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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

Le décès de l'honorable Ione Christensen, C.M., O.Y.

25 novembre 2025


L’honorable Pat Duncan [ + ]

Honorables sénateurs, c’est avec une profonde tristesse que les Yukonnais ont appris et vécu avec vous le décès d’une ancienne sénatrice du Yukon, l’honorable Ione Christensen.

L’histoire d’Ione Christensen est aussi celle du Yukon. La famille de la mère d’Ione, Martha Ballantine, est arrivée au Yukon pendant la ruée vers l’or, avec dans ses bagages le levain dont je vous reparlerai dans un instant. Ione répétait souvent la même histoire à propos de sa famille : à Dawson City, si on voulait que quelque chose se fasse, il fallait passer par les Ballantine. Sa mère, Martha Ballantine, était infirmière laïque et elle a épousé le père d’Ione, Gordon Irwin Cameron, qui faisait partie de la GRC. Ione a passé ses premières années à Fort Selkirk, au confluent du fleuve Yukon et de la rivière Pelly. Cet ancien lieu de rassemblement et ancien poste de traite historique est aujourd’hui préservé soigneusement et administré conjointement par la Première Nation de Selkirk et le gouvernement du Yukon.

C’est l’attelage de chiens de la jeune Ione qui lui a inculqué son grand amour pour les chiens. Elle en avait besoin, au même titre que de sa carabine de calibre .22 et de son couteau, pour parcourir son terrain de piégeage. Le fait qu’elle traîne un couteau était moins bien vu de la part des autorités de l’école privée de Colombie-Britannique qu’elle fréquentait, et on le lui a rapidement confisqué.

De retour au Yukon, Ione Christensen a exploré le territoire comme seul peut le faire un Yukonnais qui en connaît le caractère et les particularités, quelle que soit la saison. Ione a ouvert beaucoup de portes : elle a été la première juge de paix, la première juge du tribunal de la jeunesse, la première mairesse de Whitehorse, la première commissaire du Yukon et la première femme à représenter le Yukon au Sénat.

Ione a cofondé la Fondation du Yukon, la Wildfire Awareness Society et la Société du syndrome d’alcoolisation fœtale du Yukon et elle a été membre de leur conseil d’administration. On lui a décerné l’Ordre du Canada, et elle a été l’une des premières personnes décorées de l’Ordre du Yukon.

En 1979, elle a démissionné de son poste de commissaire après avoir reçu la fameuse lettre d’Ottawa signée Jake Epp, qui était ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien. Rick Nielsen, qui partageait le même amour pour l’histoire du Yukon qu’Ione, a expliqué pourquoi Ione avait démissionné. Il ne s’agissait pas d’une divergence de vues par rapport à l’évolution politique du Yukon, mais d’une question de principe. En fait, il y avait une erreur dans la lettre d’Ottawa. Ce n’est d’ailleurs pas la seule fois où c’est arrivé. Cette erreur a été corrigée par la suite. Sa démission découlait d’une question de principe et elle était dès lors inévitable.

La célèbre photo de la piste Chilkoot, qui mène aux champs aurifères de Dawson, montre un sentier difficile qui est cogéré aujourd’hui par Parcs Canada et le Service des parcs nationaux des États-Unis. À l’occasion du 100e anniversaire de la ruée vers l’or, à l’été 1996, Ione a réussi à convaincre les gouvernements — le pouvoir de persuasion des Ballantine, sans doute — de lui permettre, à elle et à quelques amis, d’installer une cabane pour offrir, cet été-là, la fameuse crêpe au levain du Yukon aux randonneurs ayant réussi à parcourir le sentier.

Voilà comment était Ione. Elle a elle-même parcouru le sentier à 21 reprises. Je cite ici sa co-cuisinière cet été-là, Pat McKenna :

Ione, ton esprit sera à jamais dans le ciel du Nord du Yukon, dans le vent qui fait bruisser les arbres et au-dessus des terres et des lacs que tu chérissais tant.

