Projet de loi sur le Mois national de l'immigration
Deuxième lecture--Suite du débat
20 novembre 2024
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi S-286, Loi instituant le Mois national de l’immigration.
Je tiens à remercier la sénatrice Gerba d’avoir défendu ce projet de loi et de son dévouement continu à l’égard de la création d’un milieu inclusif pour les nouveaux arrivants.
Nous, les Canadiens, sommes chanceux d’avoir une population aussi merveilleusement diversifiée, et un mois national de l’immigration nous donnerait l’occasion de reconnaître et de célébrer ceux qui sont venus au Canada de l’étranger ainsi que de nous opposer aux discours croissants contre l’immigration.
Ici, au Canada, l’immigration est et a toujours été un élément essentiel de l’histoire du pays, et elle a contribué, d’un bout à l’autre du pays, à ce que cela signifie d’être canadien. Il y a eu les immigrants chinois dans l’Ouest qui ont travaillé sur le chemin de fer du Canadien Pacifique dans des endroits très dangereux, les immigrants irlandais qui ont participé à la construction du canal Rideau, ici même à l’extérieur de cette enceinte, dans des conditions dangereuses, sans oublier le Quai 21, le port d’Halifax où près de 1 million d’immigrants ont débarqué au Canada entre 1928 et 1971. Je nomme quelques exemples de tout le pays, mais ils ne manquent pas.
Aujourd’hui, les immigrants représentent une partie considérable de la population. En 2021, les immigrants représentaient 23 % de la population, soit la plus grande proportion en plus de 150 ans. Dans le Canada atlantique seulement, la proportion de nouveaux arrivants qui s’établissent dans ces provinces a presque triplé en 15 ans; elle a triplé entre 2006 et 2021.
Dans ma province, le Nouveau-Brunswick, le nombre de nouveaux arrivants est passé de près de 7 500 en 2015 à plus de 37 600 en 2023. Cela témoigne de l’esprit d’ouverture et d’accueil du Canada. Je dis souvent qu’au lieu d’être seulement amical, il faut être un ami. Cela dit, nous avons encore du travail à faire pour être en mesure de mieux accueillir les nouveaux arrivants et de les amener à rester dans nos communautés.
Je crois, comme la sénatrice Gerba, que l’idée d’un Mois national de l’immigration revêt une importance particulière dans le climat actuel. Nous avons pu constater récemment une augmentation de la méfiance à l’égard des immigrés et une tendance accrue à les blâmer pour les problèmes que connaît le pays. Il s’agit d’une tendance très préoccupante, qui mérite notre attention. Je pense qu’il est de notre responsabilité à tous de créer un environnement accueillant et favorable aux nouveaux arrivants afin qu’ils puissent bâtir leur avenir ici et de changer les discours troublants à l’égard des immigrés.
Faciliter l’intégration des nouveaux arrivants est aussi d’une importance cruciale pour le marché du travail et la main-d’œuvre. Je prendrai l’exemple de ma province, le Nouveau-Brunswick. Selon un rapport sur les perspectives du marché du travail au Nouveau-Brunswick publié en 2023, on prévoit qu’entre 2022 et 2032, la province devrait connaître une croissance démographique de 11,4 % tandis que la population active et l’emploi devraient augmenter respectivement de 9,1 % et de 9,6 %. Cela signifie que plus de 98 000 personnes devraient prendre leur retraite et devront être remplacées; de plus, la croissance économique devrait mener à la création de 35 000 nouveaux emplois, qui devront également être pourvus.
On s’attend à ce que ces emplois soient, en grande partie, pourvus par de jeunes Néo-Brunswickois, mais la population ne sera pas assez grande pour répondre à elle seule aux futures demandes de main-d’œuvre, car on s’attend à ce que le bilan du Nouveau-Brunswick au chapitre de l’accroissement naturel de la population soit négatif. Dans l’ensemble, les jeunes qui entrent sur le marché du travail pour la première fois ne devraient occuper que 54 % des postes vacants prévus, comme l’indique un rapport sur l’emploi au Nouveau-Brunswick. Pour combler l’écart entre la croissance démographique et la croissance prévue de la demande en main-d’œuvre et pourvoir les 46 % emplois restants, il faudra une combinaison de travailleurs immigrants et d’autres provinces et un taux accru de participation au marché du travail.
Afin d’assurer la vitalité de la main-d’œuvre dans ma province et dans l’ensemble du pays, nous devons continuer à renforcer notre engagement envers les pratiques inclusives. Il est important que les entreprises, les organisations, les gouvernements et les collectivités offrent des programmes et des débouchés aux nouveaux arrivants. Je défends depuis longtemps les intérêts des nouveaux arrivants. Je m’efforce de comprendre les défis auxquels ils sont confrontés et je fais de mon mieux pour les aider à surmonter les obstacles.
