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Le discours du Trône

Motion d'adoption de l'Adresse en réponse--Débat

16 mars 2021


L’honorable Wanda Elaine Thomas Bernard [ + ]

Honorables sénateurs, je souhaite prendre la parole aujourd’hui en réponse au discours du Trône.

L’année 2020 a été difficile, mais elle nous a aussi apporté un discours du Trône sans précédent qui porte notamment sur certaines réalités des Afro-Canadiens. C’était une première. Nous avons entendu bien des promesses en ce qui a trait à la lutte contre le racisme systémique. Maintenant que je suis au Sénat depuis un peu plus de quatre ans, j’aimerais faire des observations sur le racisme anti-Noirs dans notre institution et les efforts qui ont été faits dans la Chambre rouge.

Je vais m’appuyer sur deux principes afrocentristes pour faire des recommandations quant à l’approche que nous devrions suivre collectivement tout en faisant fond sur les réalisations des gens de tous les partis qui nous ont précédés.

Selon la Commission ontarienne des droits de la personne :

La discrimination raciale peut atteindre un niveau systémique ou institutionnel lorsqu’elle découle de règles et structures courantes qui n’ont pourtant pas été conçues pour créer une discrimination. Des comportements, des politiques et des pratiques habituels qui font partie intégrante des structures d’un organisme ou d’un secteur tout entier peuvent créer ou perpétuer des désavantages pour des groupes racialisés. Cela signifie que même si vous n’en aviez pas l’intention, vos méthodes « habituelles » peuvent avoir des répercussions négatives sur des personnes racialisées.

D’après cette définition, la question n’est pas de savoir si notre institution perpétue le racisme systémique, mais de déterminer comment pourfendre les tendances de racisme systémique. Bon nombre de personnes s’attendent à ce que les institutions fédérales tracent la voie à suivre.

L’honorable Murray Sinclair a dit qu’il considérait le Sénat comme un « conseil des aînés », et cette description me ravit. Honorables collègues, je vous exhorte vous aussi à nous considérer comme un conseil des aînés tandis que nous cherchons à trouver des solutions au sein de notre institution. Je suggère que nous adoptions une approche antiraciste conjuguée aux principes afrocentriques d’umoja, qui signifie unité, et d’ujima, qui signifie travail collectif et responsabilité.

En 2020, nous avons été témoins d’un mouvement mondial lors des manifestations de Black Lives Matter. Le discours du Trône a reconnu le racisme systémique et a promis de s’attaquer aux iniquités dans le système de justice pénale, les forces de l’ordre, la GRC et les services de police, de promouvoir l’équité et la diversité dans la fonction publique, de recueillir des données fondées sur la race et de favoriser le développement économique des communautés marginalisées.

Les lettres de mandat supplémentaires, qui ont été remises par le premier ministre en janvier 2021, reflètent les objectifs principaux énoncés dans le discours du Trône. Il y a entre autres l’engagement de soutenir la culture et le patrimoine des Noirs; de renforcer le Programme pour l’entrepreneuriat des communautés noires; d’accroître la participation des Noirs dans des rôles de direction au sein de la fonction publique; de revoir la Loi sur l’équité en matière d’emploi; et de mettre l’accent sur l’importance de prendre en compte l’analyse comparative entre les sexes plus dans tous les secteurs d’activité.

De nombreux dirigeants de tous les partis reconnaissent la présence persistante du racisme systémique. Cela dit, depuis que je siège au Sénat, je constate une absence générale d’unité, ou d’ujima. Sans cette notion d’unité, il est difficile de tracer clairement la voie à suivre et nos efforts deviennent désordonnés et isolés les uns des autres. Je suis fière de faire partie du nouveau groupe des sénateurs noirs. Nous sommes un petit groupe qui harmonise ses efforts à ceux du Caucus des parlementaires noirs. Tous les membres, quelle que soit leur allégeance politique, travaillent ensemble pour défendre les droits des Afro-Canadiens et veiller à leur avancement, tout en s’attaquant aux problèmes de racisme au Canada.

