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Projet de loi sur le Mois du patrimoine ukrainien

Troisième lecture

1 octobre 2025


L’honorable Stan Kutcher [ + ]

Propose que le projet de loi S-210, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien, soit lu pour la troisième fois.

 — Honorables sénateurs, je prends la parole pour lancer le débat à l’étape de la troisième lecture de ce projet de loi. Permettez-moi, en premier lieu, de saluer le soutien des sénateurs tout au long du parcours de ce projet de loi au Sénat.

Je tiens également à souligner les contributions de tous ceux et celles qui ont pris la parole et enrichi notre réflexion sur l’importance d’instituer un mois consacré au patrimoine ukrainien.

Je remercie tout particulièrement la sénatrice Batters, la porte-parole bienveillante du projet de loi. La semaine dernière, son discours à l’étape de la deuxième lecture, a éloquemment illustré de nombreux aspects de la richesse du patrimoine ukrainien.

Je serai bref. J’ai parlé de ce projet de loi avec des Ukrainiens ici au Canada et en Ukraine. Qu’ils soient établis au Canada depuis longtemps ou récemment arrivés, tous ont remercié le Sénat pour cette initiative. Pour les nombreux Ukrainiens qui vivent les horreurs de la guerre au quotidien, ce projet de loi est porteur d’espoir : il montre que le Canada est là, qu’il soutient l’Ukraine dans son combat vers la victoire et qu’il sera présent pour l’aider à se reconstruire une fois la paix revenue.

Par un heureux hasard, c’est aujourd’hui la Journée des défenseurs de l’Ukraine, un jour férié visant à rendre hommage aux anciens combattants et aux soldats tombés au front des forces armées ukrainiennes. Cette journée nous rappelle que l’Ukraine se bat non seulement pour elle-même, mais aussi pour défendre les valeurs chères aux démocraties du monde.

La sénatrice Batters a raison : j’aurais dû ajouter le mot « liberté » au préambule. En ukrainien, le mot « liberté » est cvoboda. L’héritage historique de ce mot remonte aux Cosaques et à leur lutte pour l’indépendance.

En ukrainien, le mot « indépendance » est nezalezhnist. En ukrainien, nezalezhnist signifie également se libérer de la tyrannie de la Russie, ce qui signifie que l’Ukraine peut exercer sa souveraineté, vivre en démocratie, respecter la primauté du droit à l’intérieur et à l’extérieur du pays, être reconnue comme membre estimé de l’Union européenne et de l’OTAN, et renforcer ses liens avec des pays aux vues similaires comme le Canada. Le Canada est prêt à renforcer ces liens en améliorant les relations entre les entreprises dans le cadre de l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine, en renforçant la diplomatie culturelle, en répondant aux besoins militaires et en s’efforçant d’accélérer le retour des enfants volés par la Russie.

Parlant d’enfants, j’aimerais terminer mon discours par quelques observations sur les enfants, en particulier sur le chœur d’enfants ukrainiens d’Ottawa, qui a chanté au Sénat la semaine dernière. Chers collègues, saviez-vous que la sénatrice Ataullahjan a reçu tellement de câlins chaleureux de la part de ces enfants qu’elle en est encore rayonnante aujourd’hui? Il suffit de la regarder pour le constater.

La sénatrice McBean les a captivés avec son histoire olympique : elle a perdu une course contre l’Ukraine, mais a remporté tellement de médailles que les enfants ont perdu le compte.

Le sénateur Ravalia les a fait rire en prenant d’innombrables égoportraits avec eux.

La sénatrice Dasko les a accueillis chaleureusement.

La sénatrice Patterson les a emmenés à la Chambre où ils ont recréé des scènes de Harry Potter et appris comment fonctionne le Sénat. Chers collègues, j’ai cru comprendre que certains de leurs débats étaient de meilleure qualité que les nôtres.

Ce fut une soirée que ces enfants n’oublieront jamais. Malheureusement, au fur et à mesure qu’ils grandiront, ils n’oublieront pas non plus certaines choses qui sont déjà gravées dans leur mémoire.

Ces enfants sont originaires d’un grand nombre de villes et villages d’Ukraine, notamment de Boutcha et d’Irpin. L’un des jeunes membres de la chorale vient de Boutcha et, à cause des horreurs dont il avait été témoin, il était muet lorsqu’il est arrivé ici il y a quelques années. Aujourd’hui, ce jeune chante de tout son cœur au Canada, un endroit sûr où il peut se reconstruire.

