Le drapeau canadien dans le cadre de la célébration du Jour du drapeau national du Canada
Interpellation--Débat
15 février 2024
Ayant donné préavis le 13 février 2024 :
Qu’il attirera l’attention du Sénat sur le drapeau canadien dans le cadre de la célébration du Jour du drapeau national du Canada.
— Honorables sénateurs, c’est un honneur de lancer cette interpellation sur le drapeau canadien à l’occasion du Jour du drapeau, comarrainée par les sénatrices Salma Ataulahjan, Jane Cordy, Lucie Moncion et Rebecca Patterson. Je suis ravi que d’autres sénateurs aient décidé de prendre la parole dans le cadre de cette interpellation aujourd’hui et au cours des prochains jours, si bien que vous entendrez une série de brefs discours sur le sujet.
Chers collègues, en me rendant à l’édifice du Sénat ce matin, je me suis arrêté devant la Flamme du centenaire pour admirer le drapeau qui flotte au sommet de la tour de la Paix. J’ai pensé à la cérémonie qui s’est déroulée le 15 février 1965, il y a 59 ans. À l’époque, Lester B. Pearson était premier ministre, John Diefenbaker était chef du Parti progressiste-conservateur, Tommy Douglas était chef du NPD et Réal Caouette était à la tête des créditistes, tandis que Georges Vanier était gouverneur général du Canada.
J’ajouterais que feu l’ancienne sénatrice Landon Pearson, belle‑fille de l’ancien premier ministre Pearson, a raconté avoir regardé la cérémonie en compagnie d’un troupeau de petits-enfants Pearson dans le bureau du premier ministre, qui se situait alors dans l’édifice de l’Est. C’était un matin froid de février; il faisait beaucoup plus froid qu’aujourd’hui.
L’obtention d’un nouveau drapeau n’a pas été chose facile. Pearson était profondément convaincu que nous avions besoin d’un drapeau nettement canadien qui n’avait aucun lien avec la colonisation. Il a déclaré :
Je suis persuadé à ce moment-ci qu’un drapeau avec la feuille d’érable comme emblème symbolisera [et] reflétera réellement le nouveau Canada.
En 1964, lorsque Pearson a proposé l’idée publiquement au congrès de la Légion royale canadienne à Winnipeg, il est entré dans la fosse aux lions. En fait, il s’est jeté dans la gueule du loup. Même s’il s’agissait d’un groupe extrêmement patriotique, la Légion ne voulait pas que le drapeau change.
Par la suite, un comité de députés a tenu plus de 35 réunions et reçu plus de 3 500 propositions de la part des Canadiens.
Le fanion de Pearson aurait comporté trois feuilles d’érable et deux barres bleues étroites à chaque extrémité. La version approuvée a été réalisée par l’historien George Stanley.
Le premier drapeau a été confectionné par Joan O’Malley du 6 au 7 novembre. Elle l’a littéralement confectionné en une nuit et elle est l’une des deux seules femmes à figurer dans l’histoire du drapeau canadien.
Il est intéressant de noter que l’autre femme, c’est Margaret Konantz, l’une des rares députées de l’époque, une députée libérale de Winnipeg d’ascendance métisse et la seule personne autochtone à avoir joué un rôle clé dans l’élaboration du drapeau.
Le drapeau a été approuvé le 15 décembre par la Chambre des communes après un débat incroyable et pas forcément harmonieux. Le vote final a eu lieu à 2 heures du matin après un débat de six mois.
Le débat s’est ensuite transporté au Sénat pour qu’il vote. Le drapeau a été approuvé par la Chambre des communes le 15 décembre. A-t-on une idée de la date à laquelle il a été approuvé au Sénat? Il l’a été le 17 décembre. Le second examen objectif a été plutôt rapide.
Je pense que la sénatrice Moodie aurait été déçue, car, dans le meilleur des cas, il n’y aurait eu qu’un comité plénier, sans examen en comité.
Je suis désolé si c’était trop tôt.