Il est temps de transformer les aspirations en actes. Je constate la bonne intention d’instaurer un changement systématique et que ce projet soulève un grand enthousiasme. Je ressens de l’espoir pour l’avenir; toutefois, à moins que des actes ne suivent ces paroles, j’entrevois un cycle répétitif d’alliances symboliques. Une alliance symbolique ou illusion d’alliance s’entend de la création d’une illusion d’alliance au moyen de paroles et de gestes non appuyés par des actes ou par un changement. Les alliances symboliques sont nuisibles puisque le travail se termine à son commencement, ce qui empêche le progrès vers un changement systémique. J’encourage les alliés à réfléchir à des actes personnels porteurs de changement et à approfondir leur compréhension des efforts antiracisme déployés par nos prédécesseurs.

Je m’appuie sur mes ancêtres, en particulier au Sénat. Deux anciens sénateurs néo-écossais d’origine africaine, feu l’honorable Calvin Ruck ainsi que l’honorable Don Oliver, ont lutté au Sénat contre le racisme bien avant juin 2020 et bien avant mon interpellation sur le racisme anti-Noirs, amorcée le 1er mai 2018. Ces anciens sénateurs ont tous deux souligné les réalisations de Canadiens noirs, notamment celles du 2e Bataillon de construction, ainsi que le Mois de l’histoire des Noirs. J’invite tous mes collègues à se familiariser avec le travail effectué par nos prédécesseurs plutôt que de réinventer la roue.

Chers collègues, il est temps d’agir. Il faut se concentrer sur les principes d’umoja et d’ujima — l’unité et le travail collectif et la responsabilité. Je vais emprunter une phrase à un autre groupe marginalisé : « Rien de ce qui nous concerne ne doit se faire sans nous. » Qu’il s’agisse des militants autochtones ou des défenseurs des droits des personnes handicapées, cette phrase met en évidence que ceux qui ont une identité marginalisée intersectionnelle ont le droit d’être consultés pour les enjeux qui les concernent directement et qu’il faut leur faire confiance. Je voudrais que nous cessions de dire que nous aspirons à un monde meilleur et de faire des déclarations pour la forme et que nous mettions en œuvre des mesures concrètes. Il faut exiger du gouvernement qu’il tienne les promesses qu’il a faites dans le discours du Trône et il faut absolument élaborer une approche unifiée qui permettra réellement de mettre fin au racisme systémique. Pour que des changements systémiques surviennent, un travail collectif est nécessaire; c’est l’ujima. Il est temps d’agir.

Merci.

L’honorable Marie-Françoise Mégie [ + ]

Honorables sénateurs, le discours du Trône prononcé le 23 septembre 2020 portait le titre suivant : Un Canada plus fort et plus résilient. J’aimerais en rappeler deux grandes lignes pour souligner les défis grandissants que doivent affronter les communautés noires du Canada en ces durs temps de COVID-19.

Pour vaincre une pandémie, il faut du travail et de la détermination de la part de tous les ordres de gouvernement, de chaque communauté et de chacun d’entre nous. Nous sommes immensément redevables à celles et ceux qui ont servi et qui servent encore en première ligne et qui sont souvent issus des communautés noires et immigrantes, comme le personnel de la santé et d’autres travailleurs essentiels. Ces personnes assument la charge des soins et d’autres charges, trop souvent moins bien rémunérées.

Pensons aussi aux femmes et aux hommes en uniforme, ainsi qu’aux bénévoles de partout au pays. Comme vous le savez, cette pandémie constitue la plus grave crise de santé publique de l’histoire du Canada. Plus de 22 000 Canadiens sont décédés en l’espace d’un an, et près d’un million de personnes ont été infectées. Dans le monde, ce sont plus de 2 millions et demi de personnes qui ont été fauchées, et plus de 120 millions de personnes qui ont été atteintes.

Mais il n’y a pas que les chiffres. La pandémie, c’est l’histoire de parents qui sont morts seuls, sans leurs proches pour leur tenir la main; c’est l’histoire de travailleurs qui ont perdu leur emploi. Les Canadiens racisés, les jeunes et les femmes sont ceux qui ont subi le plus lourdement les pertes d’emplois. Les effets de cette crise ont été décrits comme une « récession au féminin ».

