Projet de loi sur l’oiseau national du Canada
Deuxième lecture
19 juin 2025
Honorables sénateurs, je n’ai pas préparé de discours, mais j’aimerais partager avec vous quelques notes sur ce projet de loi. Le projet de loi S-221 propose de reconnaître le mésangeai du Canada comme oiseau national du Canada, et je pense qu’il est tout à fait approprié que je prenne la parole aujourd’hui, puisque j’arbore moi-même mon plumage d’été.
En 2017, la Société géographique royale du Canada, ou SGRC, a demandé aux Canadiens de voter pour l’oiseau national du Canada de leur choix. Eh bien, je suis membre de cette société, et j’ai voté. Il y avait cinq choix : la bernache du Canada, le huard, le mésangeai du Canada, la mésange à tête noire et le harfang des neiges.
Toutes ces options sont bonnes, et je vais en parler dans quelques instants, mais je suis heureux que le mésangeai du Canada ait été choisi parce que c’est pour cet oiseau que j’ai voté.
Tous les choix proposés étaient excellents, mais nombre d’autres oiseaux n’ont pas été pris en considération pour diverses raisons, et j’aimerais prendre quelques secondes pour en parler. Par exemple, le gerfaut, un oiseau de proie que je trouve magnifique, se trouve pratiquement partout au Canada. On le trouve rarement au sud de la frontière canado-américaine. Le gerfaut est le plus grand faucon du monde. Ce redoutable chasseur a été associé à la royauté pendant des siècles. C’est un animal très intelligent et facile à entraîner.
Je me rappelle qu’en 2018, j’ai emmené mon fils à Carnoustie, en Écosse, pour le tournoi de l’Open britannique. Le site était au bord de l’eau. Environ 150 000 personnes se sont rendues sur les lieux pendant les cinq jours du tournoi. Il y avait des goélands partout, mais aucun ne venait se poser à proximité. Il y avait beaucoup de déchets, mais les goélands ne venaient pas, parce que deux fauconniers se promenaient avec des faucons. Les goélands étaient assez intelligents pour savoir qu’ils ne devaient pas provoquer ces faucons. Ce sont des oiseaux magnifiques.
Le gerfaut est l’oiseau national de l’Islande et aussi celui des Territoires du Nord-Ouest. Il est également la mascotte officielle de l’académie de l’armée de l’air américaine. Aucun d’entre eux ne voudra renoncer à cet oiseau particulier, et nous voulons quelque chose qui soit distinctif.
Le balbuzard pêcheur — ou l’aigle pêcheur, comme on l’appelle dans le Canada atlantique — est un autre choix magnifique. J’observe les balbuzards depuis toujours. Quand j’étais enfant, à Louisbourg, ma maison était située à quelques centaines de mètres du port, et ces oiseaux planaient toujours au-dessus du port, à environ 400 ou 500 pieds de hauteur. On les voyait planer, puis s’immobiliser et plonger de façon vertigineuse, et ils remontaient rarement sans un poisson dans leurs serres. Cet oiseau est un magnifique chasseur, mais il est aussi l’oiseau officiel de la Nouvelle-Écosse, et nous n’y renoncerons pas. Nous le gardons.
Certaines espèces d’oiseaux n’ont même pas été prises en considération, comme la sterne arctique. Quel oiseau unique! Durant notre saison estivale, il vit dans les régions septentrionales des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. Puis, l’hiver, il se rend dans les régions méridionales du globe, en Antarctique. Il effectue la plus grande migration au monde, parcourant environ 50 000 miles par an.
Il y a tellement d’oiseaux uniques dans ce pays qui pourraient être au nombre des choix, mais la sterne, bien sûr, est peu connue. Comme le dit le proverbe, « loin des yeux, loin du cœur ».
Certains diront que nous devrions choisir un oiseau qui n’existe plus afin de le commémorer. Nous avons déjà vu des animaux disparus être commémorés. Le drapeau de la Californie arbore l’ours de Californie, une espèce disparue depuis longtemps. Cela se défend.
