Aller au contenu

DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Fonds de Bourses BRAVO

18 juin 2025


L’honorable Julie Miville-Dechêne

Honorables sénateurs, je veux vous parler d’immigration en vous racontant une cérémonie émouvante à laquelle j’ai participé récemment à Gatineau. L’intégration des nouveaux arrivants et des demandeurs d’asile ne dépend pas seulement de programmes centralisés et un peu impersonnels, mais aussi de l’ouverture du milieu et des efforts de la communauté d’accueil. C’est exactement ce que l’ex-diplomate Jacques Laberge et son groupe de bénévoles font chaque année depuis quatre ans en remettant des Bourses BRAVO de 1 000 $ et 2 000 $ à des étudiants méritants.

De jeunes étudiants venus d’ailleurs sont récompensés pour leur parcours scolaire et leur maîtrise du français. Ils deviennent ensuite des ambassadeurs qui inspirent celles et ceux qui débarquent en Outaouais. Chaque lauréat a raconté en français des bribes de son histoire et de ses défis.

Un jeune d’origine iranienne âgé de 18 ans, Mohammad Hossein Bokaei Jazi, qui est arrivé au Canada il y a trois ans, a parlé de ses nombreux déracinements avec beaucoup d’humour. Sa famille s’est d’abord installée au Nouveau-Brunswick avant de déménager en Outaouais.

Il s’est retrouvé sans le vouloir dans une classe régulière, alors qu’il parlait très peu le français. Il était perdu pendant les premiers mois. Aujourd’hui, il s’exprime bien et il va entrer à l’université. Il a joué pour nous du santour, un instrument à cordes iranien.

Les sœurs afghanes Haida et Madina Jabarkhil, toutes deux lauréates de Bourses BRAVO à un an d’intervalle, m’ont également impressionnée. L’apprentissage du français a été particulièrement difficile pour ces deux jeunes femmes qui parlaient pachto et dari en Afghanistan. La prononciation, les accents toniques, tout est différent, mais les deux sœurs ont manifestement une volonté de fer. Elles ont appris la base du français en un temps record. Elles ont été accueillies comme réfugiées par le Canada, car leur mère était journaliste. Mariée de force à l’âge de 14 ans à un taliban, leur mère a réussi à divorcer après sept ans de violence physique et mentale. Madina, à 19 ans, cumule études universitaires, bénévolat et emplois en couture et elle fabrique tous ses vêtements. Elle est fière de sa mère, qui a fui une société patriarcale. Elle a déjà le vocabulaire d’une féministe en herbe. Madina rêve de faire de la politique ici, justement à cause de ce qu’elle a vécu en Afghanistan. Elle a vu le pouvoir accaparé par les plus riches. Elle était dans une famille qui avait bien peu de moyens. Donc, la mission qu’elle se donne dans son nouveau pays est d’œuvrer pour les droits des femmes et des plus démunis.

Haut de page