Quoi qu’il en soit, la Reine lui accorda la sanction royale le 28 janvier à Londres, en présence de M. Pearson et de M. Diefenbaker, ce qui est important de souligner, puisque Diefenbaker était totalement opposé au nouveau drapeau. Néanmoins, une fois le drapeau adopté, il assista à la sanction royale.
Cependant, les circonstances n’avaient rien de très réjouissant, car le premier ministre et le chef de l’opposition étaient à Londres pour les funérailles d’État de Winston Churchill, qui était décédé le 24 janvier. Notre magnifique drapeau a reçu la sanction royale pendant la semaine qui s’est écoulée entre le décès et les funérailles de cet homme d’État.
Il était donc fort à propos que nous ayons quelque chose de plus joyeux à célébrer dans notre pays le 15 février, jour où le nouveau drapeau unifolié a été hissé officiellement sur la Colline du Parlement pour la première fois. La feuille d’érable est devenue un emblème reconnu mondialement que les Canadiens peuvent porter avec grande fierté. On entend souvent dire que des gens d’ailleurs l’affichent sur leur sac à dos pour se faire passer pour des Canadiens parce qu’ils sont mieux acceptés ainsi.
Que ce soit au pays ou à l’étranger, ce drapeau est très important pour bien des gens. Les nouveaux Canadiens sont certainement très fiers d’en avoir un lorsqu’ils prêtent le serment de citoyenneté. Je peux moi-même en témoigner.
J’aurais deux observations à faire. Premièrement, même si le drapeau inspire beaucoup de fierté à la plupart des Canadiens, ce sentiment n’est pas nécessairement aussi répandu chez les Autochtones, étant donné que ce drapeau est l’emblème de l’État canadien, et du colonialisme dans une certaine mesure. C’est un État qui n’a pas toujours fait preuve de bienveillance envers les peuples autochtones. D’ailleurs, l’unifolié flottait parfois au-dessus des pensionnats.
Deuxièmement, depuis quelque temps, je trouve préoccupant que le drapeau canadien soit adopté par des gens qui souhaitent que des gouvernements soient renversés de façon non démocratique et qui estiment que l’occupation prolongée et illégale de la capitale du pays et le harcèlement de citoyens innocents constituent une juste forme de désobéissance civile — des gens qui font flotter le drapeau du Canada en signe de protestation, parfois à l’envers et parfois défiguré.
Je tiens à dire publiquement, à ma manière, que l’unifolié, le drapeau du Canada, est le symbole de notre pays, du peuple et de la société que nous sommes, et qu’il faut donc le respecter et le défendre. C’est le drapeau de l’un des meilleurs pays du monde, un pays qui cherche à se dépasser et qui, contrairement à la plupart des autres, est prêt à examiner ses imperfections et à travailler pour les corriger. Voilà ce qui fait le génie de l’État canadien et la grandeur de la société canadienne.
Merci.
Sénateur Cardozo, je vous remercie d’avoir lancé cette interpellation et de nous donner l’occasion de prononcer quelques mots.
Chers collègues, d’après des statistiques provenant du recensement de 2021, les personnes nées avant 1965 constituent moins du tiers de la population canadienne. C’est donc dire que 71 % des Canadiens n’ont pas connu d’autre symbole que la feuille d’érable rouge comme symbole de notre pays. Comme on le sait, c’est le 15 février 1965 qu’a été hissé pour la première fois ce drapeau à la fois simple et majestueux, où le rouge vif ressort sur le fond blanc éclatant.
Les débats pour ou contre un nouveau drapeau pour le Canada pour remplacer l’Union Jack de l’Empire britannique et le Red Ensign canadien ont été houleux et passionnés. Comme le sénateur Cardozo l’a mentionné, en 1961, Lester B. Pearson a décidé que le Canada aurait un nouveau drapeau et cette promesse a été inscrite dans le programme électoral du Parti libéral. L’arrivée au pouvoir des libéraux en 1963 a marqué le début d’un débat passionné sur le drapeau.
