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Affaires sociales, sciences et technologie

Motion tendant à autoriser le comité à étudier les effets négatifs de la désinformation et des fausses informations relatives à la santé sur la société, et les mesures efficaces pour contrer ces effets--Suite du débat

3 octobre 2023


L’honorable Mohamed-Iqbal Ravalia

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer la motion no 113 de mon collègue, le sénateur Stan Kutcher, visant à autoriser le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie à étudier les fausses informations en matière de santé, leurs effets sur les Canadiens ainsi que les mesures qui pourraient être prises pour les contrer. Aujourd’hui, j’aimerais m’attarder sur ce que nous savons actuellement de la réticence face aux vaccins et de la désinformation dont ces derniers font l’objet au Canada, ses causes, et des solutions possibles pour y remédier.

À l’heure où le monde continue de se remettre de la pandémie de COVID-19, la vaccination continue de jouer un rôle essentiel pour assurer la sécurité de nos collectivités. Il faut reconnaître que la pandémie a eu des répercussions qui ne se présentent qu’une fois par génération. Il est donc normal que les points de vue divergent sur un événement d’une telle ampleur. Malheureusement, à l’ère du numérique, il est plus facile que jamais pour les personnes dont les opinions sont fondées sur de fausses informations — qu’elles soient véhiculées délibérément ou non — de diffuser leur message. Sachant qu’il est plus important que jamais de vacciner le plus grand nombre de gens possible, la réticence face aux vaccins ne cesse de croître, que ce soit pour les vaccins contre la COVID-19 ou pour d’autres vaccins systématiques. Dans la pratique, cela ouvre la voie à la propagation de maladies évitables — dont bon nombre ont même été oubliées — et représente un risque connexe pour la vie humaine.

Bien qu’il soit vrai que tout vaccin peut avoir des effets secondaires variables lorsqu’il est injecté dans le système immunitaire d’une personne, les vaccins demeurent dans l’ensemble un moyen sûr et essentiel de prévenir des maladies graves et de sauver des vies. Nous le savons depuis qu’Edward Jenner a mis au point le premier vaccin contre la variole en 1796, qui a fini par éradiquer la maladie. Depuis la mise au point des premiers vaccins jusqu’à aujourd’hui, l’humanité n’a cessé d’être témoin des atouts et des avantages des vaccins, qui ont permis d’éviter des décès massifs causés par des maladies comme la polio, la rougeole, la rubéole, le tétanos et l’hépatite B.

Au cours des dernières décennies, de nouveaux vaccins ont permis de protéger les gens contre des maladies comme le zona, d’accroître l’accès à la protection contre le papillomavirus et de protéger les enfants contre la varicelle, une maladie infantile pénible que beaucoup d’entre nous ont contractée, j’en suis sûr. La semaine dernière, les docteurs Katalin Karikó et Drew Weissman ont reçu le prix Nobel de physiologie ou de médecine de 2023 pour leurs travaux qui ont permis de mettre au point des vaccins efficaces contre la COVID-19 à l’aide de la technologie de l’ARN messager.

On élabore actuellement de nouveaux vaccins, ce qui nous permet d’espérer que nous pourrons prévenir certaines douleurs et souffrances. Tandis que des chercheurs s’efforcent de trouver des moyens de protéger les populations les plus vulnérables au monde contre des maladies comme la malaria et le VIH, nous devons continuer de veiller à ce que le public ait confiance dans les vaccins et que la recherche scientifique ne soit pas ternie par la mésinformation. L’excellent travail des médecins, des scientifiques et des chercheurs visant à prévenir la propagation de ces maladies ne sera couronné de succès que si le public accepte ces vaccins et qu’on élabore et adopte des protocoles appropriés afin de bien éduquer les gens au sujet des avantages et des effets secondaires possibles — je répète, des effets secondaires possibles — de tout vaccin, car rien n’est garanti à 100 %.

