Projet de loi instituant la Journée canadienne de l'alimentation
Deuxième lecture--Ajournement du débat
30 novembre 2021
Propose que le projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation, soit lu pour la deuxième fois.
— Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour parler du projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation, qui désigne le samedi précédant le long week-end d’août comme « Journée canadienne de l’alimentation ».
J’aimerais d’abord remercier mon honorable collègue, la sénatrice Diane Griffin, d’avoir déposé ce projet de loi en mon nom au Sénat la semaine dernière.
J’ai souvent souligné le rôle important de nos agriculteurs, de nos producteurs et de nos transformateurs d’aliments locaux de même que leur apport essentiel pour que les Canadiens aient accès à des aliments sains, nutritifs et abordables. La Journée canadienne de l’alimentation est l’occasion de célébrer tous les agriculteurs, producteurs et transformateurs d’aliments en plus de mettre à l’avant-plan les divers produits alimentaires qu’ils mettent à notre disposition pour les savourer.
En terminant, je tiens à rendre hommage à une grande défenseure de l’agriculture, que beaucoup de mes collègues du Comité de l’agriculture et des forêts connaissent : Anita Stewart, fondatrice de la Journée des terroirs du Canada. Anita était une activiste alimentaire et auteure de livre de recettes. Première lauréate du Prix de l’alimentation de l’Université de Guelph, elle était une championne des aliments locaux et de leur histoire. Hélas, elle est décédée la semaine dernière à l’âge de 73 ans, après avoir combattu un cancer du pancréas.
J’ai présenté le projet de loi visant à désigner à l’échelle nationale la Journée canadienne de l’alimentation, mais la première initiative de ce genre au Canada est née de l’inquiétude qu’éprouvait Anita pour les producteurs de bœuf aux prises avec la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine en 2003. Cette année-là, elle a organisé ce qu’elle a appelé « le plus long barbecue du monde », où elle a invité son réseau d’amis, d’agriculteurs et de chefs, qui ont partagé leurs recettes incluant du bœuf canadien.
L’événement a évolué et est devenu ce que nous connaissons aujourd’hui comme la Journée des terroirs du Canada, durant laquelle les aliments canadiens sont promus, célébrés et partagés partout au pays.
Ayant eu le privilège de collaborer avec Anita à plusieurs reprises, je peux dire qu’elle était une ardente défenseure de l’industrie agricole canadienne. Sa verve et son enthousiasme pour la cuisine canadienne de partout au pays et pour les gens qui produisent et préparent les aliments canadiens étaient sans pareil. Véritable pionnière, Anita a eu une incidence immense sur la résilience et la vitalité du système alimentaire canadien. Elle manquera à tous ceux qui l’ont connue, mais son souvenir demeurera vivant grâce à ses recettes, à sa famille et à la Journée des terroirs du Canada.
Cette initiative qu’elle a lancée pour célébrer la cuisine canadienne fait partie des raisons qui m’ont amené à présenter ce projet de loi. Elle a été, pour moi et pour bien d’autres, une source d’inspiration par sa façon de transmettre son amour pour les ingrédients, les recettes et les plats canadiens. J’espère que la désignation de la Journée canadienne de l’alimentation donnera aux prochaines générations de Canadiens l’occasion d’en apprendre davantage non seulement sur les nombreux aliments produits et préparés au Canada, mais aussi sur Anita et sa façon de rendre hommage au Canada au moyen des aliments.
Aujourd’hui, la Journée des terroirs du Canada est une célébration de la culture, de la cuisine et des ingrédients canadiens. Les agriculteurs, les chefs, les restaurateurs et les organismes d’un océan à l’autre soulignent cet événement annuel chaque été.
S’il est vrai que les choses n’étaient pas tout à fait « normales » à cause de la pandémie de COVID-19, il y a eu néanmoins un énorme élan de soutien pour la Journée des terroirs du Canada l’été dernier. Des chefs d’établissements reconnus comme Jason Bangerter de Langdon Hall, à Cambridge, et Anthony Walsh d’Oliver & Bonacini ont participé à titre d’amis de cette célébration. De petits et grands restaurants de partout au pays, y compris le Champlain au Château Frontenac, à Québec, le Fauna, à quelques coins de rue de la Colline du Parlement, sur la rue Bank, à Ottawa, le Canoe, restaurant primé situé à Toronto, le Yellow Door Bistro, à Calgary, et le Forage, à Vancouver, ont tous mis en vedette la cuisine locale en l’honneur d’Anita et de la Journée des terroirs du Canada.
Les gens ont aussi eu l’occasion de signer l’engagement de la Journée des terroirs du Canada à faire rayonner la nourriture et l’agriculture du Canada. C’est avec fierté que je me suis engagé à cuisiner et à manger comme un Canadien. En plus des nombreuses personnes qui ont appuyé cette journée spéciale en signant l’engagement, 47 monuments emblématiques, y compris la tour de l’horloge à Charlottetown, la gorge Elora, près de chez moi dans le comté de Wellington, les chutes Niagara, la tour CN, l’hôtel de ville d’Halifax et la Tour de Calgary, ont été illuminés aux couleurs du Canada, en rouge et blanc, pour honorer les agriculteurs, les pêcheurs, les chefs et les cuisiniers amateurs d’ici.
