L'honorable Ratna Omidvar, O.C., O.Ont.
Interpellation--Suite du débat
21 novembre 2024
Honorables sénateurs, j’aimerais maintenant parler d’un sujet plus joyeux, quoique doux-amer, en prenant part au débat sur l’interpellation concernant les contributions exceptionnelles de la sénatrice Ratna Omidvar au Sénat du Canada et à l’ensemble du pays.
Pendant que je préparais mes observations, une phrase du Songe d’une nuit d’été, la comédie de Shakespeare, me venait constamment à l’esprit : « [E]t, toute petite qu’elle est, elle est féroce. »
Je ne pense pas que vous puissiez reprocher à mon esprit de ne pas trouver de meilleure façon de décrire la sénatrice Omidvar, à part peut-être en disant qu’elle vole comme le papillon et pique comme l’abeille, une description qui n’est pas empruntée à Shakespeare, mais à Muhammad Ali.
C’est parce que Ratna Omidvar est une championne : une championne des droits de la personne au Canada et dans le monde entier, une championne de la réforme de l’immigration, une championne de la réforme fiscale, une championne de la réforme des soins de santé et une championne de la réforme du Sénat.
Le Sénat indépendant tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existerait tout simplement pas sans ses premiers efforts — dont beaucoup ont été déployés en coulisse — pour restructurer et revigorer le travail des sénateurs indépendants et du premier Groupe des sénateurs indépendants. Faisant partie des sept premiers sénateurs indépendants nommés par le premier ministre en 2016, elle a fait un travail novateur pour jeter les bases du Sénat tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Elle a été une mentore remarquable pour les sénateurs qui ont suivi ses traces. Dès mon arrivée à Ottawa, un peu hébétée et désorientée, elle m’a prodigué ses conseils sur la manière de me comporter au Sénat. Elle a offert une « formation sur les règles » aux nouveaux sénateurs. Plus tard, elle m’a donné des conseils sur la manière de lancer une interpellation, de présenter une motion ou de trouver un excellent dosa dans les environs.
Si Ratna a été une véritable mentore, elle a été encore plus importante pour moi en tant que modèle, en tant qu’exemple de ce qu’une sénatrice peut et doit être. J’ai été émerveillée par sa capacité à transformer sa passion et ses idéaux en actions concrètes. Beaucoup de sénateurs ont des causes qu’ils défendent. Cependant, peu d’entre nous ont réussi de manière aussi tangible à faire avancer leurs idées jusqu’à ce qu’elles deviennent des lois. Sa capacité à se battre pour ses principes et à défendre ses idéaux tout en adoptant une approche pragmatique et sensée pour parvenir à un consensus et faire avancer les choses a été une source d’inspiration pour moi, et je sais qu’elle l’a été aussi pour d’autres.
Ratna Omidvar m’a dit un jour que sa véritable force résidait dans ses talents de rassembleuse et d’organisatrice. Même si je pense qu’elle a beaucoup d’autres dons, sa capacité à rassembler des personnes diverses, au-delà des lignes partisanes, pour travailler sur des questions qui transcendent l’idéologie, est certainement l’un de ses pouvoirs magiques. Elle sait comment entamer des conversations importantes. Elle ne sait pas seulement comment s’exprimer, mais aussi comment écouter, ce qui est tout aussi important.
J’ai également été inspirée par son énergie débordante, son enthousiasme inébranlable, sa vivacité d’esprit, sa grande intelligence et sa curiosité insatiable pour de nombreux sujets, qu’il s’agisse du sort des municipalités canadiennes, des défis auxquels les étudiants étrangers sont confrontés ou de l’établissement de relations entre les immigrants et les Autochtones du Canada.
Bien sûr, elle a dénoncé les violations des droits de la personne au Canada, en Iran, en Afghanistan, en Birmanie et à Hong Kong. Elle s’est toutefois montrée particulièrement implacable en critiquant la tyrannie du gouvernement russe et des oligarques russes, et en trouvant des façons créatives de défendre le peuple ukrainien.
Chaque fois que je crois tout connaître sur Ratna Omidvar, elle me surprend. Qui aurait cru, par exemple, qu’elle parle couramment l’allemand et qu’elle connaît si bien les problèmes de l’Allemagne moderne et unifiée? Na ja, sie ist eine bemerkenswerte Frau. Vraiment, c’est une femme remarquable. Et qui savait à quel point elle aurait l’air fantastique vêtue de blue-jeans et d’un chapeau de cowboy au Stampede de Calgary, comme une vraie fille des Prairies prête pour une longue chevauchée.
Après le Stampede, j’ai eu le plaisir d’accueillir Ratna à Edmonton, une ville qu’elle n’avait jamais visitée. J’étais déterminée à la convaincre de la beauté, de la diversité culturelle et de l’ingéniosité de notre ville. J’ai donc rempli son emploi du temps de réunions et d’événements. Mais je n’oublierai jamais un moment que nous avons partagé lors de notre visite du centre Indigenous Peoples’ Experience, au parc historique de Fort Edmonton. Ce centre, qui a ouvert ses portes en 2021, est — si je puis dire — un musée immersif remarquable, qui offre l’une des meilleures explications de l’histoire et de la culture des Premières Nations et des Métis que j’aie jamais vues. Il utilise des supports audiovisuels de manière très créative. Chaque fois que je le visite, je suis émue par son charme profond et lumineux et par la manière réfléchie et évocatrice dont il aborde la culture autochtone, les séquelles des pensionnats autochtones et la résilience des Autochtones. J’étais tellement heureuse de faire découvrir cet endroit à la sénatrice.
Je suis donc restée perplexe quand je me suis approchée de Ratna et que j’ai vu qu’elle tremblait presque d’indignation. Je me demandais ce qui n’allait pas. Elle m’a regardé avec indignation : « Pourquoi personne ne m’a jamais parlé de cet endroit? Tous les Canadiens devraient connaître cet endroit. Tous les Canadiens devraient le voir. »
J’ai trouvé que cela résumait parfaitement sa curiosité sans bornes, sa passion pour le savoir, pour les gens et pour la justice, sa quête incessante pour mieux comprendre les complexités de ce pays qu’elle aime tant.
Ratna est partie vivre de nombreuses autres aventures, à Berlin et à l’Université métropolitaine de Toronto. Mais j’ai hâte qu’elle tienne sa promesse et qu’elle ramène toute sa famille à Edmonton pour séjourner à Fort Edmonton Park. Car elle me manque déjà.