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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La vente des actifs de MEC

30 septembre 2020


Honorables sénateurs, le 14 septembre dernier, on annonçait dans les journaux que Mountain Equipment Co-op serait vendue à des investisseurs privés américains. Avec raison, cette nouvelle a fortement ébranlé le milieu coopératif canadien. MEC, la plus importante coopérative de détail au Canada, qui comptait jusqu’à tout récemment 22 points de vente à travers le pays, allait être vendue à des intérêts étrangers, mais attention, cela n’est pas la fin de l’histoire. Les quelque 5 millions de membres de la coopérative ont appris la nouvelle en même temps que le reste du monde, soit dans les journaux. Ils n’ont reçu aucun préavis du conseil d’administration et n’ont pas participé au processus décisionnel. Ils n’ont pas été du tout consultés.

Les réactions de nombreux Canadiens et Canadiennes à cette nouvelle ont été vives, et nombre d’entre eux se sont mobilisés afin de sauver cette coopérative canadienne. Par exemple, des fonds ont été recueillis afin que les intérêts des membres de la coopérative soient défendus devant les tribunaux et une pétition s’opposant à la vente de MEC a jusqu’à maintenant récolté plus de 140 000 signatures.

Les membres de la coopérative ont été pris au dépourvu tout à fait injustement par la décision du conseil d’administration de procéder à la vente des actifs de MEC. Bien qu’il soit libre d’agir ainsi, ce dernier a des obligations envers les membres de la coopérative. Plusieurs questions demeurent en suspens dans toute cette histoire.

Pourquoi les membres n’ont-ils pas été consultés? Pourquoi n’ont-ils pas été invités à exprimer leur opinion sur les solutions de rechange qui s’offrent aux coopératives?

Le fondement même du modèle coopératif repose sur ses membres et sur leur participation à titre de consommateurs et de propriétaires. En mettant cette coopérative sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, le conseil d’administration a délibérément nui au processus démocratique et privé ses membres de la possibilité de proposer d’autres solutions.

Pour l’instant, l’avenir de MEC en tant que coopérative canadienne demeure incertain. Ce qui est certain, toutefois, c’est que la chute de MEC ne sonne pas le glas du secteur coopératif. La force et la capacité d’adaptation du modèle coopératif et le fait qu’il redonne à la communauté ont démontré sa valeur à maintes reprises au fil des ans partout au Canada. Je songe entre autres à Agropur, au Groupe Desjardins, à Artic Co-op, à l’ACCF, à Sollio Groupe Coopératif, et j’en passe. Ce modèle d’affaires mérite d’être encouragé et de faire partie des solutions proposées par le gouvernement afin que nos collectivités puissent relever les nombreux défis posés par la COVID-19.

Ce modèle d’affaires éprouvé, fondé sur des valeurs coopératives telles que la collaboration, le partage et le contrôle démocratique, convient parfaitement à une reprise économique équitable pour l’ensemble des Canadiens. Les coopératives peuvent et doivent faire partie de la solution. Je vous remercie de votre attention.

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