Comme beaucoup d’entre vous le savent, j’ai consacré presque toute ma vie au secteur agricole. Je suis fier que les agriculteurs canadiens soient reconnus comme faisant partie des producteurs d’aliments les plus sûrs et de la plus grande qualité au monde.
En fait, le secteur agricole canadien est l’un des plus anciens secteurs au Canada. De nos jours, le secteur agricole et agroalimentaire du Canada rapporte plusieurs milliards de dollars par année, et il est formé d’un dynamique réseau d’agriculteurs, de leur famille et de leurs travailleurs, ainsi que de nombreux organismes agricoles.
D’un bout à l’autre du pays, nos agriculteurs s’affairent à produire des aliments de qualité supérieure. Le Canada est reconnu dans le monde pour les pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard, le bœuf de l’Alberta, le sirop d’érable du Québec, les pêches de l’Ontario, le vin de la Colombie-Britannique et le blé des Prairies, entre autres. C’est un chef de file de l’agriculture, et il continuera de l’être avec le soutien nécessaire.
Je dois préciser que, encore une fois cette année, j’ai été extrêmement déçu du peu d’attention accordée à l’agriculture canadienne dans le discours du Trône de la semaine dernière. Le gouvernement parle fréquemment de son engagement à l’égard de l’agriculture. Pourtant, ce secteur ne semble jamais figurer parmi ses principales priorités.
Je suis très déçu de signaler que le terme « agriculture » ne figure pas une seule fois dans le discours de cette année. Selon moi, c’est impensable, étant donné l’importance de l’agriculture dans la vie courante de chacun d’entre nous et de tous les Canadiens, mais aussi parce que la pandémie de COVID-19 a mis en lumière l’importance de la sécurité et de la souveraineté alimentaires.
Par ailleurs, l’agriculture fait partie intégrante d’une multitude d’autres domaines qui figurent parmi les priorités du gouvernement, notamment les effets des changements climatiques et l’environnement. Les agriculteurs sont les gardiens des terres. Ils doivent prendre part à notre lutte contre les changements climatiques. En fait, les agriculteurs doivent souvent encaisser le coup porté par ceux-ci, car le secteur agricole canadien a beaucoup souffert de leurs effets.
Par exemple, la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes a doublé depuis les années 1990. Il y a eu une augmentation des inondations, des sécheresses, des incendies de forêt et des tempêtes qui, sans surprise, perturbent les plantations et les récoltes et touchent de manière disproportionnée les exploitations agricoles de toutes tailles. Au cours des dernières semaines, nous avons constaté à quel point les conditions météorologiques extrêmes peuvent avoir des répercussions dévastatrices. En effet, les inondations ont ravagé le cœur agricole de la Colombie-Britannique et détruit des vies et des moyens de subsistance.
À maintes reprises, j’ai mentionné les façons dont les agriculteurs se sont attaqués au problème des changements climatiques. Beaucoup ont déjà adopté des méthodes agricoles plus vertes. Toutefois, leurs efforts en ce sens sont rarement reconnus ou appuyés de quelque façon.
Les acteurs du secteur agricole canadien savent qu’ils ont un rôle essentiel à jouer puisqu’ils peuvent, grâce à de bonnes pratiques agricoles, protéger les écosystèmes et les ressources et réduire les effets de leurs activités sur l’environnement. Pour mener une lutte vraiment efficace contre les changements climatiques, les producteurs agricoles et les transformateurs d’aliments du Canada auront besoin du soutien du gouvernement pour passer à des méthodes plus viables; ils auront aussi besoin de l’appui du gouvernement et du public pendant qu’ils passeront des pratiques et procédures en place depuis des dizaines d’années à de nouvelles façons de faire.
Il est clair que l’agriculture joue un rôle de premier plan au Canada. Ajoutons que, malgré les défis inimaginables des dernières années — qu’on pense aux enjeux liés à la pandémie de COVID-19 ou à l’énorme destruction causée par les événements météorologiques extrêmes —, les agriculteurs, les producteurs et les transformateurs canadiens demeurent résilients. J’ai bonne confiance que cette industrie continuera de jouer un rôle important, particulièrement pendant la reprise économique post-pandémie. Ce qu’il leur faut maintenant, c’est notre soutien. Nous pouvons déjà poser un geste de soutien ici même, à la Chambre rouge, en instaurant la Journée canadienne de l’alimentation.