Lorsque j’étais à la Chambre de commerce de Fredericton, nous avons fait preuve de leadership en créant et en gérant trois programmes différents visant à soutenir les nouveaux arrivants. Nous avons mis en place le Business Immigrant Mentorship Program, The Hive, un centre de lancement d’entreprises pour les nouveaux entrepreneurs, et Succession Connect, qui a permis de créer des liens entre les gens qui cherchaient à léguer leur entreprise et les nouveaux arrivants qui cherchaient à acheter une entreprise et à s’établir localement. Ces programmes ont été reproduits dans d’autres villes un peu partout au pays.
J’ai également fait du bénévolat dans le cadre du programme Ignite Connector et avec l’organisme Opportunités Nouveau-Brunswick, où j’ai aidé à encadrer des étudiants étrangers, de jeunes diplômés et de nouveaux arrivants formés à l’étranger en essayant de les mettre en contact avec des personnes de mon réseau. Il arrive que les nouveaux arrivants dans une province ou une région ne connaissent pas bien le contexte et le mode de fonctionnement local. Leur réseau est limité, et ils peuvent rencontrer des difficultés à trouver un emploi et à s’intégrer dans la communauté. En leur offrant des contacts et des conseils, nous les aidons à saisir des occasions et à acquérir de l’expérience qui leur serviront de tremplin.
Nous avons tant d’exemples au Nouveau-Brunswick et à Fredericton d’entreprises florissantes dirigées par des entrepreneurs nouvellement arrivés, que ce soit dans le secteur des services ou dans celui de la technologie et de l’innovation.
Toutefois, ils ont besoin de soutien pour réussir. Nous tous, ici présents, pouvons leur apporter ce soutien.
De façon générale, il peut être facile de voir les immigrants comme des chiffres ou des pourcentages plutôt que comme des nouveaux arrivants dans nos collectivités. Cependant, nous avons collectivement la responsabilité de continuer d’aborder l’immigration de manière accueillante et de créer un environnement qui aide ces gens à se bâtir un avenir en agissant envers eux non seulement de façon bienveillante, mais comme des amis.
Dans ma ville, Fredericton, nous célébrons depuis longtemps le Mois de l’immigration en organisant des événements, des célébrations et des activités où on raconte des histoires. J’aimerais que cette initiative soit adoptée à l’échelle nationale afin que nous puissions tous souligner ce mois d’un océan à l’autre.
En conclusion, en appuyant ce projet de loi, non seulement nous reconnaissons les précieuses contributions des immigrants à l’histoire du Canada, mais nous renforçons également notre engagement à l’égard de valeurs fondamentales comme l’inclusion, la diversité et la prospérité économique. Nous envoyons également un message fort aux Canadiens et à la communauté internationale en indiquant que nous continuons de représenter et de défendre ces valeurs.
Je suis fière d’appuyer le projet de loi S-286 et son renvoi au comité pour une étude plus approfondie. J’encourage mes collègues à faire de même. Merci. Woliwon.
Honorables sénateurs, je prends la parole pour appuyer le projet de loi S-286, Loi instituant le Mois national de l’immigration, qui a été présenté par ma chère amie, la sénatrice Gerba. Je la remercie de son initiative à cet égard.
Ce projet de loi est l’occasion de reconnaître officiellement les immenses contributions que les immigrants ont apportées à notre pays et de réfléchir aux difficultés et aux défis qui ont façonné l’histoire de l’immigration au Canada. Il nous invite à reconnaître les obstacles auxquels de nombreux immigrants continuent de se heurter et à célébrer le rôle indispensable qu’ils jouent dans l’enrichissement du tissu social, culturel et économique du Canada.
Permettez-moi de vous faire part d’un aspect de ce parcours qui est souvent négligé : le contexte historique du premier contact avec les nations qui ont vécu et prospéré sur ces terres, son incidence sur celles-ci, ainsi que le dynamisme et le riche patrimoine spirituel des Premières Nations, qui ont été broyées par des vagues de colonisation, de maladies et de déplacements.
Le projet de loi reflète essentiellement les valeurs qui définissent le Canada : la résilience, l’inclusivité et la reconnaissance du fait que l’immigration a été une force motrice dans le façonnement de l’identité et de la réussite de notre pays. En instituant le Mois national de l’immigration, nous réaffirmons que la force de notre pays réside dans la diversité et le dynamisme que les immigrants apportent à nos collectivités.
Mon propre parcours vers le Canada en 1984, en provenance du Zimbabwe, anciennement la Rhodésie, a été marqué par les dures réalités de l’instabilité politique et des tensions raciales et tribales. Pour moi et pour beaucoup d’autres, l’immigration était la voie de l’espoir et d’un nouveau départ.