Il y a eu trois grandes extinctions au Canada dont personne ne parle. L’une d’entre elles, que nous avons en commun avec les Américains, est celle de la tourte voyageuse, un pigeon sauvage qui était autrefois l’animal le plus abondant au monde. Au début du XIXe siècle, on en comptait entre 3 et 5 milliards. Les tourtes voyageuses ont été tuées pour leur viande.
En 1866, on a observé ces oiseaux migrer vers le sud-est des États-Unis au début de l’automne. Selon les estimations, la volée comptait plus d’un milliard d’oiseaux. Cela s’est passé dans le sud-ouest de l’Ontario. Il a fallu 14 heures et demie à la volée pour passer dans le ciel. Elle a masqué le soleil pendant toute la journée. On a estimé qu’elle mesurait entre 150 et 175 milles de long et environ 3 miles de large. Imaginez un peu le spectacle que cela a dû être. C’est un spectacle que nous ne reverrons plus jamais sur Terre.
J’abhorre l’extermination des animaux, et il s’agit là d’un exemple flagrant d’extermination.
Il y a eu deux autres exterminations majeures au pays auxquelles nous devrions réfléchir. La première a eu lieu sur la côte Est, où vivait le grand pingouin, qui était le pingouin originel, le seul oiseau inapte au vol de l’hémisphère Nord. C’était un magnifique animal vivant en colonies qui passait la majeure partie de l’année dans l’eau et ne sortait que pour nicher et se reproduire.
Il occupait toute la zone nord-atlantique jusqu’au Groenland, aux pays scandinaves et à la Méditerranée, mais se reproduisait dans de petites îles au large de la côte nord de la Grande-Bretagne, de l’Islande, du Groenland, de Terre-Neuve et des Maritimes.
Il a été massacré au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Ses magnifiques plumes étaient utilisées pour le rembourrage des oreillers. C’était un excellent gibier. Ses œufs étaient un mets délicat. En 1840, ils avaient tous été abattus. Les pingouins du Sud n’appartiennent pas à la famille de cet oiseau, mais il s’agissait du pingouin originel. Le nom a été emprunté aux oiseaux du Nord et donné à ceux du sud. C’était le pingouin originel et nous l’avons tué — nous l’avons détruit.
L’autre espèce a été détruite de notre vivant. Nous n’y pensons pas beaucoup. Il s’agit du courlis esquimau, un petit oiseau ressemblant à un bécasseau qui se comptait par millions et qui passait l’été à l’extrémité nord-ouest des Territoires du Nord-Ouest, sur la côte nord de l’Alaska. Il effectuait une migration spectaculaire, jusqu’aux pampas d’Australie. Sa migration était intéressante. À la fin de l’été, il traversait le Canada en ligne droite jusqu’au Labrador, puis descendait le long du continent américain jusqu’aux pampas du sud de l’Argentine, où il passait l’hiver.
En 1492, alors que Christophe Colomb naviguait sur les flots bleus de l’océan et s’apprêtait à découvrir l’Amérique, c’est lorsqu’il a vu une immense volée d’oiseaux se diriger vers le sud au-dessus de l’océan qu’il a su que la terre était proche. Les oiseaux qu’il a aperçus étaient sûrement des courlis esquimaux. Ils ont été photographiés pour la dernière fois dans les années 1960 à Galveston, au Texas. Des gens en ont aperçu à nouveau dans les années 1980. L’extinction du courlis esquimau n’a pas été confirmée, mais il est probablement disparu.
Il existe de nombreuses raisons de commémorer certains oiseaux.
Je reviens aux cinq options proposées par la Société géographique royale du Canada. Dans les années 1960, la bernache du Canada était en difficulté. Sa population avait considérablement diminué, mais de grands efforts ont été déployés pour préserver l’espèce. La bernache du Canada s’adapte très bien aux milieux urbains, et je pense qu’on a donné 20 ou 30 couples reproducteurs au roi et à la reine dans les années 1960. Aujourd’hui, cet oiseau est devenu un animal très nuisible en Grande-Bretagne, car il s’adapte très bien aux milieux urbains.
