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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de Velma Demerson

6 juin 2019


Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour honorer la mémoire de Velma Demerson, une militante infatigable et auteure qui a été emprisonnée à tort et s’est vu retirer sa citoyenneté. Le mois dernier, Velma est décédée à l’âge de 98 ans. Elle a lutté jusqu’à la fin pour qu’obtiennent justice les femmes qui avaient été, comme elle, incarcérées à la maison de correction Mercer à cause de l’identité des personnes qu’elles aimaient.

À l’âge de 19 ans, Velma a été désignée « incorrigible » parce qu’elle était enceinte, non mariée et en couple avec un homme chinois. Son fils Harry Jr. est né en prison — comme beaucoup d’autres enfants, dont certains ont fait l’objet de sévices graves — et a été pris en charge par l’État. Des lois sexistes et racistes comme la Female Refuges Act de l’Ontario traitaient comme des criminelles les femmes sexuellement actives en dehors du mariage ou qui entretenaient une relation avec une autre femme ou un homme d’une minorité raciale. Beaucoup de femmes incarcérées à la maison de correction Mercer ont fait l’objet de mauvais traitements indicibles et d’expériences médicales, notamment gynécologiques. Après la libération de Velma, les lois en matière de citoyenneté ont fait d’elle une apatride en raison de son mariage à un non-citoyen.

Le préjudice institutionnel dont Velma et d’autres femmes comme elle ont été victimes était inadmissible. Velma a poursuivi son combat pour la justice jusqu’à son décès, le mois dernier. Non satisfaite des excuses personnelles et des mesures de réparation qu’on lui a accordées, elle s’est battue pour que les innombrables femmes et enfants victimes de la maison de correction Mercer soient innocentés et indemnisés. À notre connaissance, toutes les autres femmes sont mortes avant Velma. Si leurs enfants sont encore vivants, la plupart sont aujourd’hui des personnes âgées. Parmi les enfants qui se trouvaient dans cette maison de correction, Robert Burke, né dans l’établissement, a eu le bras et le nez fracturés alors qu’il n’était encore qu’un bébé. Sa mère, une ballerine autochtone, a été emprisonnée seulement parce qu’elle était enceinte. Ces gens méritent qu’on reconnaisse la souffrance et les pertes qu’ils ont subies et qu’on leur offre réparation.

Le gouvernement ne peut pas garder le silence sur cette question. La mort de Velma nous rappelle l’urgence de faire deux choses pour honorer sa mémoire.

Premièrement, il faut présenter des excuses publiques pour les lois sur la citoyenneté sexistes et racistes qui ont fait de cette femme et de bien d’autres personnes des apatrides.

Deuxièmement, il faut mettre fin aux vestiges de ces politiques coloniales qui persistent encore aujourd’hui en adoptant par décret les modifications que le Sénat a proposées en 2017 afin d’éliminer la discrimination de la Loi sur les Indiens.

Honorables collègues, il faut agir dès maintenant. Merci. Meegwetch.

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