Le sénateur Kutcher [ + ]

Honorables collègues, ces enfants font partie de ceux qui contribueront à perpétuer l’héritage de l’Ukraine ici, au Canada. Ces enfants sont tels qu’ils nous l’ont chanté : « Nous sommes le monde, nous sommes les enfants. Nous sommes ceux qui préparent un jour meilleur. » Ces enfants font partie de ceux que vous reconnaissez et honorez avec ce projet de loi.

Je vous remercie. D’akuju.

L’honorable Donna Dasko [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour intervenir brièvement en appui au projet de loi S-210 du sénateur Kutcher, qui désigne le mois de septembre comme le Mois du patrimoine ukrainien, à l’étape de la troisième lecture.

Ce projet de loi est identique au projet de loi S-276 qui a été adopté par le Sénat lors de la 44e législature avant de mourir au Feuilleton plus tôt cette année.

Je suis heureuse que le sénateur Kutcher ait présenté ce projet de loi à nouveau.

Je tiens à remercier tous mes honorables collègues qui ont assisté à notre événement historique la semaine dernière pour célébrer le Jour du patrimoine ukrainien au Sénat. Je remercie également mes coorganisateurs, le sénateur Kutcher et la sénatrice Patterson. Nous avons tous les trois été ravis de présenter la musique, la danse et la cuisine de l’Ukraine.

La communauté ukrainienne au Canada a des racines qui remontent à plus d’un siècle, quand plus de 170 000 Ukrainiens sont arrivés sur nos côtes, y compris mes propres grands-parents. C’était la première grande vague d’immigration au Canada avant 1914. Il est remarquable que la culture et le patrimoine ukrainiens soient restés si forts après tout ce temps.

J’ai beaucoup appris en étudiant les projets de loi S-210 et S-276 et en écoutant les discours remarquables de nos collègues les sénateurs Simons, Batters et Kutcher, ainsi qu’en consultant les archives historiques, qui contiennent des histoires de difficultés et d’exclusion, mais aussi d’intégration et de réussite.

Ce projet de loi reconnaîtra les importantes contributions apportées par les Canadiens d’origine ukrainienne au tissu social, économique, politique et culturel du Canada. Permettez-moi de vous donner un exemple : les Canadiens d’origine ukrainienne ont adopté et encouragé avec ténacité une vision du Canada comme société multiculturelle à un moment critique de l’histoire du pays, au moment où le sociologue John Porter décrivait le Canada comme une « mosaïque verticale », une hiérarchie rigide de groupes ethniques, et où la diversité n’était pas un objectif accepté. La communauté a persévéré, et son point de vue plus inclusif a fini par être adopté. En 1971, le Canada est devenu le premier pays au monde à adopter une politique multiculturelle, présentée par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Les Canadiens d’origine ukrainienne peuvent être fiers, à juste titre, du rôle essentiel qu’ils ont joué dans cette avancée.

En reconnaissant le patrimoine ukrainien grâce à ce projet de loi, nous affirmons également la valeur de toutes les communautés ainsi que le respect et la reconnaissance que toutes les communautés cherchent pour leurs contributions à ce pays tout en continuant à bâtir une société meilleure et plus inclusive pour tous.

En Ukraine, aujourd’hui, la guerre brutale menée par Vladimir Poutine a entraîné de dures épreuves et des pertes de vie inutiles. Au moment où nous réfléchissons au patrimoine ukrainien, nous devons comprendre que la culture, l’art, la langue, les bibliothèques, les musées et les autres institutions culturelles de l’Ukraine sont des cibles que les Russes veulent absolument détruire aujourd’hui en Ukraine. Pour Vladimir Poutine, le patrimoine et l’identité de l’Ukraine doivent être éliminés.

En soutenant ce projet de loi, nous envoyons au monde entier le message que nous, Canadiens, nous soucions de cette communauté, que notre appui envers l’Ukraine et ses aspirations demeureront indéfectibles, aussi longtemps qu’il le faudra.

Je suis heureuse et fière d’appuyer le projet de loi S-210, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien, et j’espère que vous aussi, vous l’appuierez. Renvoyons-le à l’autre endroit.

Merci, d’akuju.

Honorables sénateurs, dans mon bout de pays, en Alberta, le patrimoine ukrainien est omniprésent.

