DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de l'honorable Monique Bégin, C.C.
24 octobre 2023
Je remercie le Groupe des sénateurs indépendants et le sénateur Gold de me donner l’occasion de prendre la parole aujourd’hui. Je le fais en tant que sénatrice féministe militante pour rendre hommage à une pionnière du féminisme au Québec, l’honorable Monique Bégin, décédée il y a environ six semaines.
Comme l’a affirmé le premier ministre Justin Trudeau :
En 1972, Mme Bégin a été élue députée de la circonscription montréalaise de Saint-Michel, devenant ainsi l’une des trois premières Québécoises à siéger à la Chambre des communes. [...]
Militante passionnée, Mme Bégin a laissé une marque indélébile sur le Canada.
Avant de faire son entrée aux communes, Mme Bégin a forgé sa réputation en tant que figure de proue du mouvement féministe au Québec.
En 1966, elle a notamment signé la charte fondatrice de la Fédération des femmes du Québec, dont elle a été la première vice‑présidente. L’année suivante, elle a été nommée secrétaire générale de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, dont le rapport, publié en 1970, demeure important aujourd’hui.
L’honorable Monique Bégin a ensuite mené une brillante carrière à titre de ministre du Revenu national, puis de ministre de la Santé nationale et du Bien-être social, en instaurant à la fois le crédit d’impôt pour enfants et la Loi canadienne sur la santé. Étant les deux seules femmes au Cabinet durant la période de renouvellement constitutionnel de 1980 à 1982, Mme Bégin et sa collègue l’honorable Judy Erola protégeaient les droits des femmes à l’égalité dans l’ébauche de la Charte des droits.
D’après mon expérience personnelle, je peux vous assurer que Mme Bégin a appuyé discrètement et efficacement les efforts que nous avons déployés pour protéger la garantie d’égalité des sexes prévue à l’article 28 contre la disposition de dérogation prévue à l’article 33.
Après sa carrière politique, Mme Bégin est devenue une éminente universitaire, d’abord en tant que coprésidente des études féminines à l’Université d’Ottawa et à l’Université Carleton, puis en tant que doyenne des sciences de la santé pendant des années. J’ai communiqué avec elle il y a 20 ans pour lui demander si elle accepterait de rédiger l’avant-propos d’un livre sur un sujet impopulaire que j’avais corédigé, intitulé Preventing Sexual Abuse of Patients: A Legal Guide for Health Care Professionals. Son appui a aidé à intégrer le livre aux programmes d’études partout au Canada.
On lui a décerné de nombreux diplômes honorifiques et prix, notamment le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne » en 2017 et le grade de Compagnon de l’Ordre du Canada l’année dernière. Son amie Deborah Davis m’a écrit ce matin pour me rappeler que Mme Bégin était loin d’être définie par ses prix : elle était un modèle et une source d’inspiration. Elle encourageait généreusement les nouvelles générations à s’épanouir. Je conclurai en disant que l’une des premières et plus mémorables invitations à dîner que j’ai reçues en tant que sénatrice m’a été adressée par Mme Bégin, qui a préparé un délicieux repas que nous avons partagé avec les sénatrices Pamela Wallin et Nancy Ruth. Ce fut une sacrée conversation.
Monique, grande dame, à la prochaine!