Comme notre collègue l’a mentionné, le Parti progressiste-conservateur, qui formait l’opposition sous la direction de John Diefenbaker, s’est opposé à l’adoption d’un nouveau drapeau. Les progressistes-conservateurs voulaient conserver le Red Ensign. Le débat a fait rage au point que l’ancien premier ministre Pearson fait siéger le Parlement pendant tout l’été 1964. Finalement, un Comité spécial sur un drapeau a été créé et les membres ont disposé de six semaines pour proposer un nouveau motif.
Le comité a tenu 35 longues réunions et — comme l’a déjà dit le sénateur Cardozo — a examiné plus de 3 500 propositions, y compris celle d’un élève ontarien de 8 ans qui, aujourd’hui, occupe fièrement un poste au sein de l’équipe du bureau du représentant du gouvernement. Malheureusement, ce n’est pas sa proposition qui a été retenue.
Ce n’est pas moi; je n’étais pas encore née.
Ce n’est pas la sénatrice LaBoucane-Benson.
Je vais continuer et je suis heureux de le faire savoir.
Après maintes discussions et quelques manigances de la part des deux grands partis, le comité a choisi le motif de la feuille d’érable rouge sur fond blanc avec des bordures rouges. Cependant, ce n’est qu’après 250 discours à la Chambre des communes et le recours à la fixation de délai par l’ancien premier ministre Pearson que, aux premières heures du matin le 15 décembre 1964, la feuille d’érable rouge est devenue le drapeau du Canada et la fierté du pays. Le Sénat a effectué un second examen objectif et, deux jours plus tard, l’a approuvé lui aussi.
Aujourd’hui, très peu de gens, peut-être pas dans cette enceinte, mais ailleurs, se souviennent du grand débat sur le drapeau. J’espère parler en notre nom à tous quand j’évoque la fierté et la gratitude que je ressens quand je vois la feuille d’érable rouge flotter au sommet de la tour de la Paix, orner les uniformes des forces armées canadiennes, portée par les athlètes lors des Jeux olympiques ou cousue sur le sac à dos de jeunes Canadiens qui explorent le monde, comme je l’ai fait il y a 50 ans. Je faisais de l’auto-stop en Afrique du Nord et en Europe avec ma guitare à la main, sans drapeau cousu sur mon sac, mais j’étais heureux de le voir sur celui des autres parce que je savais que je pouvais nouer des liens avec mes compatriotes québécois et canadiens. Toutes ces occasions nous font ressentir la gratitude de vivre dans l’un des plus grands pays au monde. Encore une fois, je vous remercie, chers collègues, et merci, sénateur Cardozo.
J’aimerais poser une petite question, si le sénateur Gold accepte d’y répondre.
Bien sûr.
Je voulais ajouter une anecdote à cette discussion. Je ne sais pas si vous ou nos collègues savez que les audiences sur le drapeau qui ont eu lieu au milieu des années 1960 — avant ma naissance — se sont déroulées au Sénat, dans l’édifice du Centre. Je crois que c’était dans la salle S-256 ou S-156. Je ne suis pas certaine du numéro exact de la salle. Oui, 256, je crois. C’est là que ces audiences ont eu lieu. Je ne sais pas si vous le saviez.
Je vous remercie. Non, je ne le savais pas. Voilà ma réponse à votre question.
Encore une fois, il est agréable d’être lié à une partie de notre histoire, même si certains d’entre nous n’étaient pas encore nés.
Je vous remercie, Votre Honneur.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet du 59e anniversaire de l’unifolié, et je remercie le sénateur Cardozo d’avoir pris l’initiative de lancer cette interpellation.
Cela fait plus de 40 ans que j’ai le plaisir de vivre au Canada, et je ressens toujours une profonde fierté lorsque j’aperçois le drapeau canadien au cours d’un voyage à l’étranger, une fierté que je partage avec mes filles qui sont toutes deux nées ici.