Nous offrons nos plus sincères condoléances à la famille d’Ione : Philip, Paul, Michelle, Kate et son petit-fils Harry. Mes compatriotes yukonnais et moi-même serons toujours fiers du nombre de portes qu’Ione a réussi à ouvrir.

Shä̀w níthän. Mahsi’cho. Gùnáłchîsh.

Merci.

L’honorable Yonah Martin (leader adjointe de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, j’aimerais aujourd’hui rendre hommage à une ancienne sénatrice et à une grande Canadienne, feu l’honorable Ione Christensen.

Ione Christensen est née à Dawson Creek, qui est située dans la province d’où je viens, la Colombie-Britannique. Sa famille et elle se sont ensuite installées à Whitehorse, au Yukon, où elle a grandi et où elle a entamé sa longue carrière dans le secteur public.

Leader, femme d’affaires, fonctionnaire de l’État et militante, Ione faisait tomber tous les obstacles sur son passage : elle a été la première femme juge de paix du Yukon, la première juge du tribunal de la jeunesse, la première mairesse de Whitehorse — après avoir battu sept candidats masculins — et elle a été la première commissaire du Yukon. Elle fut une véritable pionnière, et son courage a ouvert des portes pour les générations de femmes qui la suivront.

En 1999, elle est devenue la première femme à représenter le Yukon au Sénat du Canada. Une autre première. Pendant son passage ici, elle a continué à défendre les gens de sa région et les Canadiens en général, en plus de siéger à divers comités, dont le Comité des peuples autochtones, le Comité des affaires juridiques et constitutionnelles et le Comité des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

Feu l’honorable Ione Christensen était une figure aimée et respectée du Yukon, comme a su l’exprimer le premier ministre Mike Pemberton dans la déclaration officielle qu’il a publiée le 16 septembre 2025 :

Au cours de sa longue vie, Ione a fait tomber les barrières dans les domaines de la politique, de la justice et de la fonction publique. Elle a ouvert des portes, inspiré d’innombrables Yukonnais et Yukonnaises et démontré le pouvoir de la gentillesse, du travail acharné et du courage. Le Yukon en ressort grandi.

Le maire Kirk Cameron de Whitehorse a publié la déclaration suivante :

Le Yukon est réputé pour être un lieu hors du commun, et Mme Christensen a incarné cet esprit dans sa vie et son œuvre.

Au-delà de ses nombreuses réussites et distinctions professionnelles, Ione était une personne chaleureuse, joyeuse et compatissante qui aimait le Nord et ses habitants. Reconnue pour son engagement communautaire et sa générosité, elle a contribué à faire de notre ville un endroit meilleur tout au long de sa vie.

On se souvient de l’honorable Ione Christensen pour son leadership, son courage et son service inlassable. Elle a ouvert la voie aux femmes dans la vie publique et a laissé une marque indélébile sur le Yukon et le Canada. C’est avec beaucoup de respect que nous nous souvenons d’elle et lui rendons hommage aujourd’hui. Au nom du caucus conservateur, l’opposition officielle au Sénat, j’offre mes sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à sa communauté. Qu’elle repose éternellement en paix et que son héritage demeure bien vivant dans le cœur de ceux qu’elle a su inspirer.

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à l’ancienne sénatrice Ione Christensen.

La sénatrice Christensen nous a malheureusement quittés le 15 septembre dernier à l’âge de 91 ans. Elle a siégé dans cette enceinte de 1999 à 2006, année où elle a pris sa retraite pour prendre soin de son mari, Arthur, qui est hélas décédé en 2020. C’est dire combien c’était une personne bienveillante.

Je ne l’ai pas côtoyée longtemps au Sénat. Seuls le sénateur Downe et moi-même avons eu cet honneur, je crois, mais le temps passé avec elle au Sénat m’a marquée pour la vie, et je chérirai toujours mes souvenirs de cette époque. Elle était vraiment extraordinaire et elle a eu un parcours de vie incroyable : une vie consacrée aux gens du Yukon, au service de la population, une vie de perpétuels accomplissements. À n’en pas douter, elle a très souvent fait figure de pionnière.