Les campagnes de vaccination ont pris leur envol. Les mesures aux frontières se multiplient, avec des quarantaines renforcées pour affronter les différents variants plus contagieux.

Face à la montée constante du nationalisme vaccinal dans le monde, le risque de prolonger la crise sanitaire persiste. C’est maintenant que nous devons profiter de l’occasion pour participer à contenir la crise mondiale et à rebâtir en mieux, ensemble. Il n’y aura pas de fin de pandémie sans un accès équitable au vaccin pour tous. Peut-être devrions-nous demander la levée des brevets? Après tout, ce sont des deniers publics qui ont subventionné les recherches et le développement des vaccins.

À l’aube d’une troisième vague imminente que nous prédisent nos autorités sanitaires, il est crucial de réitérer les mesures à respecter pour se protéger les uns les autres : bien se laver les mains régulièrement et les désinfecter, porter adéquatement le masque, c’est-à-dire en englobant le nez et la bouche, et garder une distance de deux mètres entre nous. J’espère que ces mesures de base seront respectées par tous, aussi bien à l’intérieur de cette Chambre qu’à l’extérieur. C’est une question de vie et de mort pour nous-mêmes et pour notre entourage.

Malgré le déploiement des vaccins au pays, nous ne devons pas baisser la garde. Nous devons atteindre une vaste couverture vaccinale avant de songer à un retour à la normale, sans masque, dans notre société. J’invite tous les intervenants publics, politiciens, médias et influenceurs à bien doser leurs critiques à l’égard du déploiement vaccinal au pays. Certains sondages font état d’une baisse de près de 10 % de la proportion des Canadiens qui sont prêts à se faire vacciner. C’est très inquiétant. Nous devons peser les conséquences de nos propos à l’ère de la désinformation. En plus de l’influence des médias sociaux qui diffusent ces messages, d’autres facteurs influencent nos communautés noires en ce qui concerne l’acceptation du vaccin.

Pour contrer cette tendance, un groupe de travail de scientifiques noirs de Toronto sur l’équité en matière de vaccins cherche à pallier une méfiance historique des communautés noires envers les vaccins. Il y a deux fois plus de Noirs que de Blancs qui éprouvent de la méfiance à l’égard des vaccins.

Dans un article paru sur le site de Radio-Canada le 13 février dernier, avec les informations de Nick Boisvert, de CBC, on a appris que la méfiance envers les vaccins et les professionnels de la santé en général trouve ses racines dans différents événements historiques. Des chercheurs, des activistes et des patients ont aussi dénoncé à maintes reprises le racisme anti-Noirs dans le système de santé du Canada. Malheureusement, cette semaine encore, une femme autochtone, Mme Ottawa, a fait l’objet de propos racistes de la part du personnel du CLSC de Joliette, la ville où se trouve l’hôpital où est décédée Mme Joyce Echaquan. Nous devons trouver des moyens de redonner confiance à tous les Canadiens dans le système public.

Le Bureau de santé publique de Toronto a évalué que les résidants noirs de descendance africaine et caribéenne présentent, d’une part, les taux les plus élevés d’infection à la COVID-19 et, d’autre part, les taux les plus élevés d’hésitation vis-à-vis de la vaccination.

Le lundi 22 mars prochain, je recevrai ma première dose de vaccin. Je tenterai, avec l’aide des organismes du milieu, de persuader les membres de nos communautés de recevoir le vaccin. Chers collègues, je vous prie de médiatiser votre vaccination, afin d’encourager tous les gens à recevoir leur vaccin dès que possible.

Un passage très important du discours du Trône traite de la lutte contre le racisme systémique. Le gouvernement a promis de s’attaquer au racisme systémique et s’est engagé à le faire. Des améliorations devraient être réalisées dans l’ensemble des services de police et du système de justice. Tous les Canadiens doivent avoir la certitude que le système judiciaire est là pour les protéger, et non pour leur nuire. Ce n’est pas un secret d’affirmer que les Canadiens noirs et les Autochtones sont surreprésentés dans le système de justice pénale; il faut que cela change. Quand ce gouvernement prendra-t-il des mesures pour garantir que la justice pénale soit juste et égale pour tous les Canadiens?