Par exemple, lors d’un voyage dans ma ville natale, ma fille aînée — qui était très jeune, puisqu’elle était alors âgée d’environ cinq ans — et moi-même sommes tombées sur un vieux panneau rayé où l’on pouvait deviner un drapeau canadien. Ma fille était enchantée de trouver, à Peshawar, dans le Nord du Pakistan, un fragment de son pays d’origine. « Canada, Canada! », s’est-elle exclamée. À ce moment-là, le jeune homme qui conduisait la voiture de mon père, son chauffeur, en quelque sorte, s’est exclamé avec elle « Canada, Canada! » Plus tard, lorsqu’il est rentré à la maison, il s’est plaint de maux de tête parce que ma fille n’avait pas cessé de s’exclamer « Canada, Canada! » pendant tout le trajet. Or, ce qu’il s’est bien gardé de dire à ma mère, c’est qu’il en avait fait tout autant, et qu’il s’était lui aussi exclamé « Canada, Canada, Canada! » Je peux vous dire que sur la route, nous ne sommes pas passés inaperçus, et les gens se demandaient ce qui pouvait bien se passer dans cette voiture.
L’année dernière, alors que nous étions à Londres, nous nous promenions dans la ville avec ma famille élargie et, tout à coup, quelqu’un a crié : « Regardez, le Canada, le Canada ». En effet, il y avait la feuille d’érable, un petit morceau de chez nous.
Notre drapeau a été le symbole des liens d’amitié entre les pays. Il a même fait l’objet d’une « prise de drapeau ». J’ai appris ce terme en faisant des recherches pour mon discours d’aujourd’hui. Dans les années 1990, des voyageurs portaient le drapeau d’un autre pays pour faire semblant de venir d’une nation favorisée, et devinez quelle était cette nation? C’était le Canada. Nous nous souvenons tous que des voyageurs, en particulier des Américains, cousaient des drapeaux canadiens sur leurs sacs à dos pour que les gens pensent qu’ils étaient Canadiens. Cette pratique est devenue si courante chez les Américains que Mark Bowden, expert en langage corporel, a donné en 2013 des conseils humoristiques sur la manière de se faire passer pour un Canadien.
Aujourd’hui encore, je n’oublierai jamais ce que j’ai ressenti quand, en tant que nouvelle sénatrice, j’ai grimpé les marches de l’édifice du Centre et que j’ai entrevu le drapeau canadien. Il éveillait en moi des émotions chaque fois, car il représente non seulement notre pays, mais aussi qui nous sommes et le respect que nous suscitons.
Honorables sénateurs, quand je vois l’unifolié, où que je sois dans le monde, j’ai un sentiment de fierté, de réconfort, de sécurité et, surtout, d’amour. Je vous remercie.
Je vous remercie, sénateur Cardozo, d’avoir lancé cette interpellation au sujet du drapeau canadien. Il s’agit d’une excellente occasion pour nous tous.
Honorables sénateurs, nous sommes nombreux à tenir pour acquis que le drapeau représente la même chose pour tout le monde. Avant de venir travailler à Ottawa, je ne pensais pas souvent au drapeau du Canada.
Lorsque je suis arrivée à Ottawa après avoir été nommée sénatrice, je dois admettre que je ressentais une certaine excitation et une grande fierté chaque fois que je voyais notre drapeau, l’unifolié, au sommet de la tour de la Paix. De savoir que j’étais venue ici pour représenter ma province, la Nouvelle-Écosse, au sein d’Équipe Canada évoquait pour moi quelque chose de très spécial.
Il faut que j’ajoute que je dois encore me pincer et que je ressens le même sentiment de fierté m’envahir quand je fais des voyages officiels à l’étranger et que je vois le drapeau canadien, que ce soit dans les ambassades ou dans le cadre de réunions de l’OTAN ou de réunions avec des représentants d’autres pays. Chaque fois que je vois le drapeau, cela me rappelle mon père qui s’est battu en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est un lien très émotif et sentimental. C’est ce que le drapeau canadien évoque pour moi.