En 1971, elle est devenue la première juge de paix et la première juge du tribunal de la jeunesse du Yukon. En 1975, elle s’est présentée à la mairie de Whitehorse aux côtés de sept candidats masculins. Elle a remporté les élections, qui ont fait d’elle la première mairesse de la ville. En 1979, elle est devenue la première femme commissaire du Yukon, puis, en 1999, la première sénatrice de ce territoire.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a été une précurseure et un véritable modèle au sein du mouvement pour l’égalité des femmes dans les gouvernements et les institutions fédéraux, provinciaux et territoriaux. La sénatrice Christensen a énormément contribué à la réussite des femmes au Yukon, au Sénat et dans l’ensemble du Canada.

Ione était une femme au physique imposant, mais elle demeurait toujours calme et souriante, surtout dans des situations stressantes. Elle faisait les meilleurs câlins, ce qui montrait aussi sa personnalité affectueuse. Par ailleurs, elle était très respectée par ses collègues de toutes les allégeances. Il n’y a pas de mots assez forts pour rendre hommage à une telle personne, mais nous pouvons nous efforcer de l’honorer en continuant de respecter les normes les plus élevées en matière de service public comme elle le faisait. Je me souviendrai toujours avec tendresse d’elle et de la façon dont elle défendait ses causes avec détermination et grâce.

Au nom du Groupe des sénateurs indépendants et du Sénat, ainsi qu’en mon nom personnel, j’offre mes plus sincères condoléances à sa famille. Je vous aime, Ione.

L’honorable Percy E. Downe [ + ]

Honorables sénateurs, je suis heureux, moi aussi, de prendre la parole pour rendre hommage à notre ancienne collègue Ione Christensen. Tout comme la sénatrice Ringuette, je fais partie de l’association des anciens membres du caucus libéral du Sénat, dont la sénatrice Christensen était une membre estimée.

Chers collègues, je commencerai par donner un petit conseil à tous les sénateurs : soyez gentils avec les jeunes sénateurs. Ce sont eux qui vous rendront hommage lorsque vous quitterez ce monde. À l’époque où la sénatrice Christensen et moi avons travaillé ensemble, j’étais beaucoup plus jeune qu’elle.

La sénatrice Christensen a été la première femme nommée sénatrice pour le Yukon et elle était la seule sénatrice originaire de ce territoire. À ce titre, elle accordait une attention toute particulière au Yukon. Elle a représenté cette région pendant sept ans au Sénat, mais, comme d’autres l’ont mentionné, elle avait déjà une carrière remarquable bien avant cela. En consultant son CV il y a de nombreuses années, j’ai été frappé par le nombre d’activités auxquelles elle avait participé, à une époque où il était très difficile pour les femmes d’obtenir la notoriété qu’elle avait acquise.

D’autres ont évoqué sa candidature à la mairie contre sept hommes et son poste de commissaire du Yukon. Elle a également été agente de développement économique des Premières Nations et a assumé de nombreuses autres responsabilités au cours des années où elle a travaillé au Yukon.

J’ai rencontré la sénatrice Christensen longtemps avant d’arriver au Sénat. À l’époque, je faisais partie du Cabinet du premier ministre, et ce dernier cherchait quelqu’un pour représenter le Yukon au Sénat; il m’a donc demandé de me rendre sur place pour rencontrer la sénatrice Christensen. Il m’avait également demandé de rencontrer la future sénatrice Cordy. Il n’y avait personne d’autre. Je me suis donc rendu au domicile de la sénatrice Christensen, à Whitehorse, où elle nous a servi le thé. Nous avons eu une discussion fort agréable. Il va sans dire que j’avais lu son très impressionnant curriculum vitæ, où il était écrit, entre autres réalisations, qu’on lui avait décerné l’Ordre du Canada. J’ai rendu compte de mon voyage au premier ministre, il l’a appelée, et elle a été nommée.