Même si c’est un oiseau magnifique, il est considéré comme un animal nuisible. Je ne veux pas que les gens recommencent à le tuer, mais nous devons peut-être éviter d’en faire l’oiseau national.
Qui ne reconnaît pas le cri du plongeon huard? Je pense qu’il n’y a pas de son plus canadien que celui du huard qui résonne au-dessus de l’eau. Toutefois, le huard est bien sûr l’oiseau officiel de l’Ontario. Cette province n’y renoncera pas.
On a proposé le harfang des neiges. C’est un bel oiseau, qui est largement répandu au Canada, tout comme le grand-duc d’Amérique et la chouette lapone, mais il s’agit respectivement des oiseaux officiels du Québec, de l’Alberta et du Manitoba. Par conséquent, ils sont exclus de la course.
La mésange à tête noire est également très répandue. Comme le mésangeai du Canada, elle ne migre pas, mais son aire de répartition est moins septentrionale. En outre, c’est l’oiseau officiel du Nouveau-Brunswick, ce qui l’écarte d’emblée.
Cela nous amène au mésangeai du Canada. Le mésangeai du Canada est omniprésent. On le trouve partout dans les forêts du pays. Ce n’est pas un oiseau de jardin ou de cour. C’est un oiseau de la forêt boréale, et nous avons l’une des plus grandes forêts boréales au monde. Le mésangeai du Canada adore les épinettes, et celles-ci ne manquent pas au Canada. Il aime particulièrement les épinettes noires et les épinettes blanches.
Aucun oiseau au Canada n’a reçu autant de surnoms et de noms : mésangeai du Canada, geai gris, voleur de camp, moose bird et whisky jack. J’ai aussi entendu whisky-john. En français, son nom est une combinaison de « mésange » et de « geai ».
Bien sûr, au Cap-Breton et dans certaines régions du pays où l’on parlait autrefois le gaélique écossais, on l’appelait « gorby », ce qui signifie, à juste titre, « le glouton », car cet oiseau ne cesse jamais de manger. Il passe son temps à manger et à stocker de la nourriture, car il reste ici tout l’hiver. Il pond même ses œufs en hiver, quand il fait -25 ou -30 degrés Celsius.
Sa répartition est typiquement canadienne. Il ne migre pas et niche en hiver. C’est un oiseau très grégaire et sociable. Il faut aller dans les bois pour le voir, mais une fois qu’on y est, on en voit partout.
J’aimerais beaucoup que ce projet de loi soit renvoyé au comité, c’est pourquoi j’ai tenu à en parler aujourd’hui, au cas où nous reviendrions la semaine prochaine et que nous ne traitions que des affaires du gouvernement.
J’encourage tout le monde à appuyer le projet de loi et à le renvoyer au comité. Je pense qu’il est temps que le Canada se dote d’un oiseau national. Je vous remercie.
Le sénateur MacDonald accepterait-il de répondre à une question?
Oui.
Saviez-vous qu’il y avait deux oiseaux officiels à Terre-Neuve-et-Labrador?
Je ne savais pas que cette province avait deux oiseaux officiels, mais je sais que le canard du Labrador est un autre oiseau qui a maintenant disparu. Sa population était beaucoup moins nombreuse. Cette espèce s’étendait du Nord du Labrador jusqu’aux Carolines. C’était vers le milieu du XIXe siècle, mais elle a malheureusement disparu. Je ne savais pas qu’il y avait deux oiseaux officiels au Labrador.
Accepteriez-vous de répondre à une autre question qui inclurait la réponse?
Oui.
Saviez-vous que l’oiseau officiel de Terre-Neuve est le macareux, mais que nous avons aussi une espèce de gibier à plumes officielle qui est le lagopède?
Non, mais je savais que le lagopède était l’oiseau officiel du Nunavut, je crois.
Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?
Des voix : D’accord.
(La motion est adoptée et le projet de loi est lu pour la deuxième fois.)