Au Canada, les premiers pionniers ukrainiens sont arrivés à Edmonton en juin 1892. Pendant toutes les années où l’Empire austro-hongrois, l’Empire russe et l’Union soviétique ont tenté de faire disparaître l’identité nationale et culturelle ukrainienne, la diaspora ukrainienne de l’Alberta a gardé la foi, littéralement. Cela dit, elle ne s’est pas contentée de construire des églises traditionnelles. Elle a préservé la nourriture ukrainienne, la danse ukrainienne, la poésie ukrainienne, la musique ukrainienne et la broderie ukrainienne. Elle a créé une capsule temporelle vivante, valorisant et protégeant la culture ukrainienne, en attendant le jour où l’Ukraine serait à nouveau libre.

Loin d’être assimilés, les Canadiens d’origine ukrainienne ont coopté tout le monde dans la culture ukrainienne. Ils ne nous ont pas uniquement appris à danser, à manger des dumplings et à colorier de beaux œufs. Ils nous ont enseigné le courage, la fidélité, la passion et la fierté. Ils ont entretenu un rêve — le rêve d’un pays libre — et nous ont tous convaincus de rêver avec eux.

Comme vient de l’expliquer la sénatrice Dasko, les Canadiens d’origine ukrainienne ont offert au Canada le cadeau du multiculturalisme, nous poussant à dépasser la binarité anglophone-francophone pour embrasser une véritable diversité culturelle. Ils nous ont montré qu’il était possible d’être un Canadien loyal et passionné, tout en restant passionnément fidèle à sa culture ancestrale.

Cela n’a pas toujours été chose facile. Les gens connaissent peut-être les fameuses statues qui célèbrent le patrimoine ukrainien en Alberta, comme le pierogi géant, le pysanka géant et la saucisse Mundare géante. Cependant, la plus importante statue ukraino-canadienne est d’un tout autre ordre. L’œuvre, intitulée Endurance, est un monument à la mémoire des 8 600 Ukrainiens et autres Européens de l’Est, des immigrants de l’Empire austro-hongrois, qui ont été internés parce qu’ils étaient considérés comme des ressortissants d’un pays ennemi pendant la Première Guerre mondiale. La plupart étaient de jeunes hommes, mais 81 femmes et 156 enfants ont également été emprisonnés dans ce qu’on appelait alors des camps de concentration; il y en avait 24 au Canada, dont 3 en Alberta.

Bon nombre de ces personnes étaient en réalité des réfugiés du régime austro-hongrois, mais le Canada, craignant que des traîtres se trouvent sur son territoire, les a enfermées et les a forcées à faire des travaux difficiles comme des travaux agricoles ou des travaux d’aménagement dans des parcs nationaux comme le parc Banff et le parc Jasper.

Le monument commémoratif de l’internement des Ukrainiens, qui se trouve sur le terrain de l’Assemblée législative de l’Alberta, a à ses côtés deux autres monuments tout aussi impressionnants : un monument à la mémoire des victimes et des survivants des pensionnats autochtones du Canada et un monument commémoratif de la Shoah et des victimes de l’Holocauste nazi. Ces trois monuments rappellent à la population et à ses dirigeants politiques les horreurs causées par les préjugés, la haine raciale, la paranoïa et la propagande.

Aujourd’hui, l’Ukraine est à nouveau assiégée. Vladimir Poutine, aidé par ses alliés nord-coréens, cherche à détruire la vaillante démocratie qui se trouve à ses portes. Pendant ce temps, Donald Trump et ses sbires masqués envoient de force les « étrangers » suspects dans des camps d’internement modernes, tandis qu’ici, au Canada, et surtout en Alberta, des politiciens lâches attisent les sentiments anti-immigrants.

Ainsi, en cette heure sombre, je remercie les générations de Canadiens d’origine ukrainienne qui se sont battus pour la liberté, pour la communauté et pour l’inclusion et qui ont montré à des générations comment être de véritables Canadiens.

Le Mois du patrimoine ukrainien devrait nous rappeler à tous de rester vigilants face à l’oppression et à la xénophobie, de nous prémunir contre ceux qui cherchent à nous diviser et de défendre nos alliés et un ordre international dans lequel la force ne fait pas loi.

Merci, hiy hiy.

Son Honneur le Président intérimaire [ + ]

Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?

Des voix : D’accord.

(La motion est adoptée et le projet de loi, lu pour la troisième fois, est adopté.)

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