À Montréal, l’affaire Camara a, encore une fois, mis en lumière le fait qu’il est primordial que le gouvernement tienne les promesses qu’il a faites de renforcer la surveillance civile de nos organismes de mise en œuvre de la loi et de mettre à niveau la formation des policiers et des agents responsables de faire respecter la loi, notamment en ce qui concerne les normes pour le recours à la force.

Honorables sénateurs, j’ai eu l’honneur de participer à un panel portant sur le racisme et la santé mentale chez les jeunes des communautés noires du Canada. Je remercie la Fondation des médecins canado-haïtiens et Mosaïque interculturelle d’avoir organisé des panels avec ces jeunes. Briser les tabous du racisme et de la santé mentale n’est pas une mince affaire. Les jeunes Noirs affrontent aujourd’hui de multiples défis.

En ces temps de pandémie de COVID-19, nos jeunes redoublent d’efforts et de rigueur pour persévérer à l’école. À cet égard, je veux souligner la contribution exceptionnelle de M. Réginald Fleury, coordonnateur des services pédagogiques du Centre de services scolaire de Montréal, qui est un maillon communautaire important qui contribue à la persévérance scolaire. Je remercie également une enseignante, Mme Georgette Isidore, pour la préparation de ma rencontre avec les jeunes de l’école Lucien-Pagé, à Montréal. Ce fut un honneur de pouvoir collaborer avec eux, justement durant les Journées de la persévérance scolaire au Québec.

Parallèlement, les sénateurs Bernard, Jaffer, Moodie et Ravalia ont aussi participé à une discussion virtuelle avec des étudiants de partout au Canada pour parler de l’importance du Mois de l’histoire des Noirs et de la question du leadership dans leurs communautés. Chacun d’entre nous a rencontré virtuellement des étudiants de nos provinces respectives, avec le soutien de l’équipe S’ENgage, de la Direction des communications du Sénat. Cette année, le thème du Mois de l’histoire des Noirs était : « L’avenir, c’est maintenant ».

En tant que parlementaires, nous devons prendre du temps avec nos jeunes afin qu’ils profitent de toutes les occasions qui se présentent à eux pour discuter et prendre conscience des enjeux sociaux actuels. Encourageons tous nos jeunes, car ils façonnent notre avenir maintenant. Ils sont nos leaders de demain. Merci.

L’honorable Mohamed-Iqbal Ravalia

Honorables sénateurs, c’est avec un sentiment de grand privilège et avec beaucoup d’humilité que je prends la parole pour répondre au discours du Trône. J’avais prévu présenter mon discours en février dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, mais on doit pouvoir parler de l’histoire des Noirs et de l’excellence des gens de cette communauté à n’importe quel moment de l’année. Le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de souligner les nombreuses réalisations des Canadiens noirs et leur contribution essentielle aux arts, aux sciences, à la culture et à la politique, tout au long de l’histoire du Canada. C’est également l’occasion d’en apprendre davantage sur le vécu de nos concitoyens noirs et sur les obstacles systémiques auxquels les communautés noires du Canada sont encore confrontées au quotidien.

Tel qu’indiqué dans le discours du Trône prononcé à l’ouverture du Parlement en septembre dernier :

Pour trop de Canadiens, le racisme systémique est une réalité bien présente.

De nombreuses personnes — en particulier les Autochtones, les Noirs et les Canadiens racisés — ont demandé haut et fort à ce que les choses changent.

Ils nous disent que nous devons en faire plus. Le gouvernement est d’accord.

Honorables sénateurs, le Mois de l’histoire des Noirs ne se limite pas à une célébration du passé. C’est l’occasion de s’engager à faire les changements que réclament les communautés noires du Canada, maintenant et pour l’avenir.

