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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Mois de la fierté

30 mai 2024


Votre Honneur, ma femme et moi avons la chance d’avoir une fille. Le parcours de notre famille, comme celui de nombreuses familles, a été facilité par le soutien de nos amis et de nos proches. Comme nous le savons tous, il faut tout un village pour élever de bons êtres humains.

Le simple fait de dire « ma femme et moi avons une fille » comporte des risques. En disant « ma femme », je me dévoile à vous en tant que queer, gaie, lesbienne. Je dois vous faire confiance ou être courageuse et tenir pour acquis que notre relation ne changera pas et que vous apprécierez ma famille de la même manière que vous appréciez la vôtre. Déclarer son homosexualité n’est pas facile ni même sûr pour personne.

Cependant, j’ai de la chance. Lorsque j’ai finalement pris le temps de comprendre que j’étais gaie, j’étais une adulte. Je ne m’étais pas cachée; j’étais simplement trop occupée et déterminée à devenir la meilleure rameuse possible pour penser à qui je voulais aimer et à comment j’allais vivre mon amour. Tel a été mon parcours : rapide dans l’aviron, lente dans la compréhension de soi.

Lorsque j’ai révélé mon homosexualité à mes parents, j’étais financièrement indépendante, mais je m’inquiétais tout de même de leur réaction. Lorsque je l’ai dit à ma mère, elle a été triste pour moi. Elle craignait que je ne puisse pas fonder ma propre famille. Toutefois, j’ai eu de la chance, car elle m’a aimée et m’a soutenue.

Un an plus tard, lorsque j’ai enfin eu le courage d’en parler à mon père — comme je l’ai dit, il est risqué d’en parler aux gens —, il m’a demandé : « Qu’est-ce que je suis censé dire à mes amis? » Je lui ai répondu : « Que je suis heureuse ». Cela lui a suffi. J’ai de la chance.

Leur amour et leur soutien pour moi, ma femme et ma fille m’aident à être courageuse et à m’exprimer en langage clair afin de normaliser des termes tels que « ma femme », « gaie » et « queer ».

Je suis une défenseure, une alliée et une membre de la communauté queer, mais cela me brise le cœur de savoir que pour de nombreux jeunes 2ELGBTQ+ les choses se passent autrement. Près d’un jeune sans-abri sur trois au Canada s’identifie comme appartenant à la communauté 2ELGBTQ+. Nombre d’entre eux se retrouvent sans abri parce qu’ils ne peuvent pas être eux-mêmes au sein de leur famille ou parce qu’ils se sont faits montrer la porte simplement parce qu’ils ont osé dire qui ils sont.

Nous respectons les droits des parents, mais nous ne pouvons nier le droit fondamental des enfants d’explorer et d’embrasser qui ils sont sans craindre d’être rejetés ou blessés. Nous devons nous efforcer de créer des environnements où chaque personne, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre, se sent en sécurité et acceptée comme elle est.

La sénatrice Bellemare a récemment parlé de son expérience en tant que parent aimant d’un enfant transgenre. Son histoire nous rappelle que l’amour est l’amour.

Je suis impatiente d’entendre, tout au long du mois de juin, Mois de la fierté, d’autres sénateurs raconter leur expérience. N’hésitez pas à la raconter. Servons-nous-en comme source d’inspiration pour nous réengager dans la lutte pour l’égalité et l’inclusion de tous.

Joyeux Mois de la fierté!

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