PÉRIODE DES QUESTIONS — La sécurité publique et la protection civile
Les barrages érigés en guise de protestation--La primauté du droit
18 février 2020
Honorables sénateurs, si vous le permettez, je poursuivrai le sujet du blocage des voies ferrées. C’est une situation qui touche tout le pays, mais pour moi, elle touche ma province, la Colombie-Britannique. Le projet Coastal GasLink est important pour la Colombie-Britannique. Il créerait des emplois et des bienfaits à long terme dont la province a grandement besoin. Ce gazoduc a l’appui de tous les conseils de bande élus des collectivités situées le long du tracé, en plus d’avoir obtenu l’appui de près de 85 % des votes tenus dans les collectivités touchées. En gardant ces statistiques à l’esprit, je tiens à souligner que, en tant que province, nous sommes impatients d’aller de l’avant avec ce projet.
Lorsque le blocage des voies ferrées a commencé, le ministre Garneau a dit qu’il s’agissait d’une question qui relevait de la compétence provinciale. Le premier ministre est surtout resté à l’étranger. Il est maintenant de retour au Canada — et nous voyons ce qui se passe —, mais il y a eu un manque de leadership fédéral devant les dommages infligés à l’économie et aux collectivités canadiennes.
Sénateur Gold, ma question porte essentiellement sur la primauté du droit. Que fait le gouvernement pour faire respecter la primauté du droit et mettre fin au blocage des voies ferrées, qui ont causé une des pires interruptions de services ferroviaires jamais vues?
Je vous remercie de votre question. Nous comprenons tous, je crois, l’irritation des Canadiens et le fait que bon nombre d’entre eux puissent souhaiter que le gouvernement prenne les choses en main, éloigne les manifestants et dégage le passage. Les barrages ne sont pas seulement sources de désagréments : ils ont de réelles conséquences pour le pays.
Nous devons aussi garder à l’esprit la situation des communautés autochtones dont les droits sont malmenés non pas depuis 12 jours, mais depuis des décennies, voire davantage. Nous devons reconnaître qu’il existe des problèmes sous-jacents et que, je le dis respectueusement, des solutions faciles risqueraient d’envenimer les choses au lieu de les améliorer.
Tous les sénateurs savent très bien que le gouvernement ne contrôle pas les activités policières. Les services policiers peuvent exercer leur discrétion, qu’il s’agisse de la police provinciale ou de la GRC. Le gouvernement ne dirige pas leurs opérations et ne devrait pas le faire.
L’expérience nous a malheureusement appris — je pense entre autres à mon expérience au Québec, à Oka, à Ipperwash et ailleurs — qu’il faut, pour gérer ces conflits, une patience, un doigté et une délicatesse que très peu de gens possèdent dans ce genre de contexte. Il n’en demeure pas moins que la seule voie d’avenir passe par un dialogue de nation à nation et par une bonne communication. Rappelons que le chef national Perry Bellegarde a lancé dernièrement un appel à un dialogue calme et constructif, de nation à nation, entre la Couronne fédérale, les Couronnes provinciales, les chefs héréditaires et les représentants élus des bandes. Il a dit ceci :
La responsabilité incombe à tous et non pas à une seule personne. Je demande à toutes les parties de se mobiliser afin d’entamer un dialogue constructif.
C’est ce que le gouvernement s’emploie à faire, et on me dit qu’il poursuivra dans cette voie jusqu’à ce l’affaire soit réglée.
Je vous écoute avec attention et je comprends les sentiments qui vous animent. Néanmoins, les nouvelles nous montrent les conteneurs qui s’empilent en attendant d’être déchargés et les chemins de fer qui sont bloqués. La situation exige plus que les palabres et le dialogue.
Le gouvernement a-t-il un plan pour faire bouger les choses? Combien de temps cela prendra-t-il? Entretemps, comme l’a souligné le sénateur Plett, la situation fait du tort aux collectivités et aux Canadiens un peu partout au pays ainsi qu’aux petites entreprises, en particulier les agriculteurs, et met des gens au chômage.
Certes, le dialogue est important, mais nous nous attendons à un plan d’action. Pouvez-vous préciser quel est ce plan?
Je répète : je comprends, de même que le gouvernement comprend, les répercussions importantes de la situation sur l’économie du pays et la vie des Canadiens. Le gouvernement s’emploie activement à régler ce dossier. Comme il est mentionné dans la presse, le premier ministre et des ministres de premier plan sont en réunion depuis des jours. On me dit qu’ils sont en train d'élaborer un plan d’action, qu’ils présenteront aux Canadiens en temps opportun.
D’ici là, le gouvernement croit non pas que dialoguer est en soi la solution aux effets de cette situation sur les Canadiens, mais plutôt que, dans les circonstances très difficiles, éprouvantes et complexes auxquelles nous devons faire face, c’est le seul moyen sûr d’en arriver à une solution à ce problème. C’est pourquoi le gouvernement reste déterminé à travailler avec les Premières Nations, avec les chefs héréditaires et les élus provinciaux concernés, ainsi qu’avec l’industrie britanno-colombienne et les dirigeants de toutes les régions du pays afin de trouver une solution pour résoudre ce dilemme difficile dans l’intérêt des Canadiens.