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PÉRIODE DES QUESTIONS — La défense nationale

Les enquêtes sur les inconduites sexuelles

17 mars 2021


L’honorable Yonah Martin (leader adjointe de l’opposition)

Honorables sénateurs, ma question s’adresse aussi au leader du gouvernement au Sénat. Au dire de tous, la lieutenante-colonelle Eleanor Taylor a été une membre émérite des Forces armées canadiennes pendant de nombreuses années. Elle a dirigé une compagnie d’infanterie en Afghanistan. Elle a joué un rôle clé dans la planification des activités militaires entourant la sécurité des Jeux olympiques de Vancouver en 2010. La semaine dernière, elle a pourtant démissionné de la réserve et affirmé être dégoûtée par les constantes allégations d’inconduite sexuelle dans les forces armées. À son avis, il faudrait changer le nom de l’opération Honneur parce qu’il a perdu tout son sens.

Sa lettre de démission est profondément troublante. J’ai du mal à imaginer combien elle a été difficile à écrire.

Sénateur Gold, combien de leaders talentueux et simplement désireux de servir le pays seront encore forcés de quitter les Forces canadiennes non seulement à cause du harcèlement qu’ils ont subi ou dont ils ont été témoins, mais aussi parce que votre gouvernement n’a pas la capacité ou le désir de régler cette crise?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Je vous remercie de votre question. Cette situation est déplorable. Le gouvernement a énormément d’estime pour les femmes qui osent ainsi raconter leur histoire, il comprend à quel point ce qu’elles vivent est difficile et il les remercie d’avoir agi au grand jour, car elles nous aident à paver la voie à un avenir meilleur pour les Forces armées canadiennes et pour l’équipe de la défense en général. Comme je le disais l’autre jour, le gouvernement est conscient que, dans une organisation comme l’armée, le changement — surtout le changement de culture — est un processus complexe qui demande du temps, mais il est déterminé à agir et il estime que le temps n’est désormais plus à la patience.

On me dit que le gouvernement étudie toutes les options qui lui permettraient de changer la culture des Forces armées canadiennes afin qu’elles offrent un milieu de travail sûr et inclusif à tous les militaires et employés, quels que soient leur rang ou leur titre. Le gouvernement tient, chers collègues, à ce que du soutien concret soit offert à toute personne qui souhaite signaler une agression ou du harcèlement.

Sans vouloir vous manquer de respect, monsieur le leader, cette réponse sonne plutôt creux quand on sait que les deux personnes tout en haut de la pyramide étaient au courant depuis trois ans des écarts de conduite de l’ex-chef d’état-major de la Défense, le général Vance. Le premier ministre et le ministre Sajjan étaient au courant, mais ils n’ont rien fait, ou si peu.

Nous récoltons aujourd’hui les fruits de leur inaction : la démission d’une militaire hautement respectée, selon qui nous n’avons même pas idée de l’ampleur du problème.

Sénateur Gold, votre gouvernement a carrément laissé tomber les femmes et les hommes en uniforme. Pourquoi constate-t-on cette absence totale de responsabilité? Pourquoi le premier ministre fait-il toujours confiance au ministre de la Défense? Est-ce parce que le premier ministre ne peut pas démettre le ministre, étant donné qu’ils ont tous les deux omis d’agir depuis trois ans?

Le sénateur Gold [ + ]

Je vous remercie de votre question, et rien de ce que je m’apprête à dire ne vise à atténuer le problème qui a été identifié dans la culture militaire et qui doit être solutionné. En toute déférence, il n’est tout simplement pas vrai que le gouvernement n’a rien fait. Des mesures importantes ont été prises. Toutefois, elles n’ont pas totalement abouti, et il reste encore beaucoup faire. C’est la triste réalité.

Le gouvernement est déterminé à examiner toutes les options afin d’améliorer la situation pour les militaires, ainsi que les moyens par lesquels les allégations de mauvais traitements, d’agression sexuelle ou de harcèlement doivent être traitées. Je suis convaincu — et je peux vous affirmer — que le gouvernement prend la chose très au sérieux. Ce ne sont pas des paroles creuses. Le gouvernement s’y est sérieusement engagé.

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