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Les contributions et l'impact des Premières Nations, des Métis et des Inuits

Interpellation--Suite du débat

17 octobre 2022


Honorables sénateurs, je prends la parole ce soir parce que, avec l’interpellation no 3, la sénatrice Yvonne Boyer nous donne une belle occasion de souligner les contributions importantes que les Métis, les Inuits et les Premières Nations apportent au Canada et au monde entier.

En tant que sénatrice du Manitoba, je reconnais que je vis sur les territoires du Traité no 1, les territoires traditionnels des Anishinabes, des Cris, des Oji-Cris, des Dakotas et des Dénés, et de la patrie de la nation métisse.

Je souligne que le Parlement du Canada est situé sur le territoire non cédé des nations anishinaabe et algonquine.

Je remercie la sénatrice Boyer de cette initiative. Nous pouvons tous apprendre beaucoup de la résilience et de l’intelligence démontrées par chaque génération des peuples fondateurs de l’île de la Tortue, souvent face à la discrimination systémique massive et à l’illégalité de toutes sortes.

Je suis ravie d’avoir l’occasion de vous présenter le travail de trois femmes autochtones véritablement remarquables et formidables : Teara Fraser, Leslie Spillett et Diane Redsky. Je parle en connaissance de cause et je peux vous assurer que ces trois fortes dirigeantes autochtones sont, à leur façon, d’admirables exemples de réussite. Elles sont des modèles de leadership fondés sur des valeurs autochtones profondément ancrées, qui se reflètent dans ce qu’elles sont, ce qu’elles font et la manière dont elles le font.

Honorables sénateurs, la première femme à qui je veux rendre hommage est Teara Fraser, une fière Métisse qui, chaque jour, met sa passion pour l’aviation au service de son travail et de son action bénévole. Au début de sa carrière dans cette industrie fortement dominée par les hommes blancs, Teara rêvait d’un milieu de travail plus diversifié et offrant de meilleures conditions, et elle continue inlassablement à concrétiser ce rêve grâce à sa propre compagnie aérienne.

En 2019, Mme Fraser a inauguré Iskwew Air, sa propre compagnie de transport aérien autochtone dirigée par une femme, qui a comme base d’activités l’aéroport international de Vancouver. À l’heure actuelle, il s’agit de la seule entreprise autochtone dans cet aéroport. Iskwew est un mot cri qui signifie « femme ». Il représente le désir de Mme Fraser de favoriser l’autonomie des femmes et de célébrer les femmes cheffes de file. La compagnie aérienne vise à soutenir le tourisme autochtone et à améliorer l’accessibilité des communautés autochtones éloignées de la Colombie-Britannique et des provinces et territoires voisins.

Mme Fraser imprègne son entreprise de ses valeurs ancestrales. Par exemple, Iskwew Air s’est engagée à devenir une entreprise carboneutre. Pour ce faire, elle calcule les émissions de gaz à effet de serre qui découlent de ses activités d’exploitation et travaille à les réduire ainsi qu’à compenser la différence. Une telle initiative montre qu’elle se soucie de la santé de l’air et de la terre. Elle fait également preuve d’innovation en tenant compte des préoccupations environnementales.

Une autre contribution de Mme Fraser qu’il vaut la peine de souligner est le travail qu’elle a effectué pendant la pandémie de COVID-19. Sa compagnie aérienne a approvisionné en biens essentiels des communautés autochtones éloignées touchées par la COVID, souvent à tarifs considérablement réduits.

Mme Fraser est un merveilleux modèle d’apport de l’énergie, de la créativité et de la ténacité des femmes à un rôle de chef de file novateur. Il est donc logique qu’elle ait récemment été célébrée à titre de femme d’affaires de l’année à l’occasion des prix du tourisme et de l’hébergement de la Colombie-Britannique de 2022.

Honorables sénateurs, la prochaine femme que j’aimerais reconnaître est Leslie Spillett. Née dans le Nord du Manitoba, elle est d’ascendance crie, de Cumberland House, de la nation crie d’Opaskwayak, et de la colonie métisse de la rivière Rouge du côté de sa mère, et d’ascendance irlandaise et écossaise du côté de son père.

Mme Spillett est une admirable militante et défenseure de la communauté, qui porte des initiatives de grande envergure au service des Manitobains autochtones et non autochtones. Elle a fondé Ka Ni Kanichihk, un organisme autochtone de premier plan qui soutient les femmes et leurs familles par l’entremise de programmes éducatifs et de services de développement adaptés aux traumatismes et à la culture. Ka ni kanichihk signifie en cri « ceux qui guident », et le centre est souvent considéré comme un « second foyer », mais c’est aussi un centre d’apprentissage, un lieu d’appartenance, un lieu où l’on trouve du sens.