Honorables sénateurs, les symboles permettent aux gens d’aller au-delà de leurs perceptions et de leurs connaissances, d’établir des liens qu’ils ne verraient pas autrement entre différentes idées et expériences. Le drapeau symbolise cela à bien des égards. Nous n’avons pas tous les mêmes expériences ou sentiments à l’égard du drapeau et de ce qu’il représente, mais notre drapeau permet d’établir des liens et un contexte qui alimentent les conversations, du moins, je l’espère. J’espère que nous pourrons avoir des conversations, notamment au sujet de la réconciliation, et que nous faciliterons l’expression des différentes émotions que le drapeau peut susciter.
Espérons que le Jour du drapeau sera pour nous l’occasion de nous demander ce que ce jour signifie pour nous et pourquoi, tout en comprenant que ces sentiments ne sont pas nécessairement partagés.
Je voudrais terminer mes observations en citant Tareq Hadhad, un réfugié syrien qui vit en Nouvelle-Écosse et qui a lancé avec son père une chocolaterie baptisée Peace by Chocolate, à Antigonish. Si vous n’avez jamais goûté leur chocolat, je vous le recommande. Il a dit ceci :
Dans mes souvenirs, le drapeau canadien sera toujours associé à un panneau de bienvenue que j’ai vu à mon arrivée dans ce pays et qui disait que nous pouvions vivre en paix au Canada. Le drapeau a toujours été pour moi un symbole d’espoir et de patrie. Chaque fois que je le voyais pendant mon parcours, je me sentais en sécurité et libre. Maintenant, partout où je le vois, je sais que je vais rencontrer les gens les plus aimables du monde.
Merci.
Madame la Présidente, chers collègues, je prends la parole dans le cadre de l’interpellation du sénateur Cardozo à l’occasion du Jour du drapeau national du Canada, qui a lieu aujourd’hui, le 15 février.
Figure emblématique de l’identité canadienne, la feuille d’érable rouge sur le drapeau canadien est bien connue et reconnue partout dans le monde.
En cette journée de célébrations de notre magnifique drapeau, il est important de reconnaître sa puissance au-delà des frontières canadiennes. Cet étendard aux multiples facettes incarne également les engagements du Canada en matière de relations internationales et de diplomatie mondiale.
Le drapeau canadien joue un rôle crucial dans l’imaginaire des populations et des gouvernements du monde. En tant que symbole des valeurs canadiennes et des engagements du pays envers la diplomatie, la paix et la coopération, il sert de toile de fond aux échanges avec les autres nations partageant des objectifs et des défis communs, ou encore aux dialogues plus contentieux visant à protéger les intérêts des Canadiennes et des Canadiens.
En droit canadien, la doctrine de l’arbre vivant est un principe d’interprétation constitutionnelle qui reconnaît que la Constitution est un document vivant et évolutif. Elle permet d’interpréter les règles constitutionnelles en considérant l’évolution de notre société.
Au même titre, le drapeau canadien est la représentation visuelle d’une société qui se réinvente et se transforme au gré du temps et des saisons.
Le drapeau canadien, porteur d’une histoire complexe, incite à une introspection, nous invitant à nous intéresser attentivement au vécu et aux expériences de chacun. Cette réflexion sert de guide pour nos aspirations sociétales et de tremplin pour notre avenir.
Pour que notre drapeau soit véritablement emblématique d’une identité évolutive, il est de notre devoir de contribuer à la construction d’un imaginaire qui reflète fidèlement l’expérience, le vécu et les aspirations de tous. Nous devons considérer avec soin les valeurs et les fondements qui transcendent l’image du Canada à travers son drapeau, en nous engageant par des actions conscientes et concrètes de décolonisation, de soutien aux communautés francophones en situation minoritaire, d’appui aux populations vulnérables et en situation de pauvreté, de promotion de l’égalité des sexes et des genres, de soutien aux communautés de personnes de diverses identités de genre et de diversité sexuelle, ainsi que de soutien aux efforts visant à accueillir et à soutenir les nouveaux arrivants. Certes, cette liste n’est pas exhaustive, mais elle englobe des enjeux sociétaux importants. Notre drapeau, en symbolisant toutes ces quêtes et aspirations, se positionne comme le reflet de notre engagement envers l’édification d’une société meilleure.