La confiance mondiale dans la science fondée sur les données est essentielle à la santé et la sécurité des diverses populations de la planète, ainsi que pour empêcher certaines sociétés de sombrer dans des crises sanitaires évitables. L’UNICEF a rapporté que la perception, par le public, de l’importance des vaccins pour les enfants a diminué pendant la pandémie dans 52 des 55 pays étudiés par cet organisme. Le Canada fait malheureusement partie de ces pays. Selon l’UNICEF : « l’incertitude relative à la riposte contre la pandémie, l’accès plus généralisé aux fausses informations, la perte de confiance à l’égard des experts et la polarisation politique » comptent parmi les facteurs qui contribuent à cette situation.

L’augmentation de la réticence face aux vaccins coïncide avec une multiplication, parmi les enfants non vaccinés, des maladies qui pourraient être évitées. Selon l’UNICEF, le nombre de cas de rougeole a doublé dans le monde en 2022, et le nombre d’enfants atteints de polio a augmenté de 16 % par rapport à l’année précédente.

Il est extrêmement préoccupant de constater l’augmentation de la réticence à l’égard du vaccin contre la COVID-19 et, de manière plus générale, les campagnes de peur et de mésinformation à propos d’autres vaccins. La confiance envers les vaccins est en baisse au Canada, ce qui nuit à la santé de nos collectivités et de nos enfants, comme le montrent les flambées de maladies pourtant évitables qui se produisent ici même au Canada. Des vaccins qui ont largement fait leurs preuves subissent des attaques infondées dans certains pans de la population, ce qui a pour effet de réduire le nombre de gens qui ont recours aux vaccins. Cela ouvre la voie à des maladies infantiles qu’il serait possible de prévenir, comme le tétanos et la rougeole, qui ont des conséquences négatives pour nos collectivités et pour les personnes qui en sont malheureusement atteintes.

Nous savons aussi que les enfants du Canada qui n’ont pas eu les vaccins qu’ils auraient dû avoir pendant la pandémie vivent, dans bien des cas, dans des collectivités marginalisées ou des secteurs désavantagés. Diverses études démontrent toutefois qu’il y a des façons de soutenir les Canadiens qui se sentent réticents à l’égard des vaccins et de leur redonner confiance dans notre système de santé public.

Selon de récents sondages menés par l’Agence de la santé publique du Canada, la source d’information sur l’innocuité des vaccins qui inspire le plus confiance demeure les professionnels de la santé. En effet, pour les personnes qui se méfiaient le plus des vaccins, ce sont les discussions avec leur médecin, les infirmières, y compris celles de la santé publique, et les autres experts de la santé qui, dans la majorité des cas, les ont convaincues de faire vacciner leurs enfants. Ces constatations sont quelque peu rassurantes, dans la mesure où elles mettent l’accent sur le rôle primordial des professionnels de la santé publique pour réfuter les mythes à propos des vaccins et éduquer la population sur l’innocuité, l’efficacité et l’importance de la vaccination et de l’immunisation.

J’ai travaillé auprès d’enfants de Terre-Neuve-et-Labrador et j’ai toujours été impressionné par la vigilance avec laquelle les infirmières de la santé publique veillent et continuent de veiller à ce que les carnets de vaccination des enfants soient bien tenus et à ce que ceux qui n’ont pas été vaccinés fassent l’objet d’un suivi et soient vaccinés en temps voulu. En cas d’hésitation, une consultation appropriée avec les prestataires de soins de santé est organisée.

Les cas de maladies infantiles évitables sont très peu nombreux à Terre-Neuve-et-Labrador, et je pense que cela reflète les bases solides des programmes communautaires de vaccination qui ont été établis par une riche tradition d’infirmières et de médecins de la santé publique.

C’est là un exemple de l’efficacité des efforts communautaires en matière d’éducation à la santé publique en faveur de la vaccination. Il est essentiel d’établir et de rétablir la confiance dans les vaccins pour protéger la santé et le bien-être de toutes les collectivités.

Honorables sénateurs, il est important que nous en sachions plus sur les effets que la mésinformation a sur la vaccination et la santé publique dans les collectivités que nous représentons au pays. Je remercie le sénateur Kutcher d’avoir lancé le dialogue et présenté un projet aussi important. J’ajoute, pour ceux d’entre vous qui n’ont pas encore été vaccinés contre le zona, que je suis prêt à vous voir, ordonnancier en main. Merci, meegwetch.

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