Mme Spillett a également été l’une des principales fondatrices du Mother of Red Nations Women’s Council of Manitoba, et elle a travaillé en tant que dirigeante de l’Association des femmes autochtones du Canada. Dans le cadre de ses initiatives, elle soutient également les réalisations des jeunes autochtones, les connaissances traditionnelles et le statut des femmes autochtones, et ce, de manière très directe.

Mme Spillett a été l’une des premières à défendre les femmes autochtones disparues et assassinées au Canada, et elle a soulevé ce problème dans des forums internationaux bien avant que soit menée l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, à laquelle notre collègue, la sénatrice Michèle Audette, a participé de manière si remarquable.

Après avoir mûrement réfléchi, Mme Spillett a décidé d’accepter un doctorat honorifique en droit de l’Université de Winnipeg en 2011. En 2012, elle a été intronisée dans l’Ordre du Manitoba. Le courage, le dévouement, la volonté et la ténacité de Mme Spillett sont un exemple pour nous tous.

C’est un honneur pour moi de rendre maintenant hommage à Mme Diane Redsky, une ardente défenseure des droits des Autochtones dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Elle milite tout particulièrement pour le grand nombre de femmes et d’enfants autochtones devant surmonter des obstacles pour jouir de leurs droits et accéder à des services utiles.

Depuis de nombreuses années, Mme Redsky est directrice générale du centre Ma Mawi Wi Chi Itata, que les membres de la communauté appellent « Mamawi ». Elle a récemment annoncé qu’elle prendrait sa retraite en décembre. Mamawi offre plus de 50 programmes dans un vaste nombre de communautés autochtones. Ces programmes visent à créer des possibilités concrètes d’engagement communautaire et familial, à tirer avantage des forces innées et à puiser dans les compétences des Autochtones pour renforcer la guérison et la réconciliation au sein des familles et des communautés autochtones, de même qu’à s’assurer que l’ensemble de la communauté peut guérir.

En 1984, la vision de Mamawi a rassemblé les membres de la communauté qui souhaitaient reconstruire les familles en se servant de solutions autochtones. Cette vision est portée aujourd’hui par le leadership de Mme Redsky et a fait de Ma Mawi une des plus grandes organisations de services sociaux dirigées par des Autochtones qui emploient des Autochtones au Canada. Diane a un plan pour sa succession qui permettra à cette vision de continuer d’être mise en œuvre.

Mme Redsky travaille à lutter contre la traite des personnes et la violence commise à l’endroit des femmes, des filles et des membres de la communauté 2SLGBTGI. Pendant 5 ans, Mme Redsky a quitté Ma Mawi pour occuper les fonctions de directrice de projet du Groupe de travail national sur la traite des femmes et des filles à des fins d’exploitation sexuelle au Canada, un groupe qui n’a pas été formé par le gouvernement. Ce sont plutôt des femmes philanthropes de la Fondation canadienne des femmes qui ont financé le groupe devenu ensuite le catalyseur de l’efficacité gouvernementale; le groupe a produit un rapport très important contenant 34 recommandations pour mettre fin à la traite des personnes à des fins sexuelles au Canada.

Les efforts de Mme Redsky ne sont pas passés inaperçus, car elle a reçu la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne », la médaille du 150e anniversaire du Sénat et le Prix Femmes de mérite du YMCA, elle a été faite membre de l’Ordre du Manitoba et elle a reçu un doctorat honorifique de l’Université de Winnipeg.

Dans notre société, nous portons attention aux titres et aux lettres que les gens inscrivent avant ou après leur nom parce que cela nous indique que ces personnes ont obtenu des distinctions qui nous importent et que nous respectons. Ces trois femmes exceptionnelles ont reçu toutes ces distinctions, mais elles ont aussi reçu les récompenses invisibles qui comptent le plus en gagnant le profond respect, l’amour, la reconnaissance et le dévouement de leur collectivité, de leur province ainsi que de leurs alliés au Canada et dans d’autres pays.

Honorables collègues, je vous invite à vous joindre à moi pour célébrer ces cheffes de file autochtones exceptionnelles et, puisque la sénatrice Boyer a lancé son interpellation pour attirer notre attention sur les contributions apportées par les Métis, les Inuits et les Premières Nations au Canada et dans le monde, tâchons de souligner la contribution de bien d’autres personnes dans cette enceinte. Chi-meegwetch. Merci.

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