En tant que figure prééminente sur la scène internationale en matière de droits fondamentaux, le Canada se voit investi du devoir d’agir avec cohérence et responsabilité dans ses choix, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle mondiale. Le drapeau canadien devient ainsi un vecteur privilégié pour propager des messages de paix, de coopération et de diplomatie internationales, ainsi qu’un symbole de l’engagement constant du pays en faveur de ces valeurs essentielles.
En cette Journée du drapeau national, prenons le temps de réfléchir à notre passé, à notre présent ainsi qu’à un avenir qui inspirera d’autres nations à construire un monde meilleur, empreint de paix et d’inclusion. Célébrons avec fierté et respect notre drapeau national.
Merci.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet de l’interpellation attirant l’attention du Sénat sur le Jour du drapeau national du Canada.
Pour répondre au sénateur Cardozo, j’aborderai la question en m’appuyant sur mon expérience de vétérane, ce qui aidera peut-être à expliquer la résistance observée au moment des discussions visant à changer le symbole sous lequel tant de Canadiens ont combattu et sacrifié leur vie.
En tant que vétérane, je dois dire que je peine toujours à trouver les mots pour exprimer tout ce que le drapeau signifie pour moi, mais je vais quand même tenter de le faire. Après tout, c’est ce que nous faisons ici.
Pendant 34 ans, j’ai porté le drapeau canadien, la feuille d’érable, sur mon épaule. J’ai défendu les valeurs qu’il représentait, non seulement pour les Canadiens, mais également pour les gens de partout dans le monde, qui étaient souvent en danger. C’était pour moi un symbole de fierté, de protection et d’appartenance à quelque chose de plus grand que moi, un symbole de service à rendre et de devoir.
Pour les personnes que j’ai rencontrées, souvent dans des circonstances assez difficiles, il s’agissait d’un symbole facilement reconnaissable d’espoir et d’espérance. Sénatrice Ataullahjan, la phrase suivante vous dira quelque chose. De nombreux membres des Forces armées canadiennes, dont moi-même, peuvent raconter des histoires de déploiement dans des zones de conflit où le refrain « Canada, Canada, Canada » nous était scandé alors que nous nous efforcions de créer les conditions nécessaires pour faire régner la paix et la sécurité. Ce n’était pas en raison de nos uniformes. C’était parce que, conformément au droit international, l’image du drapeau canadien, qu’elle soit bien visible ou alors discrète, était partout. Voilà ce que le drapeau a fini par représenter.
Tout au long de ma carrière, le drapeau canadien a fait partie intégrante de mon identité. Je l’ai porté avec fierté partout dans cette grande nation et dans de nombreux endroits du monde, notamment dans le golfe Persique, en Somalie, en Afghanistan et dans bien d’autres pays. Le drapeau a été omniprésent tout au long de ma vie d’adulte, flottant fièrement dans toute sa splendeur rouge et blanche partout où j’ai servi mon pays, tant que ce n’était pas dans une zone de conflit actif, car, bien sûr, il peut attirer beaucoup d’attention non souhaitée sur nos soldats.
C’est sous l’unifolié que servent les marins, les soldats et les aviateurs du Canada. La feuille d’érable figure sur les enseignes de la Marine royale canadienne, de l’Armée canadienne et de l’Aviation royale canadienne. La feuille d’érable a toujours constitué l’un des symboles les plus importants de notre armée, renforçant le fait que nous servons et protégeons le Canada et les Canadiens d’abord et avant tout.
Bien qu’il soit intéressant pour moi de réfléchir à la portée patriotique du drapeau, j’ai pu constater le pouvoir de ce symbole sur le personnel militaire canadien et sur les soldats alliés. J’en ai fait l’expérience directe, et j’ai entendu les récits d’autres infirmières militaires et de membres du personnel médical des Forces armées canadiennes dans des zones de conflit aussi éloignées que la Somalie, les Balkans et l’Afghanistan. Je veux évoquer le sentiment palpable de calme et d’apaisement que ressentaient les soldats canadiens ou alliés blessés ou malades lorsqu’ils voyaient le drapeau sur notre épaule ou sur les murs qui nous entouraient, et qu’ils réalisaient qu’ils étaient enfin en sécurité et qu’il y avait de l’espoir.