Comme je le disais, elle s’intéressait par-dessus tout au Yukon, qui était sa responsabilité. Imaginez ce que c’est de représenter un coin de pays, comme le fait la sénatrice Duncan, dont vous êtes le seul sénateur, la seule sénatrice. C’est à vous que reviennent toutes les responsabilités. Il n’y a personne avec qui les partager. Pendant son passage à Ottawa, Ione Christensen s’est occupée de dossiers chers à sa région, comme l’approvisionnement en eau, le réchauffement planétaire et le sort des jeunes autochtones en milieu urbain. Elle travaillait très fort et elle était consciencieuse. Elle a très bien servi ses concitoyens.

J’imagine que le point culminant de sa carrière, en plus d’avoir contribué à l’obtention des Jeux d’hiver, en 2007, est le moment où elle a parrainé la Loi sur le Yukon, qui revêtait une importance capitale pour les habitants de sa région.

J’offre mes plus sincères condoléances à sa famille. Ce fut un plaisir de servir notre pays à ses côtés pendant toutes ces années.

L’honorable Brian Francis [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au nom du Groupe progressiste du Sénat pour rendre hommage à feu l’honorable Ione Christensen.

Son décès en septembre a déjà inspiré d’innombrables hommages, en particulier de la part de ses concitoyens du Yukon, qui ont été les témoins directs de l’impact de l’œuvre de sa vie. Je remercie notre collègue, la sénatrice Duncan, pour ses paroles célébrant les contributions considérables de la sénatrice Christensen à leur territoire.

Lorsqu’elle a été présentée pour la première fois dans cette enceinte, l’honorable Alisdair Graham a déclaré ce qui suit :

En songeant à la nomination de madame le sénateur Christensen, nous ne pouvons oublier que le Nord représente pour nous, Canadiens, un grand défi et une grande aventure. Le Yukon est vraiment une terre mystérieuse et magique. Ione nous apporte une compréhension de ce mystère insondable, d’une magie inégalée.

Il est clair que la sénatrice Christensen n’a jamais perdu ce lien avec sa terre. En fait, j’ai entendu dire qu’elle avait l’habitude d’offrir un peu de la magie du Yukon à certains de ses collègues sénateurs. Apparemment, elle s’arrangeait pour ramener chez elle leur épinglette rouge du Sénat et, lorsqu’elle revenait à Ottawa avec l’épinglette, celle-ci était nouvellement embellie d’un peu d’or du Yukon. Quelle belle façon de rappeler à ses collègues de valoriser les contributions de son territoire.

Comme nous l’avons entendu, la sénatrice Christensen était l’incarnation même d’une pionnière. On lui doit plusieurs premières réalisations importantes qui ont ouvert des portes et éliminé des obstacles pour des générations de femmes et grâce auxquelles elle s’est fait un nom tant au Yukon que dans le reste du pays.

Elle s’est même fait un nom à l’échelle internationale. Les personnes qui visitent la bibliothèque internationale de levains, que ce soit en Belgique ou virtuellement, en ligne, y découvrent que la sénatrice Christensen a fait don d’un levain qui était dans sa famille depuis au moins 1898 et qui avait accompagné son arrière-grand-père dans son voyage du Nouveau-Brunswick aux gisements aurifères du Klondike. Elle est réputée pour avoir préparé avec ce levain des gaufres du dimanche matin à la yukonnaise. Je ne doute pas que son héritage perdurera, comme en témoignent les propos que nous avons entendus aujourd’hui.

Au nom du Groupe progressiste du Sénat, je présente mes sincères condoléances à la famille et aux amis de feu l’honorable Ione Christensen. Wela’lin. Merci.

Son Honneur la Présidente [ + ]

Honorables sénateurs, je vous demanderais de bien vouloir vous lever et de vous joindre à moi pour observer une minute de silence.

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