L’arrachement à sa terre natale, le fait de laisser derrière soi tout ce que l’on connaît, le bon et le moins bon, est une expérience particulièrement traumatisante. À l’arrivée au Canada, le contraste est saisissant. Le Canada est ouvert à la diversité et accueille des immigrants de tous les horizons; il offre des perspectives aux personnes à la recherche d’un avenir meilleur.
En tant que médecin de famille en milieu rural, à Twillingate, à Terre-Neuve-et-Labrador, j’ai constaté personnellement à quel point les immigrants sont essentiels à la pérennité et à la transformation des communautés locales. Quand je suis arrivé, cette communauté généreuse et fraternelle a reçu favorablement mes compétences, et j’ai été accueilli avec chaleur et gratitude. C’est ce sentiment d’appartenance qui m’a amené à y bâtir ma vie. Je serai toujours reconnaissant à ma communauté d’avoir façonné mes idées et mes idéaux, et d’avoir inscrit en moi les valeurs d’altruisme et de bienveillance.
Terre-Neuve-et-Labrador, avec ses vastes paysages isolés, a toujours fait face à des défis économiques et démographiques. Pour relever ceux-ci, les immigrants ont joué et continuent de jouer un rôle déterminant. Ils remplissent des fonctions essentielles, entre autres à titre de fournisseurs de soins de santé, d’universitaires, d’entrepreneurs et de travailleurs dans des secteurs primordiaux comme l’agriculture et les pêches. La présence de professionnels de la santé venus de l’étranger, par exemple, a consolidé les soins de santé dans les régions rurales, où il est difficile de recruter et de garder des professionnels de la santé.
Historiquement, la province a été bâtie par des vagues successives d’immigrants : les Scandinaves à L’Anse aux Meadows; les colons irlandais, anglais et français qui ont bâti des communautés de pêche prospères; les mennonites, qui ont laissé leur marque au Labrador. Les immigrants d’aujourd’hui ont repris le flambeau; ils revitalisent les collectivités en décroissance démographique et ils contribuent au dynamisme culturel et économique de ma province.
Plus récemment, la province a reconnu l’importance que continue de jouer l’immigration dans le cadre de sa stratégie de 2022 sur la croissance démographique, qui a pour objectif d’attirer de nouveaux arrivants afin de répondre aux pénuries de main-d’œuvre et de soutenir la croissance économique. Le but est d’accueillir 5 100 nouveaux arrivants chaque année d’ici 2026 et de s’assurer qu’ils s’établissent durablement. La stratégie met l’accent sur les travailleurs qualifiés, les étudiants étrangers et les entrepreneurs et vise à assurer leur établissement permanent dans la province.
Si l’immigration est essentielle pour l’avenir du Canada, il ne faut pas négliger les problèmes qui sont survenus dans le passé en ce qui concerne l’immigration au Canada, comme la taxe d’entrée imposée aux Chinois et l’exclusion des réfugiés juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces événements nous rappellent de façon douloureuse que le système canadien d’immigration n’a pas toujours respecté les idéaux d’inclusivité. Il est crucial que nous gardions ces événements en mémoire. Ils doivent nous motiver à nous assurer de ne pas répéter les erreurs du passé.
Le projet de loi S-286 est important parce qu’il reconnaît l’apport des immigrants, mais il invite aussi tous les Canadiens à réfléchir à la signification historique et culturelle plus large de l’immigration. Le Mois national de l’immigration nous donnera l’occasion de reconnaître les aspects positifs et difficiles de l’immigration ainsi que les avantages qui en ont découlé au fil des ans.
Comme l’ont souligné les sénatrices Gerba, Mégie et Miville-Dechêne, l’immigration est au cœur de notre identité nationale. Elle célèbre la richesse qu’apporte la diversité et reconnaît le pouvoir de nos histoires collectives.
J’appuie fièrement ce projet de loi pour que l’on continue d’honorer et de célébrer les récits et l’apport des immigrants.
Permettez-moi de conclure en citant Son Excellence l’ancienne gouverneure générale Adrienne Clarkson, dans son discours d’intronisation en 1999 :
Comme l’a écrit John Ralston Saul, « la qualité première de l’État canadien est sa complexité. » C’est une force, et non une faiblesse, que nous soyons une expérience toujours incomplète basée sur une fondation triangulaire autochtone, francophone et anglophone [...] C’est une expérience de longue date, certes, c’est complexe et, globalement, c’est en grande partie réussi. À travers vents et marées, nous avons poursuivi la création d’une civilisation canadienne.
Elle a ajouté :
On dirait qu’il y a deux types de société dans le monde de nos jours. Peut-être qu’il n’y en a toujours eu que deux: les sociétés qui punissent et les sociétés qui pardonnent. Une société comme la canadienne, avec ses quatre siècles où chacun y met du sien, accepte le compromis et reconnaît l’erreur et sa correction, est fondamentalement une société qui pardonne. Nous tentons, nous devons tenter, de pardonner ce qui est passé [...]
Merci. Meegwetch.