Je prends un moment pour souligner les efforts des militants de la communauté noire de Terre-Neuve-et-Labrador — Precious Familusi, Brian Amadi, Raven Khadeja, Rioko Milani et Nuna Toweh —, qui ont pris le changement en main dans notre province. À la suite des manifestations contre la brutalité policière déclenchées par le meurtre de George Floyd, Precious, Brian et Raven ont fondé la section de Black Lives Matter de Terre-Neuve-et-Labrador et ont créé la page Facebook correspondante. Cette page constitue une ressource et une plateforme où les Noirs de notre province peuvent s’exprimer. Le groupe offre du soutien à toutes les personnes désireuses de lutter activement contre le racisme à l’égard des Noirs ainsi qu’à toutes celles qui sont simplement épuisées de le subir.

Quatre jours seulement après le lancement de la page Facebook, le groupe avait plus de 6 000 abonnés et, dans un communiqué officiel, la Ville de St. John’s déclarait son appui au groupe et invitait les citoyens à s’élever contre le racisme. Je remercie le maire Danny Breen et les conseillers municipaux de leur appui.

Avec l’aide de groupes d’action communautaire et d’autres partisans, Raven, Rioko et Nuna ont organisé un rassemblement historique à l’édifice de la Confédération, à St. John’s, contre le racisme à l’égard des Noirs et la violence policière en juin dernier. Ils ont été abasourdis par la participation populaire. Des milliers de personnes de toutes les origines raciales se sont présentées, brandissant des pancartes et entonnant ensemble des chansons dénonçant le racisme, la brutalité policière et la discrimination. Des participants se sont agenouillés en signe de solidarité tandis que les organisateurs et des orateurs passionnés ont parlé du besoin d’agir pour contrer le racisme à l’égard des Noirs. Les organisateurs ont veillé à réduire les risques pour la santé publique en installant notamment des postes sanitaires près des escaliers, en distribuant des masques à ceux qui n’en avaient pas et en invitant tout le monde à pratiquer la distanciation sociale.

À l’édifice de la Confédération, des intervenants de tous âges se sont relayés au micro pour partager leurs expériences du racisme à Terre-Neuve-et-Labrador. Certains ont offert à leurs concitoyens des conseils pour mieux comprendre les notions de race et de suprématie blanche, tandis que d’autres se sont adressés aux participants noirs présents dans la foule et les ont encouragés à poursuivre la lutte.

Honorables sénateurs, le lancement de la page Facebook et la manifestation pacifique qui a suivi sont des catalyseurs de changement. Le groupe a reçu des milliers de messages de sympathisants qui voulaient savoir comment ils pouvaient aider.

Le Mois de l’histoire des Noirs vise à honorer et à célébrer la contribution des Canadiens noirs, mais il offre également l’occasion d’en apprendre davantage et de s’engager à agir. Comme on a pu le constater tout particulièrement cette année, c’est aussi le moment de reconnaître que le racisme systémique a des racines historiques profondes au Canada et qu’il continue d’avoir des conséquences négatives sur les Canadiens noirs. Ici, au Sénat, nous avons l’honneur et le privilège de représenter nos régions. Nous devons continuer à remettre en question nos propres préjugés et nous devons lutter contre ceux qui peuvent être solidement ancrés dans la culture de nos villes et de nos provinces. Il est crucial d’ouvrir le dialogue pour créer un Canada plus juste et plus inclusif et, ultimement, plus fort et plus résilient.

Je remercie Precious, Brian, Raven, Rioko, Nuna et tous les groupes de défense et autres organisateurs communautaires locaux, y compris la coalition contre le racisme de Terre-Neuve-et-Labrador, l’association étudiante de l’Université Memorial, l’organisme Planned Parenthood de Terre-Neuve-et-Labrador et SARFest, d’avoir initié cette discussion cruciale et de leurs efforts visant à éliminer le racisme contre les Noirs à Terre-Neuve. Ils sont la prochaine génération de leaders.

Voici un extrait du discours du Trône :

Le Canada doit continuer de défendre les valeurs qui le définissent [...] Il reste encore du travail à faire, notamment sur le chemin de la réconciliation et dans la lutte contre le racisme systémique.

