiative qui fait partie du programme de promotion d’une saine alimentation scolaire. Ce programme offre des repas à l’école et transmet des connaissances sur l’alimentation et la nutrition. L’événement auquel j’ai participé était organisé par la Coalition pour une saine alimentation scolaire.
J’ai eu le privilège de parler avec des élèves et de me joindre à eux pour le repas du midi. C’était un excellent repas. C’était tellement mieux que les repas peu mémorables qui étaient servis à la cafétéria à l’époque où j’étais moi-même un élève. Avec mes jeunes compagnons de table, j’ai pu avoir une discussion très agréable et réfléchie sur une foule de sujets.
Plus tard, j’ai pu rencontrer une partie des parents qui ont travaillé bénévolement pour mettre en place cette initiative à l’école. C’était une véritable activité communautaire. Tous les participants apprenaient quelque chose en s’amusant. Après tout, comment ne pas se réjouir d’apprendre à cuisiner une délicieuse croustade aux pommes qu’on pourra ensuite savourer?
Honorables sénateurs, cette motion est importante. Nous devrions nous empresser d’agir pour améliorer la santé des jeunes. J’espère que la motion sera mise aux voix le plus tôt possible et qu’elle recevra l’appui unanime du Sénat. Merci.