Comme je l’ai mentionné, la Journée canadienne de l’alimentation mettrait en lumière l’industrie agricole du pays et la fierté que nous inspire la culture des aliments. Le Canada est l’un des principaux producteurs et exportateurs de produits agricoles à l’échelle internationale. Des vastes champs de blé et des grands élevages de bétail des Prairies jusqu’aux entreprises qui produisent des cultures, des fruits, des légumes et du lait partout au pays, les agriculteurs, les producteurs et les transformateurs ont quelque chose à offrir à tous les Canadiens.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, nous avons vu les gens partout au pays se serrer les coudes et s’entraider et notamment soutenir les aliments produits au Canada. J’ai été très heureux au cours des derniers mois de voir les gens s’intéresser comme jamais à l’origine et aux méthodes de production des aliments, ainsi qu’aux producteurs eux-mêmes.
J’ai bon espoir que, avec l’instauration d’une journée canadienne de l’alimentation, les Canadiens de tous les horizons auront la chance d’en apprendre davantage sur I’abondance d’aliments qui sont cultivés et sur les animaux qui sont élevés au pays. Cette journée donnerait l’occasion aux Canadiens, jeunes et moins jeunes, de remercier les agriculteurs qui produisent la nourriture que nous servons à table au quotidien.
Honorables sénateurs, une journée canadienne de l’alimentation serait une occasion pour les Canadiens de se réunir partout au pays pour célébrer les aliments produits au pays et les gens qui les produisent, de la ferme à la table. J’espère que mon discours sera le premier pas vers la création d’une journée nationale de célébration de l’agriculture canadienne.
L’été dernier, je me trouvais à Ottawa durant le long week-end d’août. Samedi soir, j’ai profité de l’occasion pour célébrer la Journée des terroirs du Canada en me rendant dans des restaurants qui proposaient des ingrédients locaux. Cela étant dit, il vous revient de décider comment célébrer la Journée des terroirs du Canada durant l’été : rendez-vous dans un restaurant local, créez vous-mêmes des petits délices ou laissez-vous inspirer par de délicieux ingrédients canadiens. Il suffit de s’amuser et de montrer sa fierté envers les aliments canadiens que l’on consomme.
Honorables sénateurs, vous savez que je suis et que je serai toujours un ardent défenseur de l’agriculture. C’est ce que je connais le mieux, et c’est ce qui demeurera ma priorité absolue tant que je serai au service des Canadiens à la Chambre rouge.
Je sais qu’Anita a toujours rêvé qu’une journée nationale soit créée. Elle a travaillé sans relâche pendant toute sa vie pour mettre en valeur non seulement les aliments qui sont cultivés au Canada, mais aussi les agriculteurs, les producteurs et les transformateurs qui en sont responsables. J’espère que vous saisirez l’occasion de reconnaître le travail acharné de la communauté agricole en créant et en célébrant avec moi la Journée canadienne de l’alimentation.
J’espère que nous pourrons renvoyer le projet de loi S-227 au Comité de l’agriculture et des forêts pour examen, l’adopter au Sénat, puis le renvoyer rapidement à l’autre endroit.
Merci. Meegwetch.
Le sénateur accepterait-il de répondre à une question?
Sénateur, merci de votre présentation. L’un des excellents aliments canadiens est bien sûr le raisin. Bien entendu, les raisins sont transformés en vin. En Ontario, nous avons les meilleurs vins de tout le pays. Je sais que les Britanno-Colombiens croient qu’ils ont les meilleurs vins, mais les meilleurs vins se trouvent vraiment en Ontario. D’autres provinces croient qu’ils ont aussi une industrie vinicole, mais mettons cela de côté un instant.
La journée de l’alimentation que vous proposez inclut-elle une célébration du vin ou envisagez-vous de célébrer les merveilleux vins du Canada lors d’une journée distincte?
Merci de votre question. En fait, je célèbre le vin chaque jour. Il s’agit d’un aliment canadien local, et les raisins font partie de la cuisine canadienne. Le projet de loi englobe tout.
Les raisins de la colère, très peu pour moi. Compte tenu de l’enthousiasme débordant pour les aliments canadiens, enthousiasme que je partage, je me demande s’il est possible lors de la journée de l’alimentation d’inciter les gens à ne pas gaspiller la nourriture. Comme nous le savons, les aliments qui se retrouvent dans les sites d’enfouissement se transforment en méthane, qui est un gaz à effet de serre environ 20 ois plus puissant que le dioxyde de carbone. Il s’agit là d’un immense problème. Serait-il possible de célébrer la Journée canadienne de l’alimentation, tout en veillant à ne pas gaspiller cette délicieuse nourriture que nous avons?
Il s’agit là d’une occasion en or. Je suis sûr que les gens faisant la promotion de la nourriture au Canada la saisiront. J’appuie leurs efforts, et je leur transmettrai votre suggestion. Je conviens qu’on gaspille énormément de nourriture au pays. Je suis l’économie alimentaire circulaire qui est en place actuellement. Il est passionnant de voir ce qui se passe dans ce domaine également. Alors, merci.
Je devrais remercier la sénatrice Dasko d’avoir mentionné nos merveilleux vins britanno-colombiens. Je sais que le Canada a des raisons d’être fier de son industrie vinicole. Merci, sénateur Black.