J’aimerais continuer de vous raconter pourquoi le drapeau canadien est si important pour moi et peut-être aussi pourquoi il y a eu de la résistance quand il a été question de le modifier. Il suffit de penser aux nouvelles durant les années de la guerre en Afghanistan ou à l’écrasement d’un hélicoptère Cyclone au large de la Grèce, en 2020, pour savoir que les Canadiens qui choisissent de servir sous le drapeau risquent de revenir à la maison dans un cercueil soigneusement enveloppé dans celui-ci.
Honorables sénateurs, vous n’avez pas à chercher bien loin pour voir que la feuille d’érable qui orne notre drapeau est, en fait, tout autour de nous dans cette enceinte. Le plancher montre les feuilles des 12 essences d’érables indigènes au Canada et notre drapeau est gravé sur le mur. J’attire votre attention sur ces détails parce que nous ne devons pas oublier que nous sommes tous ici pour servir le Canada à notre façon.
Je suis très fière de notre drapeau. Il restera à jamais un symbole d’espoir, de paix, d’ordre et de service pour notre grand pays. Merci. Meegwetch.
Chers collègues, notre drapeau, c’est en devenant athlète que j’ai appris à le fréquenter, à le connaître et à l’aimer. En tant que Canadienne, mon drapeau, c’est mon pays, mon histoire, ses failles et ses succès. Comme athlète, il représente encore plus : c’est ma grande famille sportive.
Je n’oublierai jamais la première fois que le drapeau canadien a été hissé pour moi, en août 1996, à Atlanta. Contre toute attente, j’avais remporté la course de 100 mètres, neuf centièmes de seconde devant la favorite américaine. C’était ma première médaille d’or et la première fois que le drapeau canadien était hissé juste pour moi. Chers collègues, pardonnez-moi de me péter les bretelles.
Permettez-moi de décrire ce moment pour ceux d’entre vous qui, contrairement à moi et à la sénatrice McBean, ne sont jamais montés sur un podium olympique ou paralympique.
Vous y êtes, vous franchissez la ligne d’arrivée épuisé, excité, sous le choc. Après des années de persévérance, de travail acharné et de discipline, vous avez réussi. L’adrénaline envahit votre corps, vous vous déplacez comme dans un rêve éveillé : le tour d’honneur, les conférences de presse, le contrôle de dopage, la tenue de podium que vous enfilez et le breffage sur le protocole. Tout est un peu confus. Vous n’avez pas encore tout à fait réalisé ce qui se passe.
Enfin, on m’emmène au milieu du stade, on prononce mon nom, on me fait monter sur le podium, puis c’est le silence. J’entends les premières notes de notre hymne national et je regarde l’unifolié monter très lentement. Je me souviens que j’ai pris une grande inspiration, que mes yeux se sont remplis de larmes et que mon cœur débordait de joie et de fierté. J’étais là, fixant mon drapeau, représentant le Canada, ressentant la puissance de tout un pays et une grande reconnaissance pour ce drapeau et pour ce qu’il représente : un pays où une jeune fille de 13 ans qui était allongée au sol sur la ferme familiale après un accident a pu sortir de sa petite ville, s’intégrer à la vie sociale et être soutenue jusqu’aux marches du podium.
Chers collègues, le drapeau a été hissé en mon honneur à plusieurs autres reprises, et je peux vous dire qu’on ne s’en lasse pas. À chaque fois, je me suis sentie fière et reconnaissante, c’est tout simplement magique. Je vous souhaite un bon Jour du drapeau!
Honorables sénateurs, le Sénat procédera maintenant à la période des questions. La ministre prendra son siège et nous pourrons ensuite poursuivre nos travaux.