En effet, chers collègues, il reste encore du travail à faire. Merci. Meegwetch.

L’honorable Mobina S. B. Jaffer [ + ]

Honorables sénateurs, je prends moi aussi la parole aujourd’hui au sujet du discours du Trône. Je sais que beaucoup d’entre nous ont assisté au discours dans lequel le gouverneur général a exposé le plan du gouvernement visant à construire un nouveau Canada plus progressiste au milieu de la pandémie mondiale de COVID-19.

Premièrement, le gouvernement a réitéré son engagement à donner la priorité à la santé et à la sécurité de tous les Canadiens alors que nous poursuivons le combat de nos vies. Deuxièmement, il a illustré la nécessité de soutenir les Canadiens et leurs entreprises alors qu’ils affrontent les difficultés économiques grandissantes qui résultent de la pandémie de COVID-19. Le gouvernement a fait de grandes promesses pour « reconstruire en mieux » dans le but de créer un pays plus fort, plus unifié et plus résilient. Enfin, et surtout, le gouvernement s’est engagé à défendre l’égalité, à emprunter la voie de la réconciliation et à lutter contre toutes les formes de discrimination.

Honorables sénateurs, je suis convaincu que le gouvernement est sincère dans son désir de bâtir un Canada meilleur, dans lequel tous les Canadiens sans exception peuvent se sentir acceptés au sein de la grande société canadienne.

Toutefois, pour y parvenir réellement, nous devons travailler tous ensemble. En particulier au Sénat, nous sommes les gardiens des droits des personnes marginalisées, et nous devons, en tant que sénateurs, nous prononcer en faveur des personnes les plus vulnérables autour de nous.

Le député Greg Fergus, qui est, comme tout le monde le sait, président du Caucus des parlementaires noirs, m’a gentiment fourni quelques informations sur les engagements financiers actuels du gouvernement fédéral visant à résoudre les problèmes graves que les personnes racialisées, notamment les Noirs et les Autochtones, continuent d’éprouver quotidiennement. Il a déclaré ceci :

Depuis 2018, le gouvernement a investi 25 millions de dollars pour renforcer la capacité des communautés canadiennes noires, 45 millions de dollars pour élaborer une nouvelle stratégie de lutte contre le racisme, 9 millions de dollars pour soutenir les jeunes canadiens noirs, 10 millions de dollars pour mettre en place des programmes de santé mentale axés sur la culture et 221 millions de dollars pour aider des milliers de propriétaires d’entreprise noirs à prendre de l’expansion alors que nous nous remettons de la crise de la COVID-19.

Dans le cadre d’un appel de propositions, 85 projets, d’une valeur de 15 millions de dollars, ont été retenus pour appuyer les objectifs du Programme d’action et de lutte contre le racisme, ce qui contribuera à lutter contre toutes les formes de racisme et de discrimination, notamment le racisme anti-Noirs, anti-Asiatiques et anti-Autochtones, l’antisémitisme et l’islamophobie.

Sur la scène internationale, le Canada est reconnu comme pays pluraliste, inclusif et progressiste. Honorables sénateurs, nous avons réalisé de grands progrès pour lutter contre le racisme, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous devons joindre le geste à la parole. Nous devons rester déterminés à éliminer toutes les formes de discrimination.

Nous en particulier, les sénateurs, ne pouvons pas perdre de vue — ou simplement balayer sous le tapis — le fait que le pays est fondé sur une histoire qui a privé les personnes racialisées et qui continue de discriminer ces dernières, en particulier les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Nous avons du pain sur la planche alors que les communautés autochtones doivent faire face...

Son Honneur la Présidente intérimaire [ + ]

Sénatrice Jaffer, je dois vous interrompre, parce qu’il est 18 heures.

Honorables sénateurs, comme il est 18 heures, conformément à l’article 3-3(1) du Règlement et à l’ordre adopté le 27 octobre 2020, je suis obligée de quitter le fauteuil jusqu’à 19 heures.

La séance est suspendue jusqu’à 19 heures. Sénatrice Jaffer, il vous restera 10 minutes lorsque la séance reprendra.

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